
température, ou en difpofant les appareils d’une
manière particulière.
Ces dernières rentrent au (fi dans la claffe des
opérations danger eu fes. Autrefois on avertiffoic
avec raifon de prendre garde aux-expériences qui
pouvaient produire des fraêlures violentes, des
explohons fortes & rapides. On recommandoit,
dans le cas où l’on avoit lieu d’attendre ces réful-
tats dangereux, de ne faire qùe dés efiais ou des
tentatives., d’employer peu de matières, de ménager
beaucoup la chaleur, de fe fervir d’appareils
très-vaftes, de perforer les ballons, & d’y laifler
de petits trous ouverts pour donner iffue aux
vapeurs élaftiques. Aujourd’hui l’on a beaucoup
moins à craindre de pareils accidens , parce qu’on
connoît allez bien les corps qu’on fou met au feu
ou à l’aétion des acides puifians pour deviner^ce
oui peut furvenir, foit par le dégagement & la
dilatation des. gaz, foit par une inflammation. On
fait très-bien, par exemple, qu’il faut allez ménagerie
feu loi (qu’on traite, par la diftillation, le
nitrate d’ammoniaque dans la vue d'en obtenir le
gaz oxidule d’azote , pour ne pas le décompôfer
trop rapidement., & le pouffer jufqu’à la détonation.
9°. Il efi une clalfe à*opérations qui femblent
faites pour effrayer ceux qui veulent les entreprendre
: ce font celles qui exigent des dépenfes
considérables. On a eu Iong-tems ce préjugé contre
la chimie: on l’a regardée comme une fcience rui-
neufe, & à laquelle les plus grandes fortunes pou-
yoient atteindre avec peine. C ’eft une.erreur qu’il
eiluécelfaire de combattre & de détruité, La ruine
de quelques perfonnes, par desbp tracions, chimiques,
ne tenoit autrefois qu’ à ces travaux infenfés
Faits dans la vue de chercher la pierre phiicfo-
phale, ou de travailler à cé qu’on appelait le grand
oeuvre. Cette folie n e toit le plus fouvent ruirieufe
que par la mauvaifefoi 3 & même la véritable frip-
ponerie de quelques hômmès qui-trompoient &
iedmfoient des elprits crédules. On n’a plus ipa-
xeiile chofe à craindre aujourd'hui dans U culture
de la véritable chimie. Les premiers principes de
•cette fcience éloignent d’abord, & condamnent
au mépris qu’elles‘méritent toutes les rêveriesdes
alchïmifte>^,£e détournent des opérations infenfées
qu’elles ayoîent coi\f§illées,. JLa bonne,-chimie,ne
peut ruiner personne j elle efi: même moi,ns difpen-
dieufe-que beaucoup de friçnçés qu’on voit, ce-
pencla.at fui.vre , av.ec plus ou .moins d’ardeur, par
|es gens du monde. :Uijfv,cpqulile. rare.,;.uq rpirieral .
précieux *& ën général les collcélions-ricnes d'hif- 1
•coire naturelle, çonduifent. à des dépenfes bien au- i
«rement forces, que les recherches de chimie.. Ü.ne
4^périençe>4e près de- trente années m’a prouvé
qu’avec jmqins de trois^aiile ryapcs :par an, on peut
qntretep,i^ même afÇe? ample ment-, u n laboratoi re j
jen activité journalière., .& faire ;d;es.découvertes
,oLi au pioins' des recherche^ afierz "exactes & affiîz \
.fuivies pour contribuer, d’une, manière notable, â j
: l’avancement de la fcience. A la vérité , lorfqu’oa
i veut fe livrer à des expériences très-délicates, &
qu’on efi: obligé pour cela de faire fabriquer des
appareils 8c in fi rumens de précifion en criftal 8c
en cuivre, on ne doit pas croire y parvenir avec
la fomme annuelle que je viens .d’indiquer. Mais,
d’un aiftre côté , combien de chimiftes fe font
illullrés, par de grandes découvertes, fans dépen-
fer même le quart de la fomme que j'ai indiquée !
Concluons que-ce ne font pas les expériences les
plus coûteufes qui font les plus avantageufes à
la fcience, mais le bon choix des matières à traiter
, qui ont fait la célébrité des Bergman , des
Schéèle, &c.
> io°. On peut diftinguer encore, dans les opérations
chimiques, la durée du tems qu’ elles exigent,
& la ma fie des matières qu’on y emploie. Sous le
premier rapport il y a des opérations qui fe font
en quelques inftans., comme les détonations, les
combuflions rapides à l’aide du nitre & du muriate
furoxigéné de potafie j d’autres, au contraire, 6nt
une durée plus ou moins étendue, depuis quelques
heures jufqu’ à plufieurs jours, lien eft qu'on
ne termine qu’après plufieurs reprifes fucceflîves,
& qui fe font en plufieurs tems ou en plufieurs
époques. On employoit autrefois plufieurs n)oi.s
de fuite pour préparer l’oxide rouge de mercure j
qû’on nommoit précipité per fe. Il faut cependant
remarquer qu’on n’a plus de confiance .aujourd’hui
dans ces opérations de plufieurs .années , dans ces
longues digeftions, dans ces cohobati.ons;répétées
plufieurs millions de, fois, dont onfaifqit autrefois
tant de cas pour les préparations alchim'ques .qui
dévoient,conduire au grand oeuyre j & quoiqu’on
foit bien perfuadé. que la, nature agit lentement
& ne produit certains effets qu’à l’aide d’un tems
très-long, on a heureufement rendnee à. ta ridicule
prétention de l’imiter dans la création des
êtres , pour laq.uei.le les efforts les plus grands , le
travailJe plqs opiniâtre la-patience la plus extraordmairejont
été çQnftàrnment infructueux.
Les opérations,, confidéréesfous le rapport de la
maffe de matières qu’ony; emploie, fe diftijiguent
en opérations, en grand, 8c opérations en petit. Ces
dernières font les feules qui conviennent aux laboratoires
de recherches j les autres ne font relatives
^u’à.la., fabrication de divers produits qui
appartiennent aux manufactures, Les.opérations en
petit font toujpurs préférables pour bien voir tous
les phénomènes:, pour bien, apprécier, tous, les
changemens qui ont lieu , & déterminer , par la
recherche même des proportions , toutes les. attractions
qui agrlfent. entre les matières qui y font
fouiïriies. Dans les opérations en grand,au contraire,
on, ne peut avoir qu’une unique intention, celle
d’obtenir un produit confiant en plus grande quantité,
&: avec, le moins;de frais ,ppflible...Elles, fe
font.fur d^s. corps bien*connus.déas leur nature &
leur aCtion réciproque.. Elles appartiennent à l’art
ou aux arcs qii’ eiies conftituent : les autres font
toutes
toutes confacrées à l’avancement de la fcience.
( P"°yei au refie les mots A p p a r e i l s , L a b o r a t
o i r e , V a i s s e a u x , &c.)
pierre dure imitant les taches de la peaij^des fer-
pens, & rendu par Vallérius à une roche cor-
neène d’un noir-verdâtre , contenant des criftaux
almiges de feldfpath blanc ou gris, que l’on nomme
aufli ferpentin ou porphyre noir antique. Cette forte
de granit reçoit un beau poli. Les Anciens l’em-
ployoient pour l’architeCture : les Modernes en
font feulement des vafes, des focles, oc en général
de petits ornemens pour des intérieurs. Il y en a
de belles variétés dans les Vofges.
OPIUM. Tout le monde fait que ce nom eft
donné a un fuc concret retiré des pavots, papaver
Jomniferum. Quoique ce fuc foit plus un fujet de
medecine <jue de chimie, j’ai cru devoir confacrer
un article à cette matière , parce qu’elle a été le
fujet de plufieurs recherches chimiques afifez impôt
tantes, & parce qu’elle peut encore être trai-
tee, par les reffources de cette fcience , avec un
grand avantage pour l’art de guérir.
Voici ce qu’en avoit dit Bucquet en 1773 fi dans
un ouvrage trop peu connu ou plutôt trop peu
loué, quoiqu il foit très-recommandable par la
méthode qui y règne (1).
| cc L’opium eft de tous les fucs le plus intéreflant
a caufe de fes éminentes propriétés narcotiques.
Les Anciens en difiinguoient de deux fortes, l’o-
pium proprement dit, qui découloit en larmes des
menions faites aux têtes du pavot blanc, & le
méconium ou fuc exprimé des têtes de ce même
pavot : nous ne connoiffons dans le commerce que
cette fécondé efpèce. Les Perfans recueillent encore
un peu de la première, mais ils la gardent
pour leur ufage.
» La plante qui donne Y opium eft le pavot blanc
Papwerhortenfe , femine albo , fat hum Diofcoridi 1
album Plimo , C. B. P. On la cultive dans tous les
jardins : elle croit en abondance en Perle & dans
pluneurs provinces de PAfie mineure, où on en
[entendes champs entiers. On a foin d oter toutes
les têtes des pavots, & on n'en laiffe qu'une fur
chaque piedI, afin quelle prenne un accroiffement
Plus confiderable. Au commencement de l'été
lorlque ces .têtes font mûres, on y fait des inci-
«ons longitudinales avec un couteau à cinq poin-
tes, taifant d'un même coup cinq ouvertures par
efque les le fuc coule fous la forme de gouttees
laiteufes, qui fe defîéchent bientôt à l'air
f.1 b r u ,nes dèmi-tranfparenres. On incife de
terre t,o u t. le couf de chaque tête, & on répète
peration trois fois ; ce qui fournit des fucs
cop . n‘uur‘ ls’ rirù du rte*' 1 1
de differentes qualités, dont les premières font
toujours fupérieures. C ’eft là Yopium proprement
die. Lorfqu’il ne s’en produit plus, on exprime les
têtes, & on mêle au fuc exprimé des larmes d’o-
pium les moins belles : on arrofe le tout d’un peu
d’eau, & on le bat avec une fpatule pour en former
le méconium ou Y opium commun, qu’on nous
apporte en pains circulaires & aplatis, enveloppés
dans des feuilles de pavot, & mêlé de beaucoup
de fable & de feuilles brifées.
» Comme Yopium eft fort altéré par le mélange
des fubftances étrangères, on a coutume de le
purifier avant de s’en fervir. Cette purification fe
fait de la manière fuivante : on coupe Yopium par
tranches, on le fait liquéfier dans la plus petite
quantité poffjble d’eau chaude ; on paffe la liqueur
en exprimant le marc, puis on la fait épaiilir au
bain-marie : c’eft ce qu’on nomme Y extrait d'opium :
il ne diffère de cette fubftance que parce qu’il elt
plus pur.
» L'opium eft en grande partie diftbluble dans 1 alcool. Expofé fur les charbons ardens, il s'enflamme
même avant d’être parfaitement defféché 5
auffi Rouelle l’avoit-il rangé parmi les fubftances
qu’il nommoit réfino-rexiractives. 99 L'opium diftillé à feu nu donne un efprit alcali
volatil très-fétide , une huile empyreumatique ,
fétide & pefante, comme le font les huiles qu'on
retire par la diftillation des matières animales. Le
charbon qui refte dans la cornue eft très-léger.
« Comme l’analyfe à feu nu eft peu propre à
bien faire connoître la véritable nature de Yopium,
& furtout à montrer de quel principe dépend la
vertu narcotique de ce fuc, les chimiftes ont effayé
différent moyens de le mieux analyfer. Neumann
l’a fournis à l’a&ion de différens diflolvans, foit
aqueux, foit fpiritueux, fans pouvoir rien découvrir
j & Baumé, plus heureux dans fes recherches
eft le' premier qui nous ait donné des connoiffan-
ces vraiment fatisfaifantes fur cette fubftance lïn-
gulière.
. Le procédé dont s’eft fervi M. Baumé étoit
déjà connu & attribué à M. Homberg, comme il
l’avoue lui-mêine } mais les obfervations importantes
& les détails curieux qu’il y a ajoutés lui
méritent la reconnoiflance des chimiftes, & en
particulier des médecins , puifque non content de
faire connoître la véritable nature de Yopium, il a
encore affuré à la médecine un moyen fûrVen
obtenir un remède calmant, dépouillé de la vertu
narcotique, & exempt de produire les délires &
autres mauvais effets qui fuivent allez ordinairement
l’ ufage de Yopium pris en fubftance.
» Les principes qui conftituent Yopium font un
extrait favoneux, une matière réfineufe, un fel
effentiel, & une huile elfe nrie lie allez folide, &
ayant à peu près la confiftance du beurre demi-
figé : cette huile ne fe volatilife pas par la diflilla-
tion comme les autres huiles effentielles j mais elle
s'atténue par la digeftion dans l ’eau chaude, &
Mm