6 5 8 P L O
manche , des fourneaux écoffais, des fourneaux
de réverbère.
Le traitement -de la galène dans les hauts four*
neaux & dans ks fourneaux à manche exige des;
opérations multipliées* à -caufe de la matre que
l’on obtient à chaque coulée, & qui doit être
repafièe à plufieurs fois dans les mêmes fourneaux.
On y conlume une quantité considérable de
charbon , & l’on ne retire que la moitié ou les
deux tiers du plomb contenu : le refteeft entraîné,
une partie fous l’état d’oxide de plomb y dans les
fcories ; l’autre partie eft vaporifée fous l'état de
fulfate de plomb.
De ces quatre manières de traiter les galènes *
Je s deux méthodes les plus économiques érant celle
du fourneau écoffais 8c celle du fourneau de réverbère
> nous nous contenterons de faire connaître
ces deux méthodes, fit, pour en donner des
détails pofitifs , nous décrirons le travail que l’on
exécute à l'ÊcoIe-pratique des Mines.de Pefey,
dans ces deux fortes de fourneaux.
f)k traitement de la galène dans U fourneau ccojfais.
Le fourneau écoffais eft un des plus intéreffans
que l’ on puiffe trouver pour le traitement des mi- |
nerais de plomb; il réunit le triple avantage de pou- \
voir être eonftruit à très-peu de frais , de pouvoir j
être conduit par des ouvriers peu inftruits., & de j
donner un très-grand produit en plomb. C ’eft, de j
tous ceux qui exiftent, celui que l’on doit établir j
le premier dans un établiffement qui commence 5 1
ckrft celui qui doit affurer les premiers fuccès.
On traite la galène dans fe| fourneaux écoffais
fous deux états différens, crue & grillée. On fait
ufage, pour combuftible, de bois, de charbon de
bois* de tourbe, fit enfin de houille.
On traite en Angleterre la galène crue avec de
b houille & avec un mélange de bois fie de
tourbe MÆ On traitoit à Modène la galène crue
avec du charbon de bois } on traite à Pefey la galène
grillée avec du charbon de bois. Nous parlerons
exclufivement du travail de Pefey dans l'article
fui vaut.
Le grillage de îa galène s'exécute dans des aires
murées ï le minéral concaffé ou réduit en fthlicbt
eft placé fur une couche de bois recouverte de
charbon. Le fcblicht eft mélangé de pouffière de
charbon, & imbibé d’eau de chaux : on en forme
deux couches que l’on fépare par une légère couche
de charbon , puis on met le fou à la- couche de
bois. Le feu gagne de proche en proche le minerai
fe grille., une partie du foufre fe vaporife,
fie au bout de cinq à lix femaines , lorfque tout le
combuftible eft bruié, on iepare du minerai , 1 k
(%) Voyage métallurgique de Jars é? Duhxcmei , toine XII * •çag. $34 & faix».
P L O
plomb qui a coulé pendant le grillage ; 2.0. le miné*
| ral grillé, $°. le minéral non grillé; celui-ci eft
i rejeté fur du combuftible pour être grillé de nou-
iveau.
j Nous croyons devoir renvoyer à l’article Gril-
i lage tous les détails relatifs à cette opération,
i Le minéral grillé eft toujours un mélange de
fulfate de plomb , d’oxide de plomb 8c de fulfure
I de plomb j la moyenne d’un grand nombre d’ana-
| lyfos a donné 0,77 de fulfate , 0,14 d’oxide-, fit
f 0,07 de fulfure. Air.fi ce que l’on fe prnpofe dans
(' cette opération^ c’ t-ft de vaporifer le foufre du ,
[ fulfure, l'oxigène de l'oxide, St l’oxigène fit le |
S foufre du fui foie.
Pour y parvenir, on amène à l'état de fulfate
ces trois efpèces de plomb, foit par le mélangé
du fulfure avec l’oxide ou avec le fulfate, foit en j
défoxidanc une partie du fulfate pour en former
un fulfure, fie en mélangeant le fulfure 8c le fui-
fate pour former un fui fit e , car le foufre St 1 a-
cide fulfurique restent combinés avec le plomb a la
température qu’ils éprouvent dans les fourneaux,
tandis que l’ acide foifureux fe vaporife St le degage*.
Il fo ut, pour tra•i ter ,l a ganle ne au rfo urn' eau Ae coi,-
fais, trois ouvriers, comme pour l’oxlde de plomb:
le polie eft égal-.; ment de huit heures, fitlon craite j
dans ces huit heures quarante myriagrammes de j
minerai grillé.
Nous diviferons ce travail en deux époques :
l° . traitement du minerai, première époque > i°.
traitement des craffes, deuxième époque.
Du traitement du mineras
Lorfque le feu n'eft pas encore en aéh'vite , un !
van de charbon, pefant environ dix-huit kilogrammes
, fuffit pour échauffer le fourneau, 8c pou- |
voir eniuite procéder à la fonte. Cependant lorf- j
que l’on a des coulures des grillages, comme elles
ne demandent que très peu de chaleur pour être
traitées, on les fond à ce premier fou, 8t bientôt
le fourneau arrive au degré de température
convenable pour traiter le minerai grillé.
Le fourneau nétoyé & fuffifamment échauffé,
on y verfe un van de charbon, fit par-deffus les
crafles qui fur nageaient le bain de plomb dans le
travail précédent. On laiffe le charbon s’allumer
lentement fans donner de vent ; on nétoie la ri*
gole fit la plaque du fond avec uncifeau: lep/t?«*
des c rafles coule; i! tombe darjs la chaudière de
fer qui a été échauffée avec du bois, pour le recevoir
fie le maintenir liquide.
Cela foit, on ajoute un tiers de van de charbon
; on jette par-deffus, du côté de la tuyère,
trois conques de minerai, pefant chacune envi*'
ron quinze kilogrammes, & l'on dorme le vent.
La quantité moyenne de vent donné dans et
premier travail eft d’environ quatre-vingt-dix
pieds cubes dans une minutex fous une préfixe® de
P L O P L O
{oixante-cmq centimètres , à la température ordinaire
de huit à quinze degrés.
Le plomb cpule communément au bopt d'un
quart-d’heure, 8c , vingt-cinq minutes après avoir
mis la première charge, elle fe trouve defeendue
d’un tiers environ de la hauteur du fourneau: on
y ajoute alors un van de charbon, fie par-deffus-,
toujours du côté de la tuyère, trois conques de
ipinerai. On continue de la. même manière jufqu’â
ce que l’on ait chargé les quarante myriagrammes
de minerai, que l’on doit traiter dans un pofte.
L’intervalle entre chaque charge fucceffive eft
d» vingt à vingt cinq minutes. Les quarante myriagrammes
produifent ordinairement neuf à dix
charges ; ainfi il fout trois ou quatre heurts pour
paffer tout le minerai grillé,, 8c l’on confume quatre
vans de charbon, environ foixante-dix kilogrammes.
Pendant ce tems les ouvriers font occupés à né-
toyer la rigole afin de donner écoulement au plomb,
qui ne peut qu’éprouver du déchet en féjourhant
dans le fourneau ; ils font tomber fur la plaque de
fonte les morceaux de charbon 8c de minerai qui
relient à côté, fur la fin, fis fouièvent les matières
avec des ringards ; ils dégagent le fourneau en
faifant tomber à terre une portion des craffes. qui
n’éprouvent pas une allez haute température pour
fondre.
Sur la fin de la dernière charge on foulève encore
les matières par l’ouverture de la poitrine, &
on dégage le fourneau en faifant fortir à peu près
'une charge de craffes que l'on rejette par-deffus
un demi-van de charbon.
Alors les mat tes, c’eft-à-dire, le fulfure de.
plomb formé par la défoxidation du fulfate, commencent
à couler ; une partie très-liquide tombe
dans la chaudière, d’où on la retire en écü niant le
plomb ; l’autre partiè, moins fufible, eft prife’ avec
la palette à melure qu’elle paroit, pour être rejetée
fur le fourneau, où elle éprouve une efpèce
de liquation à l’ aide de laquelle elle laiffe couler
du plomb.
On.laiffe cette dernière chargé descendre juf-
qu’à la hauteur de la tuyère ; ce qui exige près de
trois quarts d’heure ou une heure. L’un des ouvriers
, armé d'un ringard , foulève al ors les craffes
fit les fait fortir du fourneau; le fécond, avec la
palette, empêche qu'elles ne tombent dans la chaudière
; il les.jette à terre, où elles font refroidies
par l’eau que le troifième jette deffus.
L’eau jetée fur ces mattes produit deux effets :
i u. elle préferve les ouvriers de l’aérien de la trop
grande chaleur ; i° . elle fe décompofe en partie
par le foufre des mattes, fif produit du fuifke qui
fe vaporife lorfqu’on i’expofe à une température
affez forte.
On obtient, par cette première opération , la
moitié environ du plomb que le minerai doit produire
; le refte, Celui qui eft mêlé dans les craffes.,
«ft plus difficile à retirer ; il exige une plus grande
j
chaleur; suffi a-t-on foin d'augmenter le vent dans
cette fécondé opération.
Traitement des premières erajfes.
Le fourneau étant dégagé & nétoyé, on y jette
environ un quart de van de charbon pour le remplir
jufqu’à la hauteur de la poitrine , fie par-deffus
environ la moitié ou le tiers des craffes que
l’on a retirées : on y jette auffi les mattes 8c les
impuretés qui fur. nagent le bain de plomb de la
chaudière 8c l’on coule celui-ci en lingots. On
obtient ordinairement cinq ou fix lingots de neuf
à dix que fourniffent en tout les quarante myriagrammes
de minerai grillé , traité au fourneau
écoffais.
Au bout d’une demi-heure, lorfque la première
charge eft defeendue convenablement, on ajoute
près d’un demi van de charbon, & l’on jette par-
deffus des craffes. Qiund ces dernières font trop
abondantes pour en faire une feule charge , on
en laiffe une partie, laquelle, jointe à d’anciennes1
craffes, fait une troifième charge, que l’on met
une demi-heure après fur un demi-van de charbon.
Toutes les charges fu i vantes , qui font au
nombre de crois ou quatre, fe font comme il
fuit. L’ouvrier, avec fon ringard , foulève les matières
, dégage le bas du fourneau, en en faifant
fortir-une partie dés craffes : ces dernières étant
refroidies avec de l’eau , on les r jette dans le
fourneau avec d’anciennesi^La- quantité de charbon
que l’on ajoute à chaque fois eft d’environ
un demi-van ; elle eft plus confidérable que pour
la fonte du minerai ; mais auffi , au lieu de trois
conques que l’on mettoit à chaque fois dans la.
fonte, on en met maintenant à peu près fix de
craffes, tant de celles que l’on a fait fortir par
l'ouverture de la poitrine pendant le travail, 8c
dont la quantité eft variable, que de celles qui
étoienc reliées d’un précédent travail.
Le travail des craffes produit plus de mattes1
que celui du minerai, parce.que cedemier-eft plus
en contait immé liât avec le charbon , & que le
fourneau eft élevé à une plus haute tempétarure.
Gette plus grande chaleur , quoique la proportion
de charbon foit moindre, eft produite, î®.
parce que la plus grande partie dés matières jetées
fur le fourneau eft déjà échuiffée ; i°. parce
que les matières font mélangées avec d’anciens
charbons:; $°. parce qu’elles ne fourniffent qu'une
petite quantité de plomb, tandis que, dans le traitement
du minerai, fl eoulo-it abondamment, &
s’emparoit de la chaleur à mefure qu’il fe dévelop-
poit ; 40. parce que le fourneau , étant alors très-
chaud , abforbe moins de chak ur 8c en laiffe davantage
aux craffes. Les mattes arrivent fur le devant
de la plaque du fond ; peu à peu elles fe couvrant
d'afpérites noires , qui proviennent d’un bour-
fouflement occafîonné pat un dégagement d’acide
fülfureux.
O o o o 2