
tracer ici les principales propriétés de l'acide oxalique
, parce que l'article confacré à cette hiftoire,
fous la dénomination d’A cide ox a l in , dans le
premier volume de cet ouvrage, page 198* quoique
très-favant ik très-exaét pour le tems où il a
été écrit par M. Guyton, remonte à une époque
de près de vingt-cinq années de celle où j’éeris
l'article.O x a l a t e , février 1807, époque depuis
laquelle les propriétés de cet acide ont été plus
étudiées, & ont été le fujet de plufieurs découvertes
affez importantes.
On v o it , par exemple, à l’ancien article A cide
o x a l in , qu’il y avoit encore de l'incertitude fur
l'identité & meme fur l'analogie de cet acide avec
celui du fucreou l'acide oxalique artificiel j que
fes combinaifons falines font différentes de celles
de ce dernier, tandis qu'il eft bien démontré que
ces deux acides font abfolument les mêmes.
II y a deux manières d'obtenir l'acide oxalique:
l’une confifte à l’extraire du fel d’ofeille, où il eft'
tout formé & en partie faturé de potaffe j l'autre
eft de le fabriquer en traitant le fucre, la gomme
& une foule d’antres matières végétales ou animales
par l’acide nitrique.
Schéèle a donné un très-bon procédé pour extraire
l’acide oxalique du fel d’ofeille : on fature
cet acidulé d'ammoniaque j on précipite la diflo-
lucion du fel triple outrifule qui en réfulte, l'oxalate
de potaffe & d’ammoniaque, par une diffolu-
tion de nitrate de baryte ; il fe forme fur-le-champ
un précipité d'oxalate de baryte qu'on lave bien j
on le décompofe par l’acide fulfùrique} il fe dé-
pofe du fulfate de baryte, & la liqueur furna-
geante contient l'acide oxalique. Pour féparer de
ce^dernier le peu d’acide fulfurique qu'il peut
contenir, on le traite par une diffolution bouillante
oxalate de baryte qui précipite du fulfate
de baryte, & en continuant de verfer Y oxalate
jufqu’à ce qu'il n'y ait plus de précipité , on fépare
entièrement l’acide fulfurique. La liqueur décantée
contient enfuite de l’acide oxalique très-pur.
On peut en obtenir l’acide en criftaux aiguillés par
l’évaporation & le refroidiffement.
Si l’on avoit à fa difpofition un champ de pois,
chiches, cicerariftinum de Linnæus, on pourroit,
d’après la découverte de M. Déyeux, obtenir l’acide
oxalique qui fuinte en gouttelettes de l’extrémité
coupée des poils de cette plante en pleine
végétation , en lavant ce végétal dans l’eau diftil-
lée 5 mais on n’ en obtiendroit ainfi qu’une perite
quantité, bien inférieure à celle qui eft néceffaire
pour compofer les oxalates.
Pour préparer artificiellement de cet acide, il
fuffit de traiter, par l’acide nitrique & à l’aide de
la chaleur, du fucre, de la gomme, de la foie, de
la laine & une foule d’autres-fubftâtices organiques :
il y a même de l’avantage dans cette fabrication
artificielle, parce que le.fel d’ofeille néceffaire à fon
extraction eft toujours d’un prix très-élevé dans le
commerce. Il a été traité plufieurs fois dans cet |
ouvrage , & notamment aux articles C himie ,
C omposés a n im a u x et v ég é t a u x , de la conversion
de ces derniers corps en acide oxalique
par l’acide nitrique , qu’il feroit fupeiflu de reparler
ici des détails de.cette expérience très-,
connue aujourd’hui.
L’acide oxalique retiré du fel d’ofeille ou fabriqué
par l’art, criftailife par le refroidiffement
de fa diffolution faturée, en prifmes à quatre'pans
alternatiment hrges & étroits, terminés par deux
fommets dièdres. Si la criftailifation eft rapide,
on 1 obtient, en petites aiguilles mêlées confufé-
ment.
dl eft d’une acidité très-piquante & d’une apparence
cauflique fans en avoir les effets : fa diffoiu-
tion très-étendue d’eau eft .d’une faveur agréable,
& peut être employée comme affaifonnement à la
place du vinaigre ou du citron. Il agace fortement
lés dents, & les ramollit promptement. Il rougit
très- bien les couleurs bleues .végétales, & fes
criftaux communiquent cette propriété à trois mille
fix cents parties d’eau.
Soumis à la diftillation, il.fe volatilife en partie
fous forme liquide, en partie fous forme folide:
une petite portion fe décompofe en eau & en
acide carbonique. Il laiffe dans la cornu© un réfidu
foiblement charboneux & de couleur grife. Sur
un feu doux il fe defleche, blanchit à fa furface ,
fe réduit en poudre, & perd un tiers dé fon poids.
Sur des charbons ardens il fe volatilife en fumée
acre, en laiffant un réfidu blanc. Il né fournit
point de trace d’huile dans fa décompofition par
le feu.
A l’air humide il s’humeéle ; à l ’air chaud & fec
il fe defleche.
Ses criftaux jetés dans l’eau s’en pénètrent avec
une légère décrépitation. Il fe diffout dans moitié7
de fon poids d’eau froide, & dans fon poids d’eau
bouillante.
Il brunit & fe charbone par l’acidè fulfurique
concentré. L’acide nitrique bouillant I’acétifie, &
finit par le" détruire en eau & en acide carbonique.
On trouve par le moyen analytique, comme nous
1 avons annoncé dans un travail qui nous eft commun
à M. Vauquelin & à moi, qu’il eft formé de
0,-77 d’oxigène , de 0,13' de carbone, & de 0,10
d'hydrogène. Il paroït être, d’après cette ana-
lyfe, un des acides les plus oxigénés qui foient
connus.
Il s’unit facilement à toutes les bafes terreufes,
alcalines & métalliques. Il eft difficile de trouver
des cara&ères génériques à l’enfémble des fels
qu il forme. Cependant fi l ’on rapproche les unes
des autres la propriété qu’ont tous les oxalates
folubles de précipiter en poudre blanche infolu-
bje tous les fels calcaires diffous dans l’eau 5 celle
d’être décompofés par le feu, de manière à laiffer
peu de charbon, & à préfenter les bafes plus ou
moins faturées d’acide carbonique ; enfin celle de
donner, lorfqu on les traite avec le carbonate de
potaffe, un fel d’abord acidulé, enfuite neutre-,
qui précipite tous les fels calcaires, on trouvera,
dans la réunion de ces trois propriétés, un enfem-
ble de caractères qui n’appartient qu’aux oxalates,
& qui peut fervir à les faire reconnoître & distinguer.
On a indiqué dans le premier volume, article
A cide o x a l in , un expofé des attrapions chimiques
de l’acide oxalique pour les diverfes couleurs
blanches, & l’ ordre de ces attrapions. Mais il faut
remarquer ici que cet ordre préfenté d’après Bergman
, qui feul & le premier a traité de cette partie
de la fcience, mérite d’être confirmé par de nouvelles
expériences.
;On va parcourir aPuellement, & par ordrp alphabétique
, les_efpèces $ oxalates : on en trouvera
beaucoup d’inconnus ou de très-peu connus.
- O x a l a t e s a c id u l é s . On nomme ainfi les fels
dans lefquels l’acide oxalique n’eft pas complètement
faturé de la bafe à laquelle il eft uni, & dans j
lefquels l’acide excédent le fait fentir par fa faveur
, &C.
C’eft une des propriétés les plus remarquables
de l'acide oxalique , de s’unir ainfi en.excès à plufieurs
de ces fels, & de former ce qu’on appelle
en chimie des acidulés.
Il y à trois efykces dL Oxalates acidulés ou d’acidulés
oxaliques aujourd’hui bien connus} favoir:
ceux d’ammoniaque, de potaffe & de foude. (Voye^
ces articles, )
O x a l a t e ac idulé d’am m o n ia q u e . On obtient
ce fel en unifiant un pèu d’ammoniaque à
l’acide oxalique. Cet acidulé eft peu diffoluble &
bien-eriftallifable. On peut en faturer l’acide excédent
par la potaffe ou la foude, & obtenir ainfi
des oxalates triples, qui font encore peu connus,
quoiqu’on fe foit affuré de leur exiftence. On n’a
point examiné les propriétés, & par conféquent
on n’a point déterminé les ufages de Y oxalate acidulé
d'ammoniaque.
O x a l a t e a c id ulé de p o t a s s e . C’eft ainfi
qu’on nomme le fel d'ofeille dans la nomenclature
chimique fyftématique j on le défigne auffipar le
nom cf acidulé oxalique.
On fait depuis long-tems que plufieurs plantes,
& furtout plufieurs variétés d’ofeille, rumex ace-
tof*> rumex acetofella3 ainfi que l’alleluia , oxalis ?
acetofella3 donnent, par l’évaporation, un fel concret
acide. Duclos en a le premier parlé dans les
anciens Mémoires de l’ Académie royale des feien-
ces de Paris pour 1688. Boerhaave a décrit avec
foin, dans fes Élêmens de Chimie, le procédé propre
à extraire ce fel, qu’il a comparé au tartre,
autre efpèce d’aciduLe naturel. Margraff a découvert
, dans ces deux acidulés, la préferice de la I
potaffe. On doit enfuite & fucceffivement, des tra- |
1 vaux-; bien faits fur ce fe l, aux chimiftes Savary,
Wenze], Wiegleb , Bergman & Schéèle.
: On obtient l'acidule oxalique ou le fel d’ofeille.
| en exprimant le fuc des plantes qui le contiennent,
l’ofeille 8ç l’alleluia, oxalis, en pleine végétation;
! en l'évaporant, en lai fiant refroidir lentement ce
: fuc épaiffi jufqu’ à la confiftance de firop clair. Par
: cette première opération il fe dépofe en petits
I criftaux ou en plaques criftallifées jaunâtres & fa-
[ les:.*On le rediffout plufieurs fo.is de fuite, & on
1 fait criftallifer à chaque fois cette diffolution juf-
! qu’à ce que l’acidule foit blanc & pur. Suivant le
nombre des opérations qu'on lui a fait fubir, il y
I en a de différentes qualités dans le commerce. Quelques
chimiftes affurent qu’on fe fert d’argile pour
purifier cet acidulé; mais ce fait n’eft ni confirmé
ni vraifemblable. Cent parties, d’oxalis en belle
| végétation donnent, fuivant M.'Savary, cinquante
parties de fuc exprimé, qui fourniffent un peu plus
d’un , deux centième feulement de l'acidule aflez
pur. On diftingue dans le commerce le fel d'ofeille
de Suiffe, qui eft le plus blanc & le plus pur ; &
celui des forêts de Thuringe, qui eft fale & jaunâtre.
Celui de Suiffe eft tiré du rumex aceiofeUa
ou de la petite ofeille; celui deThuringe eft extrait;
de Y oxalis acetofella ou aÙeluia.
M. Baunach à décrit le procédé qu’on pratique
en Suiffe, & fpécialeroent dans la Forêt-Noire,
pour extraire le fel d’ofeille du fuc du rumex ace-,
tofa de Linné, On cultive abondamment cette
plante dans ce pays : oh la coupe en juin ; on la
porte dans un mottier de pierre contenant envi-
! ton trois cënts kilogrammes de fuc ; on la broie
avec un pilon de bois mu par l’eau. On porte le
fuc & fe marc dans de grandes cuves, où on le
laiffe repdfer pendant quelques jours ; on exprime ,
1 lé tout dans un preffoir femblable à celui du raifin; j
on repile urie fécondé fois Te, marc dans le mortier
après y avoir,mêlé dé nouvëlle eau, & on l'exprime
une fécondé fois, On chauffe légèrement,
&z on verfe dans quelques cuves tous ces fucs
recueillis : on y ajoute de l’eau où l’on a délayé de
l’argile fine, .dont,on met à peu près un centième
du fuc; on l’agite, & on le laiffe repofec ; on
' décante la liqùeur ; on filtre celle que rient le
marc, dans des étoffes de laine ; on porte le fuc
ainfi clarifié dans de grandes chaudières de cuivre
écamées ; on le fait bouillir légèrement, & évaporer
jufqu’à ce qu’il foir couvert d’une pellicule
à fa furface ; on le verfe alors dans des terrines de
'grès qu’on place dans des endroits frais, où on le
laiffe tranquille pendant un mois ; on décante alors
la liqueur;, & on trouve fur les parois des vafes
un fel irrégulier, grifâtre ; on évapore une fécondé
& une troifième fois la liqueur, en y ajoutant un
peu d'argile. La dernière eau-mère contient du
muriate de potaffe & du fulfate de potaffe ; elle
. eft encore aigre, & paroït contenir un autre acide.
iOn purifie le fel en le faifant diffoudre dans fuffi-
fante quantité d’eau, & en le faifant criftallifer.