
lution & oxidation qu'il avoit été împo'flîble de
concevoir & d'expliquer jufqu'ici.
L‘or n'a aucune aétion directe fur les oxides métalliques
: loin de pouvoir les changer & leur enlever
l'oxigène qui leur eft uni , c’eft au contraire
l'oxide d'or qui cède le lien à tous les autres métaux
: auffi voit-on ceux-ci lui enlever prompte- .
ment &r plus on moins complètement ce principe,
& faire reparoîcre l‘or fous fa forme brillante &
métallique , comme .cela a lieu dans fes diffolu-
tions. 11 n'eft pas même néceffaire pour cela que
la plupart de ces métaux, ceux fpécialement qui
font très-avides d’oxigène, & fufceptibles d'en
abforber beaucoup, foient eux-mêmes à l'état
métallique j il fuffit fou vent qu'ils n'en foient pas
complètement faturés , comme on le reconnoît
dans le zinc , l'étain & le fer, pour qu'ils puif-
fent lui enlever, foit tout, foit partie feulement
de celui qui lui eft uni. On aura bientôt plufieurs
exemples de ces effets inréreffans. 11 eft auffi des
cas ou l’oxide d'or, en partageant feulement une
portion de fon oxigène avec d’autres oxides métalliques
, refte avec eux dans des combinaifons
qu'il colore de diverfes nuances : c'eft ce que je
ferai obferver plus bas, dans la compofîtion des
émaux, des verres colorés & des couvercles de
poteries fines.
Il y a une grande différence entre l’or & l'argent
dans la manière dont le premier réfifte.’a la plupart
des acides, tandis que, comme on l'a vu
dans l'article de 1'Argent ; ce dernier métal eft
facilement oxidé & diffous par plufieurs d'entre
eux.
L'acide fulfurique le plus concentré , aidé de la
chaleur la plus forte > l'acide fulfureux, l'acide
muriatique, le phofphoriqüe, le fluorique & aucun
autre n’ont d’aétion fur l’or, quelque long-,
-temS'qifon les laiffe en contaéf avec lu i, & de
quelque .manière qu’on le traite r il-ri'y Vqué les
attardés' nitrique, tticro-muriatique & muriatique
fJxi^éné'qui aient, ou une légère, ôü une fortë
jçfioTïfiir ce métal.
" ‘ C ’éft Brandc-qtii a trou vé, en quelqHë foYtë'par
.haïard &■ en voulant faire le départ de l'or &- de ’
Kargent ^ar l'acide nitrique concentré, verfé plu-
fiéurs fois de fuite , diftillé à ftccité & bou'illi fur
l'oï'biM ieftôit après l'argent, que le premier-dé
eésîmëtÀux fé diftolvôif, & dôhnoit une cbulfeur
fatrvé* à l’acide, au point'qu'il-y avoit plus ci'or
que! d?àtgent diffous dans la dernière portion d’a-
eide ajouté, puifque la proportion dit.premier étoit
à eellé du fécond, comme f y . eft a T2. Cette expérience
frit répétée plufieurs fois dèvant l’Académie
dé Suède , & eut cônftamme.ntle fuCcès que l'auteur
avoit annoncé, [/acide nitrique écok très-
pur : 4'or fut-précipité^ l'état métallique & fpon-
gieux par l'argent qu’ il y plongea. Lewis, en citant
cè réfultat, ^attribue à l'extrême? concentration
de fbcidèpoùffé à’ftccité. Scheffër & Bergman l’ont
confirmé.' Cependant! Ta été reccnrirt en France ,
par les expériences mêmes de M. Sage, qui avoit
conclu que, dans le départ, l’or et oit un peu att&»
que j que cette diffolution étoit très-foi ble> qu’en
général l’or ne perdoit que très-peu de fon poids ;
que quand il étoit eh maffe, i! n’etoit prefque point
entamé j qu'en lame mince ou en poudre fine il
l’étoit davantage} qu’alors il prenoit une couleur
purpurine-foncée j que la grande diffolution annoncée
par Brandt ne provenoit que de la concentration
de l'acide prefqu’à ficcité , & qu’il n'arri-
voit rien de femblable dans l’opération du départ.
M. Deyeux a fait depuis une autre obfervation
intéreffante fur la diffolubilité de l'or dans l'acide
nitrique : c'eft que cet acide le diffout d'autant
mieux, qu'il contient plus de gaz ou plutôt une
plus grande quantité d'oxide nitreux, & qu’il agit
alors fur ce métal comme une efpèce d'acide nitro-
muriatique, fon vrai diffolvant, ainfi que je le
dirai to u t -à - l’heure. Tillet, qui ne vouloit pas
croire à la diffolubilité de l'or dans l’acide du nitre,
penfoit que la perte de poids que ce mitai éprou-
voit dans cet acide n'étoit que la fuite d'un effet
mécanique 5 que l'or étoit pour ainfi dire râpé ou
limé par l’adtion de l'acide, & qu'il n'étoit que
fufpendu au lieu d'être diffous ; mais les faits qu’il
apportoit comme preuve de cette affertion, montrent
véritablement le contraire. La diffolution
nitrique d’or, expofée à la lumière du foleil, fe
décompofe en effet, & on voit bientôt briller de
petites lames d’or que le contadt de la lumière a
défoxidées. Cette diffolution filtrée îaiffe fur le
papier une trace violette qui indique l'oxidation
de l'o r ; les alcalis1 en précipitent un' véritable
oxide, & une lame d’étain ainfi qu’une lame d’argent
& du mercure coulant y font dépofer une
pouffière également pourpre. D ’autres expériences
fur Cet objer m’ ont fait voir que l'or en morceaux
ou en lames épaiffes, comme en feuilles, eft dif-
feus:par l'acide nitrique furchargé d’oxide nitreux;
que c’eft à cet oxâde nitreux qu*eft due l'oxidation
que f or- éprôu ve j qüe ’c'eft lui qui lui cèdè'de
l'oxigèhe comme plus décompofable que l'acide
nitrique ; 'que-c'eft pour Cela que l'acide perd fà
couleur en:a-gïffant fur l'or; que cette diffolution
s'opère mieux à froid qu’à chaud, parce que là
chaleur dégage le gaz nitreux ; qu'à mefure que
i’ôr^ eft oxidé -&? dilfoiis dans l'acide •, celui-ci j
après avoir blanchi d’abord, reprend enfui te une
coulfeur- orangée 5 qu'il for-thé‘-alors 11 nw véritable
nitrate d ’or avec excès’d’acide qu'on né peut point
Obtértir eriftallifé ,r& ‘qÀii fé’déc^mpofé'pat’la cha*
lèur & la lumière'; que-ce' nitrate d'or en diffoki*
tion eft décompofé par l’acide muriatique, qui fait
pafferyau moment même* où on l'ajoute, la cou-
kurde cette diffolution de l'orângé au jaune part
ainfi l'acide muriatique a plus d’attràôion pouf
l'oxide d'or , que n’en a l'acide nitrique;
L'acide mùriafique n'à- aücune a&lon ni* (ut Yor
ni fur ce ’qu'on a nommé-fort oxide pourpre / niais
faeide4 muriatique oxigéné l'oxide -très*vite
diffout. Dès qu’on plonge une lame ou des feuilles
■ d'or dans du gaz acide muriatique oxigené, l’or fe
ternit, ne paffe point cependant à la couleur violette
, mais arrive rapidement à l’état d'oxide fauve
ou jaunâtre; car ce n'eft que dans ce véritable état
«i’oxidarion que l’or eft diffoluble dans les acides,
& fufceptible de faire avec eux des Tels. Quand il
eft devenu ainfi jaupâtre par l’union de l'oxigène,
l'acide muriatique, à l’aide de l'eau contenue dans
le gaz acide muriatique oxigéné, fe condenfe en
gouttelettes jaunes, qui coulent fur les parois du
vafe où l'on a fait l’expérience. Si l'on ajoute un
peu d'eau, on a une diffolution complète. En
jetant de l'or très-divifé & en feuilles dans de
l'acide muriatique oxigéné liquide, ce métal dif-
paroît par la plus légère agitation, fe diffout fans
mouvement & fans effervefcence , colore la liqueur
en beau jaune , & la fature. S’il y a de l’argent
dans l'or, la plus petite quantité de fa fur-
charge devient fenfible dans cette expérience,
parce qu’il fe forme un peu de muriate d'argent
qui fe dépofe en petits flocons. J’ai conftamment
reconnu un peu d’argent, & quelquefois même
une proportion plus grande qu'on ne devroit s'y
attendre, dans les feuilles a or de livret qu'on
achète chez les batteurs d’or. J'ai trouvé auffi que
ç'étoic un très-bon moyen de s'affurer fi l'or de
départ retenoit de l'argent. Cette diffolution, découverte
par Schéèle, fe fait fans dégagement de
gaz, parce que l ’or trouve l'oxigène prefqu’ifolé,
& n’a pas befoin de le féparer d'un autre corps
fufeeptibie de prendre la forme gazeufe j elle eft
parfaitement fëniblable d’ailleurs à celle qui eft
faite avec l’acide nitro-muriatique ou à la manière
ordinaire : comme celle-ci, elle eft âcre & caufti-
que; elle colore les matières organiques en pourpre
; elle donne des criftaux, fe précipite en pourpre
par l’étain, & en or fulminant par l'ammoniaque.
Toutes les fois que l’acide nitrique, qui ne diffout
l'or que difficilement & en très-petite quantité
, eft mêlé à de l'acide muriatique qui ne le
diffout jamais feul , l'acide mixte qui réfulte de
ce mélange attaque l'or avec une aéfivité & une
énergie qui ont dû beaucoup étonner & frappèr
les chimiftes avant qu'on en connût la véritable
caufe. Auffi, à la fuite du privilège de primauté
& de fupériorité qu’ils attribuaient à l'or & qui le
leur faifoit nommer le roi des métaux, ils en avoient
accordé une autre à la liqueur fufceptible de le
diffoudre, & qu'ils croyoient exclufivement capable
de produire cet effet : ils la nommoient en
conféquence eau régale3 ôc de là les noms de diffolution
régaline , de fel régalin, de régalifation,
qu’on avoir donnés aux produits de cette diffolu-
tion ou au phénomène long-tevns inexpliqué par
lequel elle avoit lieu. On a déjà vu que l'acide
muriatique oxigéné avoit la même aétion diffol-
vante fur l'or, & même que l’acide nitreux la par-
tageoit avec lui, quoique dans un degré bien moins
marqué. Pour bien faire concevoir î’aélion de l'acide
nitro-muriatique, je commencerai par faire
obferver que l'acide muriatique, fature de gaz
nitreux qu'il abforbe facilement, devient capable
également de diffoudre l’or, quoique le gaz nitreux
feul & l'acide muriatique feul ne puiilent pas agir
fur ce métal ;•& comme, au moment où cet acide
muriatique nitreux attaque l'or, il perd la couleur
orangée qu'il avoit contractée par l'abforption du
gaz nitreux, il eft évident que cet oxide d’azote eft
dëcompolé , qu’il cède fon oxigène à l’or, que fon
azote s'en fépare, & que cette décomposition qui
oxide l'or n’a lieu que par l'attraCtion difpofaute
que l'acide muriatique exerce fur eet oxide métallique.
Ce fait, qui n'avoit pas encore été ob-
fervé par les chimiftes, va me fevvir à expliquer
l’aêtion de l’acide nitro-muriatique fur de métal.
Quand on mêle l'acide nitrique & L'acide muriatique
, ce dernier enlève de l’ oxigène au premier,
s'échappe en partie en acide muriatique oxigéné,
reconnoiffable à fa couleur jaune & à fon odeur;
il n’opère cette décompofition que jufqu'à ce que
l'acide nitrique foit faturé de gaz nitreux : là s'arrête
fon aClion fur lui ; en forte que J’acide mixte
qui en réfulte, n'eft qu’un mélange d’acide muriatique
& d'acide nitreux faturé de fort oxide, retenant
fouvent un peu d'acide muriatique oxigéné,
& d’une couleur rouge exaltée en raifon de l'oxide
nitreux qu'il recèle. On fait ordinairement cet
acide mixte en mêlant deux parties d'acide nitrique
& une partie d'acide muriatique : j’ai reconnu
qu'il fuftifoit de prendre parties égales de ces deux
acides. On fait bien qu’on obtient une liqueur
analogue en diffolvant du muriate de foude ou
d’ammoniaque avec de l'acide nitrique ou du nitrate
de potaffe dans l'acide muriatique, ou en
diftillant celui-ci dans l’acide du fel marin , &
que, de quelque manière qu’on uniffe ces deux;
acides l'un avec l’autre, il y a toujours un acide
mixte capable de diffoudre Yor. Cependant il y a
deux améliorations à faite dans le procédé de diffoudre
l’ or par l’acide nitro-muriatique : l’une,
c’eft de n’employer qu’une partie d’acide nitrique'
au lieu de deux fur une partie du muriatique \
l’autre, c’eft de ne point faire le mélange avant
de difÏQudre l’or, car dans ce mélange fait d’avance,
la portion d’acide muriatique oxigéné qui fe forme,
fe diftipe, & c ’tft autant de perdu pour la diffolution
de Yor. Je préfère donc de jeter fur Yor de
l’acide nitrique, & d’ajouter enfuite partie égale
d’acide muriatique : alors ce dernier acide, à mefure
qu’il enlève de l’oxigène à l’acide nitrique,
le rend fur-le-champ à Yor au lieu de fe dilfiper en
gaz. Quand on met de Yor dans de l’acide nirrô-
muriatique fait auparavant, & dont l’adtion réciproque
des acides eft épuifée, l’acide muriatique,
en vertu de la forte attra&ion qu’il a pour l’oxide
d’or, fait décompofer l’oxide nitreux qui colore
la liqueur ainfi que l’acide lui-même par ce métal,
& diffout l’oxide à mefure qu’il fe forme : auffi la