
le plus convenable pour enlever le mercure à l ’a- 1
malgame : l’opération par laquelle on le fait eft
une vraie diftiîlation.
Le double fourneau dans lequel elle s’opère, eft
repréfenté dans la planche 23 (bis). Aeft la vue en
face ; B, la vue à vol d’oifeau ; C , une coupe verticale
dans le milieu , 8c D , une coupe verticale
•dans le bas. Nous allons donner une explication
fuccinte de cette planche.
a , fourneau fermé & en'feu.
b , fourneau ouvert, femblable au précédent.
c , cylindre creux en fonte , qui forme le chapiteau
de l’appareil diftillatoire ; il eft fufpendu à
une chaîne : on le hauffe 8c bai fie à l’aide d’un
treuil ; l’épaiffeur de la fonte eft de deux centimètres
& demi.
d 3 efpace compris ëntré les parois du fourneau
8c le cylindre. C ’èft dans cet efpace que fe fait
le feu.
e , éfpèces d’affrètes de fonte , percées dans le
milieu , 8c qui entrent dans une tige de fer/. On
j met l’amalgamé à diftiller : on én place ordinairement
cinq , à fept centimètres l’une au de (Tus
de l’autre, La fupërieure a vingt-huit centimètres
de diamètre, 8c l’inférieure trente-cinq. Si l'à-
fnalgamè dégoutte dés affrètes1 fupérieures, il eft
âinii arrêté par l’inférieure. .
' f y tige de fer .
• g y deux pièces de fer placées en croix, & qui
fervent de pied à la tige/.
h 3 caiffe de bois, qu’on remplit d’eau.
i 3 vafe cylindrique de fonte, placé dans la caiffe
ky 8c un peu moins élevé qu’elle, de forte que les
bords font toujours fous l eau.
k y tuyau par lequel on introduit l’eau dans la
caitTe h.
L, foupiraux ou évents d’humidité. •
Lorfqu’on veut procéder à la diftiîlation , on
nëtoie bien le fourneau, on remplit la éàiffe d’eau ,
on place les âflîètes fur la tige ; enfuite on prend
ènvirôn trois quintaux d’amalgàme ,. qu’on pétrit
én petits pains ou boules , & que l’on place fur les
âflîètes qu’on a préalablement enduites de glaife,
afin que l’argent n’y adhère pas. On defcend en-
fuite le cylindre ou chapiteau 3. jufqu’à ce qu’il
repofe fur les barreaux de fer g. Son extrémité
inférieure eft alors enfoncée d’énviron deux décimètres
fous le niveau de l’eau. Puis on place fur
Fe fond du fourneau , à l’endroit ou il diminue, de
diamètre, une plaque ronde de forte tôle, qui eft
percée d’un troli par lequel paffe le cylindre ; on
lutte exactement, avec de la glaife,, les joints
entre le cylindre & la plaque de tôle ; on enduit7
avec de l’eau dans laquelle on ' a délayé de la
glaife, toute la partie du cylindre qui eft au deffus
de la plaque , afin que le fer foit moins corrode
par le combuftible y enfin | on ferme la porte de
tôle à ir dë cette manière la partie fupérieure du
cylindre , celle ou. eft l’amalgame ,- fe trouve, dans
mi fourneau cylindrique * & il y a un décimètie.
de vide tout autour de lui : c’eft dans ce vide qu’on
met le combuftible, & que le feu fe fait.
Dans les commencemens ce feu doit être très-
modéré. On fe fert de la tourbe , & on en met de
douze à quinze centimètres, de hauteur dans le
fond. On augmente le feu d’heure en heure, en
augmentant.la quantité de tourbe. Au bout de fept
à huit heures on remplit le fourneau de charbon,
8c on laiffê alors tout aller de foi-même. -
Dans le commencement le feu dilate l’air contenu
dans:le cylindre , 8c cet air fort, fous forme
de greffes bulles, à travers l’eau de la caiffe qui
intercepte toute communication avec l’air extérieur.
Lorfque la chaleur augmente, le calorique,,
pénétrant en plus grande quantité dans l’intérieur
du cylindre, y attaque le mercure, 8c le rëfout en
vapeurs élafliques qui en rempliffent toute la capacité.
Dans le bas du cylindre, la température
eft très-baffe, tant à caufe de l’éloignement du
foyer , qu’à caufe de l’eau qui le baigne, & qui
eft continuellement renouvelée par un petit courant.
Les vapeurs mercurielles, qui font en contaél
avec les parties froides du cylindre, 8c-la furface
de l’eau, leur cèdent le calorique, fe condenfent,.
8c tombent, fous forme de petites gouttelettes *
au fond du vafe cylindrique. La partie métallique,,
qui étoit tenue en diffolution par lë mercure dans
l’amalgame, refte fur les afliètes : cette partie métallique
confifte en argent, cuivre , antimoine,
quelque peu de plomb 8c quelques indices d’or.
Souvent aufli elle contient, ainfi que nous l’avons
déjàr remarqué, un peu de nickel, de cobalt, de
fer 8c d’arfenic. Plus le feu a été conduit avec
ménagement, & plus la féparation du mercure eft
complète , 8c plus le déchet inévitable eft petit.
Loriqu’au contraire le feu eft trop fo rt, l’argent
& les autres métaux fondent , une partie du
mercure eft fixée dans cette maffe fondue, 8c en
outre le mercure, en s’évaporant, entraîne avec
lui de l’argent. Lorfque l’opération a été bien
conduite , & la féparation du mercure bien effectuée
, ce qui refte fur les affrète^ eft très-poreux,
8c recouvert d’une efpèee de mouffe d’un blanc
d’argent ou d’un jaune d’o r , quelquefois aufli.
rouge de cuivre. Il eft fonore, duétïle 8c très-
léger , relativement à fon volume | mais s’il eft
compaéte , pefànt , fragile, point fonore , d’un
gris-foncé ou même fondu , alors l’opération a
été mal-faite. Cette efpèee de mouffe ou de végétation
qui recouvre la furface de l’argent reliant
fur les afliètes , provient de ce que le mercure, en
s’échappant , fous forme de vapeurs , de l’intérieur
des maffës d’amalgame , a mécaniquement
entraîné des molécules d’argent , qui s’en font
féparées. à la furface de ces maffes , & s’y, font
groupées en faifant de belles criftallifations dendritiques.
Voici les inconvéniens qui ré fuirent d’un trop
grand feu dans le.commencement de l’opération *
i°. l ’amalgama entra complète ment en. fufion* il
bouillonne, & 1 q mercure f en fe volatilifant » en- 1
traîne avec lui une grande quantité d’argent j
2°. la maffe n’eft pas poreufe : fi-tôt que lç mercure
néceffaire pour entretenir fa fluidité eft évaporé,
la furface fe durcit, 8c .devient fi compacte, que le
refte du mercure ne peut s’en aller en vapeurs que
très-lentement, 8c il en refte toujours un peu,
quand même on élevéroit la température jufqu’à
fondre le métal. On ne fauroit d’abord croire jufqu’à
quel point, dans certaines circonftancès, le
mercure fe fixe dans quelques alliages métalliques : la
maffe métallique retirée de la diftiîlation eft enfuite
fondue dans des creufets ouverts, 8c pendant cette
opération le mercure qu’elle peut contenir ne fe
diffipepas, au moins entièrement, car le dôme du
fourneau dans lequel on affine cette matière fondue
eft fouvent tapiflé de gouttelettes ('de,mercure) ;
30. lorfque , par un effet de là trop forte chaleur,
tout le mercure n’eft pas féparé de l’argent par la
diftiîlation, ce qui en refte eft enfuite perdu dans
la fonte c& l’affinage qui fuivent, 8c en fe volatilifant
il ne fauroit manquer d’entraîner avec lui *
qhelques parcelles d’argent 5 40. un feu trop fort
attaque 8c ufe bientôt le cylindre de fonte ; 50. lorfque
la chaleur eft trop confidérable, il fe forme
beaucoup de mercure fouetté (mercure pulvérulent ) ,
provenant de ce que les vapeurs de mercure 8e celles
d’eau qui fe font produites par l’effet de cette chaleur
, fe condenfent en même tems ; les molécules
d’eau s’interpofent entre celles de mercure , 8c les
empêchent de fe réunir & de former un tout continu
8c homogène. Autrefois, quand on n’eim-
ployoit que du charbon pour faire la diftiîlation ,
i! fe faifoit jufqu’à un huitième de quintal de ce
mercure pulvérulent y mais actuellement qu’on fe fert
de la tourbe pour le commencement de l’opération,
il ne s’en forme que rarement, 8c feulement quelques
onces. Cette poudre de qiercure ne fauroit être
un mercure oxidé par l’air qui peut fe trouver ious
le cylindre, car prefque tout l’air eft chaffé par la
chaleur; 8c en fécond lieu, ce qui refte eft privé
de fon oxigène par le fer rouge du cylindre, 8c eft
abfolument rendu incapable d’oxider le mercure.
Ce mercure fouetté eft femblable à de l’écume : on
le rafîemble, 8c on le met dans une affrète, Ou on
le laiffa un ou deux jours en plein air; les parties
aqueufes s’évaporent peu à peu, 8c les molécules
pulvérulentes 8c fi déliées de mercure fe rapprochent,
fe réuni fient 8c reforment du mercure coulant,.
Le cylindre ( ou chapiteau) dure d’autant plus
long-tems qu’ on en prend plus' de foin , 8c que la
fonte eft meilleure 8c plus pure. On.en a vu fou-
tenir plus de deux cents diftillations avant de fe
fendre. Lorfqué, pendant l'opération, if fe fend,
les vapeurs mercurielles s’échappent de fuite par
cette iffue, gagnent la cheminée, 8c font en parue
perdues. Dès qu’il fe fait une fente , que-que petite
qu’elle foit, on s’en apperçoit bientôt, tarit par le
fifflementque font les vapeurs en Portant, que par
le dépôt blanc qui fe fait de fuite fur la partie voifine
de la cheminée. Lorfqu’un pareil accident
arrive, on ouvre la porte du fourneau, on retire
tout le feu, on refroidit auffi promptement que pof-
fible avec dé l’eau froide, 8c on continue ce refroi-
diffement jufqu’à ce qu’ il ne forte plus de vapeurs :
on laiffe enfuite le tout fe refroidir lentement ; le
lendemain on enlève le cylindre, on lui en fubfti-
tue un autre , 8c l’on recontinue la diftiîlation. La
perte en mercure varie dans ces circonftancès, quelquefois
elle n’eft que d’une livre , d’ autrefois elle
eft de trois 8c plus. Heureufement qu’il eft affez
rare de voir les cylindres fe fendre ainfi. Dans
l’année 1802, de pareils accidens n’ont occafionné
qu’une perte de 1 y,37 livres de mercure.
Nous avons dit que fept à huit heures après le
commencement de la diftiîlation, on remplifloit le
fourneau de charbon, 8c on laiffoit le tout aller de
foi-même. L e' lendemain , lorfque tout eft bien
refroidi, 8c qu’on n’a plus à craindre pour la fanté,
on ouvre le fourneau, on retire les cendres, on enlève
la plaque du fond , on élève le cylindre, on
prend les affrètes 8c on en détache le métal ; enfuite
! on ôte la tige de fer 8c fon pied, qu’on lave bien
dans la caiffe, pour qu'il n’emporte aucune parcelle
de mercure ; puis on retire la caiffe de deffous
le fourneau, 8c avec une mefure de tôle on puife
l’e.aü , que l’on verte dans une efpèee de plat incliné
, afin que les gouttes de mercure qui pour-
roient s’y trouver reftent au fond du plat. Lorfqu’il
ne refte que peu d’eau qu’on ne peut épuifer fans
emporter en même tems du mercure, on l'enlève
avéç une greffe éponge,que l’on exprime à chaque
fois dans le même plat. Lorfque le mercure eft ainfi
bien pur 8c bien fée, on le met dans de petits vafes
8c on lépèfe, afin de favoir à combien fe monte le
déchet: ordinairement il eft d’une livre un quart à
une livre 8c demie fur les trois quintaux d’amal-
gamë diftiiié. Lé mercure qu’on retire de cette opération
n’eft pas pur ; il contient d’une once 8c demie
à deux onces d’argent.
Trois quintaux d’amalgame laiffent ordinaire-
mènt dans la diftiîlation de quatre-vingt-quinze à
cent marcs de ma fié métallique , laquelle ne contient
guère que de 69 à 87 pour cent d’argent fin
(rarement plus), félon qu’ elle renferme une plus
ou moins grande quantité d’autres métaux , notamment
du cuivre. On remarque quelquefois uns
différence dans le contenu en argent d’une affiète
à l’autre , quoique la compofuion ( du minerai ) aie
été la même.
La diftiîlation de l’amalgame eft exécutée par un
. ouvrier auquel on donne 1,17 fr. par jour. Le
.même ouvrier eft en outre charge de fondre l’argent
retiré de la diftiîlation : nous parlerons plus
bas de cette fonte.
Trois quintaux d’amalgame diftiiié exigent en
combuftible 11,11 he&ol.itires de tourbe, 8c 1,58
de charbon. Des 57689 quintaux de minerai amalgamés
en 1802, on a retiré, parla diftiîlation de
j l’amalgame, 34041 marcs de matières métalliques^
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