
O x i d e d e c o b a l t . On a voit peu examiné »
jufqu'aux premières années du dix-neuvième fiècle,
1rs divers états de Yoxitâ de.cobalt, l’es divers degrés
d'oxidation & les différences de fes oxides. Je
m’étois borné dans mes £ lé mens de Chimie , &
dans mon Syjléme des Connoijfanccs chimiques, à
confidérer ce métal comme formant un oxide gris
dans fa première oxidation à l'air & par la chaleur,
& un oxide noir ou bleu-foncé par un dernier
degré d'oxidation , & par conlequent par une plus
grande quantité d’oxigène 5 j'avais lurtout inlîfté
fur la couleur très-foncée & comme noire de ce
dernier oxide, comme appartenante- à un bleu
très-riche. M. Thénard a taie, depuis cette époque,
6c a publié en 1805 des recherches fuivies
lur l’oxidation du cobalt, & fur les différentes
combinaifons de ce métal avec l’oxigène , dont je
donnerai un extrait.
« Lorfqu’on veri’e de l'alcali dans une diffolu-
lution de cobalt, dit M. Thénard, le précipité qui
fe forme d'abord eft rofe-îilas 5 par un excès de bafe
lalifiable, il devient fucceflivement bleu, olive ;
& enfin, par defliccation, il fe fonce de plus en
plus en couleur, 6c finit par palier au noir. Ces faits
font connus depuis long-tems, & ont été décrits
avec beaucoup de foin , fur coût par M. Taffaert,
dans un Mémoire qu'il a publié dans les Annales
de Chimie , vol. XXVIII, pag. 84. Quoi qu'il en
foie, julqu'à préfent l'influence de l'air , dans la
production de ces differeris phénomènes, n’a été
Qüe foupçonnée : la théorie l’indiquoit, mais il
L lloit prouver que ces changemens de couleur
tiennent véritablement à des quantités plus ou
moins grandes d’ oxigène abforbé ,' & c’eft, je
crois, ce qui va être’ mis; hors de doute:par les
expériences fui vantes.
» J'ai précipité une diffolution de1 cobalt par la
potaffe pure ; Yoxide que j'ai recueilli’ fur tin filtre
étoit bleuâtre 5 à l'air il devint olive ; il-fût lavé
avec de l'acide muriatique oxigéné ; il paffa du
verdâtre au puce, & de cette nuance au noir le
plus foncé. Il ne fe diffolvit qu’une très-ne ri te
quantité d'oxide de cobalt; fa difi&lùtiôn étôittofe,
& précipitoit par les alcalis en noir. J’examinai
Yoxide puce 8c Y oxide noir : voici les propriétés
dont ils jouiffent.
» Voxide noir fe diflbut avec effervéfcenCe dans
î'acide muriatique : il fe forme alors beaucoup de
gaz acide muriatique oxigéné ; & fi l’acide muriatique
eft concentré, une diAblution Verte, oui,
abandonnée à elle-même* devient purpurine dans
l’efpace de vingt-quatre heures , & rofe fur-le-
champ fi on Pétend d'eau.
- » Les acides fulfurique & nitrique,-diffolvent
l'oxide noir bien moins facilement .que. l ’a ci de
mutiatiqué:;-.cependant avec le tems la d;Ablution
a lieu ;, elle eft toujours rofe & accompagnée, de
bulles que je préfume être du gaz oxigène.
m Les oxides puce & 'olive produifent, avec les
acides fulfurique , nitrique: & muriatique , les
mêmes phénomènes que Yoxide noir, feulement
d’une manière moins marquée, 6c Yoxide olive
moins fenliblement encore que Yoxide puce ; avec
1 aciue muriatique , iis donnent tous deux deTa-
cidé muriatique oxigéné, .& il en réfulte une dif-
lolution verre, qui, avec, le tems, paife au purpurin
, 6c au rofe fur-le* champ fi oi{y ajoute de
l’eau. Voxide olive fe prépare en verfant de la.
potaffe dans une diffolution.de cobalt ; il le forme
un précipité bleu qui, expofé à l’air, devient verdâtre..
Si on traite cet oxide même en gelée par
l'acide nuriâtique foible , en chauffant tant loic
peu on obtient de l’acide muriatique oxigéné,
Ôc une-liqueur qui devient de plus en plus rôle à
mefure que celui-ci fe dégage. Il eft donc évident
-<\\xe Yoxide bleu s'eft emparé de l’oxigène de l'air.
D ailleurs, j ’ai mis de cet oxide bleu dans un flacon
que j’ai bouché avec foin ; dans l'efpacé de
; quelques heures, il y eut abforption, & l’air ré-
fidu n'entretenoit plus que difficilement la com-
buition. Si on deffèche Yoxide vert à l'aide de ia
•chaleur, il devient pre(que iur-le-champ puce &
enluite noir : ces oxides reffemblent parfaitement
à ceux préparés par Yoxide vert ou bieu, Ôt l'acide
muriatique oxigéné.
. ^J’ai parle plus haut d'une manière d'obtenir
1 oxide bleu du cobalt; mais . dans ce cas, comme-
A eft nès-aivifé , pour peu qu'il-ait le contaéf de.
I air, il paffe au vert 5 j'aime mieux le faire par la
calcination de; Yox de noir . &c. En tenant au
rouge-ceriie cet oxide pendant une demi-heure ,
il devient bleu. M. Taffaert eft le premier qui ait
apperçu ce phénomène ; il l'a attribuépar deux
raiions, à un peu d’arfenic qu'il croyoït è<-re contenu
dans fon cobalt ; i'une, parce qu’il n'a pu le
produire qu’une feule fois ; & l'autre ,parce qu'en
chauffmt de l’acide ariénieux avec :de Yoxide de,
cobalt, il a obtenu un bleu-tendre tirant fur le violet.
A la vér ité* je n’ai fait que deux fois de Yoxide
bleu par la calcination de, Yoxide noir ; je manquois
de matière; mais je fuis fur qu’on réuffira toujours
en faififfânt le degré-de feu convenable. Cet oxide
bleu fediffoutdans les acides fans dégagement d’aucun
gaz. Si l’acide muriatique eft concentré, ladif-
lutian eft verte,& rofe s'il eft étendu.d’eau; Avec
les açides. fulfurique,& nitrique concentrés ou foibles,
la diflolusion eft. toujours : rofe; Àinfi il pa-
i;ok que la propriété qu’a le muriate de cobalt
d'être vert, n’eft due qu'à fa concentration ; aufli
a-t-on beau chauffer une diAblution étendue de
muriate de cobalt, elle ne change nullement de
couleur; ce n'eft que quand la majeure partie de
l’eau eft .volatilifée * qu'elle commence à devenir
purpurine ,, 6c en continuant toujoursTévapora-
tiôp elle paffe au vert qui quelquefois tire fur le
bleuâtre. Il eft facile d’ejtpliquei; d'après cela-pourquoi'des
maraétères .traçés fur Je papier'avec du
rnuriate de; cobalt deviennent, en,les chauffant3
• d’un beaur vert-célad,onv& difparoiffent par le te7
• froidiffement ; la chaleur concentre la diffolution,
les
les caractères paroiffent : le rnuriate de cobalt attire
l ’humidité de l’air; ils s’effacent.
« Quant à Yoxide rofe ou lilas, je doute de fon
exiftence, puifqu’en verfant une bafe falifiable
dans du nitrate ou du rnuriate de cobalt pur , j’ai
obtenu un précipité bleuâtre, & jamais rofe ou
lilas. Je fais bien qu’on rencontre fouvent des dif-
folutions de cobalt qui précipitent en rofe par les
alcalis; mais je crois q e la plupart du tems ces
précipités ne font autre chofe que de l ’arfe-
niate ou un autre fel de cobalt ; je ne l'affure cependant
pas. Il eft poflible que , dans fes diffolu-
tions, le cobalt foit à l’état d’oxide rofe : toutefois
le contraire peut avoir également lieu. Ce ne
feroit pas le premier exemple d’une diffolution
métallique n’ayant pas la même couleur que fon
oxide. Le nitrate de mercure très-oxidé eft fans
couleur, & dans ce fel Yoxide eft rouge , &c. & c.
m II exifte donc au moins quatre efpèces à1 oxide
de cobalt: oxide bleu, oxide olive, oxide puce,
oxide noir. 11 feroit poflible que Yoxide puce ne
fût qu’un mélange d’oxide olive & d’oxide noir,
quoique je né le croie pas ; je n'ai point affez varié
mes opérations pour lever tous les doutes à
cet égard, 6c en général je n'ai pu rendre mon
travail fur les oxides de cobalt aufli complet que je
l'aurois defiré; j'ai été borné dans mes recherches
par le défaut de matière; »
Oxide de colombium. Ce métal, découvert
par Hatchét, chimifte anglais, dans un minéral de
MaAàchufett, affez femblable en apparence au
chromate de fer de Sibérie , y exifte à l'état d’acide.
On peut préfumer qu'à l'aide des corps déf-
oxigénans , il doit être plus ou moins facile de
l'amener à l'état d * oxide ; mais ce dernier état
n’eft pas encore plus connu que le métal lui-même,
qui, fans doute à caufe de fa rareté 6c de l'incertitude
où l'on eft'fur l’origine du minéral ou il eft
contenu, a été feulement examiné par le chimifte
auquel on doit fa découverte.
O xide de c u iv r e J’ai toujours confidéré le
cuivre comme fufceptible de trois principaux degrés
d'oxidation, 6c diftinguépar conféquent trois
efpèces bien diftinétes d'oxides de cuivre ; favoir :
le brun, le bleu & le vert ; chacune de ces couleurs,
bien différentes entr e lle s , m’avoit paru annoncer
un état particulier d'oxidation, croiffant
depuis le brun jufqu'au vert.
M. Prouft, dans fes recherches fur le cuivre ,
& d'après un grand nombre d'expériences qui lui
font particulières, a émis des idées très-différen-
tes , pour ne pas dire très-oppofées, à celles que
j ai furtouc expofées fur l’oxidation du cuivre.
: Selon ce «nimifte, il n'exifte qu'un oxide de
cuivre , dont la couleur eft noire ou brune fuivant
Je degré de rapprochement de fes molécules par
la chaleur, & qui contient invariablement vingt-
fix parties d’oxigène fur cent, & il n'y a aucun
Ch im i e . Tome V.
moyen d’ajouter à cet oxide une nouvelle quantité
d’oxigène. Cette portion d'oxigène eft fuffi-
fante pour que le cuivre puiffe fe combiner à tous
les acides; aufti fon oxide n'en décompofe-t il aucun
, pas même l’acide nitrique lorfqu'il fe trouve
en contaét avec eux. 11 fe diffout dans ce dernier
fans caufer d’effervefcence, 6c fans qu'il y ait dégagement
de gaz nitreux.
M. Prouft ne penfe pas que les couleurs bleue
& verte appartiennent à Yoxide de cuivre , comme
on l'a cru jufqu'à ce jour ; elles font, fuivant lui,
leréfultat&même le ligne confiant de fa combinai-
fon avec un acide, une terre, un alcali, l'eau, &c.
Beaucoup d’acides même ne communiqueroient
point i*Yoxide de cuivre l’une décès nuances fans
l’intervention de l’eau.
Tous les fels cuivreux, jetés dans la potaffe
cauftique en excès, y perdent leur acide , & leur
oxide s'y combine avec l'eau. M. Prouft nomme
cette combinai fon hydrate.
L'hydrate de cuivre eft formé de 0,24 d’eau
de 0,71 àYoxide noir. Lorfqu'il eftfec, il conferve
fa couleur bleue ; chauffé fur un papier, il fe décolore
lentement, perd fon eau, tourne au vert
& fe change en oxide noir; gardé fous l’eau, il
s'obfcurcit, fe décompofe fucceftivement, 6c finit
par n'être plus que de Yoxide noir.
Pour fe combiner à l'eau , Yoxide de cuivre a
befoin d’être dans un état de divifion femblable à
celui où il fe.trouvé au moment où il fe fépare
d’un acide. De l'eau verfée fur de Yoxide de cuivre
fec, nouvellement forti de la cornue, ne donne
qu'une poudre mouillée, & non pas de l’ hydrate
de cuivre. Get hydrate contient l'eau condenfée ;
il ne renferme ri acide ni alcali.
Quoique ces idées préfentent, comme toutes
celles qu'a données M. Prouft, & des connoiffan-
ces étendues, & un travail approfondi fur le cuivre
, je penfe encore avec plufieurs chimiftes &
furtout avec M. Berthollet, qu’elles ne fuffifent
pas encore pour n'adopter qu’un oxide de cuivre ;
qu'il n'eft pas hors de vraifemblance que ce métal,
comme tous les autres, eft fufceptible de divers degrés
d'oxidation , & que les couleurs brune, bleue
& verte qu'il contrarie à divers degrés de température
& d'expofition à l'air, tiennent aufli bien à
ces degrés qu'à des combinaifons avec différens
corps acides & alcalins. Au refte, il faut attendre
du tems & des recherches comparées de divers
chimiftes, la confirmation de l'une ou de l'autre
de ces opinions.
O x id e d e c u iv r e n a t i f . On diftingue trois
efpèces ou variétés d’oxide de cuivre natif; lavoir :
le!brun-rouge qu'on nomme aufli quelquefois cu ivre
hépatique 3 le bleu & le vert. Quant à ces deux
derniers, ce font plutôt des compôfés falins que
des oxides ; ils appartiennent aux carbonates.
Le premier ou le feul oxide natif de cuivre fe diftingue
par fa b;lle couleur rQuge-foncée, par fa
B b b