
reux ou métalliques, les pierres & les mines qui
fe trouvent dans l'intérieur du globe, & qui, con-
fidérés comme des combinaifons chimiques naturelles
, très-importantes à connoître , doivent
former une ciaffe particulière parmi les productions
de la nature , lorfqu'on.veut les étudier en
minéralogifte. Mais dans le fyftème chimique ces
corps foffiles trouvent leur place da^s l'une ou
l'autre des clafles précédentes, & furtout dans
celle des métaux : la minéralogie les examine en
détail & à part.
Dans la feptième ciaffe des corps chimiques
font placés lès compofés végétaux ou les matériaux
des plantes, efpèces de combinaifons plus
compliquées que toutes les précédentes, qui offrent,
8c des principes plus nombreux , 8c des attractions
plus multipliées, 8c des altérations plus
variées : leur connoiffance conduit aux phénomènes,
aux caufes de la végétation & à la théorie
de la phyfique végétale.
Enfin la huitième & dernière ciaffe des corps
chimiques fe rapporte aux compofés animaux,
dernier terme des attractions & des fynthèfes
les plus compliquées, au deffus des végétaux encore
, bien plus altérables , bien plus variables
qu'eux, dont les propriétés, expofées dans la
huitième feClion de ce Traité, éclairent la phyfique
animale, & demandent , pour être bien
connues, des notions exaCtes de tous les corps
compris dans les fept clafles précédentes.
Outre cet ordre général dans chaque ciaffe
de corps chimiques, la férié des matières qui lui
appartiennent, doit être déterminée par des propriétés
intimes , par des ' caraCtères fondés fur
leur nature comparée- ou fur leurs attractions relatives
, de manière que leur diftiibution même
puiffe offrir le tableau fyftématique de toutes les
connoiflances que la fcience poffède à leur égard.
( Voyei l'article SYSTÈME CHIMIQUE.)
ORGE. U orge eft une des matières végétales
qui, outre l’intérêt qu'infpirs fon ufage comme
nouriiture, préfente encore aux chimiftes des
faits très-remarquables : comme elle a été l'un
des fujets de nos travaux chimiques fur les compofés
végétaux , je donnerai ici les détails que
nous avons déjà inférés dans les Annales du Mu-
féum d'hifioire naturelle , tome V I I , page 5 , année
i8c6.
« Uorgei la plus faine, la plus fraîchement moulue,
contient prefque toujours l'acide acérique
tout formé, 8c une matière animale plus abondamment
difToluble dans l'eau, que celle de la farine
de froment, à caufe de la préfence de l’acide.
Il y a quelques orges qui ne font pas acides.
» L’eau où l’on délaie la farine d’orge, en volume
égal, forme une bouillie épaiffe, gluante,
mucilagineufe j éclaircie, elle a une couleur ambrée,
fa fui face brunit, & la couleur defcend peu
à peu. Après l'enlèvement de l'acide, l’eau paffée !
fur l'orge , relie laiteufe & ne s'éclaircit que par
j des filtrations répétées. Tirée à part, cette eau
s'éclaircit feule, & devient purpurine. Elle eft
très-acide & nauféabonde j elle contient un acide
formé par la fermentation, 8c une matière animale
très-abondante en raifon de cet acide qui la rend
difioîuble.
» Le dernier lavage de l'orge ne contient plus
de fucre, éprouve cependant la fermentation acétique,
précipite en pourpre par la noix de galle ,
en blanc par les acides, par les alcalis qui redif-
folvent le précipité , & en vert par le pruflîate de
potaffe. La matière qui trouble l'eau des lavages
de Y orge eft fort analogue au gluten de froment.
M Les eaux de lavage de Y orge, chauffées à
fonçante degrés, fe troublent , dépofent des flocons
gris-jaunâtres, rrès-abondans 5 donnent des
pellicules rouges , brunes à leur furface. Ces flo-
- cons 8c ces pellicules brûlés laiffent un quinzième
de leur poias de phofphate de chaux & de magnér
fie î ils ne font pas fermenter le fucre. La liqueur
ayant acquis la confiftance de firop par l'évaporation
, mêlée avec du fucre , ne fermente pas non
plus 5 de forte que la matière végéto-animale de
i l‘orge , diffoute dans l’eau fans altération , déjà
; altérée par la fermentation, n’eft pas le ferment du
i; fucre.
» Le firop d’o-rge étendu de trois ou quatre par-
| ties d'eau, & les mélanges des précipités 8c du
I fucre, ont fermenté, fe font aigris, mais fans
donner aucune trace d'alcool; la matière végéto-
animale deYorge &le fucre ont contribué enfemble
à la formation de l'acide. Ces firops confervoient
toujours du fucre & de la matière vifqueufe végéto
animale. Le fucre, fort diminué dans ces opérations,
peut donc s'acidifier fans être converti en
vin auparavant, & fans le contaél de l'air.
» Le lavage de Y orge épaifli en firop , eft brun,
fucré & acide; il précipite abondamment par la
noix de galle, l'acide muriatique oxigéné & les
alcalis. L'alcool en précipite une matière brune,
très-abondante, qui fournit beaucoup de phofW
phate de chaux par la combuftion.
5» Ces phénomènes tenant à la diffolijtion d’une
! matière végéto-animale , expliquent pourquoi les
vinaigres de grains font moins agréables & plus
i décompôfables que celui de vin ; pourquoi ils
précipitent par la noix de galle l'ammoniaque &
j les acides, tandis que celui de vin ne prefente
i point ces caractères. On voit auflfi par-là comment
le vinaigre de grains, fe conferve mieux après l'ébullition
légère , recommandée par Schéèle , qui
! n'a parlé fans doute que de cette efpèce de vi-
1 naigre. .
» L’orge, épuifée par les lavages à l'eau froide,
mife en digeftion pendant quelques jours avec
: l'alcool , lui donne une couleur jaune; diftillé,,
cet alcool contracte l’odeur & la faveur de l'eau
de vie de grains-; il laiffe une huile épaiffe, jaune,
brune, un peu verdâtre, qu'on retire de même
de Yorge non lavée , 8c qui fe trouve alors mêlée 1
avec la matière fucrée. Cette découverte rend
raifon de l’âcreté de l'eau d'orge mondé, & de
la néceifité de jeter la première décoCtion de cette
graine.
» Cent parties de farine d'orge, macérée pendant
trente heures dans l'alcool, l'ont coloré en
jaune d’or, lui ont donné la faveur âcre des eaux
de vie de grain. Cet alcool précipitoit par l’eau ,
& devenoit bien plus odorant. Diftillé, il a con-
fervé fon odeur, & a laiffé huit grammes d'une
matière huileufe, jaune, brune, âcre, qui s'eft
condenfée en une efpèce de beurre mou. Cette
matière contenoit du fucre que l’eau en a féparé,
& s'eft réduit à près d'un huitième de fon poids
primitif, de forte que l’huile de Yorge ne fait que
le centième de cette graine. »
& Cette huile gardée fe grumèle comme l'huile
d olives : elle fe volatilife fur le fer rouge ; elle
brûle comme une huile graffe & forme un favon
confiftant avec les alcalis. C'eft manifeftementelle
qui donne une faveur âcre & rance au pain d'orge,
& l’odeur ainfi que le goût défagréables qui appartiennent
aux eaux de vie de grains. On ob-
fervera que cette huile fixe ou graffe ne fe dif-
fout dans l’alcool qu'en employant celui-ci en
très-grande quantité.
« La farine d‘orge, traitée deux fois par l’alcool,
a été lavée quatre fois par l'eau : fes lavages fe
font comportés comme il a déjà été dit; feulement
le vinaigre qu'ils ont donné, étoit d'une
odeur 8c d’une faveur vives ; ce qui dépend certainement
de l’alcool qui étoit refté dans la farine.
»>JLe marc, leflivé par l’eau, placé dans un linge
fin, & agité dans beaucoup d’eau, a laiffé dépofer
de l'amidon : il eft refté dans le linge une forte de
gluten gris, floconneux, peu élaftique, qui a
donné par le feu les mêmes produits que celui de
la farine, & dont le charbon incinéré a fourni des
phofphates de chaux & de magnéfie , de la chaux
vive & du fer.
: » D’après ces expériences , l’orge contient,
1®. une huile graffe, concreflîble, pefant un centième
; 2°. du fucre formant environ fept centièmes
; 30. de l’amidon ; 40. une matière animale
, en partie foluble dans l’acide acétique , 8c
en partie en floçons glutineux; 50. des phofr
phates de chaux & de magnéfie ; 6°. de la hlice
& du fer ; 70. de l’acide acétique qui n’eft pas
dans toutes les orges, mais quelles préfentent
affez conftamment. »
ORIENT. C ’eft ainfi qu’on nomme , dans les
pierres dures 8c brillantes qui fervent à la confection
des bijoux , & furtout dans les diamans
& dans les perles , les reflets brillans qu’on y ob-
ferve , & qui influent fur leur prix comme fur
leur beauté ; c’eft pour cela que les pierres gemmes
& les perles les plus belles font nommées
Chimie, Tome r \
orientales. Uorient des gemmes dépend de la réfraction
8c de la difperfion des rayons lumineux
par les couches fuperpofées que le clivage découvre
dans ces produits naturels : celui des perles
tient aux lames naviées ou aux feuillets brillans 8c
diverfement inclinés qui conftituent leur tiffu.
On imite fort bien Yorient des pierres tranfpa-
rentes par une feuille de métal diverfement colorée
qu’on place au deffous, & encore mieux
celui des perles par les écailles fines de poiffon
ramollies par l’ammoniaque, qu’on fouffle & qui
s'attachent dans l'intérieur des fphères creufes de
verre préparé pour la fabrication des perles artificielles.
( y o y e i E s s e n c e d ' o r i e n t . )
ORPAILLEURS. C'eft le nom qu’on donne
aux hommes qui s’occupent à recueillir les paillettes
d'or dans les fables des fleuves, des rivières
& de la terre de quelques vallées. J'inférerai ici
deux differtations fur cet art; l'une donnée en
1718 par Réaumur, dans les Mémoires de VAca-
demie royale des fciences de Paris ; l'autre publiée
en 1804 par M. L. Boflî, de Milan. Elles préfen-
teront tout ce qu'il y a d’effentiel à favoir fur cette
matière.
EJfai hiftorique des rivières & des ruiffeaux du royaume
, qui roulent des paillettes d'or, avec des obferva-
tions fur la manière dont on ramajfe ces paillettes ,
fur leur figure ; fur le fable avec lequel elles font
mêlées, & fur leur titre ,• par M. de Réaumur.
« Le Nouveau-Monde a envoyé à l’ancien l'or &
l'argent avec tant de profufion, furtout peu après
fa découverte , qu'il s'eft fait regarder comme le
pays natal de ces métaux. Eblouis par les richeflès
qui nous font venues du Pérou 8c du Mexique ,
nous avons prefqu’oublié que le refte du Monde
tiroir autrefois de fes minières de quoi fournir au
commerce & au luxe. Celles de l'Europe , & en
particulier celles de l’Allemagne & deFrance, ont
cependant été abondantes ; c't ft de quoi on trouve
de folides preuves raflêmblées dans le Traité d’A-
gricola , de veteribus & novis metallis. Malgré notre
peu de goût à fouiller la terre, nous avons
encore dans le ro.yaume quelques mines d'argent
qui né font pas entièrement abandonnées. Pour
l'Allemagne, il lui en refte plufieurs de ce métal
& même d’o r , qui font travaillées avec fuccès.
Stahl, habile chimifte, veut qu’on mette quelques
unes de fes contrées en parallèle avec les
plus fécondes des Indes en ce genre de production
: il fe fâche même tout de bon contre qui le
refufe; il traite affez durement ceux des peuples
voifins de PAllemagne, à qui il ne femble pas
croyable qu'on ait tiré de fes minières, depuis
quatre cents ans, quarante mille millions d'argent,
Tans les tonnes d'or. Ceux qui auront peine à fe
rendre aux preuves .de cet auteur, ferofft encore
moins difpofés à s'en rapporter -à l’autorité des