
cure-dent poyr là blende, & du violent contaél
des deux quartz. Mais il relie toujours une grande
difficulté, dans cette explication ; c'eft celle de
favoir pourquoi tous les corps durs ne font pas
lumineux par la fridtion, & pourquoi tel corps le devient
par le plus léger contadl, tandis que tel autre
n'eft phoiphorefcent que par une forte fridtion.
A la vérité, cette difficulté approfondie ne pa-
roît pas être inloluble. D'abord la forme & l'écartement
varié des particules des corps peuvent
fervir à la. réfoudre au moins en partie. Celles qui
font peu adhérentes entr'elles, cèdent à la preffion
même légère , & fe féparent de manière à ce que
les corps qu'elles conftituent par leur cohélion s’é-
grennent ou s'émiettent en quelque forte; & l'effort
du frottement i\e fe faifant plus alors fur ces
molécules de la lumière , celles-ci ne fe meuvent
plus de manière à produire l'effet phofphorique. ■
On peut auffi concevoir que la lumière, ayant pour i
les différens corps divers degrés d'affinité ou d'at- ;
tradlion ,'dôit être, 6c. en quantité variée, & fur-
tout dans un état de preflion diverfe dans ces
corps ; de forte que fi elle y étoit fuppofée , par
exemple3 & peu abondante & peu comprimée,
elle paroïtroit beaucoup moins difpofée à recevoir
une inipulfton qui la rendît vifibie, & il
feroit facile de concevoir comment la plupart des
corps ne feroient pas phofphorefcens. L'état op-
polé , c'eft-à-dire, la quantité plus ou moins
grande , & la preffion plus ou moins forte dé la
lumière, expliqueroit facilement la propriété phof-
phorefcente de ceux des corps qui en jouiffent
par le frottement. Au refte , pour confirmer cetté
idée qui ne fera jamais fans cela que vraifem-
blable , il faudroit entreprendre un grand travail
expérimental fur les corps phofphorefcens par la
feule fridtion, fur l’énergie de cette force; il faudroit
foumettre beaucoup de corps à ces recherches
, & comparer l'énergie refpedfive de leur
phofphorefcence.
IIe. GENRE. Pkofphorefcence par broiement ou.
pulvérifation des corps.
Je regarde ce fécond genre de pkofphorefcence,
qui accompagne le broiement ou la trituration',
comme différent du premier , quoique prefque
tous les phyficiens femblent les confondre tous les
deux, parce que le procédé qui lui donne naif-
fance, ou le mode dont on fe fert pour la produire,
eft toùt-à-fait différent, & parce que d’ailleurs
les corps qui la préfentent, ne font pas
phofphorefcens par la feule fridtion ou par le frottement
» Il faut, pour ceux du fécond genre, qu’ils
foierit attaqués dans leur aggrégation, il faut que
la cohéfion de leurs molécules foit détruite par
une force fupérieure à celle de leur aggrégation ,
pour qu'ils foient fufceptibles de pkofphorefcence.
Tel eft le fucre blanc & criftallin , bien fec, qui,
ierfqu'on le râpe, donne des traînées-de lueur
phofphorique. On a dit que le même phénomène
avoir lieu lorfqu'on broie avec l'effort d'une râpe
plufieurs corps grenus & criftallins, mais on n’a
point cité d'exemples en nombre fuffifant pour
prouver que cette propriété appartient à l'etat de
criftallifation grenue, réuni à celui de féchereffe.
L’adtion de la lime fur quelques alliages métalliques
, & furtout fur celui de l'antimoine & du
fer, paroît tenir à la même caufe; car la différence
de dureté des dents de la lime ou de la force
de fon adlion, & celle des lames aiguës de la foi-
ble râpe de fer-blanc qui ufe le fucre , ne tient
qu'à celle des deux corps fur lefquels on f^aic agir
les inltrumens.
Il femble, en confidérant ce genre de phofpho-
res 3 que la féparation forcée des particules des
corps où elle fe. rencontre , entraîne celle des.
molécules de lumière emprifonnées entre les premières,
& que la liberté donnée aux faifeeaux lumineux
par cette difgrégation rapide s'uniffe à un
mouvement communiqué à ces faifeeaux, en telle
forte qu'ils viennent frapper avec vivacité l'organe
de la vue. Telle paroît être au moins la
fource de la lumière phofphorique produite par
: l’aélion de râper le fucre 6c quelques autres corps
blancs, grenus par la réunion de leurs criftaux.
Mais la même explication peut-elle être appliquée
; à l'alliage d'antimoine & de fer , qui lance de vives
& fortes étincelles fous la lime qui le déchire.
Je ne penfe pas que ce dernier phénomène foit
dû à la même caufe que le premier, quoique
pour fa claffification , fondée fur le mode de fa
production, il femble vraiment lui appartenir. Ici
le mouvement communiqué par la lime- aux particules
métalliques eft beaucoup plus violent ; il
eft te l, que ces particules peuvent être confidé-
rées comme incandefcentes, & difpofées à la com-
buftion. On peut, en un mot, regarder cette action
comme une inflammation, & en recueillant,
en effet, les particules détachées du bloc de l'alliage
fur un papier blanc, on les obtient fous la
forme de grains noirâtres, qui ne font plus doués
du brillant, 6c. qui paroiffent avoir fubi ut? com-
mencèment d'oxidation. Quelques phyficiens'ont
prétendu qu’il en étoit de même des corps phofphorefcens
par le frottement ou la fri&ion. La-
manon, qui a péri fi malheureufement dans les
commencemens de l'expédition de la Peyroufe,
affuroit qu'en frottant deux morceaux de criflal
de roche l’un contre l’autre & fur un papier
blanc, il avoir eu de petites parcelles noirâtres &
attirables, qu'il croyoit provenir de la pierre elle-
même. Mais, pour confirmer cet apperçu , il au-
roit fallu pourfuivre l'expérience beaucoup plus
loin qu'il ne l'a fait, & alors un frottement pendant
beaucoup d’heures dans l'air ne doit-il pas
conduire à penferque les corpufcules flottans dans1
l’atmofphère fuffiroient pour donner naifiance à
ces-légers corps charboneux, recueillis en fi petite
quantité fur le papier ? Au .refte, en pouffant
plus loin cés idées fur la combuftion , qui empé-
cheroit de croire que le fucre lui-même brûle dans
fes particules les plus fines, les plus échauffées
par l'adtion de la râpe, & que c'eft là en quoi con-
fifte la pkofphorefcence ? Avant de ramener ainfi les
deux premiers genres de pkofphorefcence à une véritable
combuftion, il faudroit fe livrer à des recherches
qui manquent encore à la fcience. C ’eft
à ce réfuîtat defirable que conduifent toutes Tes
idées que je viens de préfenter.
IIIe. GENRE. Pkofphorefcence par preffion.
Voici un autre genre de pkofphorefcence , qui
pourroit bien, fous certains rapports, être affi-
milé aux deux précédens, mais que je crois cependant
devoir en diftinguer, parce qu'i! fe montre
dans une circonftance vraiment particulière.
En le défignant par preffion , je n’entends pas parler
d'une preffion légère, comme celle qui accompagne
le frottement, l’aèfion de la râpe & de la
lime, car alors ce troifième genre ne feroit véritablement
pas diftind des deux premiers; mais je
parle ici d'une preffion beaucoup plus forte, &
qui agit d'une manière differente du frottement,
quoique je ne doive pas diffimuler que les deux
modes précédëns, qui font naître la phofphorefcence
ne fe rapprochent beaucoup de cë troifième
lorfqu’ils font pouffes à l'extrême. Je place ,
par exemple, dans ce tr-oifième genre , le pétillement
& la lumière phofphoiico-éledtrique , qui
ont lieu lorsqu’on broie le muriate furoxigéné de
potafte bien fec fur un porphyre, avec une molette
qu’on appuie allez fortement. Je ne fuis pas éloigné
dè regarder cet effet comme en partie électrique;
& puifque les belles expériences de plufieurs
phyficiens modernes ont fait voir que, dans
prefque toutes les opérations chimiques , les
corps qu'on y foumet changent d'état électrique ,
il fe pourroit bien faire que les étincelles, dégagées
dans celle que je cite ici comme exemple du
troifième genre de pkofphorefcence, tînffent à une
production éleCtrique. D’ailleurs, rien ne répugne
au bon raifonnement dans l'opinion qui rappro-
cheroit'le phénomène de la pkofphorefcence de celui
de l'éleCtricifme, 6c qui attribueroit l'un 6c
1 autre à la fource commune de la lumière, dégagée
& mue dans une direction , une quantité , & avec
une viteffe particulière à chacun d'eux. Je fens
cependant que cette opinion reffemble trop à une
hypothèfe , & ne mérite pas plus de confiance
tant qu'elle ne fera pas appuyée d'une férié d’ex-
periences aftez bien faites-pour diffiper tous les
doutes & détruire toutes les difficultés qu’ on
peut lui oppofer.
f ^ft-ce pas encore à la pkofphorefcence que
lemblcnt appartenir la lumière vive & l'efpèce de
détonation qui fe développent lorfqu'après avoir
verfé de l'acide fulfurique concentré fur du muriate
furoxigéné de potaffe , on approche du mé-
-lange une bougie ou une lampe allumée ? ou faut-
il attribuer ces effets à l’atmofphère de vapeur
huileufe, qui, portée dans celle de l’acide muriatique
furoxigéné, dégagée par l’acide fulfurique,
s'y allume inceffamment, 6c y brûle avec une
rapidité & une inftantanéité qu’on ne peut comparer
qu’à celle de l'-éclair qui fillone la nue dans
les orages ? Je penche , je l'avoue, pour cette
dernière manière de voir.
Lapkojpkorefce-.ce par la preffion foite 6c fubite
s'étend fans doute beaucoup plus loin que fem-
bieroit l’annoncer le feul fait que j’ai -.né dans ce
paragraphe. C'eft faute d'obfervation 6c d'expérience,
que ce genre paroît fi pauvre en efpèces. .
IVe. G E N R E>JP'i0jfpkorefcence par la chaleur. ■
La pkofphorefcence par l’adtion du calorique introduit
ou accumule dans les corps , forme le
quatrième genre que je diftingue dans ce phénomène
; mais je n'entends par-là que la c haleur
qui agit fans décompofition, ou qui n'en.ève tout
au plus qu'une portion de l'eau conu nue dans les
corps. Tel eft l’effet de la calcination fur le fujl-
fate de chaux , fur plufieurs carbonates de chaux-,
fur la magnéfie, fur le muriate 6c le mtr:.re de
chaux, fur l'alumine, le fulfate de potaffe 6c
même fur la craie de Briançon , fur plufieurs verres
& fur la porcelaine. Toutes ces fubftances,
portées dans l'obfcurité, après avoir été plus où.
moins chauffées ou calcinées, luifent ou répandent
une clarté légère qui a fait nommer les deux
derniers fels phofphore de Homberg 6c pkofphore de
Baudouin ou de Balduinus. Le phofphate de chaux
jouit de la*même propriété , & conferve même fa
pkofphorefcence pendant plufieurs minutes après
avoir été fortement calciné. Plufieurs autres phof-
phates font également lumineux lorfqu’on les
chauffe au blanc ; 6c j'ai donné cette propriété ,
dans mon Syjleme des Connoiffances chimiques ,
comme un caractère du genre de ces fels.
A la vérité, ces différens corps ont une phof-
phorïfcence variée, & d'une liünière diverfe : dans
l’un elle eft jaunâtre, dans l’autre blanche : il y a
même des lueurs bleues ou violettes. C’eft ainfi
que le fluate calcaire ou fpath fluor, jeté èn
poudre fut des charbons ardens , préfente des
étincelles bleuâtres ou violâtres qui difparoiffent
fur-le-champ/tandis que la lueur des principaux
corps précédens dure pendant quelque teins. ;Ii
paroît que le "fluate de chaux n’a la propriété
phofphorique que pendant la perte de fon eau de
criftallifation, & par l’ effet même de fa y*,ladli-
fation, puifqu’après avoir lui au moment où on
le jette fur des charbons ardens, il perd promptement
cette propriété , & ne la repréfente plus
lorfqu'on le chauffe de nouveau & brufqu ment
| comme la première fois. Ce n’eft pas fans doute à
ia même caufe qu’eft due la pkofphorefcence bien
remarquable de la trémolite, de la wernérite, &c.