
métaux dont le caractère eft la demi-duélilité.
Mais on fent bien que cette propriété eit très-
bornée, qu’elle a des limites très-étroites, qu’on
ne peut même la déterminer qu’avec beaucoup
de difficultés, & qu’on eft encore loin dé l’avoir
convenablement appréciée. On n’a pas même pris
la précaution, excepté dans la dernière expérience
citée qui n’a pas cependant pu être portée
affez loin, de le fervir, pour éprouver la
malléabilité du mercure, d’initrumens refroidis à
la température baffe, qui feule peut le maintenir
dans Ion état folide : aufli a-t-il coulé promptement
& prefque dès les premiers coups de marteau
qu’on lui a donnés dans les premiers eflais
furtout y car dans ceux de l’Ecole polytechnique,
le tas d’acier & le marteau ayant été refroidis à
17 — o , la fphère de mercure folide a été battue
de plulïeurs coups fans fe gercer, fans fe fondre}
& ce n'eft que dans l’état de globe aplati que
M. Pelletier l’a placé & tenu quelque tems dans
le creux de fa main. On,ne connoîc donc ni la ténacité,
ni la dureté, ni l’élafticité du mercure,-
on fait feulement que ces propriétés y font très-
foibies*
18. On infiftoit beaucoup autrefois fur la fé-
chereffe üc la propriété non mouillante du mercure
, & il eft vrai que ce métal liquide ne s’attache
à aucun des corps que l’eau, les huiles ou
d’autres liqueurs mouillent. Mais comme cette
propriété de mouiller dépend manifeftement de
l’atJradtiôn dé furface que ces liquides exercent
fur les corps , il eft évident que le mercure ne les
mouille pas ou ne s’attache point à leur furface en
raifon ~du peu d’attraélion qu’il a pour elle : aufti
mouille-t-il véritablement les fubftaaces avec lef-
queües il peut s’unir, comme les métaux qu’il
diflout , l’o r , l’argent, l’étain, le plomb, &c. 5
auffi ne peut-on en priver la furface de ceux-ci, à
laquelle il adhère fortement, que par l’aélion du
feu quand ils ne font pas fufibles, ou par des actions
chimiques employées alors à détruire la véritable
combinaifon qu’il a faite avec eux.
19. Comme métal toujours fondu, toujours liquide
à la température de nos climats, le mercure
affeéte conftamment la forme de globules parfaits
lorfqu’on le divife. Quand il eft renfermé dans un
flacon de verre ou dans un tube de même matière,
fa furface eft convexe} ce qui dépend dtf peu d’at-
traétion qu’il a pour les molécules du verre. En
effet, fi on le verfe dans un vafe ou dans un tube
métallique auquel il puilfe s’allier, au. lieu de
relier convexe, fa furface devient concave. Comme
cetre furface arrondie, courbe & convexe
peut faire naître quelques erreurs dans les ob-
fervations barométriques , furtout dans celles
que l’on fait avec des tubes de calibre mince, dont
l ’élévation du mercure doit être la mefure exacte
de la hauteur des lieux qu'on veut çonnoître, on
a cherché à faire difparoître cette fource d’illu-
fioss, en rendant la furface mercurielle plate. Caf- l
l febois y eft parvenu en faifant bouillir long-tems
le mercure dans les tubes barométriques} alors on
l'avoit, furtout dans les tubes de gros calibre,
prefque parfaitement horizontal. 11 paroît que
I cette horizontalité eft due à la féparation exacte
de l'eau , qui adhère fi fréquemment au mercure }
car en y introduifant quelques gouttes de ce liquide
, la convexité de la furface reparoît à l’ inf-
tant même , quoique la petite quantité d’eàu
ajoutée ne foit pas vifibie.
20. On n’a point encore déterminé d’une manière
très-exa&e la dilatabilité du mercure par le
feu } on fait qu’il eft très-bon conducteur au calorique
, que c’eft pour cela qu’ il paroît fi froid
lorfqu’on y plonge la main, parce qu’il enlève
promptement & par un grand nombre de points à
la fois le calorique de la peau } que c’eft encore
en raifon de cette propriété conductrice qu’un
fer rouge, plongé dans le mercure, y perd à l’inf-
tant même fa rougeur qu’il auroit confervée quelque
tems dans l’air & même dans l’eau. Sa dilatation
par le calorique eft affez confiante dans fa
marche, & voilà pourquoi on l’emploie dans la
conftruCtion des thermomètres. Quand il eft pénétré
d’une quantité de ce principe, qui n’a point
encore été bien déterminée, mais qu’on eftime à
140 degrés du thermomètre de Réaumur, le mercure
bout, fe réduit en vapeur & fe volatilife. Si
cette expérience eft faite dans l’air, le mercure fe
condertfe d’abord en une fumée blanche qui peut
nuire beaucoup aux animaux, & par laquelle j ’ai
vu un homme frappé d’afphyxie & de paralyfie. Si
on la fait dans des vaiffeaux fermés de manière à
cè que fa vapeur fe condenfe & fe liquéfie promptement,
cela devient un moyen de diftillation,
dans laquelle le métal volatil fe comporte comme
tout autre liquide diftillé. Dans cette opération ,
fouvent employée pour puiifier le mercure, on a
coutume d’adapter au bec de la cornue de fer ou de
grès qu’on y emploie, un canal de linge dont l’extrémité
plonge dans l’ eau qui remplit le récipient
Par cet appareil, le mercure eft promptement con-
denfé en liquide, & recueilli tf'Ut entier fous
l’eau, dont on le fépare enfuite en le frottant avec
des papiers non collés, en le deflechant à un feu
doux, en le paflanr à travers une peau, en lé malaxant
avec ae la mie de pain , du fon bien fec,
& differens moyens ficcatifs de la même nature.
C ’eft en raifon de cette diftillation facile du mercure
3 que les chimiftes l’ont regardé comme le
plus volatil des métaux.
21. Dans fa réduction en vapeur par le moyen
du feu, & fa condenfation fucceffive, le mercure
n’éprouve aucune altération fi les vaiffeaux qui
fervent'à cette opération, ne contiennent pas
beaucoup d’air, fi l’appareil eft bien clos, & fi la
vapeur du mercure eft promptement condenfée par
le contaêf de l’eau froide. La diftillation n’eft
qu’un fimpîe changement phyfique d’état & de
forme, opéré par le feu fur le mercure , & il ne lui .
arrive
arriva aucune altération chimique. Boerhaave a
eu la patience rte difliller du mercure 51a fois de
fuite; il ne lai eft rien arrive : feulement .1 a cru
remarquer que ce métal étoit plus brillant . plus
Pefant 8c plus fluide qu auparavant. A la vérité,
ita obtenir, dans cette pénible expenence, un peu
de poudre grife qui ne lui a paru que du mercure
très-divifé, & qui n'avoit betom que d etre triturée
dans- un mortier pour redevenir du mercure
brillant! Si coulant. On verra bientôt que c etoïc
un peu d’oxide noit de ce meta!.
21. Les alchimiftes ont penfé que 1 expofitton
du mercure à une haute température étoit un
moyen de le fixer ou de lui enlever fa fufibtlite
& fa volatilité. Pour cela, plufieurs ont conleille
de l’enfermer dans des vaiffeaux épais & ffune
grande réfiftance, Se de le foumettre ainfi à 1 action
d’un feu violent plus ou moins- long-tems
continué : mais les effaisqui ont été faits dans ce
genre ont prouvé qu’il en eft de ce corps comme de
tous ceux qui font très-expanfibles & très-volatils,
& que loin de pouvoir le fixer, le-feu ne fait qu’en
écarter les molécules, au point que, dans un grand
état d’ expanfion, il brife avec violence tous les
ob.ftacles qui s’ oppofent l cet écartement. Mellot
a rapporté à l ’Académie des fciences', qu’un particulier
ayant voulu fixer le mercure , gu avoit.mis
une certaine quantité'dans une boule de fer très-
bien fondée : on jeta- cétte boule au milieu d’un
brafier ardent ;mais à peine fm-ellr rouge,' que
le mercure brifa fon enveloppe avec un grand bruit,
& s’élança à -perte de vue.’ Le même phénomène
arriva chez-Geôffroy l’apothicaire. Un alcfiimifte
remplit une boule de fer renfermée dans plufieurs
autres fphères, dont la dernière étoit ferrée par
deux bandés de fer très-fortes, placées en croix,
& la fie jeter dans un fourneau bien allumé pour
la faire rougir. -A une certaine époque-, de mercure
rompit fes liens avec un grand fracas i les frag- .
mens-de fer furent lancés avec tant de-force, que ;
des ctoifons furent percées & dés murs pénétrés
comme par des éclats de bombe. On fait la même ^
expérience, -fans un pareil danger,- en enfermant '
du mercure dans de petites bouteilles’de verre qu®
l’on ferme à la lampe à leur extrémité : on jette
ces bouteilles au milieu des charbons, dans un
fourneau placé en plein air. Ces vaiflèaux fe bri-
fent avec bruit, & 1 e mercure à l'expanfion duquel
rien ne réfifte, faute en vapeur.
22. Le mercure elt très-bon conducteur de l’é’-
leélficité , 8c de la propriété animale, connue
fous le nom de galvanifme. C ’eft à fa propriété
éle&rique qu’eft due vraifemblablement la phof-
ptiorefcence & la lumière affez^ëclatante qu’il
exhale lorfqu’on l’agite dans le vide, Ce phénomène
a été obfervé, pour la première fois, en
lôyy par Picard, géomètre français, membre de
l ’Académie des fciences de Paris. Ce phyficien,
en tranfportant la nuit, dans un lieu obfcut , un
baromètre qu’on’ Confervoit depuis plufieurs au—
Citiute. Tome K,
nées à l’obfervatoire de Palis, obferva que le,
mercure , agité dans le tube, jetait des étincelles
lumineufes femblabies à celles que lance le pnol-
phore -expofé à l’ air. On répéta alors cette expérience
fur plufieurs autres baromètres, K on
n’en trouva qu’un, appartenant au célébré Ça mi,
aftronome , qui préfenta le même phenomene. H
fut fait mention de cette propriété dans un Iratte
des thermomètres , des baromètres Ci des hygromètres ,
publié à Paris en .1686, & à, Amûerdam en 170S :
lesjournattx du tems en parlèrent auffi; mais vingt-
cinq ansfe paffèrent avant qu’on en reprit 1 examen.
Le célèbre Bernoulli décrivit ■ en 1719 j
dans un ouvrage , ex profefo, de Mercuno lucente
in vacuo. la manière, de faire des baromètres lumineux
, & propofa une efpèce de clep.yclre formé
par ce métal, coulant d un tube dans un autre ,
& qui , pendant la nuit, devoir indiquer i heure
par la diminution progreffive ,8c proportionnelle
de la colonne. phofphorefcente. S Gravefande ,
Weidler, Hauksbée,, Homberg, Leibnitz, en
s'occupant de la même propriété , en firent des
applications plus ou moins ingénienfes à des pluies
lumineufes, à des ruiffeaux éclairans , à des lampes
perpétuelles, .8c comparèrent cette phofpho-
refeence . à celle de plufieurs, autres matières.
Bientôt les physiciens J en. confirmant l’exiftence
de cette propriété.,- s-apperçurent qu’elle n’étoit
pas cqrtftante.»--qu’elle varioit, qu’elle n’avoit lieu
que dans des tems chauds 5c fecs , que lorfque le
vide étoi.t parfait, 'le mercure bien pur, & qu elle
s’affbibliflbit même peu à peu avec l’exiftence de
toutes ces conditions.. On a reconnu cjue cette
pholphorefcence étoit un phénomène éleétriq.ue
qui n’avoit lieu que par le frottement dp mercure
contre les parois du tube, & que .ce métal n’é-
prouvoit par-là aucune.altération fenfible. -
24. On ne peut méconnoître.-une odeur 3c une
faveur bien manquées dans le mercure. Il.fuÆt de
-le frotter quelque tems dans, fes mains- pour s'affûter
de ces propriétés. Lapeauen retient affez,, 5c
il eft affez divifé fur.cet organe pour Ope les nerfs
olfaitiis en foien.t.trèsrfenfiblemsnt affeétés. En le
pofant ain-fi fur. la. langue , on y trouve une efpèce
de faveur âcre , comme auftère femé.taljique, qui,
quoiqu’analogue à celle de plufieurs autres fubf-
tances métalliques, a cependant un caraéière particulier
bien prononcé -, .que l’habitude apprend a
diftinguer. C ’eft à cette faveur que plufieurs médecins
attribuent la propriété bien avérée qu’a le
mercure de tuer les petits infeéfes 8c-les vers; c’eft
aufli à cela que plufieurs rapportent .les effets de
ce métal dans quelques affections, cutanées, dont
ils ont en même tems cru trouver 8c expliquer la
caufe dans des infeéles microfcopiques, quoique
■ leur exiftence n'ait jamais été exactement prouvée
ni admife par un grand nombre d’autres hommes
de l’art. . .
2y. 11 n’y a encore que quatre états bien connus
ou quatre efpèces de mines bien déterminées du