
rapproche beaucoup plus que la ftruéture de celle
des poils.
Au feu elles fe fondent, bruniffent, fe boursouflent,
fument & exhalent une odeur fétide très-
forte & antifpafmodique : elles finiffent par prendre
une flamme brillante, manifeftement huileufe 5
elles fe réduifent en une cendre brune ou noire,
légère, difficile à calciner, peufaline, contenant
du phofphate.de chaux & du phofphate de fer.
Diftillées à la cornue, les plumes donnent une eau
fétide, une huile épaiffe, brune, prefque concrète
j du carbonate, du pruftute d’ammoniaque,
& un gaz hydrogène carburé, fulfuré & huileux.
L’eau bouillante ramollit les plumet fans les dif-
foudre, & j’ai à tort annoncé, pendant plufieurs
années , qu’elles formoient de la gelée par l’ébullition
dans l’eau 5 elles font formées en grande
partie de matière muqueufe animale, femblable à
celle qui caraétérife l’humeur répandue fur les
membranes muqueufes, & qui entre dans la com-
pofîtion des poils, des ongles, de la corne, de
î’épiderme.
On fe fert des plumes pour faire revenir les personnes
vaporeufes qui fe trouvent mal, & pour
calmer les mouvemens défor.donnés des nerfs. On
les préfente enflammées, ou bien chaudes & fumantes
comme la corne, fous le nez de ces personnes
, & on les voit Souvent revenir & reprendre
la connoiffance par l’aâion rapide de ce remède :
aufli pourroit-on les employer utilement pour extraire
& préparer l’huile animale de Dippel. ( Voye%
ces mots. )
Comme matières animales d’une forme élégante
& légère, les plumes fervent d'ornement.
O11 les blanchit, on les frife, on les teint de toutes
les manières. ( V o y . les art. C o r p s m u q u e u x
AN IM A L dans le Su p p lém en t, & les a rticles CH E V
E U X , L a i n e , O n g l e s , P o i l s & S o i e . )
POILS. Les p o ils font des corps cornés, plus ou
moins alongés, tranfparens, qui garniffent l'extérieur
de la peau des animaux mammifères;
Dans l’homme ils ne font, & bien prononcés &
réunis en quantité confidérable, que dans quelques
régions, furtout les aiffelles, le pubis, la
ligne blanche, le devant de la poitrine, la région
des omoplates, les cuiffes & les jambes, le dos
des mains, une partie de la face, du menton &
du haut du cou. Il exifte quelques individus chez
lefquels le corps eft velu dans prefque toute fa
furface ; mais ils font en général affez rares. La
plante des pieds, la paume des mains, la partie
rofe des lèvres, fa furface du prépuce & du gland,
, & en général toutes les parties couvertes.de Y epithelium
, font les feules qui foient conftamment
privées de poils. Ils font difpofés d’une manière
régulière dans quelques parties, courbés en arc
dans les fourcils , courbés & faillans dans les cils,
roides & en petits pinceaux dans les narines, où
on les appelle vibices ,* hériffés & en bouquets
dans la conque des oreilles, tournés en beaucoup
de directions diverfes au menton, frifes &: courts
au pubis, aux aiffelles, &c.
Les cheveux ou les- longs poils qui garniffent le
crâne de l’homme, étant l’efpèce de poils qui a
été la plus examinée, & ces corps ayant donné
lieu à des recherches importantes depuis 1806 &
1807, je crois devoir ajouter ici de nouveaux détails
aux généralités qui rempliflent l’article C hev
e u x de ce Dictionnaire.
Les cheveux, deflinés à couvrir le front, les
oreilles, la nuque, le cou & le dos lorfqu’on les
laiffe croître, font, comme là barbe , l’ornement
naturel de l’homme, & une défenfe contre, la
pluie, l’ardeur du foleil, les infeCtes, les chutes
& les chocs, le froid, &c. Les cheveux n’ont pas
la même ftruCture apparente que les poils des autres
régions du corps, quoiqu’ils foient de la même
nature. Beaucoup plus touffus & droits, ils s’a-
longent bien davantage, & n’ont pas de véritable
terme dans leur croiffance. Les hommes diffèrent
entr’eux par la .nature de leurs cheveux -, & leurs
races font caraCtérifées'par des cheveux longs îk
droits, courts & frifés ou crépus, doux ou roides,
alongés, &c.
La couleur des cheveux & des poils fait anffi
une des différences les plus remarquables 5 elle
varie dans les pays, les latitudes, les climats, les
températures, l’âge & le fexe. Le foetus humain
les a fouyent blancs j ils reftent tels dans les pays
froids : dans les plus rigoureux cèpendant, & vers
les pôles, ils font bruns. Au cinquantième degré
de latitude, fuivant la remarque de Haller, les.
cheveux roux étoient autrefois les plus fréquens.
Plus les climats font chauds , plus les cheveux &
les poils fe rapprochent du noir. Les Albinos font
exception à cette règle, & ont reçu ce nom à
caufe de leur peau blafarde & de leurs cheveux
d’un blanc de lait. On dit communément quelles
tempéramens froids & flegmatiques, qui regorgent
de fucs blancs, font caraêtérifés par des cheveux
très-blonds j que le colérique produit les^
cheveux roux, & le fanguin les noirs. Quel que
fojt le climat, les cheveux blanchiffent conftamment
chez les vieillards, & deviennent trànfpa-
rens par la féchereffe de leur centre. On dit encore
communément que le chagrin change & blanchit
les cheveux j mais la plupart des phyfiologifles
nient la certitude de cet événement. Quelques
maladies produifent cet effet. Dans plufieurs'animaux,
les lièvres & les lapins furtout, l’hiver
blanchit les poils> & particuliérement vers leur
pointe. On a. eftimé le diamètre des^ cheveux entre
300 & 700 pouce. Withof a compté cinq cent
loixante-douze poils noirs dais un efpace d’un
pouce, fix cent huit bruns, & fept cent quatre-
vingt-dix pâles ; de forte que les blonds paffent
pour être les plus ténus.
Les poils & les cheveux ont une ftruêture très-
remarquable, & que plufieurs anatomiftes, fpécialement
Malpighi, Ledermuller, Withof, Chirac
& Haller, ont très-bien décrite. Sous le derme &
au milieu de là graiffe qui diftend le tiffu cellulaire,
fe trouvent plongés-, au fein de cette graiffe
cutanée qui paroît être leur véritable fiége , des
bulbes ovales, aplaties, rougeâtres , formées
d’une tunique dure , élaftique, extérieure, arro-
fée de vaiflèaux fanguins. L’intérieur de cette enveloppe
externe , dure & facile à couper en petites
lames, & d’où fort un liquide fanguin plus
ou moins vifqueux quand on l'ouvre ou quand on
le perce, contient une bulbe plus petite, cylindrique
, alongée, dure & blanche. La bafe du
poil eft renfermée dans cette bulbe intérieure : le
poil y eft plus fin, plus mou que dans fa partie
extérieure j il fort des bulbes, recouvert de deux
enveloppes fournies par la membrane de l’une &
de l’autre bulbe. Arrivé au pote de la peau qu il
traverfe, il quitte fon enveloppe extérieure , &
ne garde que l’intérieure. En paffant fous 1 épiderme
immédiatement, il fou lève & pouffe devant
lui cette membrane qui l’entoure, & lui
fournit ainfi une fécondé enveloppe extérieure :
cette fécondé tunique adhère beaucoup a la tunique
propre , que le poil emprunte de la bulbe intérieure}
elle eft tranfparente, dure & cornée.
Quand on coupe cette tunique épidermoïde, on
trouve le tiffu intérieur du poil compofé de cinq
à dix filamens liés entr’eux par un tiffu muqueux
& collant : ce tiffu intérieur & central du poil eft
épais comme dans la bulbe elle-même} il fe rétrécit
& difparoît par le defféchement.
A cette ftruéture décrite par les anatomiftes , &
furtout par l’illuftre Haller, j’ajouterai que l’enveloppe
extérieure paroît former fouvent des
écailles détachées de la furface du poil, vers le
haut de chacune d’elles, comme de petits rameaux
qui s’en fépareroient, & que c’ eft pour cela qu en
frottant un cheveu entre deux doigts il s’élève
toujours comme un épi dans la direction de fa bafe
à fa pointeyen forte qu’en paflant cet organe délicat
entre fes doigts & en le roulant , on recon-
noît bien facilement la bafe de fa pointe , en
ce qu’il marche toujours dans le fens de cette dernière,
c’eft-à-dire, qu’il defcend fi la pointe eft
placée en bas, & qu’il monte.fi fa pointe eft fituée
en haut. C ’eft par cette ftru&ure, qui tient lieu
de ramifications & repréfente comme des branches
très-courtes, que M. Monge a expliqué le
feutrage qu’éprouvent les poils par le feui frottement
ou la percuflion qu’on leur imprime : ces
petits filamens s’engagent dans leurs coches réciproques,
& s’accrochent ainfi folidement en fe
ferrant les uns contre les autres. On conçoit aufli,
d’après la ftruéture indiquée, que les poils & -les
cheveux, vus au microfcope , doivent préfenter
des efpèces de cylindres ou bâtons tranfparens &
folides comme de l’écaille bu de la corne } que
lorfqu’on les coupe & qu’on en confidère une fec-
tion horizontale , ou perpendiculaire à fon axe ,
ils doivent montrer une efpèce de moelle à leur
centre ; que ce tiffu médullaire centrai, provenant
de la bulbe intérieure , doit, en fe defiechant,
laiffer tranfparentés & fèches les membranes feules
, & donner la blancheur des cheveux } que
lorfqu’ils commencent à fefecher, ils doivent fe
fendre' à leur extrémité, & que c’eft pour cela
qu’on les trouve fouvent bifurqués. On conçoit
encore qu’en raifon de leur double enveloppe &c
du centre médullaire & filamenteux qu’ils contiennent,
les cheveux doivent avoir une certaine
force, & foutenir des poids quelconques fans fe
ropipre.
On peut encore reprgfenter les poils & les cheveux
comme des tubesfcreux ou des canaux communiquant
immédiatement avec le tiffu cellulaire,
pouvant verfer dans l’atmofphère un liquide vaporeux
ou fufceptible de s’y diffoudre, & formant
un ëmonètoire particulier : ils font fufceptibles
d’arrêter le fluide électrique & d’ifoler les corps,
qu’ils recouvrent comme le fait la foie} iis joiuf-
fenc, comme beaucoup de tiffus animaux , de la
propriété hygrométrique dans un degré fi marqué,
qu’on s’en fert pour conftruire des hygromètres
préférables à tous les autres. C ’eft pour
cela que les cheveux perdent fi vite la frifüre par
le contaCt de l’eau, de la rofée ou des brouillards.
Les cheveux fe deffèchent, tombent dans les maladies
: leurs bulbes font fouvent détruites par les
dégénérefcences & l’exulcération du tiffu cellulaire
} ils fe gonflent, deviennent douloureux,
quoiqu’infenfibles dans leur tiflu propre , par l’effet
du plica polonica. Leur diamètre , augmenté
dans cette dernière affVCtion , permet au fan g de
fortir par leur extrémité', & ,c’eft ainfi qu’il faut
concevoir les gouttes de fan g ou les hémorragies
qui fuivent la feftion des cheveux dans cette terrible
maladie. Enfin, les poils & les cheveux re-
- çoivent une influence telle des corps extérieurs ,
que les ouvriers qui travaillent le cuivre les ont
colorés en vert par les particules d’oxide de ce
métal, même dans leur intérieur, & -non pas feulement
dans la couche externe.
Après avoir décrit la ftruêfcure & lès propriétés
phyfiques des poils, il faut s’occuper de l’examen
de leurs propriétés chimiques. On n’avoit autrefois
effayé l’analyfe de ces corps que par l’action
du feu. Neumann, emtraitant une livre de cheveux
à la cornue , en avoit obtenu cinq onces fix
gros d’efprit urineux, deux onces un grôs de fël
volatil concret, trois onces fix gros d’huile, quatre
onces trois gros de caput mortuum , contenant
vingt-un grains de fel. Mais malgré cette-êfpèce
-de répartition des produits de feize onces de cheveux
diftillés par Neumann, il eft évident que Ion
analyfe n’étoit rien moins qu’exaéte , puifqh’il
avait entièrement négligé les fl ;ides élafliques
qui fe dégagent abondamment des cheveux diuil-
lés , & dont il n’avoit tenu aucun compte j &
puisqu’il avoit retrouvé le poids total, on ne peut