moniaque dans la diffolution muriatique ) fut mêlé,
dans une capfule , avec de l'acide nitrique qui le
diffolvit complètement. Enfuite la diffolution,
évaporée prefque jufqu’à ficcité, fut traitée par
1 eau, & filtrée ; de cette manière on obtint une
liqueur qui contenoit environ deux parties d'oxide
de manganèfe, qu'on en précipita par le prufliate
de potaffe ( i ) , & qui ne contenoit ni fer, ou très-
peu au moins, ni alumine. Sur le filtre on trouva
quarante-fix décigrammes d'oxide rouge de fer,
dans lequel il n'y avoir que quelques traces de
manganèfe & point d'alumine. Ces expériences
démontrent donc déjà, dans cette pierre, la pré-
fencé du fer, du manganèfe, du nickel, de la
magncfie, de la filice , du charbon , du foufre, &
en même te ms établiffent en quelle, quantité ces
fix premières fubliances s'y rencontrent. Pour déterminer
la quantité de la feptièrne, du foufre,
qu'on y rencontre également ' je me fuis fervi de
nitre 5 j'ai calciné ce fet avec une portion de matière
j j'ai ajouté de l’eau , & j ’ai précipité la
liqueur par le muriate de baryte, après l’avoir
faturée par l’acide nitrique pur. J'ai obtenu ainfi
un poids de fulfate de baryte repréfentant 5,5 de
foufre.
|| Enfin, pour découvrir la préfence du chrome
dans Ce tte pierre 3 au lieu d'employer le nitre, qui,
en brûlant le fouire, m'auroit empêché de recon-
noître l’acide chromique, parce qu’a lors la petite
quantité de chromate auroit été mêlée avec une
grande quantité de fulfate, j'ai employé , comme
M. Laugier l'a déjà fait, la potaffe cai.ftique. Au
bout d’une demi-heure de calcination , j’ai leifivé,
& j'ai trouvé très-fenfibîement du chromate de
potaffe dans la liqueur. J’eftime que la quantité de
chrome s’élève tout au plus à un centième.
w Pour achever cette analyfe, il ne reftoit plus
qu’à déterminer l’état fous lequel fe trouveroïent
tes métaux dans cette pierre. J'en ai repris une
portion que j'ai traitée par l'acide muriatique :
il n y a pas eu d’effervefcence fenfible> la liqueur
néanmoins précipitoit fortement en vert par Fam-
CO Lorf<yj’on fe ferc d'ammoniaque pour précipiter aine
dilîîîliition d’oxide de manganèfe, il r-efte. toujours plus ou
moins d’oxide dans la liqueur, parce qu’ il fe forme un fel
trip le , indécompofàble' par cet alcali : l’ammoniaque ne
précipice même aucune portion d’oxide lorfque la ffiflblu-
rion contient environ une quantité d’acide, double de celle
que l’oxide exige pour fc difloudre. Je croyois, d’après cela
pouvoir par ce moyen féparer facilement le fer du manganèfe
; car lorfque le fer eft à l’état d’oxide rouge , & qu’ il èû
diffous même dans un très-grand excès d’acide, l’ammoniaque
l’ en précipite complètement, o a au moins la liqueur-
liltrée n’en retient que de? traces que lepruffa.te de pocalle
feul peut mettre en évidence ; mais lorfque la diffolution
de manganèfe contient du fe r , & qu’on y verfe de l’ammo-
niaqiie , quelque grand que foit l’excès d’acide de cette d i f l
fc/lution , l’oxide de fer , en fe feparant, entraîne toujours,
une allez grande quantité d’oxide de manganèfe. Je ferai con-.
noître bientôt les expériences que depuis long-tems j ’ai laites
à ce; fa}et,,
moniaque. L’oxide de fer femble donc y être oxidé
en noir. Probablement que les autres métaux, le
manganèfe, le nickel & le chrôme* y font auffi à
l'état d'oxide.
» Il réfulte donc de toutes ces expériences, que
la pierre tombée dans l'arrondiffement d'Alais dt
formée fur cent parties, d'environ :
Silice ........................... ................. 2 r
Oxide noir de f e r ____! . . 4^0
Oxide de nickel. . . . . . . . . . . . . . , i . ï . . 2,r
Oxide de manganèfe................... 2
Charbon...........-. : . . . . , . .. \ . 2 c
Magnéfie.-----. . . . . V . , . : . . .v ,.v r^ V ’ 9
Soufre............................ ? J,, i . j e
Chrome. . . . ' . . . , . . . . . . . L. 1
Eau & perte...........^ , . 1 8 $
: •’•’ 160,0
» Ainfi elle fe rapproche finguliérement des
autres aérolites qui ont été analyfées. On trouve
dans les unes & dans les autres à peu près même
quantité de manganèfe, de nickel, de chrome ,"de
loutre, de magnéfie ; dans celle de l’arrondiffc-
ment d’Alais^ il y a feulement moins de ftlice &
plus de fer que dans Les autres; mais on fait que,|
dans celles-ci mêmes, la proportion des principes
conftiruans varie : aucune ne renferme de chaux
ni d alumine. La pierre d’Alais ne diffè e donc dr s
autres pierres qu’en ce qu'elle contient un peu de
charbon, 8^ les métaux probablement à l’état
d oxide. Mais ne pourroit-on point expliquer
çerte différence, en fuppofant que cette pierre n'a
point éprouvé un très-naut degré de chaleur en
traversant l’atmofphère, fuppofition d'autant plus
admifiible , qu'en calcinant cette pierre, le eha: -
bon qu'elle contient, fe brille tout de fuite , &
furtout qu'en la traitant par les acides * la fîlice
i qu'elle renferme ne fe prend peint en gelée,
tandis que celle des autres pierres s'y réduit constamment
; ce qui indique qu'elles doivent être
comme légèrement fritées , & par conféquent
qu’elles ont éprouvé comme un commencement
de fufion. »
"Description a un météore vu dans la province de
Connecticut aux États-Unis , & fuivi de la chute
d un nombre d aer'oliies , tirée du papier américain,
intitulé Conneélicut Herald 5 6* détails ultérieurs
fur ces pierres , communiqués à l'Infiitut de France
par Af, A . Pi c i e t I un de fes corrcfpondans , dans
les fiances des 4 1 avriL
Aux rédadeurs du Conne&icut Herald. Collège de
Suint-Yale, 16 décembre 1807.
*< Meffieurs *
79 Comme on voit paroître dans les papiers publics
des descriptions imparfaites & même erronées
du phénomène obfervé récemment à Wefc
ton, nons prenons la liberté de vous adreffef le
réfultat d’une recherche que nous avons faite fur
les firconftances'de cet événement, & des témoignages
recueillis par nous fur le lieu même. Pour
çe point interrompre la narration par une obferva-
tion répétée partout où elle fëroit applicable,
nous dirons une fois pour toutes que nous avons
vifité & foigneufement examiné tous les endroits
foupçonnés , où l’on difoit qu’il étoit tombé des
pierres, ainfi que d’autres lieux où on l’avoit feulement
fôupçonné , fans qu’on en eût réellement
découvert j que nous nous fommes procurés des
échantillons de chacune de ces pierres ; que nous
avons entendu les témoins oculaires principaux}
que cette recherche nous a occupés pluiieurs
jours j enfin ,'que nous avons été à cette époque
ks feules perfonnes qui aient parcouru le champ
du phénomène dans toute fon étendue.
»9 Nous fommes, Meffieurs, &c.
Benjamin S ill iman , James L. Kin h s l e y .
Le météore qui a récemment effrayé béa'ucoup
de gens & étonné tout le monde, a paru à Wel-
ton, lundi 14 de ce mois (décembre), vers fix
heures un quart du matin. Le ciel offroit quelques
nuages difperfés en maffes inégales} les unes
épaiffes & opaques; les autres lêgèfes , floco-
neufes & en partie tranfparente.s ; il étoit ferein
dans quelques intervalles. On voyoi'téti particulier
près de l'horizon, Vers le nord , un êfpàce de dix
à quinze degrés parfaitement clair. Le crépufcule
commençoit à peine, & la lufte, pr'ête à fe coucher,
ne donnoic plus qu’une foible clarté lorfque
le jugeWheeler ( à qui nous devons une partie
de notre rapport, & qui paroîtavoir obfervé avec
beaucoup de fang-froîd), paffant au travers de l’enclos
qui touche à fa mai fon, ayant le vifage tourné
au nord, & les yeux fixés vers la terre, apperçut
tout à coup une lumière occafionriée par le paf-
fage d'un météore qui traverfoit le bord feptén-
trional de la bande fereirie du ciel, & qui ëclar-
roit tous les objets environnans. En Levant les
yeux, il vit un globe de feu qui paffoit derrière
le premier nuage très-ob feu r & prefque
noir, mais pas affez opaque cependant pour cacher
tout-à-fait ce bolide.
>9 Son apparence étôit diftînête dans cette fitua-
tion ; les bords étoient bien terminés, à peu près
comme ceux du foleil vu dans le brouillard. Le
météore s'éleva au nord, & chemina dans une direction
à peu près perpendiculaire à l’horizon,
mais en déclinant vers L’oueft, & s'écartant un
peu du plan d'un grand cercle; il décri voit d’affez
grandes courbes, .tantôt d’un côté dé cè plan ,
tantôt de l'autre, fous des angles qui ne dépaf-
foient pas quatre à cinq degrés. Son diamètre p'a-
roiffoit égal à la moitié ou aux deux tiers de celui
de Fa pleine lune. C ’eff là fans doute une manière
vague de dèfigtter fa grandeur apparente, mais on
n’a pu obferver l’angle fous-tendu par les deux
bords. Sa marche ne paroiffoit pas auffi rapide que
celle des météores & des étoiles tombantes ordinaires.
Lorfqu’il paffoit derrière des nuages moins
opaques, fa lumière étoit proportionnellement
plus forte; & dans les parties fereines du ciel, il
iançoit une lumière v ive , pas auffi éclatante cependant
que celle de l’éclair dans un orage, mais
reffVmblànt plutôt à celle du phénomène connu
fous le nom d’éclair de chaleur. Sa furface paroif-
fbit être convexe.
99 Là où d’épais nuages ne l’obfcurciffoient pas
trop , il paroiffoit fuivi d’une traînée de lumière
pâle , ondoyant?, de forme conique, & dont U
longueur égaîoit dix à douze diamètres du corps
même du météore., Lorfqu’on le voyoit dans la
partie du ciel dégagé de nuages , on pou voit remarquer
autour de fa furface uns fcintillation affez
vive , reffewblant à celle d’un tifon qu’on
porte contre le vent.
99 Le météore difpariit à environ quinze degrés
de diftance apparente au zénith, & à peu près à la
même diftance du méridien, du côté de I’oueft. Il
ne s'évanouit pas d’une manière inftantanée, mais
fa lumière diminua affez promptement, à peu près
comme celle d'un boulet rouge vu dans l ’obrcu-
rité, mais beaucoup plus rapidement qu’elle ne
s’affoiblit dans ce dernier cas.
93 On rte s'apperçut d’aucune odeur particulière
pendant la durée du phénomène , & on ne vit aucune
maffe lumineufe fe détacher du corps du' météore.
Le tems écoulé entre fa première apparition
& fon extinction totale fut eftimé d’environ
trente fécondés.
» Environ trente à'quarante fécondés après
on entendit trois coups très-forts, à peu près
comme le feroient ceux d’une pièce de quatre, tirée
à peu de diftance. Ces coups fe fuccédèrent
avec le degré de rapidité qui permettoit de les
entendre chacun diftioCtement, & l'intervalle entre
les extrêmes ne fut pas de trois fécondés. On
entendit enfuite une fnccèftion de coups moins
forts, très-rappro'chés , & qui fe convertiffoit en
un roulement continuel, reffemblant à celui que
produiroit un boulet qui bondiroit fur un plancher.
Ce bruit étoit tantôt plus fort, tantôt plus
foible : quelques perfonnes le comparoient à celui
d’une charette qui defcèndroit rapidement dans
Un chemin pierreux ; d'autres, à un feu roulant
de moitfqueterie. Ce bruit dura à peii près pendant
tout le tems que le météore mit à s’élever,
& it ceffa avec lui, & dans fa direction apparente.
93 Les détails fournis par d'autres perfonnes
s'accordent en fubftance avec ce qui vient d'être
dit. La durée du phénomène futeftimée d'une manière
un peu différente par divers obfervateurs ,
niais dans des limites affez rapprochées. Quelques-
Uns crurent entendre plus de trois coups ; & chez
d'autres, l'imagination groflît toutes les circonstances
du phénomène.
E e e e z