
d’un oxide vitrifié violet. Ce fait avoit été attribué 1
à des corps étrangers , & furtout au charbon qui
fervoit de fupport à .l’or, jufqu’à l’époqüe où
Macquer reprit les expériences de Homberg à la
nouvelle lentille de 1 Académie, beaucoup plus
forte que celle de Tchirnaufen. Après avoir vérifie
la volatiiifation de l'or en fumée, & l’avoir
vu , au foyer de ce miroir, agité d’un mouvement
rapide fur lui-même, il a obfervé qu’il fe couvroit
d’une pellicule matte & ridée ; qu’ il fe formoit à
la longue, au milieu de cette efpece de voile, une
vitrification folide, faifant une portion de fphère
plus petite que le globule d’or, & y étant comme
enchâfifée à la manière de la cornée tranfparente
fur le globe de l’oeil. Cette vitrification s’eft peu
à peu étendue, & a formé une calotte très-vifible,
tandis que l’or diminuoit en même tems ; le fupport
a toujours été imprégné d’une trace purpurine
manifeftement due à un peu de verre abforbé.
Cependant quelques chimiftes paroiffent encore
douter que l’ors’oxide par ce procédé, quoique
par d’autres états de ce métal on trouve qu’il eft
fufceptible de prendre fouvenr cette forme de
pouifière brune ou pourpre-foncée, couleur qui
elt un des indices d’après lefquels on reconnoît le
plus fûrement fon oxidation.
M. Cornus a le premier décrit, en 1773 > W ^ft
de l’éleétricité fur une feuille d’or placée entre
deux cartes, & indiqué qu’il fe changèoit en une
pouifière violette adhérente au papier qui lui pa-
roilfoit être une chaux d'or, comme on nommoit
alors les oxides métalliques. On favoit déjà depuis
long-tems que l’or prenoit la même couleur par
le contaél & l’ébullition de l’acide nitrique dans
le départ, & qu’il la donnoit aux verres & aux
émaux dans les couvertes & les peintures fur porcelaine
5 mais les chimiftes n’en regardoient pas
plus ces changemens de l’or comme le produit
d’une oxidation, parce qu’ils voyoient ces couleurs
repalfer facilement & promptement au brillant
de l’or par l’aCtion du feu. Ils étoient donc
portés à regarder cette oxidation comme une fim-
ple divifion de ce métal, jüfqu’à ce que M. Van-
Marum eût trouvé, dans les grands effets de là
machine éledtriquè de Teyler établie à Harlem ,
le moyen de brûler l’or avec un tel éclat, qu’il ne
fût plus permis de douter de fa véritable combuf-
tibilité. Un fil d’or fufpendu a l’air & mis en communication
avec un conducteur électrique, de
manière à le faire traverfer par l’étincelle foudroyante,
fe brife, s’allume avec une flamme verte
très-fenfible, fe réduit en une pouflière que l’air
emporte comme une fumée 5 il ne faut même que
très-peu d’air pour favorifer la combuftibilité de
l'or. On a été jufqu à penfer, d’après l’inflammation
de ce métal, obtenue par l’étincelle électrique
dans des récipiens pleins de gaz hydrogène &
d'autres fluides diadiques qui ne peuvent point
fervir à la combuftion, que cette expérience pourvoit
faire une forte objection à la doctrine pneumatique
; mais la découverte de la décompofitiori
de l’eau par l’éleétricité, a préfence confiante
de ce liquide dans la plupart des gaz, ont détruit
cette objeClion. On fait que de même 1 oxidation
de l'or en violet a lieu fur les dorures que trappe
ou que parcourt la foudre quand elle tombe fur
les maifons. Je ne dois pas cependant laiffer ignorer
que plufieurs chimiftes regardent encore ce
changement en poudre violette comme le produit
d'une fimple divifion de l’or*, & non comme une
preuve de fon oxidation.
L’oxide d’o r, ou la pouflière d’or en apparence
oxidé, formé par les divers procédés que je viens
d’indiquer, eft facile à réduire s’il eft en effet
oxidé î il n’adhère que peu à l’oxigène qui lui.eft
uni. Le contaCt du calorique feul fuffit pour 1 en
dégager, & pour remettre plus ou moins promptement
l’oxide à l’étac métallique. Ceux des chimiftes
qui penfent que Yor eft oxidé dans les cas
cités, croient que cet oxide pourpre contient environ
trois ou quatre pour cent d’oxigène ; que ce
n’eft pas le dernier terme de l’oxidation de lor
que l’on peut porter à huit ou dix pour cent d 0x1-
gène, comme je le ferai voir plus bas j qu il eft
impoffible, par la feule aCtion de l’air, d’une haute
température & de la commotion éleCtrjque, de
pouffer plus loin cette oxidation de Yor qu’au
violet j que l’oxide pourpre d’or, obtenu en 11
petite quantité & fi difficilement par ces procédés,
n’eft pas fufceptible d’abforber i l’air la portion
d’oxigène ^laquelle il peut être uni dans
d’autres opérations chimiques ; qu’il eft en confé*
quence inaltérable à l’air, & qu’il y conferve long-
tems fa brillante & riche couleur ; que cependant
une longue expofitionà la lumière du foleil, quand
cet oxide n’eft pas engagé dans une combinaifori
vi tri forme, le décompofe & le réduit à l état me-
talliqije. - ,
U y a beaucoup de corps combuftibles avec lel-
quels l’or peut fe combiner: l’azote, l’hydrogène,
le carbone, le foufre & le diamant ne contra&ent
cependant pas d’union avec lui. L’hydrogène réduit
facilement fon oxide pourpre, & même fon
oxide plus avancé uni aux acides dont je parlerai
bientôt. On a cru que le charbon , recouvrant l’or
fondu, le rendoit aigre ; mais les procédés qu’on
fuit dans- quelques ateliers monétaires, en jetant
| du charbon dans les creufets où on le fond, prouvent
le contraire de cette affertion.
Le foufre a fi peu d’attraélion pour l ’or, & tant
d’aillèurs pour les autres métaux, qu’on l’a employé
pour féparer çeux-ci, & furtout l’argent de l'or,
; comme je le dirai err parlant des alliages de ce
i dernier métal. Les fulfures alcalins ont la propriété
! de diffoudre facilement l’or. Quand on fait fondre
| dans un creufet parties égales de potaffe ou de
foude & de foufre, avec un huitième de leur poids
total d’or en feuilles, celui-ci fe combine avec le
fulfure & difparoït. Cette matière, coulée fur une
plaque Sc difloute dans l’eau, n'offre aucune trace
de l’or métallique. Tout eft difloluble dans l eau:
on peut précipiter le foufre & Yor par les acides,
Sc obtenir l’or pur de ifolé en chauffant le précipité
dans un creufet jufqu’ à ce que le foufre foit
volatilité. U n’y a pas lieu de douter que, dans
cette combinaifon, l’or ne foit a l état d oxide
pourpre, & que fon oxidation ne foit provoquée
λar la décompôfition de l’eau due au fulfure alca-
in. Il eft difficile'd’expliquer comment Stahl a pu
faire une differtation férieufe fur la prétendue
diffolution du veau d’or des Ifraélites, &" pour
prouver que Moife avoit fait cette diffolution au
moyen du fulfure de potaffe ou foie de foufre.
Pelletier g. prouvé que le phofphore fe combi-
noit à l’or en chauffant dans un creufet ùn mélange
d’une partie d’or en limaille fine, avec deux parties
d’acide phofphorique vitreux, &: d’un huitième
de charbon. Une grande partie du phofphore
dégagée de l’acide s’eft volatilifée, mais il
en eft refté une petite quantité unie à l’or •• ce
métal étoit plus blanc & fragile ; il avoit une apparence
de criftaliifation ; il ne paroiffoit contenir
qu’un vingt-quatrième de Ton poids de phofphore.
Il eft parvenu égalementi combiner le phofphore
avec l’or, en jetant du phofphore fur de l’or bien
rouge dans un creufet > il a eu le même réfultat
que dans la première expérience : l ’or a pris un
vingt-quatrième de fon poids de phofphore. Il eft
devenu pâle , grenu, caffant, & un peu plus fu-
fible qu’il n’étoit. Le phofphore s’en féparé en
vapeur & en s’enflammant lorfqu’on tient quelque
tems en fufion-le phofphure d'or.
L’ or eft fufceptible de-s’allier à la plupart des
fubftances métalliques , qui changent finguliére-
ment fes propriétés. L’arfenic le rend aigre, caf- ,
Tant, difficile à limer, d’un tiffu grenu; il devient
en mêuçpe tems très-gris par cette efpèce d’alliage.
Onluienlève l’arfenic par l’aCfcion du fieu ; mais il
faut qu’il foit fort & long-tems continué , parce
que les dernières portiohs d’arfenic tiennent beaucoup
à ce métal. Cet alliage n’a encore été em- ■
ployé à aucun ufage.
On n’a point encore examiné T union de l’or
avec le tungftène, le molybdène , le chrome , le
titane, l’urane & le manganèfe.
La combinaifon de l’or & du cobalt n’eft pas
. fenfiblement différente de ce dernier métal pur, '
fuivant les chimiftes qui en ont parlé. Vallerius dit
que cet alliage , réduit en poudre fine & chauffé
avec le çontaCt de l’air, donne , après fon oxidation
& par la chaleur forte, un verre bleu-foncé
aurifère.
- Cronftedt, en parlant de l’union du nickel avec
l’-or, ne dit autre chofe, finon qu’elle donne une
maffe blanche & fragile.
- Le bifmuth, fondu avec l’or, fournit aufli un
alliage caffant, dont la fragilité eft relative à la
proportion du bifmuth employé : on ajoute que la
pefanteur fpécifique de cet alliage eft plus grande
Chimie. Tome V.
que la moyenne qui fembleroit devoir réfulter de
la pefanteur des aeux métaux combinés.
L’antimoine uni à l’or le rend aufli aigre & caffant.
Cet alliage, fait à parties égales, ne s’éloigne
pas beaucoup de l’or par fa forme, fuivant quelques
auteurs. Les alchimiftes ont fouvent employé
cette combinaifon dans leurs recherches. Ils nom-
moient l ’antimoine ridiculement le bain du roi, le
bain'tbyal. Ils prétendoient que la quantité de l or
augmèntoit quand on le féparoitde l’alliage, après
l’avoir fait fondre avec ce métal ; mais des expériences
exactes ont prouvé que cette affertion étoit
fauffe , & que c’étoit pour ne l’avoir pas entièrement
purifié qu’ils y avoient laiffé une furcharge
d’antimoine. On a aufli beaucoup employé autrefois
le fulfure d’antimoine pour affiner l’or, pobr
en féparer, à l’aide du foufre, les métaux qui lui
étoient unis. C ’étoit parce que le fulfure d’antimoine
agiffoit ainfî fur toutes les fubftances métalliques,
& non fur l’or, que, dans le langage
figuré des alchimiftes 9 on nommoit ce minéral le
Loup des métaux. Quand on a féparé de l’or les
métaux qui l’altéroient par le moyen du fulfure
d’antimoine, on obtient dé l’or allié d’antimoine,
& on le purifie ou on le raffine en lé tenant plus
ou moins long-tems en fufion, & en aidant à la
fin l’oxidation de l’antimoine par le nitre. CMl
fouvent pour féparer de l’or l’étain ou le fe r ,
qu’on ne lui enlève" que très-difficilement par la
coupellation avec le plomb ou le bifmuth, qu’on
emploie le fulfure d’antimoine ; mais il y a plufieurs
autres moyens d’opérer cette feparation ,
comme je le ferai voir, & plufieurs de .ceux-ci
font préférables à l’antimoine , dont la féparation
& la volatiiifation font d’une grande difficulté.
L’or s’ unit très-bien au tellure; mais on a encore
peu examiné cette combinaifon. L’or s'unit
très-facilement au mercure. M. Guyron a trouvé
que c’ étoit de tous les métaux celui qui, appliqué
en plaque fur le mercure coulant, exigeoit le plus
grand effort pour en être féparé; il repréfente cec
effort par le nombre quatre cent quarante-fix , tan-
; dis qu’il n’a eu befoin que d’un poids égal à quatre
: cent vingt-neuf pour enlever l’argent. Dès qpe le
, mercure touche Vor, il s’ aplatit, s'étend fur tous
lés points de fa furface, la pénètre, la recouvre
exactement, &: fait difparoître fa couleur. Tous
ceux qui emploient le mercure dans leurs travaux
connoiffent bien cet effet, & évitent foigneufe-
ment tout contaCt entre les deux métaux. Une
plaque, un lingot, un vafe, un uftenfile quelconque
d’or qu’on plonge quelques- momens dans le
mercure, s’en pénètrent au point qu’ils deviennent
promptement fragiles: s’ils y féjournent long-
< tems, I‘s s’y amolliffent & s’y fondent tout-à-fair.
Aufli a-t-on compté le mercure parmi les diffol-
vans des métaux. Quand on broie ou qu’on triture
des feuilles d’or avec du mercure, ces feuilles fe
rapprochent très - promptement, & fe refferrenc
' tout à coup dans le mercure qui les abforbe : on