
En traitant enfemble , à une température élevée,
un mélange de fer Sc de potajfe, ou de fonde,
Ils ont obtenu les métaux de ces deux alcalis èn
très-grande quantité ; ils en ont préfenté à l’Inf-
titut plufieurs grammes provenans d'une feule opération,
dans laquelle i4s n'ont employé que trente
grammes d'alcali. Ils ont déjà fait plufieurs effais, 6c ils fe propofent d’en faire beaucoup d'autres ;
mais ils fe font contentés d’annoncer qu’ils peuvent
faire de très grandes quantités de métaux de
la potajfe 6c de la foude, & qu’il leur fera par
conféquent facile d’étudier leurs rapports avec
les autres corps. Ce fait eft d’autant plus in-
téreflant, que, par le moyen du galvanifme , on
ne pouvoir efpérer d’obtenir des quantités un peu
confidérables de ces deux métaux, 6c qu’il montre
déplus que les agens chimiques ont une énergie
au moins aufli pui(Tante que le fluide électrique
n
On voit que M. Davy n’avoit aucun douçe fur
la décomposition de la potajfe opérée par l’électricité
, 6c fur la nature de cet alcali formé d’un
métal & d’oxigène. On va trouver dçs réfultat-s
plus importa ns encore, mais des doutes très-fages
fur la nature alcaline , dans la notice publiée par
MM, Gay-T.uffàc 6c Thénard, dans le Moniteur du
%j mai i 808.
Extrait de plufieurs notes fur les métaux de la potajfe
& delà foude, lues à l'Injijtut depuis le i 2 J anvitr
jkfqa 'au, 16 mai i par MM. Gay- Lujfaç &
Thénard|
Auflïtôt quxon a connu en France les expériences
que M Davy a faites fur la potajfe 6c la foude
au moyen de la pile voltaïque , MM. Gay-Luflac
& Thénard fe font empreffés de les répéter ; mais
quoiqu’ils les aient trouvées exactes, ils n’en ont
point tiré les mêmes conféquences que ce célèbre
chimifte, M. Davy a conclu de fes expériences ,
que les alcalis étoient formés d’oxigène & d’une
fubftance métallique très-inflammable 5 tandis que
MM. Giy-Luflac & Thénard en ont conclu (dans
«ne note lue à lTnftitut le 12 janvier 1808) qu’on 1
(1) M \f. Thénard & Gay-Luffac ont- apporté dans la
fsançe le pv-rophore de potajfe 6c les deux métaux alcati-
fijues, contenus dans des tubes de verre fermés d’un bouchon.
Ils ont fait fous, les yeux de la çlafle l’expérience de
I’inHammation de l’eau, en laiflant tomber dans une fou-
coupe pleine de ce liquide quelques fragmens du métal, j
puifés avec une petite fpatule dans le tube ( qu’on refermoit
auHitÔ£j--put éviter le contaâ de l’air ) : ces fragmens pro-
duil'oient, en tombant dans l’eau, une petite explofîon,
accompagnée de flamme 6c de fumée. No,us avons mis up
de ces fragmens fur un morceau de papier , en l’humec- :
tant de falive, il s’eft enflammé à l’inftant, & a allumé le
papier 6c le tapis au déiïbus. Le métal, vu au travers des :
paro.is du tube , reflèmble au. mercure à s’y tromper. A la
température de la falle il étoit en confiftanee d’amalgame j !
6c lorfqu’on en expofoic- à l’air quelques parcelles , elles.
s’o.xidoient à vue:-d’oeil, &. rc-palfoient ainû à l’état, d'alçaji... ‘
n’a voit pas plus de raifons pour admettre la com-
pofition des alcalis, que pour les regarder comme
des corps Amples. En effet, on pouvoir fuppofer
que les métaux qu’on en retire, n’étoient que des
combinaifons de ces alcalis avec l'hydrogène.
Cette hypothèfe expliquoic même, au moins JÉïft
bien que la première, le petit nombre de faits
connus alors ; ou fi quelques-uns étoient plus fa*
vorables à l’une , on pouvoit en citer de plus favorables
à l’autre. Par conféquent, ni l’ùne ni
l’autre ne devoit être préférée, 5c ce n’étoit que
d’après des expériences multipliées qu’on pouvoir
faire un choix ; mais la quantité de métal qu’on fe
procure par la pile eft li petite, que, faute d’autres
moyens de s’en procurer', on feroit rëité long-
tems flottant entre ces deux nypothèfes, quoique
certain que Tune d’elles étoic vraie. Il étoit donc
vivement à dejirer qu’on découvrît un procédé au
moyen duquel on pût en obtenir abondamment &
facilement ; 5c c’eft ce procédé que MM. Gay-
Luffac 6c Thénard ont découvert, 6c qu’ils ont
fait connofcre à l’Inflitut le 7 mars dernier. S'étanc
ainfi mis dans le cas de refoudré la queftion, ils
n’ont cefle de s’en occuper depuis cette époque.
Enfin, le 16 mai, après avoir communiqué à 1 Inl-
; titut, dans les mois de mais & d’ avril, différons
I réfuhats plus ou moins favorables à l’une ou à
l’autre de ces hyporhèfes, ils lui en ont préfenté
’ de nouveaux qui femblent lever tous les doutes,
& prouver que les métaux qu’on retire des alcalis
ne font réellement que des combinaifons de ces
alcalis avec l'hydrogène.
Nous allons donner un extrait de leurs recherches,
& d’abord nous allons rapporter le procédé
qu’ ils fuivent, 6c tels qu’ils .L’ont lu à l’ini-
titut „ pour préparer les métaux de la potajfe 6c de
la foude.
« On prend un canon de fufil très-propre dans
fon intérieur ; on en courbe la partie moyenne 6c
l’iin des bours, de manière à le rendre parallèle
à l'autre ; on couvre cette partie moyenne d’un
lut infufible, & on la remplit de limaille de fer,
ou mieux de tournure de fer bien pure, puis on
difpofe ce tube en l ’inclinant fur un fourneau à
révérbère ; enfuite on met de l’alcali bien pur
dans le bout fupérieur, & on adapte une alon-ge
bien fèche, portant un tube bien fec lui-même au
bout inférieur. Les proportions de fer 6c d’alcali
qu’on emploie, l'ont trois parties du premier 6c
deux parties du fécond j mais on peut ies faire
varier. L’appareil ainfi difpoté , on fait rougir fortement
le canon du fufil, en excitant la combuf-
tion au moyen d’un fouffletde forge ou d’un tuyau
de tôle qui détermine une plus vive afpiration.
Lorfque le tube eft extrêmement rouge , on fond
peu à peu l’alcali, qui, par ce moyen, eft mis fuc-
ceflîvement en conta# avec le fer, & converti
prefqu’ebtiërement en métal. Dans cette opération
il fe dégage, en même tems.que le métal fe
voUtilife^ beaucoup de gaz hydrogène, qui quel*
quefois eft très-nébuleux, & qui provient de l'eau que contient l’alcali. : on eft même averti que l’o* 1
pération touche à fa fin quand le dégagement de
gaz cefle. Alors on retire du feu le canon, qui n’a
nullement fouffert fi les luts ont bien tenu, 6c qui
au contraire eft fondu fi les luts fe font détachés :
on le laifle refroidir, & on en coupe l’extrémité
intérieure près de l’endroit où elle fo:toit du
fourneau. C ’eft dans cette extrémité inférieure, 6c en partie dans l’alonge, qu’on trouve le métal :
on l’en retire en le détachant avec une tige de fer
tranchante, 6c le recevant, foit dans du naphte,
foit dans une petite éprouvette bien fèche. Pour
i’obtenir plus pur encore, on le pafle au travers
d’un uouet de linge dans le naphte même , à l ’aide
d’une température & d’une compreflion convenables.
Le métal ainlî préparé eft pur ; il ne contient
ni fer ni alcali, & peut fe conferver dans.l’huile
indéfiniment. Il faut bien fe garder d’employer du
charbon ou des matières qui en contiennent, pour
retirer ces métaux des alcalis ; car alors ils en ,re-
tiendroient une pius ou moins grande quantité, &
jouiroient de propriétés très-variables. «
C’eft iürtout le métal de la potajfe que MM. Gay-
Luflac & Thénard ont étudié : aufli ne fera-t-il ici
queftion que de les propriétés.
e« Ce métal a un éclat métallique, femblable à
celui du plomb : on peut le pétrir entre les doigts
comme de la cire, 6c le couper plus facilement
que le phofphore le plus pur*
« Sa pefanteur fpécifique eft de 874 , celle de
l’eau étant 1006. Auflïtôt qu’on le jette fur l’eau
il s’enflamme, 6c fe promène lentemènt fur ce
liquide. Lorfque l’inflammation cefle, il fe fait
ordinairement une petite explofion, 6c il ne refle
dans l’eau que de la potajfe cauftique très-pure.
Pour déterminer la quantité d’hydrogène que le
métal dégage dans fon conta# avecTeau, MM. Gay-
Luflac & Thénard en ont rempli un tube de fer
qui avoit reçu par-là un accroiflement en poids de
22S4 grammes, & ont introduit ce tube fermé
par un dilque de verre fous une cloche pleine
d’eau. A peine le métal a-t-il touché l’eau, qu’il
i été projeté contre la partie fupérieure de la cloche
en dégageant beaucoup de gaz hydrogène ,
mais fans aucune apparence d’ inflammation. Ce
gaz hydrogène étoit très-pur, 6c formoit un volume
de 64,892 centimètres cubes, le thermo-
métré étant a fix degrés, & le baromètre à 76
centimètres. 4 Le métal de la potajfe fe combine très-bien
avec le phofphore , le foufre, avec un très-grand
nombre de métaux , & furtout avec le fer & le
mercure, & forme des compofés particuliers. Sa
combinai fon eft même fi intime avec le phofphore
& le foufre, qu’au moment où elle a lieu, il y a
un grand dégagement de chaleur & de lumièie. Le
phofphore projeté dans L’eau y forme beaucoup de
gaz hydrogène phofphoré qui s’enflamme : le ful-
iure yTorme un fulfate & .un fulfure hydrogéné.
j
»3 Mais parmi les combinaifons qu’il eft fufeep-
I cible de former, il n’en eft point de plus curieufe
& de plus importante que celle qui réfulte de fou
aétion fur les gaz.
»5 II brûle vivement dans le gaz oxigène à II
température ordinaire, l’abforbe & fe transforme
en potajfe.
» Mis en contaél avec l’air atmofphérique fans
élever la température, il prend d’abord une belle
couleur bleue j enfuite, en l’agitant, il fe fond,
forme un bain briilant, s’enflamme , abforbe tout
l’ o xi gène de l’air, fe convertit en potajfe, & n’ab-
forbe point d’azote. Ainfi donc il n’a aucune action
fur ce dernier gaz.
» 11 n’en eft pas de même fur le gaz hydrogène;
il peut, à une haute température, en abforber
une quantité remarquable, & il fe transforme alora
en une matière folide d’un gris-blanchâtre, dont
on retire du gaz hydrogène par le mercure & par
i’eau.
» Son a&ion fur les gaz hydrogène phofphoré,
fulfuré, arfeniqué eft encore plus grande que fur
le gaz hydrogène. A une température d’environ
foixante-dix degrés, il les décompofe , s’empare
de tout le phofphore, le foufre, l’arfenic, & d’une
portion de l’hydrogène qu’ils contiennent : la dé~
compofition de l’hydrogène phofphoré a même
lieu avec flamme. La portion de gaz hydrogène
non abforbée refte à l’état de gaz.
« Sa combuftion dans les gaz acide nitreux &
acide muriatique oxigéné eft aufli vive que dans
le gaz oxigène : quelquefois pourtant l’inflammation
n’a pas lieu de fuite; mais cela tient à ce que
le métal fe recouvre de muriate ou de nitrite de
potajfe, qui protège le centre contre l’aétion du
gaz : alors il faut remuer la matière, 6c bientôt
une vive lumière eft produite.
y> On peut analyfer rigoureufement 6c en un
inftant le gaz nitreux & le gaz oxide d’ azote par
le métal de la potajfe. Auflïtôt ou prefqu’auflitôt
que le métal eft fondu & en conta# avec ces gaz,
il devient bleu , s’enflamme, abforbe tout l’oxi-
gèiie, & laifle l’azote à nu. C’eft encore de cette
manière qu’il fe comporte avec le gaz acide fui*
fureux, avec le gaz acide carbonique & le gaz
oxide de carbone provenant de la décompofition
du carbonate de baryte par le fer. Seulement il
Taut plus élever la température dans toutes ces
expéciences que dans la précédente : le métal devient
bleu, bientôt s’enflamme, 6c la bafe du gaz
eft féparée. Avec le gaz acide fulfureux on obtient
un fulture de potajfe} 6c point de réfidu gazeux :
avec les gaz acide carbonique 6c oxide de carbon©
on obtient du charbon, de la potajfe, & toujours
point de réfidu gazeux.
» L’acide fluorique fec a aufli offert, avec le
métal, des phénomènes dignes de la plus grande
attention.
» A froid il n’y a aucune a#ion ; mais à chaud,
il y a une inflammation très-vive : tout le gaz
T t t t i