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liqucs que les hommes ont le plus tôt connues, &
S.“ 1 Jemhle dater des premiers tems de leur civi-
lilation. L époque même de. Ton premier ufage le
perd dans la nuit des premiers âges., & les plus
anciens auteurs en parlent comme d’un métal déjà
employé depuis un tems immémorial. La tradition,
même chez les peuples les plus reculés,
5 a?^ j6110** r*en 3 à ce qu’il paroît, fur l’origine
de la découverte du plomb. Pline en parle lôus le
nom de plomb noir | & quoiqu’il n’en ait connu
qu une bien foible partie des propriétés, il l’a
f BlîlA* * & il a remarqué qu’on
xaJlinoit déjà celui-ci avec le premier. On fera
moins étonné de l’antiquité des ufages du plomb
que de celle de la découverte de l'étain fi l’on
compare l’abondance des mines du premier, & la
laalité de leur traitement, avec la rareté & la
difficulté d’exploitation de celles du fécond.
Dans l’alchimie on a comparé le plomb à Saturne,
non-feulement parce qu’on a cru ce métal
comme le plus vieux & le père des autres , mais
encore parce qu’on le regardoit comme très-
rroid, parce qu’on lui attribuoit la propriété
d abforber & de détruire en apparence prefque
tous les métaux, comme la Fable difoit que Saturne,
le père des dieux, avoit mangé fes enfans.
Le figne du plomb > le même que celui de la planète
Saturne, repréfenté autrefois par un croif-
fant place au bas & à droite, & furmonté à gauche
par la croix,„image de la qualité rongeante
6 acide, fignifioit, fuivant les alchimiftes, que,
malgré certaines analogies cachées avec l’argent,
il étoit prefque tout entier corrofîfj ce qui prou-
voit, d’après eux, fon aCtion délétère 8c comme
narcotique fur l’économie animale. C’eft un des
métaux que les alchimiftes ont le plus tourmentés
a leur manière, & fur lequel ils ont fourni le
plus de procédés & d’expériences à l’ alchimie :
ils ont eu la prétention de le convertir en argent j '
ils l’ont encore fignalé comme l’un des métaux
fur lefquels leur prétendue poudre de projettion
avoit le plus d’effet.
Aux travaux finguliers & malheureux des alchimiftes
fur le plomb ont fuccédé ceux des chimiftes
pharmacologiftes, qui fe font propofé le but non
moins chimérique, mais au moins plus utile &
plus philôfophique, d’enchaîner les fâcheufes pro-
priétés de ce métal, & de le rendre avantageux
à l’art de guérir. Leurs efforts, fans être entièrement
infructueux, n’ont point eu le fuccès qu’ils
cherchoient à obtenir. Les préparations de plomb,
de quelque manière qu’elles foient faites, ne perdent
point leur propriété engourdiffante & para-
lyfante : on n’en a jamais pu tirer un parti avantageux
que comme topique j encore leur administration
exige-t-elle une grande prudence, & ne
doit-elle être confiée qu’à des hommes très-éclai-
rés. Mais , tout en cherchant à mitiger Tâcreté.
du plomb, lès pferrîièrs chimiftes qui s’en font
occupés fous le point de vue pharmaceutique, lui
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ont reconnu beaucoup de-propriétés, 8c ont contribué
en grande partie à fon hiftoire chimique &
philofophique.
8 C’eft de ces divers travaux préliminaires qu’ont
profité les auteurs d’ouvrages fyftématiques de
chimie, pour déterminer les propriétés fpéciales
& caraéteriftiques du plomb. Chacun de ces auteurs,
de ceux furtout qui ont rédigé leurs traités
d’après les démonltrations expérimentales
qu’ils ont faites fur la fcience, a enrichi l’hiftoire
du plomb de quelques découvertes ou de quelques
fériés de rëcnerches ou d’effais qui lui font propres.
Ainfi l’on voit peu à peu les détails de procédés
, d’expériences, de réfultats, s’augmenter
fur 11 plomb dans les ouvrages fucceffifs de Barner,
Bohnius , Stahl , Boerhaave , Juncker , Shaw,
Macquer , Wallerius , Spielman , Cartheufer,
Baumé, 8c furtout dans les traités plus modernes
de Wafferberg & de Gren, qui, aux expériences
de leurs prédéceffeurs, ont ajouté leurs propres
expériënces.
Les minéralogiftes, les docimaftiques, & les
métalluigifles de leur côté, ont également concouru
à compléter l’hiftoire des propriétés chimiques
du plomb : c'eft même à cet égard un des
métaux qui a été le mieux étudié, & qui eft auffi
le mieux connu, fous le rapport de fes effais &
de fon exploitation. Quoiqu’il n'ait pas eu plus
que l’étain, au moins confidéré chimiquement,
d’hiftorien particulier & monographe, on trouve
dans la Bibliographie chimique un grand nombre de
Differtations fur quelques-unes de fes propriétés
ou dé fes combinaifons, ou fur quelques parties
de fes ufages fi multipliés & fi importans. On s’eft
foécialement occupé des effais de fes mines, de
(es diAblutions, de fes oxides & de fes alliages
avec d’autres métaux, confidérés furtout du côté
des arts.
La doctrine pneumatique a répandu beaucoup
de'clarté fur la connoiffance des propriétés du
plomb. C ’eft fur ce métal que les phyficiens ont
porté les premiers regards, relativement à l’augmentation
de poids de fon oxide, & cherché la
caufe de cette augmentation, la différence des
divers oxides qu’il fournit, la théorie de leur
réduction à l’aide du carbone , l'aCtion des acides
fur ce métal, la manière dont il eft altéré par les
fels, les caractères & la compofition de fes mines,
& furtout les divers fels natifs qui en font partie.
Les effets de ces oxides fur quelques fubftances
falines ont été la fource de plufieurs découvertes
modernes, qui, en ajoutant à l’exaCtitude de fon
hiftoire particulière, ont aufli concouru à fortifier
& à confirmer les bafes de la doctrine pneumatique.
C ’eft furtout aux dernières recherches
de M. Prouft , profeffeur de chimie à Ségovie,
& de M. Vauquelin, fur les divers oxides de
plomb & fur leur aétion dans la décomposition des
fels, qu’eft due la clarté nouvelle relative aux
propriétés chimiques de ce métal.
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Le plomb, qu’on regardoit, il y a quelques années
encore, comme un métal vil, ignoble, imparfait,
eft d’une couleur grife , peu brillante ou
fombre, qui a une teinte très-fenfible de bleu. Il
ne reffemble à aucune autre fubftance métallique
par cette propriété : fa couleur eft livide 8c comme
trifte j elle femble annoncer fes qualités dangereu-
fesj & au lieu d’attirer l’oeil, comme celle des
autres métaux, elle déplaît 8c repouffe en quelque
forte, en faifant naître l’idée d’un être mai-tai-
fant. t
La pefanteur du plomb eft affez confidérable,
comparée à celle des autres métaux : il tient le
cinquième rang par cette propriété > il eft placé
entre le mercure plus lourd, & l’argent un peu
plus léger que lui. Elle eft exprimée par le nombre
11,352, l’eau étant à i,ooo. Il eft le moins
duCtile & le moins fonore des métaux j il eft facile
à laminer, & il s’aplatit promptement fous le marteau
j il s’écrouit peu. Sa molleffe eft affez grande
pour qu’on puiffe le rayer avec l’ongle, le couper
au couteau , le plier en toutes fortes de fens. Sa
ténacité eft la plus foible que l’on connoiffe parmi
les métaux. Un fil de plomb d’un dixième de pouce
de diamètre ne foutient qu’un poids de vingt-neuf
livres un quart avant de fe rompre.
Le plomb eft très-bon conducteur du calorique,
fans être extrêmement dilatable. Il fe fond à une
chaleur foible & immédiatement après le mercure,
l’étain 8c le bifmurh* il tient le quatrième rang
dans l’ordre de la fufibilité. M. Guyton de Mor-
veau l’eftime à 250 degrés du thermomètre de
Réaumur. Quand on le tient long-tems fondu &
rouge, il fe fublime 8c fume dans l’air} mais il
exige pour cela une haute température. Si on le
fait refroidir lentement, il fe criftallife en pyramides
quadrangulaires, toutes formées, à ce qu’ il
paroît, d’oCtaèdres. C ’eft ainfi que Mongez le
jeune l'a obtenu le premier. On remarque , quand
on fait cette opération , qu’elle réuflit mieux,
comme dans l’étain ; en faifant fondre plufieurs
fois de fuite le plomb.
Ce métal n’eft conducteur de l’éleCtricité, que
dans un degré très-foible : il a une odeur particulière
8c un peu fétide 5 il a aufli une faveur un peu
âcre & défagréable : c’eft en raifon de cette derrière
qu’il agit, à ce qu’il paroît, fur l’économie
animale, & qu’il y produit cette aCtion affoupif-
fante 8c paralyfante qu’on lui connoît.
Le plomb eft un des métaux dont le* mines font
les plus abondantes dans la nature : il y en a beaucoup
en France, en Allemagne, en Angleterre, &c.
C’eft aufli un de ceux dont les mines font les plus
variées. Les minéralogiftes en ont décrit, pour la
plupart, un grand nombre d*efpèces> mais aufli la
plupart d’entr’eux ont fait, ou de doubles emplois
de mines appartenantes à d’autres métaux, ou
ils ont pris des variétés pour des efpèces, 8c multiplié
ainfi les êtres fans néceflité. C’eft ainfi qu’ils
°ut diftingué , dans les fulfures de plomb, autant
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d’efpèces qu’il y a de métaux différens, combinés
avec le foufre , conjointement avec le plomb \ 8c
cependant, tandis qu’ils multiplioient ainfi les
efpèces d’après des propriétés qui ne dévoient
donner, que des variétés, la fcience faifoit des
progrès réels dans la découverte de nouvelles mines
de plomb bien plus différentes des premières
efpèces connues, que quelques unes de celles-ci
ne l’étoient réellement entr'elles : de là les lacunes
qu’on trouve dans tous les auteurs fyftématiques
de minéralogie. Bergman , par exemple,
nediftinguoit encore , en 1780, que trois mines de
plomb ; favoir : le fulfure^ le carbonate & le phof-
phate.
Quoique l’ exiftence du plomb natif, à l’état métallique,
ait été admife par Wallérius & Linné $
quoique Henckel en ait fait mention avant eux
dans fa PyritologU ; quoique Genffane , dans fon
Hiftoire naturelle du Languedoc> dife en avoir trouvé
dans le Vivarais, & que Kirwan ajoute à ces premières
autorités celle de la découverte du même
métal natif dans le pays de Montmouth en Angleterre,
la plupart des minéralogiftes, Cronftedt,
Jufti, Monnet, & furtout M .Haüy, ne comptent
point ce métal natif parmi les efpèces de mines de
plomb. M. Guyton de Morveau, dans la note qu’il
a donnée fur cet article de la docimafie humide de
Bergman, fait obferver que le plomb trouvé par
Genflane dans le Vivarais, étoit en grains diffé-
minés dans de l’oxide, 8c même dans une feorie
vitreufe j ce qui prouve évidemment, fuivant lui ,
qu’il provenoit d’une mine réduite par le feu d’un
incendie de forêt. Cette idée n’a point été détruite
chez lui par la vue d’un échantillon de ce
plomb même, pris fur les lieux par feu Groffard
de Virly. Il penfe de même de celui du pays de
Montmouth , décrit dans les Tranfaâionsphilosophiques
de 1772. Les minéralogiftes modernes parlent
de plomb natif en lames contournées , engagées
dans une lave tendre, trouvé dans l’île de
Madère par M. Rathke.
On n’a pas trouvé çton plus de véritables alliages
du plomb avec quelques-autres métaux dans la na-
tute. Ç ’a été pendant long-tems un problème, que
l’exiftence d’un oxide de plomb pur dans les mines.
Cependant M. Alexandre Brongniart , dernier
auteur d’un bon Traité de minéralogie deftiné
aux écoles , décrit deux variétés d’oxide de plomb
natif, l’une terreufe 8c l’autre jafpoïde, recon-
noiffables par leur réduction au chalumeau, 8c
par leur diffolubilité dans les acides, fans effer-
vefcence. La première variété eft, ou grife & en
couches comme terreufes , ou jaune , ou rouge ;
la fécondé eft compaCte & à caffure liffe, fufible
au chalumeau, exhalant de l’arfenic dans fa réduction.
Cette dernière ne contient pas un quart
de fon poids de plomb, mais beaucoup d’arfenic 8c de fer.
On trouve beaucoup plus fouvent \e plomb à
\ l’état de métal combiné avec le foufre, & en