
terre de fa dilTolution. On ne connoît pas la proportion
de Tes principes.
Il n’eft d'aucun ufage.
Phosphite d’ammoniaque. Voici l'efpèce
la plus remarquable & la plus caraCtérifée des phof
-phi tes , celle qui nous a préfenté, à M. Vauquelin
& à moi, les plus lïnguliers phénomènes dans fa
décompofition. Aucun chimifte n'en avoir parlé
& n'en avoir décrit les propriétés, & il n'a voit
aucun nom particulier, quoiqu'on l'ait fans doute
fait un grand nombre de fois dans les laboratoires
de chimie, où à la vérité il a toujours été confondu
avec le phofphate d’ammoniaque.
Le phofphite d'ammoniaque a une faveur piquante
très-forte 5 il fe criftailife fouvent en aiguilles tranf-
parentes très-alongées & très-déliées, dont il" eft
difficile de déterminer la forme> mais quelquefois
on y voit des prifmes à quatre pans, terminés par
des pyramides à quatre faces , forme allez commune
dans les combinaifons des acides du phoff>
hore avec les bafes. On ne le connoît pas parmi
es productions de la nature.
On le prépare en unifiant directement l'acide
phofphoreux avec l'ammoniaque ou avec le carbonate
d’ammoniaque. On évapore très-doucement
fa dilTolution afin de ne point di’iiper fa baie
-volatile , & pour l'obtenir criftaiiilé.
G'eft dans i'aCtion du calorique fur le phofphite
■ d’ammoniaque que réfide fa propriété là plus inté-
- reliante & la plus diftinCiive. Lorfqu'on le difiiile *
dans une cornue, il 1e décompofe; l'ammoniaque'
fe.volatiiile, partie à l’état liquide, partie à l’état
de gaz qui tient du phofphore en diiîbludon, (ans’
cependant s’enflammer fpontanément à T air. Ce
gaz donne une lumière phofphorique lorfqu'on le
mêle avec du gaz oxigène, I! relie dans la cornue,
après la décompofition du phofphite-d‘ammoniaque,
de l’acide phofphorique vitreux.
Si l’on chauffe le phofphite d’ammoniaque au chalumeau
fur un charbon, il bouillonne, fe gonfle
par l'eau de fa criftallifation qui s'échappe abondamment;
il répand, de toute fa furface, une belle .
lumière phofphorique, & bientôt, du milieu de
ce fel qui commence à fe vitrifier, s’élancent,
avec pétillement, des bulles de gaz qui brûlent
dans l'air avec une flamme v iv e , & en formant
dans ï'atmofphère un anneau de vapeur blanche
d'acide phofphorique. Il refte, après ce joli phénomène
, de l’acide phofphorique vitreux & pur
fut le charbon.
En chauffant ce fel, à la dofe de trois ou quatre
décigrammes ( cinq à fept grains), dans une petite
boule de verre foufflé, dont le tube plonge .
fous des cloches pleines dé mercure, le fel fondu
& bourfoufle donne des bulles de gaz hydrogène;
•phpfphoré qui s’allument l'pontanement àTair, y
forment la couronne blanche caraCtériftique^de là
combuftion, &' il ne diffère de celui qu’on obtient
en traitant le phofphore avec la chaux ou la fonde,
que parce qu’il eft mêlé de gaz ammoniac. Le rendu
de cette expérience eft de l’acide phofphorique
pur.
La caufe de ces phénomènes, fi différens de ce
qui a lieu dans le traitement des autres phofpkites
par le feu, eft toute entière dans la volatilité de
l'ammoniaque, & dans fon peu d'adhérence à l'acide
phofphoreux dont le calorique le dégage. Cet
alcali s'élève en vapeur en même terris que le phofphore
& l'eau du phofphite ammoniacal. Ces trois
corps réagiffeni l’un fur l'autre ; le phofphore,
aidé par l'ammoniaque, décompofe l’eau, s'unit
en partie à fon oxigène, & en partie à fon hydrogène
: c’eft cette dernière combinaifon qui produit
le gaz fpontanément inflammable dont cette inté-
reffante expérience eft accompagnée. Il fe forme
dans l'air du phofphate d'ammoniaque,qui donne,
en fe'Condenfant, le fpe&acle curieux de ces couronnes
fiKcédant à l’inflammation de chaque bible,
& qui font plus prononcées & plus fortes encore
que celles qui paroiftent dans la déflagration du
gaz hydrogène phofphoré fimple, parce qu'elles
font dues à du phofpbate d'ammoniaque, plus
condenfable que de l'acide phofphorique produit
de la combuftion du gaz hydrogène phofphoré
fimple.
Le phofphite dsammoniaque eft légèrement deli-
quefeent, & fe ramollit ou s'humeCte dans l air
fans s’y fondre cependant ni y devenir liquide.
Sa difTolubilité dans l'eau eft fi marquée, qu'il
ne demande que deux parties de ce liquide à dix
degrés pour fe diffondre. Elle croît d’ailleurs avec
la température de l’eau en telle forte, que la dif-
folution fe criftailife par le refroidUTement. Qu^nd
onia fait évaporer, le fel eft fujet à s’élever (olicie
fur les parois des évaporatoires , ou à grimper,
comme on lé dit communément dans i’hiitoire de
la criftallifation.
Le phofphite d’ammoniaque , outre la propriété
qu'il a de donner du phofphore quand on le chauffe
avec le charbon, & celle d'être décompnfé par
les acides, a de pius pour caractère fpécifique de
l'être par la chaux, la baryte, la ftrontiané , la
potaffe & la foude', qui en dégagent l’ammoniaque
& s’emparent de fon acide. La magnéfie ne le dé-
compofe qu’en partie, & forme, avec celle qu'il
ne décompofe pas, un phofphite triple dont on va
dire un mot dans l’efpèce fui vante. Il s’unit aitfli
immédiatement a ver le phcfphite de magnéfie, qui
le porte au même état de fe.) triple. -
Les trois tompofans de ce fel font dans les rapports
fuivans :
Ammoniaque.. . . . . . . . . . . . . .V . .. y 1
Acide phofphoreux.......... .................... 26
Eau....... . . . . . ................é ............. 23
On n’a point employé encore le phofphite d’ammoniaque
, 8c ce n’ eft j.ufqu'ici qu’un objet de
curiofité.
Phosphite
Phosphite ammoniaco-magnésien. On n’a
prefque point étudié encore les propriétés de ce
fel triple , mais on fait qu’il exifte comme tous.les
autres fels ammoniaco-magnéfiens. On le prépare,
foie en décompofant en partie 1 e phofphite d'ammoniaque
par la magnéfie , foit en mêlant les dif-
folutions des deux phofpkites enfemble. Le phofphite
triple fe dépofe affez promptement fi ces
difTolutions font affez concentrées ; il eft très-peu
foluble , criftallifable , & préfente en partie les
propriétés de chacun des deux fels qui le com-
pofent. Il n'eft décompofé complètement que par
les acides forts, la chaux, la baryte & la ftron-
tiane.
Phosphite d' antimoine. Il n'a encore été ni
préparé ni examiné. '
Phosphite d’argent. Inconnu comme le précédent.
Phosphite d’arsenic. On ignore encore les
propriétés de ce fel. On fait feulement que les
phofphites alcalins, chauffés avec l’arfenic, donnent
un peu de phofphure d’arfenic.
Phosphite de b a r y t e . Ce fel n’a encore été
que peu examiné par M. Vauquelin & moi.
Il eft en poudre blanche infipide. On ne le connoît
pas dans la nature.
On le fait directement en unifiant la baryte avec
Tacide phofphoreux, ou en précipitant les phof
phites folubles, autres que le calcaire, par la dif-
folution de baryte. Ce fécond procédé eft préférable
au premier, parce qu’il donne le fel pur>
tandis que par l’union immédiate de la bafe foiide
& de l ’acide on peut en avoir fin avec excès de
baryte ou un acidulé. Il eft vrai qu’on peut éviter
le premier inconvénient en précipitant fimple-
ment une dilTolution de baryte avec de l’acide
phofphoreux : le fe l, bien peu foluble , fe dépofe
à mefure qu’il fe forme ; trop d’acide le rend dif-
; foluble..
Le phofphite de baryte fe fond au chalumeau en
un globule qui eft bientôt entouré d’une lumière
fi éclatante, que l’oeil en eft bleffé. Le verre qu’il
donne devient blanc-opaque en refroidifiànt.
Il eft parfaitement inaltérable à l’air.
Quoique le phofphite de baryte foit peu foluble,
il l ’eft cependant plus que celui de chaux ; il le
devient bien davantage par l’addition de l’acide
phofphoreux , qui le convertit en acidulé.
Inaltérable par les combuftibles, il eft décompofé
par un grand nombre d’acides. L’acide phofphoreux
y adhère affez pour le rendre beaucoup
plus diffoluble qu’il ne l’eft , & pour le faire crif-
tallife r en prifmes aiguillés fins, d’une forme indéterminable.
Ce phofphite acidulé peut être regardé
comme une variété du phofphite de baryte. ■
Parmi les bafes, la chaux feule le décompofe.
Chimie, Tome V.
& l’eau de chaux, verfée dans fa di (Toi ut ion, quelque
petite que foit la quantité de phofphite de baryte
qu’elle contient, y forme un précipité de phofphite
de chaux encore moins foluble que lui. Toutes les
autres bafes alcalines ou terreùfes enlèvent l ’excès
d’acide phofphoreux au phofphite acidulé de baryte,
& le font paffer à l’état de phofphite neutre.
Cent parties de phofphite de baryte contiennent,
d’après le refultat comparé des différens procédés
de décompofîtion :
B a r y t e . . . . . . . . . . . .................................. fi,J
Acide phofphoreux.................................41,7
Eau........................................ 7
Lt phofphite de baryte, dans l'état neutre ou dans
l’état acidulé, n'eft encore d’aucun ufage.
Phosphite de bismuth. Encore inconnu.
Phosphite de cérium. Tout-à-fait ignoré.
Phosphite de chaux. Le phofphite de chaux a
été inconnu jufqu'ici, & n'a point de fynonymes
dans le langage de la fcience. On le confond avec
le phofphate calcaire.
Il eft en pouftière blanche infipide quand il eft
bien neutre , & en petits prifmes ou en aiguilles
de forme indéterminée lorfqu il contient un excès
d'acide. Ces derniers criftaux font aigrelets &
durs. On ne le connoît pas dans la nature.
Ori le forme en unifiant directement la chaux à
l’acide phofphoreux : il fe précipite au fVnd de
celui-ci quand on le fature; il fe rediffoüt quand
on met un excès d’acide. On fait criftailifer ce
phofphite acide de chaux en évaporant fa diffo-
lution.
Le phofphite de chaux donne un peu de phofphore
quand on le chauffe, ou une lueur & une
vapeur phofphoriques, & devient phofphate. Son
globule obtenu par le chalumeau eft tranfparent;
celui dé Tacidule l'eft encore, & on l’obtient plus
facilement qu’avec le phofphite neutre.
Il efi inaltérable par le conta# de l’air.
L’eau ne diffout pas fenfiblement le phofphite
neutre : l’acidule s’y diffout un peu, & donne fes
criftaux par une évaporation ménagée.
Aux caradtères énoncés dans le genre, le phofphite
de chaux joint ceux d’être indécompofable
par toutes les bafes, d’être fufeeptibie d’adhérer
à l’acide phofphoreux, & de former* un acidulé
dont l’excès d'acide eft facilement-enlevé par les
terres & les alcalis. Le phofphite de chaux neutre
eft diffoluble, même dans des acides qui ne le
décompofent pas.
Les proportions de fes principes font :
Chaux...........................................................
Acide phofphoreux....................................
E a u . .........-----1 ƒ
Le phofphite de chaux n’eft d’aucun ufage.
Q 0 o