vement ce qui arrive dans beaucoup d*autres opérations
, en découvrira-t-on un bien plus grand
nombre, dans lefquelles le même effet fera très-
fenfible. Mais tous ces effets particuliers ne font
rieh en comparaifon de Ceux que la nature produit
continuellement en grand. Toute la furface de la
terre eft couverte d'une multitude immenfe de
végétaux, qui y naiffent & fe renouvellent fans
ceffe ; & ces végétaux, dont tous les animaux
tirent uniquement leur nourriture & la propre
fubftance de leurs corps * font remplis de principes
combuftibles. D’ou leur vient l’immenfe quantité
d’huile qu’ils contiennent, & qu’on en retire
en les décompofant ? Ce n’eft point la terre qui
peut la leur fournir, car les terres les plus favorables
à la végétation n’en contiennent qu’infini-
ment peu, en comparaifon des plantes qui y croif-
fentj encore eft-il même facile de démontrer que ;
le peu de matière huileufe de la terre lui eft étran- j
gère, & doit fon origine aux végétaux & aux
animaux décompofés. Cette huile des végétaux,
qui devient celle des animaux, à laquelle tout ce
que nous ccnnoiffons de corps combuftibles pa-
roiffent devoir leur origine , eft donc effencielle-
-haent le.produit de la végétation , & le règne végétal
entier eft le grand atelier dans lequel.la
nature fait les premières combinaifons de la matière
du feu, probablement par le moyen de leur
action organique vitale, 8c par un mécanifme qui
nous eft entièrement inconnu. Mais ce que nous
commençons du moins à connoître affez bien, ce
font des faits qui prouvent la grande influence
de la pure matière de la lumière dans la végétation.
»ToutJe monde fait que les plantes, même
dans lés meilleurs terrains, au plus grand air &
jouiffant de la chaleur la plus favorable à leur ac-
croiffement, languiffent néanmoins, fe décolorent,
deviennent longues, maigres & grêles, ne
fleurifftnt 8c ne fructifient point, ou que très-
mal , quand elles ne peuvent avoir le coma# immédiat
de la lumière du foleil, ou du moins du
très-grand jour.
» On obferve conftamment que celles qui font
enfermées dans un lieu où la lumière ne vient
que d’un côté , fe penchent 8c s’ inclinent de ce
côté de la lumière lors même que c’eft celui du
nord.
» On fait que le coeur de certaines plantes,
telles que les choux, les laitues, dont les feuilles
du milieu fe ferrent,.fe ramaffent, de font garanties
du conta# de la lumière & du jour par les
feuilles extérieures, refte blanc 8c aqueux, tandis
que l’extérhur de ces mêmes plantes eft 1 très-
coloré, très-vert, 8c beaucoup moins aqueux.
Les jardiniers Cavent très-bien que le feul moyen ,
de donner à certaines plantes potagères cette aquo-
fïté qui les rend tendres, 8c cette blancheur qui
les rend appétiflantes, c’ eft de les garantir de la |
lumière} ce à quoi ils parviennent en les liant, en
Tes couvrant de terre, en les enveloppant dans da
la paille, 8cc.
*> Enfin, M. Méefe, phyficien de Frankér en
Frife, nous a laiffé une grande fuite d'expériences
extrêmement intéreftantes, recueillies dans le
Journal de Pkyfque de M. l’abbé Rofîer, 8c qui.
démontrent encore bien plus fenfiblement la grande
influence que le conta# feul de la pure lumière a
fur toutes les plantes, 8c la néceflité de cette influence
pour la végétation. Or, comme on ne peut
guère douter d’ ailleurs que ces plantes aqueufes,
décolorées dç étiolées (comme les nomment les
agriculteurs) pour avoir manqué de lumière pendant
leur accroiflement, ne fourniffent beaucoup
moins d’huile dans leur analyfe , toutes chofes
égales d’ailleurs, que celles qui ont joui de toute
l’influence de la lumière, cela indique affez que
la propre fubftance de la lumière fe fixe dans toutes
les plantes, 8centre matériellement dans la. compofition
du feul de leurs principes qui Toit com-
buftible, c’eft-à-dire, de leur partie huileufe (t).
» Je fuis très-porté à croire, avec la plupart des
chimiftes, qu’elle y devient en même tems !a c.iufe
de toutes les couleurs, 8c le fentiment que M. Opoi x
a expofé dans deux bons Mémoires inférés dans
le Recueil de M. l’ abbé Rofier, ms paroît avoir
beaucoup de vraifemblance. Cet habile chimifte y
a raffemblé 8c comparé, d’une manière fatisfai-
fante, un grand nombre de phénomènes, dont
I’enfemble eft très-propre à prouver que non-feulement
la lumière eft le principe matériel de toutes
les couleurs, mais encore qu'en devenant, par fa
fixation, le pklogifiique des corps, elle produit
chaque efpèce de couleur, fuivant la manière dont
elle eft combinée.
»» Je n’entrerai point dans de plus longs détails
fur ces objets j mais je crois que ce que j’en ai
dit, réuni aux obfervations d’hiftoire naturelle,
fufKra pour faire penfer comme moi à ceux qui
voudront fe donner la peine de réfléchir fur tous
ces faits , que le phlogzjtique n’eft autre chofe que
la pure matière de la lumière fixée immédiatement
dans les corps fans le concours d’aucun intermède
, 8cSpécialement fans le concours de l’air >
que c’eft primitivement dans les végétaux, 8c par
l’a#ion vitale organique de ces êtres, que fe fait
cette fixation, d’où réfiilte la compofition de toutes
les fubftances huileufes 5 que la matière de la
lumière, étant une fois fixée 8c devenue phlogif-
tique dans les huiles des végétaux, paflfe enfuite
facilement de combinaifons en combinaifons, &
«mre dans un grand nombre de compofés divers
fO L paroît bien prouvé aujourd'hui la lumière eft necellaire aux plantes pourq ufaev loer icleorm laa âd dée-
compofition de l’eau, la fixation de l'hydrogène & le dégagement
du gaz oxigène. -L’hydrogène qui y refte, eft la
bafe-des- huiles qui le forment par les progrès de la végétation
, &rii n’y a nulle preuve que la lumière entre dans
la compofition huileufe & y joue le rôle du phlogifiique.,
fans.devenir feu libre, en forte que ces huiles font
la première origine de tous les mixtes phlogifti-
qués & combuftibles que nous connoiftons ; & fi
ces idées, qui n’ont encore pour elles que de la
vraifemblance, étaient bien démontrées, il en ré-
fulteroit que, fans la végétation , il n'y auroit ni
huiles, ni réfines, ni animaux, ni graiflès, ni charbon
, ni bitumes, ni foufre, ni métaux à la furface
& dans l’intérieur de la terre j il eft même très-
probable qu’il n'y exifteroit non plus aucune efpèce
de matière faline, & que notre globe terra-
qué ne feroit qu’une maffe de terre fimple, recouverte,
en tout ou en partie, d’eau très-pure, 8t
environnée d’air qui ne feroit ni moins fimple ni
moins pur (r).
PHOSPHATES. Les phofphates font les combinaifons
falines qui réfültent de l'union de l'acide
phofphorique avec les terres, les alcalis & les
oxides métalliques. Ces fels n’ ont été découverts,
dans quelques-unes de leurs efpèces, que vers le
milieu du dix-huitieme fiècie. Avant cette époque,
ou bien on en ignoroit l’exiftence, ou ils
avoient ete confondus avec les feis marins ou les
muriates. Srahl même avoit prétendu que l’acide
muriatique fe convertiffoit, en phofphore. Ç'eft à
Mar j’rcIf & à Pott qu’on en doit la première dif-
tinctiori dans leur examen des fels d’urine, qui,
fous le nom de fiel microcofmique , f i l fufible , f i l
natif d’urine, prélèntent réellement trois ou quatre
des principaux phofphates mêlés & unis. Haupt &
Schlofîer ont enfuite diftingué & décrit deux ef-
1' ces fels qui exiftent dans'celui de l’urine.
Chaulnes a donné le moyen de les purifier. Rouelle
le cadet, MM. Prouft 8c Weftrumb ont examiné
avec plus de précifion ces mêmes combinaifons
launes animales. Schéèle a fait connoître le phofi
plia“ de chaux formant la bafe des os ; M. Prouft
la trouvé dans lesfofliles; M.Klaprorh 8c M.Vau-
qnelm l’ont reconnu dans plufieurs autres pierres
prétendues. Lavoifier, Pelletier, MM. Fourcroy
6 Vauouehn ont enfin confidéré ces fels dans leur
enlemble comparé, dans leurs diverfes propriétés ;
us ont déterminé leurs attrapions réciproques,
recherche leurs caraPères diftinPifs, 8c rangé leurs
etpeces dans un ordre méthodique.
Ces travaux fucceflifs ont fait voir que les phof- 7 “ tes ne font point exclufiyement contenus dans
les matières animales, comme on l'avoit d’abord
ctu 8c qu-fts appartiennent à toutes les claffes des
pro uPions de la nature. L’enfemble des analyfe s
modernes a enfin permis d’élever en un corps de
f i n ï ï S " " ° r iBin c h y p o th é t iq u e d e s c o r p s c om b u f t ib le s
les ? , . / Upp0* rO K U P ré “ i f t e n c c d e s v é g é t a u x a v a n t t o u s
1 , es c o r p s n a tu r e l s ; m a is c om iu e - i l a é té d ém o n t r é q u e
r c ié p ife f a’ “ J11“ “ in d é p e n d am m e n t d u phlogijliquc, ib f a u t
leurf - d a n s le s r om a n s f c i c n n b q u c s u n e o p in io n q u i d ’ a i l -
telle. “ 3 gH lS appui réel dlI1! H fai« d’hüloire Mtuj
doctrine l’hiftoîre de ces fels., & de les comprendre
au nombre des combinaifons falines bien connues.
On fait,depuis ces recherches multipliées, que
quelques-uns de ces phofphates exiftent abondamment
parmi les foffles ; que le plus grand nombre
fe rencontre en diffolution dans les liquides animaux}
que plufieurs fe trouvent ctans les matières
végétales} qu’il en eft enfin, .& c’eft encore le
plus grand nombre des phofphates, qui, ne s’étant
pas encore préfentés dans les compofés naturels,
doivent feulement leur naiflance à l’art. Pour les
obtenir, on prend de l’acide phofphorique fabriqué
, fo.it en brûlant rapidement du phofphore
fous des cloches pleines de gaz oxigène, foit en
l’ajlumant fondu fous l’eau à l’aide du même gaz,
foit en le brûlant par le moyen de l’acide nitrique,
& ce dernier procédé eft le plus éconpmiqiie j foit
enfin en traitant, par Ië même acide, l'acide.phof-
phoreux obtenu par la combuflion lente du phofphore
: on unit cet acide phofphorique, qui, préparé
avec foin par l ’un ou par l’autre des procédés
indiqués, eft exactement de même nature, avec
chacune des bafes auxquelles on veut le combiner.
On fe fert de la fimple diflolution lorfqu'on veut
opérer des décompofitions par la voie humide,
ou , ce qui eft mieux encore, on évapore ces dif-
folutions d’une manière convenable : on en obtient
les phofphates féparés, fous forme criftalline, lorf-
qu’ils en font fufceptibles, & on les conferve foi-
gneufemeRt dans des Yaiffeaux bien fermés pour
l’ ufage auquel on les deftine. Souvent même, pour
les phofphates que là nature préfepte tout faits,
furtout dans les matières animales, on préfère de
les préparer par l’art, parce qu’on a beaucoup de
peine à les purifier & à les féparer les uns des
autres.
Les phofphates métalliques, lorfque la nature ne
les préfente pas parmi les folfiles, fe préparent y
foit en unifiant directement l’acide phofpnorique.
avec les oxides des métaux, foie en précipitant
des fulfates ou des nitrates métalliques avec des
phofphates alcalins folubles.
Il eft peu de propriétés phyfiques qui, comme
on fait, appar tiennent à un genre de fels j la plupart
font particulières aux efpèces. On obfervera
cependant ici qu’en général les phofpkates font
criftallifables, d’une faveur fouvent falée, douce
& fraîche, allez analogue à celle des muriates,
d’une pefanteur affez confidérable pour que quelr
ques chimiftes aient cru devoir les regarder comme
les plus pefans des fels : plufieurs cependant font
infolubles, incriftallifables & infîpides.
La lumière ne les altère pas} ils font tous fixes
au feu, & facilement fufibles en verre, tantôt
tranfparent, tantôt opaque. La plupart des phofr
pkatesalcalins ou terreux exhalent, au momentoü
ils fe fondent ou lorfqu’ils font en pleine fufion ,
ou même avant de fe fondre, un éclat, une lueur
ou une efpèce de flamme phofphorique. C'eft fur