
-évaporation en petits feuillets nacrés. Elle a une
faveur piquante & âcre ; elle attire fortement l'humidité
de l'air, & fe réfour en liqueur ; elle eft fo-
luble en totalité dans l'alcool ; elle exhale une
odeur piquante lorfqu'on la mêle avec l'acide
fulfurique.
Il étoit difficile , après avoir cottftaté la nature
acétique des acides pyromuqueux & pyroligneux ,
de ne pas voir, dans les propriétés qu'on vient
d'énoncer, les caractères de l'acide acétique. Cependant
prelque tous les corps ayant toujours un
certain nombre de propriétés analogues, nous
avons cru , d’après l'affertion de M. Gehlen , devoir
foumettre de nouveau l'acide pyrotartareux à
des épreuves différentes , & le comparer foigneu-
fement avec l'acide acétique. Voici le réfultat de
nos nouvelles expériences.
r°. Nous avons fattiré la liqueur acide, obtenue
par la dilfolution du tartre, avec du carbonate
de potaffe. Une partie de l'huile diffoute par
cet acide s’eft précipitée fous la forme d’une réfine
brune ; cependant il en eft refté une grande
quantité en combinaifon.
20. Cette combinaifon évaporée à ficcité, &
•rediffoute plufieurs fois dans l'eau, a fourni un
fel d’une couleur brunâtre , d'une faveur chaude
& piquante, de forme écailleufe , comme l’acétate
de potaffe.
- 5 30. Ce fel précipitoit en paillettes blanches les
nitrates de mercure & d'argent-; mais il précipitoit
auflî la dilfolution d'acétate de plomb; ce que
ne fait pas l'acétate de potaffe.
4°. Expofé au feu, il s'eft bourfouflé & char-
boné:
5°. Diftillé à une chaleur douce avec de l'acide
fulfurique affoibli , il a noirci, & fourni, vers la
fin de l'opération , un fublimé blanc qui s’eft
attaché fur toute la furface de la cornue , fous la
forme de lames,
La liqueur qui a paffé avant que le fublimé ne
parût, avoit une acidité très-marquée , qui n’étoit
pas due à l’acide fulfurique employé ; mais elle
n'avoit qu'une très-légère odeur de vinaigre.
. 6°. Cette opération (la diftillation du fel formé
par l'acide pyrotartareux & la potaffe) nous a
fourni le Cujet d’une remarque affez fingulière : la
îjqueur acide dont nous venons de parler , conte-
noic à .fa partie inférieure un gros globule d’un
autre liquide légèrement coloré en jaune , qui
rouloit par le mouvement, fans fe mêler à la liqueur.
Il reffejnbloit à du phofphore fondu au
fond de l’eau. Comme il étoit nuit, on boucha
exactement le vafe pour l'examiner plus facilement
le lendemain; mais douze heures après on
n apperçut plus rien ; le globule pefant s'étoit
mêlé avec l’autre liquide pendant la nuit.
. 7 0. Après avoir coupé l'a cornue, nous en avons
| détaché les criftaux le plus exactement poffible :
ils nous ont préfenté les propriétés fuivantes :
(a) Leur faveur eft extrêmement acide.
® Ils fe fondent & fe volatilifent très-promptement
en fumées blanches, fans laiffer de réfidu,
quand on les met fur un corps chaud. ,
(c) Ils fe diffolvent en grande quantité dans
l’eau i & celle-ci criftallife de nouveau par une
I évaporation fpomanée.
[ (d) Leur dilfolution ne précipite pas celle d'acetate
de plomb ni celle de nitrate d'argent, mais
elle Précipite le nitrate de mercure. Cependant
quelque tems après qu’on a mêlé cet acide avec
la diffolution d'acétate de plomb, on y trouve des
criitaux en aiguilles, dont l'arrangement repré-
fence des aigrettes.
(ƒ) La diffolution de cet acide, en partie fa-:
turée par la potaffe, ne fournit point de fel acidulé
femblable à l'acide tartareux; mais elle précipite
fur-le-champ l'acétate de plomb, quoique l'acide
concret fublimé ne le précipite pas lorfqu’on l'emploie
pur & ifolé.
( ƒ ) La combinaifon neutre de cet acide avec la
potaffe eft déliquefcente, fôluble dans l'alcool;
elle ne précipite point les' Tels de baryte ni ceux
de chaux, comme le font les tartrites alcalins.
(g) La liqueur obtenue par la même opération
que les criftaux dont nous venons de parler , évaporée
à une très-douce chaleur, fournitàulfi des
criftaux qui ont des propriétés absolument fem-.
blables à celles des premiers.
Il eft évident, d'après l'expofé de ces caractères,
que l'acide fourni par le tartre diflillé n'eft
point de l’acide acétique, comme nous l'avons cru
autrefois, ni de l’acide tartareux, ainfî que l'ont
très-bien remarqué MM. Gehlen & Rofe de
Berlin.
' En effet, l’ acide acétique eft plus volatil , plus
odorant, ne criftallife point par l'évaporation , &
fa combinaifon avec la potaffe ne précipite pas l’acétate
de plomb, comme celle de l’acide qui nous
occupe. .
L’acide tartareux précipite l'acétate de plomb /
la chaux , la baryte ; il forme un fel acidulé, peu
folubie avec la potaffe, & l'acide pyrotartareux ne
produit rien de femblable. Si l'on compare aufli
cet acide avec les autres acides végétaux , on ne
lui trouvera point d'identité avec aucun d'eux.
L'acide tartareux, en fe dqcompofant par le feu ,
donne donc naiffance à un acide différent de tous
les autres & de lui-même, & nous reconnoiffons,
ave.ç MM. Gehlen & Rofe, l'acide pyrotartareux'
comme un acide particulier & différent de tous!
les autres. Dans l’intention démettre cette vérité
hors de doute pour les autres chimiftes, comme*
pour nous-mêmes, nous avons fait une expérience
qui prouve fans réplique que l'acide pyrôtartareux
ne
ne peut pas être du vinaigre, dont les propriétés
auroient été changées par fa combinaifon avec
l’huile produite en même tems que lui. Nous avons
diftillé plufieurs fois de l'acide acétique très-concentré
fur de l’huile du tartre ; nous avons en-
fuite combiné cet acide» devenu par-là très-em-
pyreumacique, avec de la potaffe, Sc diftillé le
fel qui en eft réfulté , .avec de l'acide fulfurique
un peu fort ; nous n'avons obtenu par-là que du
vinaigre empyreumatique, qui ne jouiffoit pas
des propriétés caraCtériftiques de l'acide empy-
reutnatique du tartre.
Il ne faut cependant pas conclure de ces faits,
que dans aucun cas l'acide du tartre ne puiffe être
converti en vinaigre. Cette coriclufion feroit en
contradiction avec plufieurs faits qui paffent pour
bien avérés. On fe rappelle en effet que Groffé,
ancien pharmacien très-diftingué de Paris, ayant
abandonné une combinaifon d’acide tartareux &
de chaux , dans un flacon fermé, avec de l'eau,
la trouva transformée en acétate de chaux au
bout de quelque mois.
Nous croyons même que, dans la circonftance
qui nous occupe, il s’en développe auffi une petite
quantité ; & c'eft celui-là qui nous a trompés.
On le reconnoît à l’odeur piquante &: aigre
qui fe manifefte quand on jette de l’acide fulfurique
concentré fur le fel réfultant de l'union de l'acide
empyreumatique du tartre avec la potaffe ; mais la
quantité de cet acide acétique eft fi petite , & fes
propriétés font fi voifines de celles de l'acide pyrotartareux
du tartre , qu'il nous a été impoilibtè
de les féparer l’un de l’autre.
Ces nouveaux réfultats que nous avons obtenus,
& l’adoption définitive de l’acide pyrotartareux
comme acide particulier, différent de l'acide acétique
, ne doivent porter aucune atteinte à l’opinion
que nous avons émife fur les acides pyro-
nmqueux & pyroligneux. On fe doute bien qu’à
l'occafion de nos nouvelles recherches fur l'acide
pyrotartareux » nous avons dû nous occuper encore
de ceux que fourniffent lés bois & les mucilages.
Nous nous fommes confirmés dans notre
opinion à leur égard , & nous n'y avons trouvé
que de l'acide acéteux altéré par une huile 'empyreumatique.
La même concîufion s'applique également à
l'acide formique, qui contient Beaucoup d'acide
acétique, déjà reconnu avant nous par plufieurs
chimiftes habiles; mais au lieu d'acide malique ,
dont nous l'avons cru mêlé, nous avons reconnu
que c'eft de l'acide phofphorique combiné à
une matière animale, qui lui donne quelques-unes
des propriétés appartenant à l’ acide malique.
Au refte, nous reviendrons bientôt fur ce fait.
Nous terminerons ce Mémoire en annonçant
que nos expériences, très-nombreufes & très-variées
fur l’acidule tartareux , faites dans l'intention
de reconnoître le réfultat annoncé ci-deffus,
nous ont fourni quelques connoiffances de plus
Chimie. Tome
fur la nature de cet acidulé. Sans décrire tousles
moyens que nous avons mis en ufage pour reconnoître
& féparer les différé®s corps qui exiftent
dans ce fe l, nous nous bornerons à dire que mille
parties de tartrite acidulé de potaffe ou de crénre
de tartre nous ont donné , par la diftillation &c
fans compter le produit acide ni le charbon ,
i°. 3yo parties de carbonate de potaffe très-puf
& très-fee ;
2°. '6 parties de tartrite de chaux ;
3P. 1,2 de filice;
4°. ô, 15 d'alumine;
5°. 0,75 de fer mêlé de manganèfe.
Le tartrite acidulé de potaffe de la plus belle
qualité eft donc loin d'être un fel pur ; il contient
auffi de légères traces de fulfate 6c de muriate de
potaffe. Le tartre brut recèle encore plus de ces
différentes matières.
Quoique l'exiftence de l’acide pyrotartareux
comme acide particulier, & par conféquent des
pyrotartrites, comme faifant un genre de fels dif-
férens de tous les autres, foit bien reconnue aujourd’hui
, nons ne dirons rien ici fur les efpèces
de ce genre , & nous né confacrerons aucun article
à leurs diverfes efpèces, parce que ces fels
doivent être encore regardés comme inconnus
PYROTECHNIE : ancien furnom de la chimie
, adopté à l'époque où l’on regardoit l'art
: comme fondé entièrement fur l'emploi ou l'ad-
miniftration du feu , & ou l’on croyoit que tous
fes fuccès étoient dus à cet emploi.
Cette dénomination a depuis long-tems été ref-
treinte à l'art de faire la poudre, -les feux d'artifice
, les mèches & autres matières incendiaires
: deftinées à la guerre.
PYROXENE'î nom donné par M. Haüy à une
pierre rangée avant lui parmi les fchorls ou les ba-
faltes ; il eft tiré de ce que cette pierre , quoique
exiftant fréquemment parmi les productions volcaniques,
eft en quelque forte étrangère à ces productions
, & n'eft pas formée par les feux fou-
terrains. Voici les caraCtères du pyroxene. Sa ftruc-
ture lamelleufe eft très-apparente dans le fens
longitudinal, & raboteufe dans le fens tranfverfal.
. Il eft plus dur que le péridot, fufible en petits
fragmens au chalumeau. Sa forme ordinaire eft un
prifme court, à fix ou huit pans, terminé par deux
laces obliques culminantes. Sa. pefanteur fpécifi-
que eft de 3,226. Il eft noir-vert-foncé ou d'un
vert-bouteille. Ses criftaux gris ou blancs font altérés
par des vapeurs acides. Sa pouffière, excepté
dans ces derniers, eft toujours verte. Quelques-
uns font tranflucides, & la plupart font opaques.
M. Vauquelin y a trouvé 0,52 de filice, 0,3 de
chaux , 0,03 d’alumine, o, to de magné lie , 0,14
de fer, & 0,02 de manganèfe. M. Tromi'dorff
affure qu’elle contient o,o6 de potaffe.
Les variétés principales du pyroxene font, i° . le
D d d d d