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la biere, du cidre , ôcc. Le grand air a également
des avantages certains pour cette efpèce de traitement
j mais le plus fur eft de ne pas s'expofer
imprudemment aux effets de ce gaz , Ôc rien n'eft
plus facile, d'après les moyens que j'ai donnés
dans la fécondé partie, pour reconnoître fa pré-
fence.
VIIIe. E s p e c e . Méphitisme des prifons, des vaif-
Jeauxj &€. La dcfinfeCtion Ôc en même te ms la
deméphi tifatiôn des lieux encombrés d'hommes, ôc
furtout de malades , confifte dans la vaporifation
du gaz acide nitrique, opérée dans des capfules
o u i on place du nitre fur lequel on verfe de l'a-
cjde fulfuriqus concentré fur deux tiers du poids
du fel. On promène ces capfules autour des lits
des malades , ou dans les failes baffes des prifons,
ou dans la calle des vaiifeaux. Cette vapeur, qui
prefente une fumée blanchâtre, détruit puiffam-
ment les miafnus contagieux & les gaz animaux ,
& doit infpirer la plus grande fécurité dans les ;
maladies putrides , nées fou vent de l'encombrement
des hommes. Il en eft de même de la vapeur
ou du gaz acide muriatique oxigéné, recommandé
ayec tant de raifon ôc tant de force par M. Guy-
ton.
Mais ni l’un ni l’autre de ces gaz ne détruifent,
& le gaz acide carbonique., & le gaz azote , produits
par la refpiradon des hommes & des animaux,
ôc l'on doit toujours joindre aux procédés
de défînfeCtion indiqués , la ventilation, l'accès
de l air pur, lesçourans, les lavages à grande
eau, dans les prifons trop étroites, les calles &
chambres des vaiifeaux, les failes d'hôpitaux trop
petites & trop habitées.
E space. Méphitifme des peintures. Les
moyens qui viennent d'être indiqués pour l'efpèce
qui précède , conviennent également dans celle-
ci. On accélère la féchereffe, on produit l'innocuité
des chambres nouvellement peintes , on
prévient les dangers qui accompagnent leur habitation
trop récente, en y faifant entrer beaucoup
d'air, & en y expofant des capfules où l'on
dégage l'acide nitrique ou l'acide muriatique ; il
eft cependant toujours plus prudent d'attendre ,
pour les habiter, que la peinture de ces chambres
foit bien fèche & fans odeur. C'eft furtout
aux capitaines de vaiffeaux que ce confeil doit
être donné,c'eft dans leurs chambres en effet que
fe rencontre le plus fouvent le danger dont je
parle.
Xe. E s p e c e . Méphitifme des fleurs. L'ammoniaque
, dégagée par la chaux de muriate ammoniacal
un peu humeCté, eft un moyen affez puiffant
de détruire ce méphitifme, ainfi que l’aération. À
la vérité, ce danger eft fi fimple ôc fi facile à éviter,
qu'il eft prefqu'inutile d'en parler.
XIe. ESPÈCE. Méphitifme des greniers a foin.
L'acide carbonique & le gaz azote qui réfultent
de l'aCtion du foin humide fur l'air atmofphérique
des greniers, furtout lorfqu'ils font trop clos Ôc
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trop remplis, exigent les mêmes précautions &
les^ memes moyens que la plupart des méphitijmes
précédemment indiqués. Il fuffic au refte d'être
prévenu des accidens qu'ils ont produits , pour
avertir les hommes employés dans les fermes ,
qu ils ne doivent entier & féjoùrner quelque tems
dans de pareils -greniers , qu'après en avoir ouvert
les portes, & en avoir renouvelé avec foin l’air
ftagnant ôc altéré.
X I I e. ET DERNIÈRE ESPÈCE. Méphitifme du
charbon allumé. J'ai déjà dit que ce méphitifme
étoit celui de tous le plus dangereux ôc le plus
fréquent ; que, malgré tous les avis donnés fur
fes dangers, on s’y expofe fansceffe, & qu'il ne
fe paffe pas d'hiver fans qu'il y ait un affez grand
nombre de victimes de leur ignorance Ôc de leur
imprudence à cet égard. C'eft donc celui dont on
doit s'occuper avec le plus de foin , pour donner
les moyens propres à en prévenir les fâcheux e ffets}
c'eft celui qui exige le plus de détails pour
expofer les antiméphiciques. qui lui font appropriés.
Lorfqu'un lieu bien clos ôc trop étroit eft in-
feélé par du charbon qu'on y a tenu quelque tems
allumé, l'air s’y trouve remplacé par de l’acide
carbonique , par du gaz azote libre , Ôc quelque- .
fois par du^gaz hydrogène fulfuré. Le premier eft
abforbé, comme on fait, par les eaux alcalines}
le fécond doit être mêlé à du gaz oxigène pour
devenir refpirable $ le troifième eft détruit par
l'acide muriatique oxigéné. Mais ces trois procédés
font prefque partout impraticables par leur
complication , ôc d’ailleuis les hommes expofés
aux premiers gaz méphitiques en ont déjà éprouvé
les dangers lorfqu'on s'occupe de ce genre de dé-
méphitifation. Le premier moyen qu'on doit employer
dans un lieu ain.fi méphitique eft l’aération.
II faut commencer par ouvrir en entier les portes
& les fenêtres : c'eft l’air frais qui agit le mieux
& que défirent le plus les hommes menacés ôc
même voi fins de l'afphyxie. On a vu dans ces cas
des malheureux qui n'avoient plus la force d’ouvrir
les fenêtres, en cafter machinalement les carreaux
de verre, & fauver ainfi, par l'inftinÇt & le
befoin de refpirer , leur vie menacée par ce ter-,
rible ennemi.
L'eau abondamment répandue fur le carreau a
beaucoup d'utilité pour détruire ce méphitifme.
C'eft en partie l'ufage auquel fert le vafe large Ôc
plein d’eau qu’on a coutume de mettre fur les
poêles.
L’ammoniaque ou alcali volatil fluor eft un remède
préfervatif affez puiffant pour prévenir Ôc
même pour arrêter cette efpèce d’afphyxie dans
fes premiers effets, parce qu'avec la propriété d’ab-
forber l’acide carbonique, elle cumule celle de
ranimer les forces ôc d'exciter quelques fecouffes
du diaphragme qui renouvellent & agrandiffenc la
refpiration} mais l'on fent bien que, dans ce dernier
cas, il faut fournir aux hommes attaqués, de-
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l'ait frais & pur. Le gaz osigèue a été fort recom-
mandé'dans ce cas, & il peut avoir des avantages,
mais il n'eft que rarement a la portée des hommes
expofés à la vapeur du charbon. x , ,
, Quant au traitement qui convient a cette efpèce
d’afphyxie, cet objet eft entièrement du reflort
de l’art de guérir, & c’eft, comme je 1 ai déjà
dit plus haut, au Diitionnaire de Medecme qu il
faut recourir pour trouver ce qui concerne la me-
finition convenable dans ce cas, ainfi que dans
MERCURE, i. Le mercure, qui, comme plu-
fieurs autres métaux, paroït avoir reçu fon nom
de la planète à laquelle il a été compare par les
Perfes, à caufe de fa nature rapprochée de celle
de l'o r, comme cet aftre l'eft du foleil, eft connu
de la plus haute antiquité. Il y a long-tems qu ea
comparant fes propriétés à celles de l'argent, on
l'a nommé vif-argent ( hydrargyrumf Dans les ef-
pèces d’hiéroglyphes qu’on employoit autrefois
pour repréfenter les corps, on avoir réuni, pour
celui du mercure , les lignes du foleil & de la lune,
ou de l'or ôc de l'argent, liés entr eux ôc foute-
nus fur une croix. Le ligne de 1 or etoit place au
milieu ; au deffus on voyoit celui de l’argent, qui
fembloit recouvrir ôc colorer.le premier} la croix
inférieure annonçoit qu’il lui reftoit de l’âcreté.
Son ufage dans les arts remonte à une très* haute
antiquité. ^ ‘ ...
2. Les alchimiftes ont beaucoup travaille ce
métal} ils le regardoient comme très-reffembiant
à l’or ôc à l’argent, Ôc n’en différant que très-peu}
ils croyoient qu’il ne lui manquoit que peu de
chofe pour devenir l ’un ou 1 autre, ôc ils efpé-
roient toujours trouver le moyen de le tranfmuer
dans ces m taux. Quelques-uns même ont affiné
avoir réufli à en opérer la tranfmutation. Ces
adeptes conviennent entr’eux qu’il eft beaucoup
plus aifé de le changer en argent qu’en or. A les
entendre, pour le convertir en argent , il n’y a
qu’à le fixer : auflV eft-ce dans cette fixation du
mercure qu’ils ont fait confifter tout l’art, du grand
oeuvre, tout le merveilleux d,e leur favoir} c’eft
elle qui a frappé leur attention ôc réuni tous leurs
voeux. Il n’y a cependant aucun fait avéré fur toutes
ces prétentions ; & plus on avance dans l’étude
des propriétés du mercure, plus on trouve de différences
entre lui & les métaux dont on l’a cru le
plus voifin.
j. A ces opinions exagérées & hypothétiques,
comme tout ce qui tient au prétendu arc alchimique,
les adeptes en ajoûtoient une encore plus
folle s8c peut-être plus ridicule. A force de tourmenter
ce métal de mille manières, & de le regarder
comme le premier & le plus important objet
de leurs recherches , ces hommes ont pouffé
l’exagération jufqu’à prétendre que le mercure étoit
un principe de tous les êtres , qu’il étoit un des
élémens de la nature , qu’elle I’employoit à la
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compofition de beaucoup de corps, qu’ il étoit
contenu dans tous les métaux : c eft pour cela
qu’ils diftinguoient deux mercures, celui des phi-
lofophes, le principe d’un grand nombre de corps
qu’ils avoient la prétention de favoir retirer Ôc
de pofféder exclufïvementj & l ’autre, le mercure^
commun, le mercure de tous les hommes, celui
qu’on emploie dans les arts : de la eft venue 1 hy-
pothèfe du principe mercuriel ou de lâ terre mercurielle
, que Beccher a diftinguée des autres terres ,
ôc qu’il admettoit dans tous les corps pefans Ôc
volatils en même tems. On imagine bien qu’aucun
chimifte n'eft parvenu à démontrer cette prétendue
terre.
4. Qui croiroit que c'eft du fein même de ces
extravagances ôc de ces hypothèfes dénuées de
tout fondement, qu’eft cependant fortie l’hiftoire
chimique du mercure ? Qui pourroit penfer que
c’eft aux recherches laborieufes de ces malheureux
& infatigables artifans d’un métier qui n’a jamais
exifté, que l’on doit les premières & les plus difficiles
découvertes qui aient été faites fur ce beau
métal? Rien n'eft cependant mieux démontré que
cette affertion. C ’eft aux alchimiftes que l’on doit
la connoiffance de Va volatilité du mercure, de l'art
d’en connoître & d'en obtenir la pureté, de fort
inaltérabilité dans des vaiffeaux fermés , de fon
oxidation par le feu ôc l’air, ôc des procédés propres
à le faire brûler en l’empêchant de le répandre
dans l’air, de fes principales combinaifons, de
l’immenfe variété de couleur de fes précipités, de
fes fels & de leurs différervs états, de fon aélion
fur les métaux, de fon union avec le foufre} en
un mot, de fes principalès propriétés.
ƒ. De leur côté les médecins chimiftes, toujours
agités de l’idée d’approprier les corps naturels au
.traitement des maladies, de diminuer l'âcreté de
celles qui étaient trop actives, de diriger leurs
effets, ont fait une foule de travaux fur le mercure
Ôc fur fes préparations pharmaceutiques : ils en
ont découvert un grand nombre de propriétés 3 ils
l'ont fait entrer dans une foule de compofition*
diverfes, Ôc ont beaucoup avancé la connoiffance
des attractions, auxquelles il doit toutes les modifications
qu’il eft fufceptible d'éprouver.
6. Les plus célèbres phyficiens, les plus habiles
chimiftes, fe font tous fucctflivement occupe's de
ce métal} ils ont cherché à en déterminer toutes
les propriétés avec plus ou moins d'exaCtîtude.
L’emploi qu’on en a fait depuis la fin du fiècle
dernier, depuis l'époque de Boyte, pour la confection
d’un grand nombre de machines de phyfi-
que , ôc particuliérement des inftrumens météorologiques,.
a été une occafion fréquente d’en chercher
& d’en examiner les divers caraCtères. C'eft
ainfi qu'ont été fucceffivement reconnues fa pe-
fanteur, fa phofphorefcence, fa dilatabilité, fa
volatilité, fon altérabilité , fa mobilité.
7. On juge bien qu'une matière métallique auflï
intéreffante a dû engager tous les chimiftes à la