
53 La caffure eft irrégulière, grenue, d’un grain
un peu (erré j dans l’intérieur on voit de très-
petites fentes. Elle ne fait pas feu au briquet : fa
contexture eft fi lâche, qu’elle fe biffe entamer
au couteau. En la pilant, elle fe réduit affez facilement
en une poudre grife-bKuâtre, d’une odeur
terreufe. Quelquefois il ie trouve de petits cril-
taux de mine de fer qui réfiftent pius aux coups
du pilon.
»? La pefanteur fpécifîque de l’échantillon du
profeffeur Barthold étoit de 3235. Son analyfe,
dont j ’aurai occafion de parler ci-après, donnoic
la çompofition fuivante
Soufre. , . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. *. 2
Fer..,. . , , . . . . . , , . r. . . . . . . . . ; ».. 20
Magnéfie., , . . . . . . . . . . . . ........ .................... 14
Alumine, s., . , , , , . , , , . , . . . . . . . . . iy
C h a u x . ............ 2
M ilic e ..,.,.,., . __ . . . 42
97
55 TVaprès les caractères extérieurs de cette pierre
& fou analyfe , le profelfeur confidère la pierre
d’Enfisheim comme étant argilo-Terrugineufe. 11
ajoute que l’ignorance & la Cuperftition lui ont
donné une exiftence miraculeufe, qui eft en- op-
pofition avec les premières notions de la phyfi-
que(Q,
»? Le détail foivant, dans l’ ordre des tems, fe
trouve dans les Tranfaciions, philosophiques ,* mais
je ne puis l’omettre, parce qu’il a un rapport immédiat
avec l ’une des fubftances que j’ai: examinées.
Je veux parler d’une lettre écrite à Sir W.
Hamilton, par le comte de Briftol, datée de Sienne
le 12 juillet 1794. Au milieu d’un orage très-
yiolent,accompagné de tonnerre, dit-il, il tomba
environ une douzaine de pierres, de poids & de
formes différens, aux pieds de différentes personnes
, hommes, femmes & enfàns.. Les pierres
font d’une efpèce qu’on ne trouve nulle part dans
le territoire de Sienne ; elles tombèrent environ
dix-huit heures après l’énorme éruption du mont
Véfuve, circonftance qui ne lailfa que le choix
des difficultés pour réfoudre ce phénomène extraordinaire
j car,, 011 ces pierres ont été formées
dans çette maffe de nuages qui fulminoient avec
line violence extrême , ou bien, ce qui eft auffi
difficile à fuppofer elles avoient été lancées par
le Véfuve à, la diftance de deux cent cinquante
milles.au moins. Jugez de la parabole l.Les phy-
ficiens italiens penqhent pour la première explication.
Je defirerois connoître votre opinion. J’ai
commencé par vouloir, nier le fait } mais il a eu
tant de témoins, qu’il eft impoffibîe de fe refufer
à.ce genre d’évidence. ( Tranfaci.. philofoph. 1794 y
page 103.);>3 II paroit que Sir W. Hamilton reçut
auffi, un fragment de l’une des plus groffes pierres,
P I E
qiii pefort plus de cinq livres, & il en vit e
autre qui en pefoit à peu près une. 11 obferva aulfi
que l’extérieur de toutes ces pierres tombées des
nuages aux' environs de Sienne , étoit couvert
d’une couche de vitrification récente & noirâtre,
Sc paroiffoit avoir été expofé à une très-forte
chaleur. L’intérieur étoit de couleur gris-clairk
mêlé de taches noires, & de quelques particules
brillantes que les, favans de l’endroit décidèrent
être des pyrites (1).
»s En iyc)6 , on montroit à Londtes , comme
curiofité , une pierre pefant cioquante-fix livres h
avec plufieurs atteftations de perfonnes qui, le 1 $
décembre 1795;, la virent tomber près de Wold-
Cottage, dans le comté d’Yorck, vers trois heures,
après midi. Elle étoit entrée en terre à la profondeur
de dix-huit pouces, dont un pied de terreau
& fix pouces d’un banc de craie très-rcom-
I paéle y Si en s’enfonçant elle avoit fait jaillir autour
d’tlle ,. affez loin, use quantité de terre confia
érable. On entendit en même tems un certain:
nombre d’explofions comme des coups de piftolet,
; Dans les villages voifins on crut entendre tirer le
i canon à là mer,, & dans deux hameaux fitués près,
de 1 habitation de M. Tophan , on entendit fi
, diftinélenumt un bruit comme quelque chofe qui
le mouvoir avec viteffe dans l’air, que cinq à lïx
, perfonties s’y rendirent pour voir s’il n'étoit- tien
arrivé d’extraordinaire à (a maifon ou dans les
champs voifins. Lorfqu’on déterra la pierre , elle
etoit encore chaude 5. elle fumoit, & ientoit très-
; le foufre. Sa direction , autant qu’on put la
! conclure de divers rapports., étoit du fud-oueft
au nord-eft. Le tems étoit doux & nébuleux,,
conftitution atmofphérique très - fréquente dans,
ces parages lorfqu’il n’y a ni vent ni orage. Il n’y
eut point d’éclairs ni de tonnerres de toute la jour-
: née, Qn ne connoir dans le pays aucune pierre de
! cette efpèce. On n’a pas apperçu d’éruption dans
; les environs , & , d’après fa forme, cette pierre.
; n a pu appartenir à. aucun bâtiment. Les rochers,
; f|§ plus voifins,,dont on pourroit fuppofer qu’eile
eut été détachée par quelqu’aétion violente dans
l’atmofphère, font ceux de Flamboroug-Head, à
la diftance de douze milles, 3c le volcan le plus,
voifin, à ce que je crois,.eft le mont Hécla en
Mande (2),
59 Comme on montroit cette pierre, pour de l’ar—
geut-, cette circonftance ne contribuoit pas à accréditer
l ’opinion qu’elle étoit véritablement ton>
b e e & bien moins encore à détruire les objections
faites à la prétendue chute de celles d’entre,
ces pierres qpi avoient' été mifés fous les yeux de
l'Académie. Mais le préfident-de la.Sociétë royale,,
(1) p'oyez' Bibliothèque britannique,. tome I., pag. ^.pS ài 4'o8.
(n) Extrait..du;Méïnoire. qu’on «liftrifeuoit-au. 1 ieu i de l’.eXr-
hibjrion. ( p'oyeq , fur les détailsBibliothèque? britanninuc.,,
xome ( ifffoye^Jourual. de Phyfique-, ventôse an 8 ^ pag. 16g. V I , pag. 5g à,54;« h
ï> I E
toujours attentif à ce qui peut contribuer aux pro-
1 grès de la fcience , obfervant que la pierre ainfî
montrée reffembioit à une pierre qu’on lui avoir
| préfentée comme une de celles tombées à Sienne,
| n’étoit pas acceffible à la prévention. Il fe procura
un fragment de cette maffe extraordinaire, &
rafîembla plufieurs rapports de faits analogues.
Enfin, en 1799, il reçut de John-Lloyd Williams,
efq-, un détail fur la chute de pierres tombées aux
Indes orientales. Ce rapport, par fon caractère
d’authenticité, Si par (a reflemblance frappante
avec le s événenuns de même genre arrivés ailleurs,
doir achever de détruire toute préemption
contre la réalité du fait. M. Williams a rédigé
depuis le détail plus circonftancié qu’on va
[ lir,e. 53
Description de l ’explofion d'un météore qui a paru
auprès de Bénarès, dans les Indes orientales , &
de la chute de quelques pierres tombées en même
tems a environ quatorze milles de cette cité ; par
John-Lloyd Williams , efq. , membre de la Société
royale.
« Une circonftance auffi extraordinaire que I’eft
la chute de pierres tombées du ciel, ne pouvoit
manquer de frapper d’étonnement les témoins de
cet événement, & d’attirer toute leur attention.
53 Chez un peuple fuperftitieux, tout événement
furnaturel en apparence produit le filence
Si le refpect. On l’attribue à la volonté immédiate
de l’Etre fuprême, & on n’en fcryce ni le but ni
les moyens : alors les gens plus éclairés font naturellement
conduits à foupçonner l'influence du
préjugé & de la fuperflition dans les deferiptions
des phénomènes de ce genre. Je dus en confé-
quence rechercher furtout le témoignage des Européens,
qui ne font pas en grand nombre dans
cette partie du pays.
» On m’apprit que, le 19 décembre 1798 , vers
huit heures du foir, les habitans de Bénarès & des
environs rie cette ville obfervèrent dans le ciel
lin météore très-lumineux fous l’apparence d'une
grofle boule de feu. Cette apparition fut accompagnée
d’un grand bruit reffemblant au tonnerre,
& on dit qu’il s’enfuivit la chute de nombre de
pierres près de Krakhut, village ficué au nord de
la rivière de Soomty, à environ quatorze milles
de Bénarès.
« Le météore parut dans la partie occidentale
de 1 hémifphère vifible, & fon apparition ne dura
Que peu ae tems. il fut apperçu dans différens j
diftri&s par les Européens & les Indigènes.
»3 Dans le voifinage de Juan-Poor, à douze j
jolies environ du lieu où l’on dit que les pierres 1
tombées , le météore fut très-diftin&ement
obfervé par plufieurs perfonnes, hommes & femmes.
Tous s’accordent à le repréfentet comme
JJHe groffe boule de lumière , accompaghée d’un
^ruic affez fore, reffemblant au feu a un peloton
P I E 5 4f
de moufqueterie qui tireroit mal. Plufieurs des
habitans de Bénarès l'apperçurent, & entendirent
l’explofion. M. Davis vit la lumière pénétrer dans
fa chambre par la croifée, avec affez d’intenfité
pour que toutes les ombres des barreaux fe projetaient
très - diftin&ement fur le tapis qui étoit
d'une teinte très-obfcure. La lumière lui parut
égaler celle du clair de la lune le plus brillant.
33 Lorfqu’on apprit à Bénarès qu'il étoit tombé
des pierres j M. Davis, magiftrat du diftriét, envoya
fur les lieux un homme intelligent pour y prendre
des informations. Arrivé au village auprès duquel
la chute avoit eu lieu, les gens du pays, en ré-
ponfe à fes queftions, lui dirent qu’ils avoient
déjà brifé ou donné au teffeldar ( le colleéleur
indigène), & à d’autres individus, toutes les
pierres qu’ils avoient rama {fées ; mais ils ajoutèrent
qu’il en trouveront aifément d’autres dans les
champs voifins1 ( la femaiile n’étant guère élevée
que de deux à trois pouces à cette époque) , en
cherchant aux endroits où la terre paroîtroit avoir
été récemment foulevée. Jl fut à la recherche, Si
trouva ainfi quatrepienes qu’ il apporta à M. Davis.
La plupart étoient enterrées jufqu’à fix pouces environ
dans le fo l, lequel paroiffoit avoir été récemment
arrofé. On pourroit conclure des détails
donnés par ce mefl’ager, qu’il avoit trouvé ces
pierres à la diftance d’une centaine de verges les
unes des autres.
»3 II apprit de plus-des habitans, que , vers huit
heures au foir, comme ils rentraient dans leurs
habitations , ils'avoient obfervé une lumière très-
brillante qui fèmbloit venir d’en-haut, accompagnée
d’un coup de tonnerre violent, lequel fut
immédiatement fuivi par un bruit qui indiquoit la
chute de corps graves dans les environs. Incertains
fi quelques-unes de leurs divinités n’avoient part
à l’événement , ces bonnes gens n’olerent fe ha-
farder à la recherche jufqu’au lendemain. La première
circonftance qui ies frappa , fut la terre
remuée çà Si là , ainfi qu’on vient de le dire, & ,
en fouillant dans les creux, ils y trouvèrent les
pierres en queftion.
53 M. Erskine, fous-colleéleur du diftiidl, jeune
homme très-intelligent, voyanr l’une de ces pierres
qui lui fut apportée par le principal colleéteur du
diftrift, fe décida auffi à envoyer quelqu’un aux
recherches dans cette partie du p.îys. Le meffuger
revint ayec plufieurs pierres, & un détail femblable
à celui qu’avoit donué le premier envoyé. Ce détail
fut confirmé par le caufy (qu’on avoit prié de
diriger la recherche ) , Si il le garantit par fon fceati
Si fa fignature.
33 M. Maclane, gentilhomme qui demeure très-
près du village de Krakhut, me donna un fragment
d’une pierre que lui avoit apportée , 1e matin même
qui fuivit l’evénement, l’homme du guet de la
nuit où il eut lieu. Cette pierre, dit-il, avoit percé
le toit de fa hutte tout auprès ds la maifon, &
s’étoit enfouie de plufieurs pouces dans le fo l,
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