
tacher à coups de cifeau après fept à huit cuites :
cet écaillage de la chaudière la dégrade beaucoup *
& M. Nicolas, de Nancy , qui a décrit avec beaucoup
de clarté les travaux des Câlines> 8c qui y a
porté les lumières d’un chimifte éclairé, a propofé
avec raifon de faire les huitièmes cuites avec de
l’eau faible ; par-là on diffoudra les croûtes Calées
j 8c on évitera l’écaillage.
Chaque cuite dure de dix-huit à vingt quatre
heures3 Cuivant que l’eau donne de quinze à vingt-
un degrés. Chaque chaudière de huit mètres Cur
fept donne environ trois cent cinquante myria-
grammes de Cel. Le fchlot, formé de muriate de
foude , de Culfate de Coude & de Cuifate de chaux 3
eft traité par le lavage à l’eau froide 3 qu’on évapore
pour en Céparer le premier Cel par la chaleur,
t e le Cecond par le refroidiffemenc. C e lu i-c i,
troublé dans fa criftallifarion par la forte évaporation,
Ce criftalliCe en petits prilhies très-fins, &
forme ce qu’on nomme improprement fel d‘Ejfom
de Lorraine.
■ L’eau-mère qui Cort des poêles où l’on n’évapore
point à ficcité, eft connue Cous le nom de
maire , d’où on pourroit tirer le Culfate de Coude.
M. Nicolas propoCc encore de paffer au bâtiment
de graduation l’eau de quinze à Ceize degrés,
qu’on a coutume de faire Cur ie-champ évaporer à
chaud, & de la graduer juqu’à vingt-un degrés
pour épargner un quart de combuftible , & pour
en fcparer une portion du Jcklot qui gêne le CalL
nage.
Dans quelques Câlines, on a coutume de paffer,
dans des bâtimens de graduation à cordes , les
eaux bouillantes portées à vingt.-neuf degrés ou
au commencement du falinage. Par ce procédé,
très-ingénieux & économique, on obtient un enduit
épais & brillant de beau Cel pur, qu’on détache
de deftùs les cordes à l’aide d’un inftrumënt.
On prépare dans le Jura , &c. deux efpèces de
fel i l’un nommé a gros grain, & l’ autre a mena
grain. Le premier, obtenu par une évaporation
plus lente & fans ébullition , eft plus cher 8c plus
pur j il contient moins de Cels déliqueCcens ; il eft
très-utile dans plufïeurs cas. Le fel à petits grains
fe forme par l’ébullition ; il eft plus impur que le
premier.
Quelque bien préparées que foient certaines
efpèces de muriate de foude, elles font fort loin
d’être aflfez pures pour les expériences de chimie.
Comme ce font furtout les muriates déliqueCcens
qui l’altèrent, on les décompofe à l’aide de la
foude. Pour cela, on diffout le Cel qu’on veut
purifier dans quatre parties d’eau froide ; on filtre
la diflblution pour la Céparer des matières étrangères
, Cable , argile, fer, qui faliffoient le Cel} on
y verfe quelques gouttes de diflblution de Coude,
jufqu’à ce que les dernières ne produifent plus de
précipité : alors on évapore la liqueur, & on extrait
le Cel qui fe forme en petits cubes à la fur-
face, ou bien on l’expofe à l’air 8c à l’évaporation
fpontanée fi on veut l’obtenir en beaux crif-
taux.
Le muriate de foude, expofé à une chaleur bruf-
que, décrépite, Ce brife en éclats 8c avec bruit,
& perd ainfi l’eau de Ca criftalliCation. En continuant
l'aCtion du feu, il fe fond, & fe réduit, lorf-
qu’il eft rouge, en fumée blanche dans l’air. -Si
l’on recueille cette vapeur Cur des corps froids,
on lui trouve toutes les propriétés du muriate de
foude ; ce qui prouve que ce Cel n’a perdu que de
l’eau , & n’a point été altéré, dans Ca nature intime
, par l'aCtion du calorique, qui volatilife en-
fernble, & fans les Céparer, Ces deux matériaux
conftituans.
Il n’éprouve aucune véritable altération de la
part de l’air. Seulement, lorfque celui-ci eft très-
humide , une portion de fon eau s’attache à la
furface du muriate de foude, & l'humeCte légère-,
ment ; mais il la perd quand l’air redevient Cec &
deflechant. Ainfi le Cel commun, qui attire fortement
l’eau de l’atmofphère, & qui finit par Ce
fondre, ne doit cette déliquefcence qu’aux muriates
terreux qu’il contient. Celui même qui fë
criftalliCe Cpontanément & très-lentement dans les
eaux qui contiennent en même tems ces différens
1 Cels, retient entre Ces lames une portion de ces Cels
déliqueCcens, puifqu’il perd à l’air fa forme & fa
folidicé en s’y fondant peu à peu.
La diffolubilité du muriate de foude dans l’eau eft
très-grande. Suivant M. Kirwan , il ne faut que
2,5 d’eau pour difloudre 1 de Cel 5 & Cuivant Bergman
, il en faut près de 3 ou 2,82. On ne le trouve
pas fenfiblement plus difloluble à chaud qu’à froid:
aufli ne fe criftallife-t-il pas par le refroidiffement,
mais feulement par l’évaporation, foit rapide, 8c
alors il eft en très-petits cubes; foit lente & par
! le feul çontaCl de l’air, Sc dans ce cas il donne des
cubes plus ou moins gros , ifolés 8c parfaitement
réguliers. Comme ce fel Ce diffout très-promptement
, il abforbe beaucoup de calorique en prenant
la forme liquide, & il y a un très-prompt
refroidiffement. C’eft pour cela qu’on l’emploie
feuvent pour produire du froid artificiel.
Les chimiftes font tous d’accord pour dire
que le muriate de foude eft inaltérable par les corps
! combuftibles, & cependant on croit, dans beaucoup
d’arts, qu’il eft très-propre à augmenter l’ in-
tenfité de la combuftion. Cela ne paroît dépendre
quexde la haute température qu’il prend facilement,
& de la forte chaleur qu'il porte alors ftir
tous les corps qu’ il touche ; il modifie aufli la
flamme des corps combuflibles dans lefquels il fe
trouve difféminé; il lui donne une nuance jaune,
mais fans Ce décompofer, au moins d’une manière
appréciable.
il y a quelques oxides métalliques qui paroiffeht
CuCceptibles d’en opérer la décompofition, d’en
abforber l’acide & d’en Céparer la Coude. On a
furtout reconnu cette propriété dans ceux de plomb 8c de fer ; 8c comme c’eû un procédé très-avantageux
geux 8c très-important pour les arts, que celui qui
peut faire obtenir la foude du fel marin à nu, on
a beaucoup cherché fi ces oxides ne pourroient
point en fournir un de cette nature. Cet objet
devant être traité dans les articles confacrés au
P l o m b & au F e r , on Ce contentera de faire remarquer
ici que cette décompofition n’a lieu que
par une proportion , d’oxide de plomb furtout,
bien fupérieure à la quantité néceffàire pour fa-
turer l’acide muriatique, & qu’ellen’eft due qu’à
l'attra&ion du muriate de plomb pour l’oxide de ce
métal, ou à la formation d’un muriate avec excès
d’oxide de plomb.
Plufieurs acides opèrent complètement, 8c plus
ou moins facilement, la décompofition du muriate
de foude. Le nitrique fe change en nitreux, & fait
paffer l'acide muriatique à l’état oxigéné à mefure
qu’il fe dégage. Le phofphorique & le boracique
ne le changent point à froid, Ôr le décompofent à
chaud, à l’aide de la double attraélion de ces acides
pour la foude, & du calorique pour l’acide
muriatique.
L’acide fulfurique décompofe le mieux, 8c le
plus facilement, le muriate de foude. C'eft cette
opération que l'on fait ordinairement dans les laboratoires
de chimie, pour obtenir l’acide muriatique
bien pur, & que l’on pratique aufli le plus
fouvent en grand lorfqu’on veut fe procurer la
foude du fel marin. Pour le premier cas , on met
dans un ballon ou un matras de verre épa^s, cent
parties de ce fel décrépité ; on y adapte des tubes,
dont l’un, doublement recourbé en fyphon , fert
à Verfer l’acide fulfurique, 8c l ’autre plonge dans
un petit flacon de Woulfe. De celui-ci, un fécond
tube eft dtftiné à conduire le gaz acide muriatique
dans un fécond flacon beaucoup plus grand,
contenant une quantité d’eau égale à celle du
muriate de foude mis en décompofition. L’acide fulfurique
concentré , employé à la dofe de foixante-
quinze parties, dégage l’acide muriatique avec
une vive effejrvefcence, & en gaz très-élaftique,
qui va fe condenfer dans l’eau de la Ceconde bouteille,
tandis que celle delà première arrête l’acide
fulfurique, qui fe volatilife avec le gaz. Lorfque
l’effervefcence fpontanée eft calmée, on chauffe le
ballon placé fur un bain de Cable, pour continuer
à faire dégager l’acide muriatique, & on a foin
de donner le feu très-lentement. L’eau , en fe
chargeant du gaz acide muriatique, s’en fatuve
jufqu’à devenir fumante , comme on l’a dit dans
l’hiftoire de cet acide. Ce qui refte dans le matras
après la décompofition, eft du fulfate de foude
avec un grand excès d’acide fulfurique. C’eft en
examinant ce réfidu, que Glauber a découvert le
fulfate de foude, qui a porté long-tems fon nom.
Lorfqu’on veut l’avoir pur, il faut faturer l’acide
excédant avec de la craie, Céparer Ca diflblution du
fulfate.dë chaux qui refte au fond, & la faire évaporer
pour obtenir le Culfate de foude en crif-
taux.
Cmimix. Tome V .
Dans quelques manufactures où l’on a pour but
d’extraire la Coude du fel marin, on le décompofe
d’abord , par l’acide fulfurique, dans des efpèces
de fourneaux doublés en plomb, en conduiiant
l’acide muriatique dégagé par des tuyaux dans une
chambre de plomb, où on le combine avec l’ammoniaque.
La matière réfidue de cette décompofition
ou le Culfate de foude qui en provient, eft
fortement calciné dans un fécond fourneau de réverbère
, pour lui faire perdre le refte d’acide fulfurique
qu'elle conrient; enfuite on le mêle avec
autant de craiè, & un peu plus que la moitié de
fon poids de charbon en poudre : on le chauffe
fortement au feu de réverbère, & on l’agite,
quand il eft en fonte pâteufe, pour favorifer le
dégagement du gaz 8c du foufre. La maffe, en
refroidiffant, devient Colide 8c noirâtre. Le carbone,
en décompofant l’acide fulfurique du fulfate
de foude, met à nu le foufre qui s’unit à la
chaux du carbonate de chaux, & qiii fe volatilife
en partie, tandis qu’une portion de l'acide carbonique
fe combine avec la foude ; de forte que le
produit eft un mélange-de carbonate de foude, de
craie & de charbon analogue à la foude du commerce.
On en retire à peu près 0,58 de Coude
brute.
Dans d’autres manufactures, on fubftitue des
rognures de fer-blànc ou de la féiraille ; mais la
foude qui en provient, contient du Culfure de fer, 8c ne peut pas Cervir aux mêmes uCages que la
première. Dans quelques ateliers on emploie ,
pour décompofer le Cel marin, le Culfate de fer 8c
le charbon, le fulfure de fer ou la pyrite martiale,
les tourbes pyritëofes, 8cc.
Le muriate de foude eft décompofé par la baryte 8c par la potaffe, qui ont plus d’attra&ion avec
l’acide muriatique, que la foude. On peut tirer
parti de l’une de ces bafes, la potaffe, pour ex--
traire la foude de ce fel 3 furtout lorfque l’on peut
employer le muriate de potaffe qui en provient,
comme dans les ateliers de Calpêtre.
Ce fel décompofe peu de Culfates, & feulement
quelques nitrates terreux. Chauffé avec le Culfate
d’ammoniaque , il fe fublime du muriate ammoniacal,
& il refte au fond de l’appareil du Culfate
de foude. Ce procédé fert, dans quelques manufactures
, à la préparation du fel ammoniac. On
décompofe le Culfate de chaux natif avec le carbonate
d’ammoniaque obtenu des fubftances_anir
males diftillées, & l’on traite par la fublimation,
dans des vaifléaux appropriés, le fulfate ammoniacal
qui provient de cette décompofition avec
le muriate de foude, après les avoir laiffés auparavant
en contaCl l’un avec l’autre pendant quelque
tems.
Le muriate de foude a en général la propriété
d’enlever l’eau à beaucoup de diffolutions falines,
excepté à celles des Cels déliquefeens, & de les
précipiter en dégageant une certaine quantité 4e
calorique. Il y a quelques fe ls , tels que le nirratt