
Lut caflure devient plus inégale & plus feche lorf-
qu’ils l’ont perdue.
, »» Cette faculté de contenir de l’eau eft telle
dans certains filex ; qu’on peut en quelque forte
la faire rcffortir de quelques-uns par la feule pref-
hon. Dans une promenade minéralogique que nous
fi nes dernièrement à Saint-Ouen, MM. Lelièvre,
Vauquelin & moi, nous obfervâmes que des coups
de marteau fur.des mafFes de filex nouvellement
tirées de terre, en faifoient fortir comme une vapeur
aqueufe ; ils en étoient tellement abreqvés,
que leurs calfates fraîches étoient humides &
comme mouillées. .
Analyfe du filex pyromaque.
m Cent parties de filex pyromaque de couleur
brunâtre bien demi-tranfparent, des collines de
H Roche-Guyon, mêlées avec quatre cents grains
de potafle très-pure & fondues avec elles dans un
creufet d’argent, ont donné une mafle qui, après
fon refroidi (Ternent, fut délayée dans l’eau , &
enfuite furfaturée d'acide muriatique; la difioîu-
tion,'très-claire, fut évaporée àfîccité, pour être
rediffoute dans l’eau. La fiiice féparée de cette
folution, en refiant fur le filtre, fut bien lavée,
féchée & rougie j elle pefoit quatre-vingc^dix-fept
grains. L’ammoniaque ajouté enfuite à-la liqueur,
qui étoit parfaitement limpide, y produifit un léger
précipité d’un blanc-jaunâtre, qui, étant bien lavé
&r léché, pela un grain, & fe trouva être un mélange
d’alumine & d’oxide de fer. La liqueur réparée
de cette petite portion de fer & d’alumine,
& à laquelle on ajouta du carbonate de potaffe, ne
donna aucun précipité. Les eaux de lavage, évaporées
à ficcité, n’ont rien donné.
*> Le réfultat de l’analyfe eft donc :
Silice.. . . . . . . . . . . ................................ 97
Alumine & oxide de fer......................... i
Perte. ............................ 2
IOQ
» Nota. Il ëft très-remarquable que le filex pyromaque
ne contient que de la fiiice & de l’eau j
car l’alumine & le fer y font en trop petite quantité
pour pouvoir être regardés comme elfentiels
à fa compofition, & pour pouvoir influer fur fa
manière d’être. Le quartz aufli paroît, d’après les
analyfes qui en ont été faites , ne contenir effen-
tiellement que de la fiiice > & cependant plus
j'examine ces deux.fubftances dans la nature, plus
je les vois différer l’une de l’autre par leur manière
de fe comporter ; car certainement on ne peut pas
croire qu’elles foient identiques lorfqu’on remarque
que le quartz fe criftallife avec une très-grande
facilité , pendant que, dans les mêmes circonf-
tances, dans les mêmes cavités, le filex fe refufe
à toute forme régulière ; lorfque le premier cherche
toujours à s'épurer & à devenir limpide comme
Peau, & que le fécond conrerve toujours cette
demi-tranfparence trouble & grade qui le caraCté.
K e i lorfque l’un n’eft pas fufceptible d’admettre
de l’eau dans fon tiffu ni dans fa compofition3 &
que 1 autre en refie toujours abreuvé jtifqu’ à ce
qu’il fe décompofe. Les caractères particuliers des
filex appartiendroient-ilî uniquement à cette très-
petite quantité de fubftance combufiible qu’on
pourroic nommer fubftance grajfe, qu'indique la
petite détonation avec le nitre, & qui ne reparoît
point dans la diffiliation ? ou bien arriveroit-il
dans les crifiaux pierreux ce que M. Vauquelin a
remarqué dans les crifiaux d'alun, « qu’il n’y a de
** tendance à la criftallifaribn dans ce fêl, qu’autant
» qu’il devient triple par l’addition de la potaffe?»
Les filex plus fimples fe refuféroieru-ils aufli à
l’agrégation particulière pour ne former qu’une
forte de magma, pendant que le quartz, qui feroit
une pierre plus compofée, devroit à quelque com-
binaifon particulière la faculté de criftallîfer, &
les propriétés qui le diftinguent du filex ? C ’eft ce
qu’une analyfe plus exaCte du quartz criftallife &
bien tranfparent pourra nous apprendre.
13 Je remarquerai encore que Wiegleb donne une
analyfe du filex, dit feuerftein, très-différente de Ja
nôtre, puiiqu’il y a trouvé :
Silice.......................................... . . . . . . . 8o
A l u m i n e . ........ ........................ i g
Chaux..................................................... 2
ÎOO
m II faut donc que, dans ce cas-ci, le filex ait
renfermé accidentellement beaucoup d’alumine;
car notre analyfe , faite par M. Vauquelin, a toute
l’exaCtitude que cet habile chimiste met à tous fes
travaux ; & d'ailleurs nous avons vu, par d’autres
analyfes que nous avons faites, que le filex peut
trèsrfouvent renfermer des fubftances étrangères à
fa compofition.
M L’analyfe dès parties blanchâtres qui forment
les taches dans les maffes de filex pyromaque nous
a donné:
Silice.......................... . . . . . . . ...^..... f , 98
Oxide de fer......................./ . ................. 1
Carbonate de chaux ......................... .. 2
‘ 10.1
« Celle des parties abfolument opaques de ces
mêmes maffqs a produit :
Silic e ,,...................... . . . . . . f . . . . . . . . 97
Oxide de fe r.,,........................ . t
Carbonate de chaux............................ .. y
103
*> Enfin, l’analyfe de l ’écorce blanche qui revêt
naturellement les maffes de filex pyromaque, a
donné :
P I E
Sur 81 gr., cc qui fait fur 100 gr.
Silice....................... .. 70 n
Carbonate de chaux.. 8 . . . ............. 9'88
81 100,co
»Cesanalyfes fubféquentes,quin’ont pas fourni
un atome d’alumine, prouvent que cette terre n’ert
pas efîentielle au filex, comme Tabfence de la
chaux dans la première démontre que la chaux eft
dans ces pïenes^ci un hôte étranger.
Patrie & g'fement du filex pyromaque.
»En France, les environs de Saint-Aignan,
fijués dans le département de Loir- Se-Cher &
dans celui de l’ Indre ( Carte de Cajfini, n°. 30), &
les départemens qui occupent les vallées de Seine
& Marne , font principalement la patrie de cette
pierre.
» Elle y gît dans les pierres calcaires crétacées ,
dans des craies plus ou moins folides & fines, &
dans des marnes ; elle y figure des bancs horizontaux
par la manière dont les maffes greffes & petites
font placées les unes à côté des autres.
» Cependant lorfque les blocs de filex ne fe
touchent pas exactement, il n’y a point dé folution
de continuité entre la maffe de craie fupé-
rieure & inférieure.
» Dans une vingtaine de couches de filex qui
fe trouveront fuperpofees les unes fur les autres à
la diftance de vingt pieds ou moins, il n’y en aura
fouyent qu’une, & bien rarement deux qui donnent
de bons filex pyromaques ; mais dans celles-
ci , prefque tous les blocs ont de là couenne , &
dans les autres couches prefqu’aucun bloc n’en
aura : aufli les bonnes couches font-elles pourfui-
vies par des excavations fouterraines fouyent très-
difpendieufes, à l’exclufion de toutes les autres.
»5 Sur les bords du Cher, les filex pyromaques
font exploités, dans le fol d’une plaine, par des
puits qui arrivent à* la profondeur de quarante-
cinq à cinquante pieds, a où on dirige les galeries
horizontales dans la feule bonne couche que l’on
y connoiffe.
» Sur les bords de la Seine, dans les collines de
la Roche-Guyon, les craies préfentent des efearpe-
mens : on voit à découvert les couches de filex,
& une de ces couches, qui contient de bons cailloux
pour les pierres à fufil, n’eft pas à fix toifes
de la furface fupérieure de la grande maffe de
craie.
» J'ai cru ces détails néceffaires pour bien déterminer
la variété des filex propres aux pierres a
fufil. Revenons à-l’art de les fabriquer.
Infirumens.
* Les inftrumens qui fervent au caillouteur à
façonner h pierre a fufil, fe bornent au nombre de
quatre.
» i° . Une petite maffe de fer à tête carrée, dont
le poids ne furpalfe pas deux livres (environ un
kilogramme ) , ik peut-être moitié moindre, avec
un manche de fept à huit pouces de longueur (dix-
neuf à vingt centimètres). On n’emploie point
l’acier à cet inftrument, parce que trop de dureté
rendroit fes coups trop fecs, & lui feroit fendiller
le caillou lorfqu'on l'emploie à le rompre.
» 2°. Un marteau a deux pointes , auquel la position
des points de perculfion donne beaucoup de
coups. Ce marteau, qui doit être de bon acier
bien trempé, n’a pas un poids qui paffe feize onces
(cinq hectogrammes) , & peut être moindre juf-
qu’à dix onces ( trois hectogrammes environ) ; il
eft monté fur un manche de fept pouces (dix-neuf
centimètres) de longueur, qui le traverle de manière
que les pointes du matteau fe trouvent plus
rapprochées de la main de l’ouvrier, que le centre
de gravité de la maffe. La forme & la grolîeur des
marteaux des différens caillouteurs varie un peu -,
mais cette difpofition fe trouve dans tous, & c’eft
à elle que font dues la force & la certitude de fon
coup.
» 30. Un petit infiniment nommé roulette, qui
repréfente une roue pleine ou un fegment de
cylindre de deux pouces quatre lignes (foixante-
trois millimètres ) de diamètre, & de quatre lignes
( neuf millimètres) d’épai fleur. Son poids ne lur-
paffe pas douze onces ( trente-fix hectogrammes
environ ) ; il eft fait d’acier non trempé, & eit
adapté à un petit manche de fix pouces ( feize
centimètres ) de longueur , qui le traverfe par un
trou carré perc4à fon centre.
» 40. Un cifeau taillé en bifeau des deux côtés,
femblable à un fermoir de menuifier, long de fept
à huit pouces (dix-neuf à vingt centimètres),
large de deux pouce.s ( cinquante-quatre millimètres),
d’acier non trempé. Par fa pointe il s’implante
dans un bloc de bois qui fert en même tems
d'établi à l'ouvrier, & en relforc de quatre à cinq
pouces ( onze à treize centimètres).
» A ces quatre inftrumens on peut joindre une
lime pour aiguifer de tems en tems le cifeau.
Procédés pour tailler les pierres à fufil.
» Après avoir fait choix d’une bonne maffe de
filex pyromaque, on peut divifer toute l’opération
en quatre tems.
» Ie. Rompre le bloc.
*> L’ouvrier, aflis à terre, place le caillou fur fa
cuifife gauche , & frappe deffus de petits coups
avec la maffe pour le divifer en plus du moins de
parties à raifon de fa groffeur, & en avoir des morceaux
d’une livre & demie à peu près ( quinze
heClogrammes) de poids, avec des fur faces larges,
dont les calfures foient à peu près planes; il tâche
-de ne pas fendiller ou étonner le caillou par des
coups trop fecs ou trop forts.
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