
pulfations artérielles •& les contractions mufcu-
laires en deveiioiein plus violentes. M. Vah-MonS
a éprouvé fur iui-même que le muriate furoxigené
de potafte produifoit un effet excitant & ftimulant
fur tout le fyftème de fon individu, à tel point
que la peau étoit plus rouge, plus animée ; fon-
pouls plus fréquent, & Ton efprit plus aétif. Ces
divers effets iont certainement très-marqués dans
1 adminiiiration des differens remèdes dont l’oxi-
gène fe fepare dans 1 intérieur de nos corps, &
dont il eit probable que ce principe eft le feul
agent primitif, comme j'ai eflayé de le prouver.
^'ans doute que, d’après ces derniers faits, ceux
qui réfutent ou négligent entièrement les phénomènes
chimiques dans la phyfique animale , & qui
ne voient, dans toutes les fonctions des animaux,
que l'exercice de 1 irritabilité & de la fetifibilité,
ir atnibuéiont d airrre énergie à i’oxîgène, que
eelie donc il vient d être qûeftion, & n'y verront
qu un excitant, un ltenique, qui agit avec line
affez grande puiffance pour mériter la plus grande
conlideration de la part des médecins. Mais tandis
que, parmi les hommes de l’art, les uns Te
bornent à bien déterminer les effets fenfibles des
remèdes, & à bien reconnoître les cas dans lef-
quels on peut en tirer un prompt & puiffant fe-
cours pour la guérifon des maladies ; tandis que
d'autres, préoccupés d’une opinion ou d’un fyf-
îème favori , ne veulent voir qu’une feule action
primitive dans les médicamens, & femblent borner,
ainfî au terme de leur conception, la puiffance
de la nature, comme fi fon poüvoit en renfermer
la limite dans le cercle de quelques généralités, la
véritable philofophie de la fçience compare toutes
les opinions, recueillerons les faits, n’adopte
aucun fyftème exclufif, accumule les expériences,
& voit s’élever ainfi peu à peu un monument durable
, que le tems ne peut qu’affermir.
Telle eft la marche que je n’ai pascefféde fuivre
depuis plus de vingt ans. On vienc de voir par
quelle férie de. faits.j’ai été conduit à reconnoître
a foxigène oc aux niéajçamens oxigénés, des propriétés
qu’on avoit attribuées j'ufqu’ici à des qualités
occultes, ou qu’on avoit regardées comme
impénétrables à fintelligence humaine. J’ai fur-
toùt eflayé de. decrirer l’enchaînement de mes
idées avec lés nouvelles découvertés de la chimie 5
jé dois ÿ joindre quelques unes des applications
utiles que j’en ai faites dans l’exercice dé l’art fa-
lîitaire, montrer les rapports qui lient les tenta-
rives .fuites par quelques moderne^., a’vec les vues
que ÿd viens d’enoncer, & prouver fuftoujt que,
malgré lès fuccès dont ces vues & .ces tentatives
°J^C .déjà ét.é fuiv.ies, c’eft aller., beaucoup trop
vite & beaucoup trop loin', que d’en faire une
dcxSfrine générale^ capable d’embraffer l’enfemble
de la ..pathologie & de la. thérapeutique.
jfêPi ^ en que , d’après la réunion de tous
les faits & dé tous les.apperçus dont j’ai expofé la
^pceffion il m’étoit difficile de ne pas trouver
l’occafion d’en faire quelques applications nouvelles.
Une des premières a été celle de l acide
muriatique oxigéné : fa propriété de détruire les
odeurs m’a d’abord fait naîtreT’idéç de Tefîayer
dans les cancers, dont la fétidité eft un des caractères
les plus déterminé^. Mon ami M. Halle
fe rappellera facilement un de ces effais fait conjointement
avec lui, en 1787, fur une femme attaquée
d’un large cancer à la mamelle : nous avons
obtenu un changement notable par l’application
de linges imprégnés de cet acide liquide fur l’ ulcère:
fa couleur eft devenue plus belle, fa fétidité
moins forte , Ton écoulement moins féreux,
& nous avions d’abord conçu quelques efpérances
dont la durée a été fort courte. Deux autres effais
de ce genre, faits en mon particulier avec le gaz
acide muriatique oxigéné , n’ont ajouté à ce premier
réfultat qu’une douleur violente, occafionnée
au moment du contaél du gaz fur lè cancer ulcéré.
En 1790 ., d’après quelques vues fur Taêfion de
l’oxigène uni au mercure, comme anti-vénérien,
que je communiquai, furtout cette année , dans
mon cours au Lycée, fur la chimie animale,
MM. Rouffille & Vauquelin fe proposèrent d'ef-
fayer l’acide muriatique oxigéné en boiffon, dans
deux fujets affeélés de fymptômes manifeftement
fyphilitiques. L’extrême prudence qu’ils mirent
dans cette adminiftration, & l’inconftance des malades,
qui eft un fi fréquent obftacle aux expériences
exaétes dans l’art de guérir, ne leur permirent
pas de reconnoître fi l’acide muriatique oxigéné
agiffoit comme antifyphilitique , comme je J’avois
auguré; mais ils virent l’appétit des individus
qui le prenoient, fenfiblement augmenté , leur
urine abondante & fans couleur, leurs excrémens
décolorés ; ce qui fuffit pour me convaincre que
ce corps agiffoit fortement fur tout le fyftème de
l’économie animale.
La même année 1790, j'annonçai, dans le
journal que je rédigeois alors fous le titre de Mér
decine éclairée , d’après des expériences qui m’é-
toient propres, que l’acide muriatique oxigéné
détruifoit les miafmes putrides; qu’il pou voit,être
employé comme défînfeétant; qu’il devoit dénaturer
les virus, & que, confidéré fous ce point de
vue, il rendroit quelque jour de grands fervices
à l’humanité. Je le propofai dans les amphithéâtres
anatomiques, pour s’oppofer à la corruption
des chairs, pour durcir en même,tems quelques
organes mous, & fpécialement la pulpe cérébrale;
je fis même entrevoir qu’il pourroit fervir à détruire
les virus animaux, introduits par des plaies ;
je propofai aux inoculateürs de s’en affurer én le
mêlant avec du pus variolique, 8c la connoiffance
que j’avois de la propriété délétère de ces composés
animaux liquides me fit même croire que
je pouvois annoncer l’affuranèe du fuccès avant 1 expérience. M. Cruiskank a confirmé cette aÇ-
fertion en inoculant inutilement avec du pus variolique
mêle de cet acide , & en montrant que le
même pus fans mélange communîquoit Téruption
varioleufe. J’ai prévu également que ce puiftânt
réaélit, qui porte avec l’oxigène dont il eft Furchar-
gé, une action fi promptement oxidante fur tous les
mixtes combutiibJes, pourroit détruire le virus
hydrophobique dans les plaies où il a été dépofé;
j’ai fait Voir que telle étoit la manière d’agir du
muriate furoxigené & fublimé d’antimoine ; & fi
l’expérience n’a point encore confirmé à cecégard
mon aftertion, les hommes, également éclairés
en anatomie & en chimie, prévoient facilement
quelle en fera l’ifiue. Ils doivent même preffentir
que ce médicament, en raifon de fa périétrabilité
vaporeufe, méritera, dans plufieurs cas, la préférence
fur le muriate luroxigéné d’antimoine.
Une époque bien remarquable dans les faites de
l’Hiftoire, celle de la guerre de la liberté française,
me fournit une grande occalïon de faire une
application utile de mes vues nouvelles fur Tac- !
tion médicamenteufe de Toxigèue. Dans cette
guerre fi terrible au dedans, & tout à la fois fi
giorieufe au dehors, les circonstances rendoient
le m'ercure extrêmement rare. Les confeils que je
donnai alors au gouvernement fur la pofiîbilité de I
fubftituer piuiieui!* fubftances oxigënées aux préparations
mercurielles pour je traitement des vénériens
& des galeux , qui exigeoient une effrayante
quantité de ces prépaiations dans les hôpitaux militaires,
n’ayant point été fui vis, parce que fans
doute les officiers de fanté qui les dirigeoient,
avoient trop de doutes lur l’efficacité des effais
que je propofois, tandis que leur aflurance dans
les remèdes mercuriaux étoit fondée fur une Ion- ,
gue expérience, je pris le parti de développer mes;
vues, & d’étendre mes idées à cet égard dans les?
cours publics, perfuadé qu’elles germeroient peu
a peu dans 1 efprit des elèves , & qu’elles y trou-
veroient cet accueil 8c cet appui qui feuls pou-
voient le^ur donner l’ utilité dont je les croyoisfuf-
ceptiblcs. Ce fut furtout dans les cours de l’an 4
(J 796 ) 3 foir dans l'École de médecine, foit au ■
Muféuïii d’Hiftoire naturelle , que j’infiftai plus
foitément que je ne l.avois encore fait fur cette
nouvelle doctrine , & fur les fuccès qu’elle pro-
mettoit à l’art de guérir. Je pris fpécialement pour
fujec de difc.uffion i’origuent citrin , dont je favois
■ qu on failoit une confommation immenfe pour les
galeux ; je montrai que l’oxigenation de la graiflè
parroxide de mercure & par l’acide du nitre pou-
voit être regardée comme la fource principale de j
fes vertus, 6c qu’il feroit peut-être pofiible.de fe l
pafler de. mercure pour; cette^. .préparation y qué
1 acide nitrique feul paroifloit; am^iter -la- gr.aifièiâ *
cet état d‘oxit1at;ion , où elle acquéroit des pro- f
ptieiés medicaïuenteiifts bien prononcées, & que
tout dévoie perfuader que, dans cet, état, elle
rempiiroit fans mercure L-s conditinns de U po-m- ,
made-eittine. M. Aiyon , préfeîit.^éette. l£ç«m;-îa !
• 11C cJecte vue rapidement, & me fit part drnpto-i
Jet qu ii avoit de, la fuivrex de* réchercher l’effet.
oxigénant de l ’acide nitrique ftir la graiflè, & de
reconnoître les propriétés qu’elle acquerroit. Ses
premiers effais , entrepris avec la fogarité & la
prudence que je lui connoiflois, eurent un fuccès
au-delà de fes efpérances; il prouva que la-g rai fie
oxigénée étoit antipforique & antifyphilitique. Il
y aftocia l’ufage de l’acide nitrique , employé dans
les mêmes vues par quelques médecins anglais *
d’après leur compatriote;Smith , qui en avoir fait
la première découverte dans l’inde*. Les fuccès de
cette double méthode externe & interne ne fe
font pas démentis depuis, & le rapport de la cora-
mifïîon que l’Ecole de médecine a chargée de fuivre
les nouvelles expériences , fera mieux con-
noître à quel point les vues primitives que j’avois
données , le font élevées par les foins, par les lumières
& par la confiance de M. Aiyon, qui,
comme on doit bien s’en douter d’après l'exemple
de toutes les propofitions nouvelles en médecine ,
a eu & doit avoir encorè des obftacles de plus
d’un genre à vaincre.
Tandis que mes efforts commençoîent à produire
quelques fruits en France, les lavans étrangers,
loin d’être contemplateurs oififs de.ces nouvelles
idées , les adoptoient 8c les accueilloienc
avec bien plus d’empreffement que les médecins
français. Si quelques-uns lembloient en abufer &
porter les prétentions de la do&rine chimique moderne
trop loin ; fi l’ un,, par exemple, eftayoit
déjà d’expliquer tous les phénomènes de la vie;
fi l’autre voyoit déjà un moyen de prolonger
, l’exiftence , le plus grand nombre abandonnant
ces routes couvertes de précipices, fuivoient le
chemin plus fur de l’expérience. Trois phyficiens
fe font furtout déjà diftingués dans cette carrière
que je me félicite d'avoir ouverte, quoique.quelques
uns d’entr’eux ne m’aient pas ; rendu, a ce
fujtt, la juftieeque j’ai droit de reciamer.M. Hum-
boldt, qui combinoit à Berlin , d’une manière in-
génieufe, les nouveaux faits du galvanifme , avec
l’efficacité des agens chimiques fur les organes des
animaux vivans, éclairoit ainfi de cette lumière
vive les phénomèmes des fondrions végétales
animales. M. Beddoës ,. médecin de Londres, exa-
minoit & déterminoit avec foin l’adtion des fluides
élaftiques divers dans tes maladies. MM. Rollo»
& Gruiskank, en étudiant dans le même pays fes
fymptômes d’une maladie prèfqu’inconnue ici, 8c
beaucoup plus commune cependant qu'on ne Tau-
roit cru , le diabètes fucré, d ia b è t e s mcl.itus * rafit
femblo ient y pour la mieux connoîtreidans fa. nature
& dansfésicaufes, tout ce que les nouvelles
découvertes'.chimiques leur, offroient d’utile 8c
d’applicable à cette étude. Ils voyoiént,dans cette
rhaîadie, une affedrion'primitive de i’eftomac,
dans laquelle les alimens végétaux, par une attraction
particulière , prenoient une nature fucrée
qui fe communîquoit plus ou moins rapidement à
l’ufinèy.amenoaent un état furoxigené de tout le
fyftème.deshumeurs animales, & ils confirmoieuç