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trique. La diffolution offrit une belle couleur
vert-pomme.
. » Ces caractères me donnent la preuve que ledit
précipité, après la calcination, étoit un oxide
de nickel.
“ 2°a- J*2* effayé, par un fécond procédé, à re-
connome la nature des fubftances compofant la
pierre en queftion j mais je n'entrerai dans aucun détail
, attendu que la marche a été à peu près la
meme. Je me bornerai feulement à en faire con-
noître les réfultats.
*> Cent parties de pierres également pulvérifées,
fourni fes à 1 aètion de l'acide muriatique, de 1 oxalate de potaffe, de l’ammoniaque cauftique
verfée en excès, de la diffolution de potaffe pure
& des hydrofulfures, m'ont confirmé l’identité
des fubftances obtenues avec le procédé par l’acide
nitrique.
»>3°. Enfuite, par un troifième procédé, l’acide j
fulfurique, outre la preuve qu’il ma fournie de la
nature des compofans, m’a convaincu de l’ab-
fence de tout alcali dans la pierre que i'analy-
fois. »
Analyfe des petites majfes métalliques lamelleufes,
dijféminêes dans V intérieur de La pierre.
quantité de fer en grains globuleux que
j’ai recueillie de la pulvérifation de la pierre, a été
trop foible pour que je puffe en faire l’analyfe ;
mais cependant, comme M. Vauquelin en a déjà
fait connoître les compofans avec cette précifion
qui caraétérife tous fes travaux, dans l’analyfe des
pierres tombées à Bénarès, & comme de l’enfem-
ble des caradtères phyfïques des unes & des autres
on peut raifonnablejnent préfumer une identité
parfaite dans les principes, je portai mon attention
à analyfer les petites mafles lamelleufes
tjue j avois obtenues en fuflifante quantité, en les
ifolant pendant la pulvérifation.
» Ces maffes, lamelleufes dans leur caflfure, de
couleur blanche un peu jaunâtre, ont l’afpeél de
vraies pyrites ou de fer fulfuré. Elles font fans
aucune aétion fur l’aiguille aimantée. La plus grofte
pefoit fix décigrammes. En les réduifant en poudre,
elles répandent une odeur de foufre. La poudre
acquiert une couleur plombée: jetée fur un
charbon ardent , elle exhale une forte odeur ful-
fureufe, fans qu’on puiffe y diftinguer la moindre
odeur d'ail.
»Cent parties de cette poudre, pétries avec mucilage
de gomme adragant, & expofées au feu du
chalumeau, donnèrent une flamme bleuâtre j en-
fuite la malfe fe fondit peu à peu, & fe convertit
en un globule incandefcent, femblable à un
globule de verre fondu.
■ ” Je la laiffai quelque tems dans cet état, & ,
quand je l'examinai, je trouvai que fa couleur
avoir été remplacée par une couleur plomb-obf-
cur. Préfentée à l'aiguille aimantée, elle l'attiroit.
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Sa confiftance étoit friable, & fon intérieur avoit
un afpeét fpongieux ,-de couleur noire.
" Soumife derechef au feu du chalumeau, elle
s agglutina de nouveau en un globule q u i, après
quelques inftans, fe convertit en une feorie noire.
Apres fonrefroidiffement, elle avoit perdu, à là
balance, o ,z;.
“ Cette feorie , traitée par l’acide nitrique, dé-1
veloppa des vapeurs nitreufes, mêlées de gaz hydrogène
fulfure j mais malgré l’addition du calo-
nque, il reffa dans le petit matras une quantité de
matière qui refufa de fe diffoudre. Je décantai la
liqueur qui avoit une couleur jaune-verdâtre, 8c
verfai de l’acide muriatique fur le réfidu. Malgré
que cet acide prît de fuite une couleur noire , il
ne fembloit pas exercer une grande aétion , quand
tout a coup, par l’addition du calorique , la liqueur
acquit une belle couleur jaune-orangée, & ne pré-
fenta plus de fédiment.
J’effayai les deux liqueurs nitrique & muria-
tique réunies avec de l’ammoniaque en excès, &
J agitai le mélange pendant quelque tems. Par ce
procédé, j obtins un précipité volumineux, brun-
noir, qui, depofé fur le filtre, féché à l’air & cal-r
ciné, pefoit 0,64. La liqueur filtrée fut expofée[
au reu pour dégager l'ammoniaque en excès, qui
lui avoit donne une légère couleur violette. Cette
liqueur, examinée avec l’oxalare d’ammoniaque,
n offrit aucun changement : les hydrofulfures la
noircirent, & produifirent un précipité noir , du
poids de quelques milligrammes ; néanmoins,
traité avec le borax, il forma un petit globule de
verre couleur hyacinthe.
• Concluions.,
” De l’ uniformité des témoignages relatés dans
la partie hiftorique de l’événement arrivé dans les
trois campagnes, il réfulte que la chute des pierres
a été accompagnée de phénomènes différens, dans
leur enfemble, de ceux obfervés j.ufqu’à ce jour,
& rapportes par ceux qui ont écrit les hiftoires
des pierres tombées fur les divers points du Globe:
ainfi 1 on peut dire que le phénomène dont il a été
queftion, eft nouveau par fes combinaifons 5 car
dans de femblables circonftances il a été vu, dans
plufieurs endroits, des globes de feu, & ici il n’y
en a pas eu la moindre trace. Chez nous, le ciel
s eft montré couvert de légers nuages & fans
éclairs, & dans les autres pays, ou il étoit ferein,
ou couvert de nuages orageux d’où partoient de
vifs éclairs. Voila, je crois , des différences fuffi*
fantes pour établir, avec fondement, une cinquième
clalfe dans la divifion du favant M. de
Drée (1).
« Mais fi les circonftances qui ont accompagné
le phénomène de la chute de ces météorolices
00 Journal dephyfique, tome LV I, page
préfentoient
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préfentoient quelques variétés, les réfultats n'en
offrent pas de tranchées dans la nature de leur
compofition.
_ ” Des expériences rapportées ci-deffus, je crois
etre en droit de conclure que le météorolite trouvé
à Pieve-de-Culïgnano & fournis a mon analyfe,
eft compdfé, en cent parties , de
Silice...........................
Fer oxidé.. . . .
Magnéfie............. ......... n
Nickel...........................
Soufre qu’on a pu réparer.. . . . . ••••• !4
lOÔjfo
» Ici l’augmentation de poids, comme l’a ob-
fervé conftamment M. Vauquelin, eft due à l'ab-
forption de l’oxigène par la partie de fer qui fe
trouve dans les pierres météoriques à l'état natif.
» Maintenant, comparant les réfultats que j’ai
obtenus avec les analyfes faites, par M. Howard,
des pierres tombées à Bénarès, à Wold-Cottage*
à Sienne & en Bohême ; celles de M. Vauquelin
des pierres tombées à Sales, à Enfisheim, à Bar-
botan, à Juillac & à Bénarè? ; celles de M. Klaproth
des pierres de Sienne & d'Aichflædt; enfin, celles
de M. Thénard des pierres tombées à l'Aigle, on
trouvera une telle identité de principes avec des
proportions^ fi peu différentes, qu'on fera furpris
en confidérant les diftances immenfes qui réparent
l’Amérique, les Indes, l'Efpagne, la France., l'Angleterre
, l’AUemagnè & l’Italie ; mais la furprife
augmentera beaucoup fi l’on réfléchit que ces agrégats
fe rencontrent toujours à la furface de la terre ;
qu’ils ne reffemblent à aucun agrégat connu y que
malgré la croûte demi-vitrifiée qui les recouvre,
ils ne fe trouvent pas dans Je voifinage des volcans,
& qu'enfin, outre l’identité de leurs compofans
, ils fe reffemblent tellement par leurs ca-
raâères phyfiques, qu’on les prendrait tous pour
des parties d’une feule'Sc même maffe. .
» Beaucoup d’hypothèfes ont été avancées fur
la formation des météorolites.
» Les uns les ont crus des corps lancés par des
volcans, & tranfportés au loin par des ouragans.
» D’autres les ont regardés comme des minéraux
fondus par la foudre aux endroits où iis ont
été. trouvés.
» Quelques-uns ont penfé qu’ils tomboient de
la lune.
» Enfin , on a cru qu’ils fe forment, par des
circonftances particulières, dans le fein de.l'at-
mofphère. Cette dernière opinion, je dois l’avouer,
me paraît la plus probable.
» En effet, nous favons qu’ il n’y a pas de métal
que le calorique ne puiffe volatilifer; que plufieurs
dentr’eux font folubles dans le gaz hydrogène,
& plus encore dans l'hydrogène fulfuré ; nous
favons que l’acide fluorique, à l’état gazeur, em-
CttrjeiE. Tome K.
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I porte avec foi la filice, &r je croîs auffi que l’on
! peut rapporter à une véritable diffolution de leur
fubftance gazéfiée par une manière inconnue, l’odeur
que répandent les argiles humtélées. G’eft
lin fait confiant, par exemple, que la fuie qui
tapiffe l’intérieur de nos cheminées, contient des
fubftances terreufes & métalliques fublimées par
le feu, & diffoutes dans le gaz hydrogène carburé
& fulfuré. Si les petits phénomènes peuvent fe
comparer aux grands, que ne doit-il pas arriver
dans les grandes cavernes des mines ? dans -les
vaftes cratères des volcans ardens, où les corps
compofés fe décompofent continuellement entre
eux, & où fans doute tant de fubftances que nous
croyons fimples font décompofées? Que ne doit-il
pas arriver dans l’immenfe laboratoire de la nature,
dans le travail moins fenfible, mais plus
continuel, des décompofîdons végétales & animales
? Quelle immenfité de gaz qui fe développent
! Que de fubftances regardées comme fixes ,
qui peut-être paffent à l'état gazeux !.....Avant
les fa vantes expériences faites par les illuftres académiciens
del Cimento, le diamant étoit réputé un
des corps les plus perfîftans. Mais qu’arriva-t-il
quand il devint l’objet des travaux de ces favans
encouragés par le Mécène qui régnoit alors en
Tofcane ? dans les mains enfuite du célèbre Guyton
Morveau , de l’infatigable Thénard ?.....Mais
la foibleffe de i’efprit humain ne lui permettant
pas d'atteindre de fuite à la perfe&ion, il éprouve
quelque peine à admettre des théories dont ori
ne peut lui démontrer la vérité avec des faits également
merveilleux j ainfi fon impatience à chaque
inftant voudroit en découvrir le myftère. En con-
féquence les hypothèfes s’accumulent les unes fur
les autres, & Ihomme oublie plufieurs fois de
confidérer les petits phénomènes de l’art, qui fou-
vent nous conduifent à la folution des grands phénomènes
de la nature.
»3 Après avoir démontré que les terres peuvent
paffer à l’état gazeux, foit par l’aétion d’un acide ,
foit.à l’aide du calorique & par des combinaifons
chimiques > que le calorique peut fublimer le foufre
& les métaux , & l’hydrogène les diffoudre & les
élever avec lui dans les hautes régions de l’atmof-
phère, je croirai aifément que les molécules minérales
, dans, des circonftances favorables, telle
qu’une décharge éle étriqué, peuvent par la fuite
être rapprochées fubitement, & que, dans l’aéte
où elles perdent leurs diffolvans, elles obéiffent à la
force coercitive de l’attraétion j l'hydrogène, dans
le même tems, par fa combuftion, peut faire paffer
une partie des métaux à l’état de pureté ou à l’état
natif. De fuite, par la combuftion de l’hydrogène,
& plus encore par la prodigieufe quantité de calorique
qui de l’état caché ou latent devient
libre , la furface des pierres éprouve urte demi-
vitrification.
;*> Mais bien loin de vouloir foutenir cette hypo-
thèfe ayec chaleur j je dirai feulement qu’elle me
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