
à l’air, même dans leur poli , comme l’or & le
platine.
78. Ce n'eft pas feulement par la manière dont
les métaux exigent une élévation de température,
qu’ils diffèrent dans leur oxidabilité j c’eft prefque
pour tous au moins la diverfité même du mode
de leur oxidation, qui marque chez eux la différence
de la température à laquelle on les expofe.
En général , ils tendent tous à s’oxider d'autant
plus facilement, d'une part, & à s'oxider davantage,
à abforber plus d’oxigène,de l'autre, qu'on
les chauffe davantage. Il y a plus : la plupart des
métaux s'oxident d'une manière déterminée à une
température déterminée 3 & l'on peut, d'après
cela 9 apprécier l'état de leur oxidation par la
chalçpr qu'on leur a donnée.
Prpfque toujours l’élévation de la température
^ dans les métaux, fait naître la rapidité de
leur pxidation, & élève cette propriété jufqu'à
la coflibuftion ou l'inflammation proprement dite.
C'eft ainfï qu'en jetant des limailles fines de métaux
fur des brafiers bien ardens ou à travers des
flammes fortes, elles donnent en brûlant des étincelles
vives & brillantes, qui dépendent de la
chaleur vive que ces métaux éprouvent j c'eft encore
par la même caufe que let fer ou l’acier,
frappé fortement , & déchiré par le choc des
pierres filicées-, brûle avec une flamme vive dans
l'air, par la grande chaleur que cette percuflîon
lui communiqué.
. 79. La proportion de l'oxigène, qui s’unit aux
métaux pendant leur oxidation, eft encore une des
circonftances qui font varier ce phénomène. Ils
diffèrent tous, entr'eux par cette proportion, &
exigent conféquemment un plus ou moins grand
contaCt de l'air pour brûler. Chaque métal d'ailleurs
varie encore lui-même par la quantité d'oxi-
gène qu'jl prend dans l'air , fuivant la manière
dont on.le brûle, & la température à laquelle
on l'elève. 7
80. Dans toutes les limites des conditions &
des circonftances dont il a été parlé, les phénomènes
de l’oxidation des métaux font divers : tantôt
le métal rougit & s’enflamme, tantôtils'oxîde
fans fe fondre1, ou ne s'oxide qu’après avoir été
fondu. Quelquefois il fe couvre d'une fimple
croûte caftante, ou d’ une pouflière adhérente j
d'autres fois, c'eft une pellicule irifée & non adhérente,
qui fe forme à fa furface : toujours il fe
ternir, perd fon brillant & fa couleur, & en
prend une qui annonce fon oxidation.
81. L’oxigène, en fe fixant dans les métaux à
melure qu'ils fe brûlent par leur expofition plus
ou moins longue à l'air, ou y contra&e une adhérence
, ou s'y unit avec une actraCiion qui eft:
particulière à chacun d’eux , & dont le degré eft
fort important à connoître pour une foule d’opérations
& de réfultats chimiques. C'eft de là que
dépendent la difficulté plus ou moins grande de
j féparer l’oxigène uni aux métaux, & la néceflité
d’employer quelquefois les corps qui l’attirent le
plus, pour obtenir cette réparation.
Si. Il faut encore obferver, pendant la fixation
de l'oxigène atmofphérique dans les fubftances
métalliques, le mode même de cette fixation,
& l'état que ce principe y acquiert. Dans
les uns, il eft abforbé très folide &: en perdant
beaucoup de calorique 3 dans d'autres, il fe précipite
fans abandonner la même quantité de fon
diffolvant : de forte que, fi on oxidoit les divers
métaux au milieu du calorimètre, la quantité de
glace fondue pourroit fervir à déterminer la proportion
du calorique dégagé de l’air par chacun
d'eux, & conféquemment l’état de folidité que
l'oxigène y contracte. Cette proportion répond
à la manière dont peut s'opérer leur décombuf-
tion ou leur défoxidation. Ceux qui ont abforbé
l'oxigène le moins folide ou retenant le plus de
calorique , fe réduifent facilement par le calorique
ou la lumière; ceux au contraire dans lef-
quels l'oxigène, en fe fixant, a perdu beaucoup
de fon diffolvant, ne font débrûlés ou défoxidés ,
& conféquemment rappelés à l'état métallique,
que par une grande accumulation de calorique :
le plus grand nombre exige, même l'addition des
corps qui ont plus d'attraétion pour l'oxigène, que
n'en ont les métaux.
83. Quant aux caractères qui diftinguent les
oxides métalliques faits par le contaCt de l'air, ils
font tous variés dans les efpèces différentes j mais
ils en ont en même tems certains qui fe rencontrent
dans tous , & par lefquels ils diffèrent des
métaux ,■ c'eft fur ceux-là qu'il faut porter ici fon
attention. Tous les oxides ont la forme de pouf-
fière, ou font fragiles & faciles à réduire en poudre
3 ils préfentent toutes les nuances de couleurs
poflibles, depuis le blanc & le gris, jufqu'au brun
& au rouge-foncé 3 ils pèfenc plus que les autres
métaux d'où ils proviennent, & cette augmentation
va depuis quelques centièmes, jufqu'à plus
de la moitié de leurs poids ; ils reffemblent à des
terres 5 auffi les avoit-on nommés autrefois terres
ou chaux métalliques. Les uns repaffent à leur état
métallique , fe réduifent ou fe révivifient par le feul
contaCt de la lumière ou du calorique 3 les autres,
fans y paffer entièrement, ne font que s'en rapprocher
3 il en eft qui exigent l'addition du carbone
rouge de feu , pour céder leur principe
oxidant: quelques-uns femblent être irréductibles!.
Ceux-ci font fufibles au feu, donnent des verres
plus ou moins colorés, tranfparens, &t fervent
même de fondans aux terres : ceux là au contraire
réfiftent au plus grand feu, & troublent
même la tranfparence des verres dans lefquels on
Tes fait entrer. Quelques oxides font volatils; la
plupart font fixes. On trouve dans les uns une faveur
âcre & cauftique , une diffolubilité plus ou
moins grande dans l'eau, & même une qualité
acide 3 dans d’autres , point de faveur, point de
diffolubilité. Un feul jufqu’icl cornu «ft volatil
avec l'eau, & odorant dans fa diffolution dutillée,
c’eft l ’ofmium. Il en eft qui s’unifient aux akahs,
comme le feroient des acides, tandis que le plus
grand nombre fe diftblvent dans les acides, èv les
Jaturent à la manière des bafes terreufes &r alcalines
3 les uns, chauffés ou broyés avec les corps
combuftibles , les brûlent avec, flamme , parce
qu'ils contiennent l’oxigène peu folide3 la plupart
au contraire ne les brûlent que lentement,
& fans aucune trace d'inflammation, 1
84. On ne connoît pas encore-d'union entre
l'azoté, l'hydrogène, le diamant & Jes métaux,
Il n'eft cependant pas invraifemblable que ces.
combinaifons exiftent, & que fi on iie les^ a encore,
ni trouvées dans la nature ni opérées par
l'art, c'eft parce que les procèdes chimiques d a-
nalyfe & de fynthèfe font encore bien loin d être
affez perfectionnés pour pouvoir former ou re-
connoître de pareils compofés. On fait maintenant
que le gaz hydrogène eft fufceptible de tenir
en diffolution plufieurs fubftances métalliques,
fpécialement l'arfenic, le zinc & le fer.
On a découvert que le diamant fe combine tres-
bien par la fufion avec le fer , & le convertit en
acier 5 ce qui rapproche de plus en plus ce corps
combuftible du carbone pur.
8;. Quoiqu'on n'ait encore reconnu qu'une
combinaifon de carbone avec un métal, il n eft
pas permis de douter qu’il ne doive en exifter
plufieurs autres, & que la plupart des fubftances
métalliques ne foient fufeeptibles de s unir à ce
corps combuftible. La nature forme vrailembia-
blement ces combinaifons 3 & les fin gui i ères propriétés
que préfente le fer dans fon union avec le
carbone, prouvent qu'il y a beaucoup de décou- ,
vertes à faire fur cet objet, qui touche de fi près
à la minéralogie, à la géologie & à tous les arts
relatifs aux métaux,
86. Si on ne connoît pas encore de métaux car- ;
bonés ou de carbures métalliques, excepté le fer, 1
on fait au moins depuis long-tems que les oxides
métalliques éprouvent tous une décompofition
plus ou moins prononcée par le carbone: ce
corps s’empare de l'oxigène dés oxides, les brûle,
ou avec flamme, comme céla a lieu avec l'oxide
rouge de mercure à une haute température, ou
tacitemènt & fans flamme 5 il forme de l ’acide
carbonique qui fe dégagé en gaz,- & laiffe les
métaux dans leur état métallique. On peut même
déterminer , par cette décompofition , la proportion
d'oxigène que contiennent les oxides, d’après
la quantité de cet acide obtenu, & dofer
affez bien les matières pour rappeler compléte-
fnent un mélange de charbon & d'pxide métal- ;
lique au double état de métal & d'acide carbo- !
nique fans réfidu. Le fuccès de ce dernier réfultat, ï
obtenu par Lavoifier, fuppofe qu’on connoît bien
la nature d'un• oxide, & la quantité d’oxigène
qu'il contient 3 connoiffance qui s’acquiert par .
une première opération, dans laquelle on doit
eftimer auparavant la dofe d’acide carbonique ,
qui fe forme pendant fa réduction.
87. On ignoroit autrefois lescompcfes, nommés
phofphures métalliques, que Pelletier a obtenus
fi facilement en réduil-mt de 1 acide phofpho-
rique vitreux, mêlé avec des métaux & du charbon ,
& qu'on obtient de même en traitant auffi avec
du charbon > & par un grand feu , les phofphates
métalliques. J’ai déjà dit ailleurs que ces compofés,
dont je foupçonne l'exiftence dans la nature ,
quôiqu’aucune expérience ne l'ait encore annoncée
aux chimiftes , ne font que peu combuftibles
à l’air 3 qu’ils ont l'afpeCt métallique , grenu,
brûlant} qu’ils font caftans, fufibles, décompo-
fables à un grand feu. J'ajouterai ici que la plupart
des phofphures métalliques font décompo-
fables à l’aide du calorique.
88. Les fulfures métalliques que la nature pré- '
fente fi abondamment & fi multipliés, qui forment
les mines les plus communes, offrent pour
propriétés remarquables, foit qu’on les prenne
naturels & fo(files, foit qu'on les ait fabriqués
par art, la décompofition à l'aide d’un grand feu ,
la fufibilité facile pour les métaux infufibles ou peu
fufibles par eux-mêmes, la difficulté de fe fondre
pour les métaux très fufibles, la fulfatifation ou la
converfion en fulfate parle contaCt de l’air, leur
analyfe plus -ou moins facile par les acides qui dif-
folvent le métal & réparent le foufre, la diffolubilité
& la formation d’oxides fulfurés & hydrofulfu-
rés par les alcalis. Il faut diftinguer auffi 1 es métaux
qui s'unifient mieux au foufre après avoir été
oxidés r de ceux qui s’y combinent fans oxidation*
leurs combinaifons avec l'hydrofulfure, & leur
diverfe attraction pour le foufre, qui permet aux
chimiftes de décompofer quelques fulfures métalliques
par d'autres métaux, comme le fulfure
d'antimoine par le fer, &c.
89. Les métaux s'unifient en général très-bien
entr'eux , quoiqu'il y ait à cet égard quelques
exceptions remarquables. On nomme en général
ces combinaifons des alliages : le mercure , en
les formant, ramollit & diffout même la plupart
des métaux 3 auffi a-t-on donné à ceux-ci le nom
particulier d'amalgames. On peut même unir cinq
à fix métaux entr’eux , & former ainfi des alliages
compliqués, dont les arts tirent quelquefois de
grands ufages, & que l’analyfe docimaftique doit
favoir féparer & bien connoître. Une fouie de
ces compofés métalliques font employés & connus.
90. Jamais les métaux , en s’unifiant entr'eux
par la fonte , ne confervent ni la même denfité ni
le même tiffu qu’ils avoient féparément, ni la pe-
fanteur moyenne que le calcul de proportion indique
dans leur combinaifon. Les alliages font
toujours, ou plus denfes , ou plus rares que la
fomme de leur denfité primitive ne l’indiquoit*
ils ont auffi tous des propriétés nouvelles dang