
Il fe ramollie, 8c coule très-vîte par la Fufion j
aqueufej enfuite il fe bourfoufle & fe deilèche^
puis, à une température beaucoup plus élevée, il ;
fe fond en verre tranfparent, non acide & déli- j
quefeent. Au chalumeau, on l ’obtient en globule
vitreux tranfparent. , 1
Le phofphdte depot'aJfe'âXtne l’humidité de 1 air, '
& fe réiout dans l ’atmofphère en une liqueur '
épaiffe & vifqtieufe.
11 eft très-diffoluble dans l'eau , & prefque pas :
plus fenfiblement dans la chaude que dans la froide.
On ne peut pas eftimer fa diffolubilité exactement, :
puifqu'il fe ramollit & devient gélatineux pour la
plus petite quantité d’eali qu’on y ajoute ; on ne
peut pas non plus en faire eriftaliifer la diffo-
îution.
Aucun corps combuftibîe n’a d’aCtion fur le
phofphate depotajfe, & , quelque fortement qu’on
le chauffe avec le charbon, on n’en extrait jamais
de phofphore j preuve que , malgré fa forme géla-
tineufe , l’attraction de l’acide phofphorique avec |
la potaffe eft trop forte pour que le carbone-
puiffe le décompofer dans cette combinaiton in- :
time.
Les acides fulfurique, nitrique & muriatique le .
‘ de'compôfent bien, lui enlèvent la'potaffe^ & met-|
tent fon acide phofphorique en liberté.
Parmi les bafes, la baryte, la ftrontiane & la
chaux ont plus.d’attraction pour l’acide phofpho-
rrque que n’en a la potaffe , Se déeômpoîent la
diffolution de ce fel en y formant des phosphates
terreux qui fe précipitent comme infolubies. Il p
eft doute ux fi la fonde ne le décompofe/pas auffi j
ce qui feroit une exception fingulière , puifque •
tous ks acides ont généralement une attraction '
plus forte pour la potaffe que pour la foude.
Il decorr.pofe tous les nitrates & muriates ter-.
peux, même ceux à bafe de baryte & de ftron-
tiane, par doubie attraction, 8c l’on a vu qu’on
pouvoit préparer, à l’aide de cette décompofî-
tton, des phofpkaies de baryte & de ftrontiane ,
qui fe dépofent en pouflière.
On ne connoît pas encore la proportion de fes
principes conftituans.
Le phofphate de potaffe n’eft encore employé à
aucun ufage j il pourroit fervir à la foudure des
bijoux, comme le borax, & il n’y a prefque pas
de doute qu’il ne foit très-purgatif, comme le
phofphdte dé'foude.
Phosphate de rhodium. Le méral nouvellement
découvert, & nommé rhodium à caufe de la
couleur de fes diffolutions , eft trop peu connu
encore pour qu’on ait pu examiner fa combinaifon
avec l’acide phofphorique. ( Voyej Varticle Rhodium...)
y
Phosphate de silice. Je n’ai formé une ef-
pèce du'phôfphace de filicedvc* le genre dé ces feîs,
que pour déligner la combinaifon vitreufe obtenue
fî fou vent-pat les chimiftes par la fufion de 1 acide
phofphorique avec la terre filicée. Ce verre| qui
exifte fpéciâlement dans les pierres gemmes artificielles,
eft trèsH:ra ni parent, très-dur, très-denfe,
très-infipide , tiès-indilfoluble & bien fufible. Il
n’eft même que très-difficilement déeompofable
par les acides & par les alcalis , à raifon de fa
dureté vitreufe. Ces derniers paroiffent s’unir avec
lui, en une efpèce de fel triple , par la fùfion à un
grand feu , & ils ne paroiffent en opérer ^qu’ une
décompofition incomplète. Au relie , on n’a point
encore bien examiné ce com-polé chimique, & il
eft encore un fuiet de recherches utiles & inté-
reffantes pour bs-chimiftes.
Phosphate de soudée. Le phofphate de foude
a été le premier découvert des fei.s de ce genre,
quoiqu’ il ait été long-tems un objet de recherches
& de travaux pour les chimiftes avant qu’on eût
déterminé fa véritable nature. Margraff l’a le premier
retiré de l’urine humaine, d’abord mêlé 8c
même combiné en fel triple avec le phofphate d’ammoniaque
fous le nom de fel fufible ou microcofmi-
que, enfuite feul, en leflivant le réfidu de la diftil-
lation du fel'fufible entier avec le charbon, après
fcn avoir obtenu le phofphore : il n’a pas pu re-
connoïtre fes principales propriétés & fa compo-
fition. Haupt l’a-mieux féparé, & diftingué fous
ies noms de f i l p e r lé de fel admirable perlé, à caufe
de la forme qu’ il lui avoit vu prendre en purifiant
le fel fufible entier de l’urine par des leffïves
& des criftallifations foignées > il en a déterminé
la figure 8c quelques propriétés différentes de
celles du phofph.-.te d’ammoniaque.
Rouelle le cadet a commencé à en faire con-
noître la nature, en y reconnoiffant la foude comme
un de fes principes^
M. Prouft l’ avoit eonfidéré, dès 1778, comme
une ftibftance nouvelle , particulière aux matières
animales, & fur laquelle il avoit promis de s’expliquer
plus qu’il n’avoit d’abord fait.
Bergman, en fuivant les mêmes vues, l’avoît
regardé comme un acide fai generis, qu’il avoit
defignéfous le nom d’acide perlé. M. Guy ton avoit
adopté cette confidération ; mais M. Weftrumb a
bientôt prouvé qu’il étoic compôfé d’acide phofphorique
& de foude.
Quelques années après, M. Pearfon, chimifte
anglais, l’a employé comme purgatif, 8c depuis,
les chimiftes français qui l’ont préparé en grand,
furtout MM. Pelletier & Vauquelin, en ont déterminé
plus exactement encore les propriétés.
Le p hofp haie de foude, préparé artificiellement,
fecriftaihfeen rhomboïdes alongés, dont lesangles
font fouvent tronqués j quelquefois il donne dés
prifmes.’homboidaux & plufieurs autres variétés
de figure. Pour lui faire prendre une forme bien
régulière, il faut que fa diffolution contienne un
petit excès de foude. Auffi verdit-il le firop de
violettes j, il a une faveur falée aftex . douce &
nullement amère, qui a donné l’idée heureufe de
l’emplover en médecine comme purgatif.
On le trouve allez fréquemment dans l:s liqueurs
animales, & furtout dans l’urine humaine’,
dans les e.iux des hydropiques , dans le férum du
fang.On ne le connoîc encore ni dans les végétaux
ni dans les minéraux 5 il eft cependant très-Yrai-
femblable qu’il y exifte.
Quoiqu’on puiffe le tirer de l’urne de l’homme,
comme il y elt mélangé & même combiné en fel
triple avec le phofphate d’ammoniaque , dont il eft
fort difficile de le .réparer, il eft plus avantageux
de le préparer artificiellement. Dans les pharmacies
, on le fabrique en faturant le phofphate acide
liquide obtenu par l’acide fulfurique des os calcinés,
avec le carbonate de foude qu’on a foin de
mettre en excès j on filtre la diffolution, qui précipite
du carbonate & un pe,u de phofphate de
chaux. On évapore la liqueur jufqu’ à légère pellicule
, & le phofphate de foude fe criftallife par le
refroidjfferrient. On peut encôre le préparer par
l’union immédiate de l’acide phofphorique provenant
de Ja combuflion du phofphore & de la foude
qu’on ajoute en excès.
Le phofphate de foude fe fond aifément au feu
en railon de fon eau de criftallifation j fa fufion
aqueufe eft bientôt accompagnée de bourfoufle-
ment par l’eau qui s’évapore ; ce fel fe defièche,
& , lorsqu’on le fait rougir, il fe fond ou plutôt fe
vitrifie, & donne, en re.froidiffant, un verre blanc
de lait. Au chalumeau fur le charbon, après avoir
coulé, il fe deffèche, puis fe fond en un globule
bien tranfparent quand il eft chaud, devenant opaque
en refroidiffant, & prenant une forme polyédrique
à fa furface au moment où il fe fige. On
retrouve cette propriété dans des phofphates métalliques,
I l furtout dans celui de plomb. Ce fel
n’eft ni volatil ni décoropofable par le feu. On lui
rend fa première forme en le faifant diffoudre &
eriftaliifer. Il paroît cependant que, par un grand
feu, il perd une portion de foude, & prend un
excès d’acide.
Expofé à l’air, il s’tffleurit affez promptement,
fe couvre d’un enduit ou d’une pouffière blanche
qui ne pénètre pas dans l’intérieur, & qui le con-
ferve au deffousavec fa transparence & fa forme.
C’eft donc une efflor-efeenee limitée à fa feule
furface.
Le phofphate de foude eft très-diffoluble dans
l’eau \ il pe faut , que quatre parties‘d’eau à dix
degrés pour le diffoudre ; l'eau bouillante en prend
plus de la moitié de -fon poids , de forte qu’il le
criftallife très-bien ik très-facilement parle refroi-
diftement de fa diffolution faturée, pourvu, comme
on l’a d it, qu’il y ait un peu de foude libre
dans la liqueur, précaution qu’on doit toujours
prendre pour obtenir de beaux criftaux.
Aucune matière combuftibîe n’a d’aébon fur ce
fel; aucune.ne peut enlever à fon acide l’oxigèpe
qu’il convient, & en fép^rer du phofphqre. G’eft
pour cela qu’il a été long-tems méconnu par Mar-
graff, Haupt, Ai jufqu’ à M. Weftrumb. On ne
pouvoit pas fe figurer qu’un fel contenant 1 acide
phofphorique ne donnât pas du phofphore en le
chauffant avec le charbon. Cette propriété bien
conftatéè, 8é le îTjême phénomène bien vérifié
dans îë phofphate de chaux, & dans plufieurs autres'phbfphàtès
terreux & alcalins, m’ ont conduit
à la compter’ parmi Je s principaux & les plus remarquables
caraétèrés -de ce genre de fel s.
Comme il eft parfaitement inaltérable par les
métaux, & qu’il ne les altère pas davantage, le
phofphate de foude ne fait qu’entretenir leur furface
dans toute la pureté, fon brillant & fon éclat métallique,
y conferver le calorique, en maintenir la
température élevée, & conféquemment favorifer
leur alliage & la foudure.
Il s’unit facilement avec les oxides métalliques,
& entre avec eux dans des vitrifications colorées,
qui peuvent même fervir à faire reconnoître 8c à
cara&érifer ces oxides. Peut-être même quelques-
uns font-ils fufceptibles de le décompofer, d’en
abforber au moins une partie de l’acide, & de
mettre par conséquent une partie de fa bafe à nu.
Les acides fulfurique , nitrique 8c muriatique
le décompofent, mais jamais complètement, &
le font paffer à l ’état de phofphate acide de foude.
Auffi l’acide phofphorique lui-même y adhère-t-il
affez fortement. Par cette acidulationy il devient
plus diffoluble, plus difficile à faire eriftaliifer ; il
fe prend facilement eh maffe compofée de petits
filets mous, dmftiles & brillans, qui imitent affez
l’acide boracique. C ’eft dan' cet état que M. Prouft
l’a pris pour une fubftance particulière 8c nouvelle
; que Haupt l’avoit nommé fe l perlé, & que
Bergman l’avoit regardé comme un acide nouveau
qu’ il défignoit fous je même nom que Haupt , tandis
que M. Guyton , pour exprimer fon origine
qu’on croyoit alors exclufive dans l’urine, l’avôit
nommé acide o une tique. Je n’ai point fait une espèce.
diftip.éte de ce. phofphate acide de foude , afin
..de ne pas trop multiplier le nombre des fels, 8c
parce qu’il ne préfentè pas le même intérêt pour
les progrès de l’art & le perfeélionnement de
l’extradtian du phofphore , que le phofphate acide
de chaux. C ’eft la même caufe hui m’a empêché
d’admettre auffi un phofphate acide1 de ftrontiàne,
moins marqué & moins prononcé à la vérité que
celui-ci.
La filice, l’alumine & la zircone, la plupart des
terres même, font fufceptibles d'être vitrifiées par
le phofphate de foude s qui entre tout entier dans
ces compositions vitreules : il en eft de même des
pierres formées par la combinaifon réciproque, de
ces terres, 8c c’çft pour cela qu’on emploie fi
fréquemment & fi utilement le phofphate de,foude
dans les effais minéralogiques & iithoîogiques au
chalumeau.
La. baryte, là ftrontiane 8c la chaux .décompofent
ce fe.l> 8ç en précipitent la diffplutïon e»
N. n n 2