
retenir des qualités ftupéfiantes 8e délétères de
Y opium , pu tique ces qualités ne réfident que dans
le principe vireux, odorant te réfineux qui a été !
féparé pendant l’opération.
» Les avantages qu’on a droit d’attendre de l’ex- 1
trait d'opium faifoient defirer aux médecins, que
x e remède pût devenir d’un ufage plus familier}
mais malheureufement la longueur ae la préparation
étoit un ôbftacle ini'urmontable. En effet, fui-
vant ce que dit M. Baume, elle ne peut fe faire
que dans l’efpace de fix mois, ou, fi on veut qu’elle
s’achève en trois mois, il faut entretenir jour te
nuit, fous la diffolution, un degré de feu qui la
" tienne prefque bouillante} ce qui oblige à' un travail
affidu, & entraîne nécefïairement des frais
affez confidérables. D'ailleurs, le réfultat de cette
opération eft dans le cas de varier fuivant la nature
de Y opium, qui peut ne pas toujours contenir la
même quantité de chacun de fes principes, te fuivant
l’intenfîté ou la durée plus ou moins grande
de la chaleur.
» Ces inconvéniens m’ont engagé à chercher
quelque moyen fimple, facile te prompt d’enlever
à Y opium fon odeur vireufe, fon huile, fa réfine,
& d’en'obtenir un extrait femblable à celui qui a
été préparé par une longue digefiion. L’analyfe de
Y opium m’a voit fait xeçonnoitre les mêmes principes
qu’avoient découverts Neuman , Cartheufer
& Baumé. J’avois auflî remarqué que l’ eau diflol-
voit à peu près la moitié de Y opium ; mais j’ avois
obfervé qu’ il n’eft point du toutindifférent, comme
le penfe Cartheufer, d’appliquer à cette fubftance
de l’eau froide ou de l’eau chaude. La première
forme toujours une diffolution tranfparente te fans
odeur } la fécondé, au contraire, fournit une diffolution
trouble, te d’autant plus odorante qu’on
a employé de l’eau plus chaude : on ne peut éclair-
cir cette dernière diffolution, ni en la clarifiant
avec le blanc d’oe u f, ni en la filtrant au papier,
parce que la portion de matière huileufe ou refi-
* »neufe que l’eau a entraînée, eft très-intimement
combinée avec la partie, extraétive, & ne peut en
être féparée qu’avec beaucoup de difficulté. La
diffolution faite à l’eau froide ne contient exactement
que la matière extraétive pure, fans aucun
mélange de parties huîleufes ou réfineufes 5 elle
paffe facilement à travers les filtres. Sa faveur eft
amère te fans aucune acrimonie. L’extrait qu’on
obtient en faifantdvaporer cette diffolution à une
douce chaleur, n’a d’autre odeur que celle qu’ont
les extraits des plantes inodores } caractère que
M. Baumé affigne à l’ extrait d’opium préparé par
une longue digtftion. Il eft parfaitement tranfpa-
rent : on peut même le réduire en petites écailles
brillantes, comme f’extrait fec improprement nommé
fe l effentieL de quinquina , tandis que l’extrait
A’opium fait par l’eau chaude eft toujours opaque
& noir.
» Le procédé dont je me fers pour obtenir l’extrait
d'opium eft fort fimple. Après avoir puivérifé
groffiérement Yopium dans un mortier de marbre,
je vevfe pardeffus peu à peu l’eau la plus froide
pofiible, & , à l’aide d’une douce trituration, l’eau
fe charge de ce qu’elle peut diffcudte. Loi fqu’elle
eft bien colorée, je décante, te j’en ajoute de
nouvelle jufqu’à ce qu’elle ne prenne plus de couleur.
Le fuc a perdu alors à peu près la moitié de
fon poids par la fouffraétion de la partie extractive.
Il faut filtrer les liqueurs, & les faire éva-
! porer doucement. La fubftance qui eft reftée dans
I le mortier eft une matière réfineufe molle , que
! l’efprit de vin attaque avec beaucoup de facilité,
mais qu’il ne diffout pas entièrement. La teinture
qu'on obtient par ce moyen peut être précipitée
par l ’eau, comme cela arrive à toutes les teintures
des réfines.
m La réfine de Yopium conferve toute l’odeur
vireufe de cette fubftance, & fi on la diiiille à une
chaleur douce, elle donne pour premier produit
un phlegme ayant une très-forte odeur d'opium.
C’eft même un moyen de concentrer la partie
vireufe narcotique de cette fubftance. L’extrait
aqueux diftillé de la même manière ne fournit rien
de femblable, te le premier produit qu’on en retire
, ne diffère en rien de celui qu’on obtient en
diftillant tout autre extrait.
« La méthode que j’emploie pour préparer l’extrait
d'opium, eft moins iongue 8e moins difpen-
dieufe que la digeftion. Les produits que j’obtiens,
font toujours exactement les mêmes, parce que
l’eau froide ne peut prendre que les principes dont
elle eft le diffolvant, tandis que l’eau chaude,
s’ uniffantavec des fubftances qu’elle ne peut tenir
dans une diffolution parfaite, laiffe à l’art le foin
de féparer ce qui eft étranger à la diffolution, objet
qu’il ne peut remplir que difficilement, te plus ou
moins imparfaitement. »
M. Anary a communiqué à la Société royale de
médecine de Paris ( le 3 feptembre 1777) un procédé
de M. Joffe, apothicaire à Paris, pour préparer
l ’extrait d'opium qui n’a que la vertu cal--
mante. Voici le procédé tel que M. Andry l’a
donné : « Prenez une quantité quelconque d'opium^
malaxez-le dans un vaiffeau plein d’eau médiocrement
chaude 5 renouvelez cette eau, & continuez
de malaxer Yopium jufqu’à ce qu’il ne la colore
plus. Faites enfuite évaporer cette eau colorée en
brun fur des affiètes : vous aurez l'extrait defiré,
dont le goût eft très-amer, te que l’on donne à
deux grains. La maffe qui refte après cette opération
eft, fuivant M. Joffe, la partie glutineufe de
Yopium : elle colore légèrement l’efprit de vin, &
enfuite elle n’y eft plus diffoluble, non plus que
dans l’eau ni dans l’éther} elle a l’odeur virulente
propre à Yopium , te le vinaigre eft fon véritable
diffolvant. »
On voit que ce procédé fe rapproche beaucoup
de celui de Bucquet, te qu’il n’en diffère que par
le manuel de l’opération. 1 A ces premiers détails fur Y o p ium , dont la rédaétion
remonte jufqu’à plus de vingt-cinq ans, il
me paroîc indifpenfable de joindre un travail fait,
il y a quelques années ( en 1802) , par un pharmacien
de Paris, M. Derofne. C’eft fans contredit
celui qui préfente le plus de réfultats chimiques,
te qui, réuni aux précédées, formera pour cet
article un enfemble aufli complet fur i’hiftoire de
Yopium, qu’il eft permis de l ’obtenir dans l état
aétuel de nos connoiffances ( i) .
« Parmi les médicamens fournis par les fubf-
tances végétales, dit M. Derofne, il en eft encore
beaucoup dont l’analyfe chimique eft aufli peu
avancée, que leurs propriétés énergiques font bien
reconnues dans leur emploi médicinal. De ce nombre
eft Yopium , ce fuc concret du papa-ver fomni-
ferum, que le commerce nous apporte de l’Egypte
& des Indes , te dont on fait un fi grand ufage en
Europe, & plus encore dans les pays dont on
l’extrait.
» Ce n 'eft pas que plufieurs auteurs n’aient traité
de cette fubftance te des différens principes qu’ils
y ont fucceflivement rencontrés.} mais le peu d 'accord
que l’on remarque dans ce qu’ils en ont dit,
n’eft propre qu'à donner des notions vagues, te
ne laiffe que des incertitudes fur la nature com-
pofée d’une fubftance aufli importante. Neuman,
Wedelius, Hoffman & Traitas ont parlé d’un fel'
bien criftallifé qu’ils ont obtenu de Yopium, te le
dernier affure que ce fel eft acide, te qu’il fait
effèrvefcence avec les carbonates alcalins. Les mêmes
auteurs font aufli mention d’une efpèce de
graifîe ou de fuif qu’ils y ont trouvé, te qu’ils
foupçonnent y être par fophiftication.
» Baumé., dans fes Êlémens de Pharmacie ,à l’article
de la préparation de l’extrait d'opium par
longue digeftion , eft entré dans de grands détails
fur les différens principes de Yopium. Il y a reconnu
une matière extraétive gommeufe, une réfine abondante
, un fel effentiei terreux, tantôt aiguillé,
tantôt micacé} une huile te une fécule. 11 étoit
difficile que Baumé analyfât cette fubftance d’une
manière plus exaéte par un procédé qui en confond
tous les principes, te qui doit même les dénaturer
en partie.
» Joffe ( pharmacien de Paris comme Baumé ) a
auflî donné un Mémoire fur Yopium; mais il ne l’a
examiné que fous le point de vue pharmaceutique.
D’après lui, Yopium ne feroit compofé que d’une
matière extraétive & d’une matière glutineufe à
peu près à parties égales, plus, une très-petite
quantité de réfine. Il n’y a remarqué ni le fel ni la
matière huileufe obfervés par les autres pharma-
cologifles. On a lieu de s’étonner qu’un homme
doué, comme il l’é toit, d’un efprit jufte te ob-
fervateur, n’ait pas pouffé plus loin fes recher-‘
^Tw^eiïl0*re ^ur l’opium, lu à la Société de pharmacie,
par M. Derofne, pharmacien de Paris. Annales de Chimie,
tom. XLV, pag. a5?. Yentofe an 11.
ches, & qu’il fe foit même trompé auflî gravement
fur la nature des principes de Yopium, qu’il a fé-
parés.
» Enfin, M. Prouft a envoyé, il y a deux ans
(1799), au Collège de pharmacie, quelques notes
d’expériences faites depuis long-tems fur cette
fubftance, dans laquelle il a retrouvé l’acide de
Trailes te la matière huileufe, dont il attribue »
avec affez de vraifemblance, la formation à la
pouflîère fécondante des étamines. Mais je fuis
fondé à croire, d’après les propres expériences de
M. Prouft, que Yopium qui a fait le fujet de fes
recherches etoit de mauvaife qualité, te qu’il fe
rapprochoit beaucoup de cet opium gommé que la
cupidité a introduit quelquefois dans le commerce,
& fur lequel M. Payffé a envoyé dernièrement des
obfervations à notre Société.
» On voit que les trois derniers chimiftes que
je viens de citer ne fe rapportent nullement dans
leur examen de Yopium, puifque chacun d’eux y a
obfervé des matières tout-à-fait différentes. Cette
diverfité de fentiment m’a frappé, te m’a engagé
à examiner cette fubftance de nouveau. J’efpère
que le travail que je vais communiquer répandra
quelques lumières fur cet important médicament,
te qu’il en avancera l’analyfe que je w’ofe pas encore
regarder comme complète. Je me propofe de
faire voir qu’ il exifte dans Yopium une fubftance
particulière, fur laquelle on s’eft également trompé
en la prenant pour un acide ou un fel terreux, &
dont on a jufqu’à préfent méconnu les propriétés.
J’indiquerai aufli quelques autres matières qui n’y
ont pas été découvertes. Je ne donnerai pas les
proportions exactes des quantités refpeétives de
chacune d’elles} c’eft une tâche trop difficile dans
l’examen d’une fubftance aufli combinée, te d’ailleurs
elle feroit abfolument inutile , puifqu’on
trouve rarement dans le commerce deux efpèces
d‘opium parfaitement femblables : il fuffira de bien
déterminer leur nature particulière ,& depréfenter
les moyens de les obtenir ifolées.
» Je verfai fur un kilogramme d'opium de commerce
concaffé, dix fois fon poids d’eau diftillée,
te j’agitai le mélange de tems en tems. Au bout de
deux jours je décantai la diffolution, qui étoit parfaitement
claire & limpide, te je verfai encore à
plufieurs reprifes de l’eau fur le marc, pour en
enlever toute la matière extraétive. Le marc fut
bien exprimé entre les mains, & mis de fuite en
digeftion avec de l’alcool pour être examiné fépa-
rément. Les diffolutions extraétives furent réunies
& filtrées.
ABion des réactifs fur la diffolution.
m La diffolution d'opium, comme celles de la
plupart, des extraits, rougit la teinture'de tour-
nefol} elle ne rougit point celle de violette. Les
alcalis cauftiques te carbonates, les eaux de chaux
, te de baryte y font un précipité abondant. Ces