
traité avec l’acide nitrique porté à l'ébullition, &
celui qui eft produit par la diffolution du fulfure
d'antimoine dans l’acide nitro-muriatique, ces
cxidis contenant réellement 50 d’oxigène fur 100j
mais il a fenti que, fi les changemens de couleur
font des indices de compofition différente pour
les chimiftes qui n'admettent pas de prétendues
modifications fans addition ni fouftra&ion de matière
, ces changemens peuvent aulli être le produit
d'un mélange fans nouvelle compofition. C’eft
pour cela qu'il a cherché, comme nous le verrons,
a appuyer cette diftinétion d‘oxides fur les analyfes
des combinaifons dans lefquelles ils ne peuvent entrer
que dans le même état, & paffer à un autre
degré fans laiffer des traces d'une altération fen-
fible.
„ Nous nous étendrons peu fur les confequen-
ces pratiques que ces faits bien établis pourront
introduire dans la préparation de quelques-uns des
médicamens les plus importans s elles fe préfentent
naturellement. Celles fur le kermès & le tartre
émétique paroîtront furtout mériter attention.
» Si le premier eft auffi fufceptible de fe fur-
compofer par le contaéi de l'air, on ne fera plus
étonné de le voir aulfi inégal dans fes effets : on
prendra les précautions néceffaires pour lui con- ,
(ejver toute fon efficacité.
» Si c’eft toujours l’oxide blanc d’antimoine, ou
à 10 pour 100 d'oxigène, qui entre dans les com-
pofitions de tartres émétiques , il n’y a plus de
motifs de préférer, pour leur préparation, Y oxide
que l’on retire à plus grands frais du beurre d'antimoine.
On fait cependant que l’aâion de ce remède
varie au point qu'il faut quelquefois en
doubler la dofe pour obtenir les mêmes effets : il
n'y auroit rien d'étonnant fi l'on faifoit porter cette
comparaifon fur ces mélanges greffiers, ramaffés
dans les rebuts des grandes fabriques, dont M. De-
machy nous a avertis depuis long-tems que ladif-
tribution fe faifoit dans les campagnes par des colporteurs
s mais on obferve encore une grande inégalité
d'énergie dans les émétiques fortis des
meilleures pharmacies. Seroit-ce donc que l'on
néglige trop fouvent de porter ce fel i l'état-de
cryflaux ,qui peut feul donner quelque garantie de
fa pureté, ou bien eft-ce la portion d’acide muriatique
que retient la poudre d'Algaroth, qui
donne aux préparations dans lefquelles on l’emploie,
une aéfion plus forte fur l'économie animale
, comme le croitM. Thénard ? Cesqueflions
font d’un grand intérêt pour tous les médecins
éclairés, qui, depuis bien des années, forment
le voeu d’avoir enfin un émétique d'une prépara-
. tion uniforme , d'un effet égal & fûr. » .
Tel étoit, il y a fix ans, l'état du travail de
M. Thénard : de nouvelles expériences l'ont forcé
depuis de modifier fes idées fur les oxides d’anti-
■ moine, & voici la note qu'il a bien voulu me remettre
lui-même fur cette matière, en avril 1807.
« 11 exiffe quatre oxides blancs d3antimoine, dit
M. Thénard dans cette note : le plus oxigéné eft
celui qu’on obtient en traitant l'antimoine par le
nitre, & en enlevant enfuite.par l'acide nitrique
là potaffe qui refte combinée avec lui.
»-Cet'oxide eft furtout remarquable par la propriété
qu’il a de ne pouvoir fe réduire par la chaleur
, d’être fixe, de ne fe diffoudre qu'avec peine
dans l'acide muriatique , en donnant de l’acide
muriatique oxigéné.
. » Le fécond eft celui qu’on obtient en diflbl-
vant l’antimoine dans l’acide nitro-muriatique :
celui-là fe réduit facilement par le fe u , & n'eft
I pas volatil.
» Le troifième s’obtient par la calcination de
l'antimoine avec le contaéi: de l’air : celui-là fe fu-
blime facilement & fe réduit aifément en vaifleaux
c'os. L * oxide que contient le beurre d’antimoine
eft de cette narure.
»> Le quatrième exifte dans l’émétique ; il eft;
moins oxigéné que le précédent. Quand on le projette
dans un creufet rouge, an lieu de fe fondre
& de fe fublimer comme le précédent, il noircit.
» Je ne crois pas qu’il exifte des oxides rouges Üc
orangés d’antimoine : fi j’en ai obtenu, cela tient
à ce que l’antimoine dont je me fuis fervi, conte-
noit du foufre ou du plomb.
» Quoi qu’il en foit, il eft probable que Yoxide
d'antimoine dans le kermès & le foufre doré eft
encore moins oxigéné que dans Fémetique ; car,
lorfqu’on traite le verre d’antimoine , qui eft de
l ‘oxide peu oxidé & fulfuré, par la crème de tartre,
on obtient du kermès & de l’émétique} il faut
donc qu’il y ait décompofition d’eau : or l’oxigène
de l’eau décompofée fe porte fur une partie de
Yoxide du verre d’antimoine, qui s’unit alors à
l’acide tartareux pour former le tartrite métallique
, tandis que l’hydrogène fe combine avec le
foufre & une autre portion de Yoxide du verre pour
former le kermès.
» Dans tous les cas il y a donc au moins quatre
oxides d antimoine. »
Ce qui eftconfigni dans le Mémoire de M. Cluzel
, relativement au kermès & au foufre doré,
eftexaét * tomes les expériences ont été faites fous
mes yeux au collège de France.
O x i d e d ’ a n t im o i n e a l c a l i n . Quelques
chimiftes ont donné ce nom à l’elpèce d oxide à
0,5a d’oxigène, obtenu de li détonation du nitre
par l’antimoine, & qui contient de la potafle avec
laquelle il eft en partie uni. C ’eft l ’antimoine diaphorétique
non lavé ; c’eft encore mieux la portion
de cet oxide faturé de potaffe, & enlevé par
l’eau au réfidu de la détonation dont il vient d’être
parlé. On l’a traité aux mots A n t im o i n e & A n -
TIMON1TE DE PO TASSE . ( Foye^ces mots.)
O x i d e d ’ a n t im o i n e b l a n c p a r l e n i t r e :
c’eft l’antimoine diaphorétique , nommé ainfi par
j Jes anciens chimiftes, parce qu’ils l’ont propofé
comme
comme remède portant à la peau, & excitant la
tranfpiration ou diaphorèfe : il provient de la détonation
du métal ou de fon fulfure avec le nitre ,
dont l’acide brûle complètement l’antimoiRe. Il
eft oxidé au maximum. Pour l’avoir pur, on lave le
produit de cette détonation afin d’enlever l’alcali
du nitre ou la potaffe, qui entraîne avec elle une
petite portion de Yoxide : on le nommoit dans ce
cas antimoine diaphorétique lavé. C ’eft la méthode
la plus fûre & la plus prompte de préparer Yoxide
d'antimoine au maximum. {Foye^ les articles A N TIMOINE
, A n t im o n i t e d e p o t a s s e , O x id e s
d ’a n t im o i n e 6* S u l f u r e d ’ a n t im o i n e )
O x i d e d ’ a n t im o i n e b l a n c s u b l im é : c’eft
le nom qui diftingue l’efpèce d’oxide d’antimoine
obtenu en criftaux blancs aiguillés & brillans dans
le haut des creufets où l’on chauffe fortement l’antimoine
avec plus ou moins de contaéï de l’air. On
le nommoit autrefois fl eurs argentines de régule d'antimoine
, à caufe de la légéreté & de la couleur
blanche éclatante de Yoxide ainfi obtenu par h
fublimation dn métal opérée au moment de la com-
buftion. ( Foye^ji' ailleurs les articles ANTIMOINE
& O x i d e s d ’ a n t im o i n e . )
O x i d e d ’ .a n t im o i n é p a r l ’ a c i d e n i t r i q u e ^
Il eft de la même nature que celui qui eft fait par
le nitre. On fait que l’antimoine décompofe avec
tant de rapidité & de violence l’acide nitrique,
qu’il femble-être prêt à s’enflammer par le contaéi
de cet acide concentré, qu’il fe brûle & fe convertit
en un oxide blanc dans lequel des chimiftes
modernes admettent 0,32 d’oxigène. On a cru
autrefois cet oxide irréduétible. ( Foye£ l'article
O x id e s d ’ a n t i m o i n e . )
O x i d e d ’ a n t im o i n e p a r l ’a c t d e m u r i a t
i q u e . Quelques chimiftes défignent par cette
dénomination l’efpèce d'oxide d'antimoine blanc, à
0,20 d’oxigène^que donne le beurre d’antimoine
ou lé muriate d’antimoine fublimé, lorfqu’on le
verfe dans l’eau. Cette dénomination eft fauflè ,
parce que ce précipité, au lieu d’être un véritable
oxide, retient de l’acide muriatique , &’ n’eft que
du muriate d’antimoine avec un excès d'oxide.
( Foyei les articles A N T IM O IN E & POUDRE
d ’A l g a r o t h . )
O x i d e d ’ a n t im o i n e p a r l e s a c i d e s m u r
i a t i q u e e t n i t r i q u e . OrT nommoit autrefois
cette préparation bé^oard minéral, 8z ce nom qui
ne difoit rien fur fa nature , tenoit aux idées alchimiques,
appliquées à la médecine & à la pharmacie.
En 1787, lors de la rédaction de la nomenclature
méthodique, on y a fubftitué celle qui
fait le fujet de cet article. Cette préparation con-
fiftoit à traiter trois fois de fuite par l’acide nitrique,
le beurre ou le muriate d’antimoine fublimé
obtenu de la décompofition du muriatè de mercure
Chimie. Tome |p
dfcigérié p a r l ’an tim o in e : Yoxide le fu r o x ig é n o i i
ju fq u ’ à 0 ,3 2 , o u le c a lc in o it fo r t em e n t d ans un
c r e u fe t . I l e ft é v id e n t q u e l’ on o b t e n o i t ainfi un
oxide d ’ an t im o in e fem b la b le à c e lu i q u i e ft formé
p a r l ’ a c id e n it r iq u e o u pa r l e n i t r e . Il y a lo n g -
tem s q u ’ o n n ’ em p lo ie p lu s c e t t e p r é p a ra tio n e n
m é d e c i n e . ( Fôyeç les articles A n t i m o i n e , O .x i d e
d ’ a n t im o i n e & S u l f u r e d ’ a n t i m o i n e . )
O x i d e d ’a n t im o i n e s u l f u r é : c’ eft une dénomination
générale qui appartient aux compofés
affez nombreux d'oxide d'antimoine & de foufre ou
d hydrogéné fulfuré. ( Foyeç les articles qui fui-
vent. )
O x id e d ’ a n t im o i n e s u l f u r é g r i s . O n
nomme ainfi la préparation défignée autrefois par
le nom de chaux grife d'antimoine. Elle fert à obtenir
le verre d'antimoine ou Yoxide fulfuré vitreux
par la fonte. ( Foye% les articles A n t im o i n e
ô* S u l f u r é d ’ a n t ixMo i n e . )
O x i d e d ’ a n t im o i n e s u l f u r é o r a n g é : dénomination
méthodique de ce qu’on, nommoit autre
fols foufre doré. ( Foye1 l'article fuivant. )
O x i d e d ’ a n t im o i n e s u l f u r é r o u g e . Quoique
ce foit par cette dénomination affez longue
qu’on ait défîgnéles préparations chimiques, connues
en pharmacie & en médecine fous les noms
de foufré doré & de kermès minéral, à caufe de la
couleur de ce dernier, analogue à celle de l’in-
feéle appelé kermès, on pourroit les caraélérifer
davantage en les nommant oxides hydrofulfurés.
Pour compléter l’hiffoiredeces produits finguüers^
dont il a déjà été parlé aux articles Antimoine &
K e r m è s , j’inférerai ici le dernier travail fait fur
cette matière par M. Cluzel le-neveii, & préfenté
par fon auteur à la Société de pharmacie de Paris ,
qui l’a adopté Sc couronné en mars 1807. Ces re-
cherches , dont M. Thénard a éré témoin, ont
été faites avec beaucoup de foin d.;ns les laboratoires
du collège de France.
«Parmi les nombreux produits fournis par la chimie
à l’art de guérir,diti’auteur du Mémoire, ilen
eft peu qui aient donné lie u à plus de recherches, que
le kermès : tout en effet intéreffoicdansce fin/uiier
corps, fon origine, les diffentions & le procès fameux
auquel fa découverte donna lieu, fon application
heureufe à la médecine, fes effets prc fque miraculeux,
fa théorie fi long-tems ignorée, mais
beaucoup mieux connue dans ces derniers tems
Si furtout fa préparation fi incertaine, fi variée dans
fes résultats; tout devoir fixer furlui Inattention dts
chimiftes : auffi tous s’en font plus ou moins occupés,
& fans les rappeler ici ou fait le nombre
infini de travaux qu’ils ont faits fur ce corps/devenu
aujourd'hui l’un de nos meilleurs médicamens.
Cependant, malgré tant de recherches ,
& quoiqu’on ait employé des procédés fi variés ,
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