
& fe fublime à la manière de celui qu*on obtient
en chauffant l’antimoine dans un creufet *ou-
vert ( i) . O r , puifqu’on obtient du kermès en
verfant de l’hydrogène fulfuré dans une diffo-
lution d’émétique, il eft bien probable que l’hydrogène
fulfure s’unit à Y oxide d'antimoine de
l’émétique fans changer fon état d’oxidation. On
conçoit qu’une portion de l’hydrogène pourroit
fe brûler aux dépens d’une portion de i'oxigène
de Y oxide j 8c conféquemment faire paffer cet oxide
à un degré inférieur d’oxigénation ; mais l’efprit
fe reftife à croire que l’attraétion de l’hydrogène
fulfure pour 1 oxide et antimoine au medium foit
aifez forte pour déterminer la décompofîtion de
1 eau : ce ne feroit pourtant que comme cela
qu on pourroit expliquer la formation du kermès
par l’hydrogène iulfuré, verfédans les diffolutions
de beurre d’antimoine & d’émétique , fi l’on ad-
mettoit que dans le kermès Y oxide d'antimoine eft
au medium d’oxigénation ; car on ne fauroit pen-
fer que, dans ce cas, loicide fe partage en deux
parties. >
-Àhifi, il paroît donc prouvé que l’antimoine
oans le kermès eft à un toible degré d’oxigénation,
& que Y oxide que j’en ai obtenu à J’aide de la po-
taffe, a été oxigéné en partie aux dépens de l’eau.
La potafie s’ eft emparée de l’hydrogène fulfuré du
kermès, & en même tems de fon foufre ; a formé
un hydrofulfure fulfuré , qui a dû décompofer
une portion d’eau , dont I’oxigène fe fera porté
en partie fur l’oxide d!antimoine, & aura ainfi élevé
fon degré d’oxidation. On voit que plufieurs forces
ont du déterminer cette décompofîtion d’eau,
1 attraChon du foufre pour l’hydrogène & la po-
taffe^fic celle de I’oxigène pour l’antimoine. Je
fuis d autant plus porté à croire que cela fe pafTe
ainiî, qu’ayant, dans un fécond effai, préparé du
kermès avec toutes les précautions ordinaires, &
fait lécher à une douce chaleur à l’abri du contaCt
de l’air, dans une très-petite cornue dont le bec
plongeoit dans l’eau, je remarquai qu’en le traitant
par la potaffe, il fut plus long à de venir blanc
que le piécédent j il paffa de fuite au jaune, mais
tut enfuite long-tems gris, & refta même toujours
grifâtre ; ce que j’ attribuai à la potaffe qui étoit
très-colorée ; toutefois Y oxide obtenu paroiffoit
être le même que le précédent , qui avoit été
fourni par un kermès préparé depuis un ou deux
mois , qui avoit été féché avec le contaét de l’air
confervé depuis dans une fïmple feuille de papier j
une partie.de fon hydrogène avoit été brûlà, con-
00 J ’ai répété ces expériences. Je penfois que Y oxide précipité
de l’émétique par l ’ am m o n ia q u e , a in f î qu’on l’avoit
fait,, pouvoir, malgré les lavages répétés, retenir quelques,
portions de cet alcali, dont lep élémens enlevoient une portion
d’oxigcne à l’antimoine. J ’ai précipité comparativement
une diflolution d’éméti pue à l’aide de la potaffe: l’effet a été
le même. A in fî, il paroît bien certain que, dans l’émétique,
Yoxide d’antimoine, y e f t à u n degré d'oxidation inférieur à
celui d’oxide blanc volatil.
féquemment ce kermès avoit dû fournir à la potafie
moins d’hydrogène fulfuré & plus de fuîlure
que le précédent, Ôc ainfî déterminer une plus
grande décompofîtion d’eau, par conféquent une
oxigénation plus grande, ou du moins plus prompte
de la part de l’antimoine. Voilà enfin ce que j’ai
cru remarquer ; d’après cela, la potaffe n’eft pas un
réaélîf convenable'pourifoler Yoxide d'antimoine ou
kermès -, à caufe du foufre qui en fait partie ; mais
ce corps y eft dans une fi foible proportion, qu'il
ne fauroit y avoir que quelques atomes d'eau de
décompofée j ainfî l’on eft du moins porté à t roire,
d’après ces expériences, que l’état de Yoxide du
kermès eft très-voifin de celui de l’émétique & de
Yoxide d'antimoine volatil, qui, comme Ta prouvé
M. Thénard , ne diffèrent de Yoxide au medium
que de quelques centièmes.
« Je préviens ceux qui voudroient répéter ces
expériem es, qu’ il faut bien faire lecher le kermès
avant de le mettre en contaét avec la potafie ,
autrement tout fe difioudroit lorfqu’on vienuroic
à chauffer, ainfî que cela m’arriva dans un premier
effai où je m'étois fervi de kermès très-récemment
précipité ; il étoit encore en une forte
de gelée ; dès qu’il fut en contaét avec la potafie
cauftique, il devint jaune ; .mais quand je vins à
chauffer, il difparut, il fe diffolvit entièrement
dans le fulfure hydrogéné de potaffe formé. Cèt
effet n’a pas lieu quand le kermès eft préalablement
defféché , parce qu’alors les molécules font plus
rapprochées, plus ferrées ; il y a entr’elles une
forte de cohéfïon qui les empêche de fe diffoudre,
ou au moins qui fait qu’il n’y en a qu’une partie de
diffoute, & que l’autre fe trouve entièrement décompofée
& réduite à n’être plus que de Yoxide
d'antimoine.
m Ainfî on a vu , dans cette longue fuite de recherches
, que le kermès étoit d’autant plus beau,
qu’il contenoit plus d’hydrogène fulfuré , & conféquemment
qu’on avoit écarté avec plus de foin
les moyens oxigénans, & qu’au contraire il étoit
d’autant moins coloré, que, par des moyens quelconques,
on lui avoit fourni plus d’oxigène: on
en a vu des exemples dans le lavage par l’eau
aérée, dans le traitement par la potaffe cauftique,
par l’acide muriatique oxigéné, & par le muriate
furoxigéné de chaux, qui finiffent par le décolorer
entièrement en lui enlevant tout fon hydrogène
fulfuré, ou en le brûlant : on en voit chaque
jour de nouveaux exemples dans les pharmacies,
où le kermès, quelquefois confervé dans des vafes
mal bouchés, finit par fe décolorer prefqu’entie-
rement} on en a vu un exemple bien frappant
dans le kermès tout-à-fait blanc, obtenu du mélange
de fulfure d’antimoine & de foufre; mais
on en a vu des preuves bien incontefhbles dans
les analÿfes qui ont été rapportées, où l’on voit
que la même quantité de kermès a fourni d’autant
plus d’hydrogene fulfuré, qu’il étoit plus beau,
plus riche en couleur 5 que celui obtenu par le carbonate
de foude, & qui eft infiniment fupérieur
à ceux prépares par la potafie, en fournit le plus 5
que celui lavé avec l’eau aérée en donne moins ;
que celui du commerce en fournit beaucoup
moins encore, étant en outre confervé dans des
vafes expofes à être ouverts Couvent ; que le kermès
traité par l’acide muriatique oxigéné, & qui
eft ptefqu'ineolore , n’en fournit que quelques
atomes , & qu’enfin celui qui eft abfolument
blanc n’en donne pas du tout, & que conféquemment
l 'hydrogène fulfuré eft le principe colorant du
kermès (1), & non, comme on l’avoit cru, Yoxide
marron, qu’on a d'ailleurs prouvé ne pas exifter.
On doit aufli ne pas admettre à.'oxide jaune ou
orangé, puifqu’il eft de même démontré qu’on
ne peut en former, 8c que le foufre doré doit fa
couleur à l’hydrogène fulfuré, dont la proportion
feulement eft moindre que dans le kermès : il y a
en outre une proportion de foufre plus grande ,
puifqu’il fe trouve uni au foufre précipité en même
tems que lui, du fulfure hydrogéné de potafie ou
de foude par l’acide ajouté.
»»11 réfulte donc de tous les faits rapportés
dans ce Mémoire , que pour obtenir du kermès
beau , léger, d’un brun-pourpre, brillant & velouté
, & pour l’obtenir toujours confiant, il faut
employer une partie de fulfure d’antimoine pul-
véîifé, vingt-deux parties 8c demie de carbonate
de foude, 8c deux cent cinquante parties dveau,
mais beaucoup moins en grand ; faire jeter quel-
ques bouillons à l’eau avant d’ajouter le fulfure ,
faire bouillir une demi heure ou trois quarts
d’heure au plus dans des chaudières de fer , filtrer
, recevoir la liqueur dans des terrines échauffées
par l’eau bouillante, ou fimplement par la
vapeur de la matière en ébullition , recouvrir les
terrines, laiffer repofer pendant vingt-quatre heures
, filtrer, laver le kermès avec de l’eau préala-
(1) Je fais que, dans le k e rm è s comme dans cous les com-
pofés, la couleur eft le réfultat de la combinaifon ; que dans
le pruffiate de fe r , par exemple, ce n’eft pas plutôt Yoxide de
fer que l’acide prulfîque qui produit la couleur, 8c que de
même , dans le kermès, la couleur brune n’eft pas due plutôt
à l'hydrogène fulfuré, qu’au foufre 8c qu’ à l’oxide d’antimoine
, mais eft le réfultat de la combinaifon de ces trois
corps dans des proportions convenables ; mais comme j’ai
obtenu des kermès de toutes les nuances, depuis le blanc ,
ou du moins le jaune-blanchâtre (puifque le blanc, ne contenant
point d’hydrogène fulfuré, ne fauroit être regardé
comme du kermès ) , jufqu’au brun-pourpré le plus riche ,
8c que j’ai conftamment obfervé par la fynchèfe , comme par
l’ anaiyfe, que le kermès étoit d’autant plus coloré, qu’il contenoit
plus d’hydrogène fulfuré, 8c qu’en en augmentant ou
diminuant progressivement les proportions^ on varioit à
l’infini les nuances du kermès , j’ai dit que l'hydrogène fulfuré
étoit le principe colorant du kermès ; mais je veux abfolument
dire par-là que le kermès eft d’autant plus coloré,
que la proportion d’hydrogène fulfuré eft plus forte, 8c que
.l’art de faire de beau kermès confifte à favorifer le plus pof-
fib le la fixation de l'hydrogène fulfuré, 8c conféquemment
•auffi à écarter le plus pofliblç tou| ce qui pourroit l’empê-
tbef ; .tel eft I’oxigène.
blement filtrée, bouillie, & refroidie à l’abri du
contaCt de l’air ; fécher dans l’étuve à 2 5 degrés
de température, 8c conferver dans des verres
bien bouchés. Il réfulte de plus de tous ces faits,
que le kermès ne doit point fa couleur à un oxide
marron, mais bien à l’hydrogène fulfuré dont les
proportions feules font toutes les variétés de nuances
que préfente le,kermès , & que la caufe de
cette variété de proportion eft la grande combuf-
tibilité de l’hydrogène/ & le peu de foins qu’on
avoit pris jufqu’ici d'en écarter, le principe comburant
(I’oxigène ). Il réfulte enfin que le carbonate
de foude eft le feul moyen d’obtenir du kermès
d’une grande beauté j que la caufe en eft
due à la confiance de ce rëaCtif, qui eft toujours
le même quand on le prend criftallifé , tandis que
les potaffes varient à l’infini, mais fur tout à la
moins grande attraction de l’hydrogène fulfuré
pour la foude & pour la potaffe, 6c conféquemment
à la plus grande facilité qu’a la foude pour céder
de l'hydrogène fulfuré à Yoxide fulfuré d’antimoine
, d’où il réfulte un kermès plus hydroful-
furé, & conféquemment plus riche en couleur. »»
O x id e d’an t im o in e s u l f u r é s é m i - v i t
r e u x : nom donné dans la nomenclature méthodique,
au foie d’antimoine. ( Voye^ ces mots &
celui.de SULFURE D’A N T IM O IN E .)
O x i d e d ’ a n t im o i n e s u l f u r é v i t r e u x ,
efpèce à'oxide d'antimoine fulfuré, fondu en verre ,
qu’on nommoit autrefois verre d'antimoine. (Voye-^
les articles A n t i m o i n e , SULFURE D’ AN T IM O IN E ,
O x id e s d ’ a n t im o i n e s u l f u r é s , V e r r e
d ' a n t im o i n e . ) 1
O x i d e d ’ a r g e n t . Depuis la rédaction de l’article
A r g e n t de ce Dictionnaire, il a été fait,
fur les propriétés chimiques de ce métal, quelques
découvertes qui modifient fon hiftoire , 8c
qui, portant fpécialement fur fon oxide, doivent
être énoncées à l’article aCtuel.
~ On 11e fait pas encore pofitivement s’il y a plufieurs
oxides d'argent, quoique cela foit affez vrai-
femblable d’après la couleur variée que préfente
l’argent dans divers genres d’oxidation. Il faut cependant
favoir que, tantôt l’argent oxidé eft d’une
couleur grife, tantôt de couleur d’oîive, & tantôt
d’ un rouge-violâtre. Il eft gris lorfqu’il eft formé
dans l’eau conductrice du fluide galvanico-éleCtri-
que à l’extrémité pofitive ; il eft violâtre lorfque,
divifé dans l’eau, la lumière le frappe & le réduit;
enfin, il eft de couleur olive lorfqu’on le defleche
à l'air après l’avoir précipité du nitrate d’argent
par l’eau de chaux ; mais il n’a point encore été
vérifié fi , fous ces diverfes formes, l’argent contient
différentes proportions d’oxigène, ou fi fes
couleurs variées dépendent feulement de la difpo-
fttion diverfe des molécules.
On fait que cçt oxide eft très-déçqmpofable par
la chaleur ; qu’il cède fon oxigène à prefque tous
A a a 1