de potafle , qu’il rend plus folubles dans l’eau ,
qu'ils ne le font ifolément. Ainfi une diffolution
déjà faturée de nitre, lorfqu’on y ajoute du muriate
de foude, devient capable de difloudre une nouvelle
quantité du premier de ces fels.
Deux chimiftes juftement célèbres, Bergman &
M. Kirwan, ont donné, d'après leur analyfe , des
réfultats très-differens l’un ae l'autre fur les pro*
-portions des principes du muriate de foude. Bergman
dit que ce fel contient fur cent parties:
Soude................................ 42
Acide m u r i a t i q u e . . ......................... y 2
Eau.................................................................. 6
M. Kirvran affure que cent parties de muriate de
.foude contiennent :
Soude.......... ............................. 50
Acide muriatique........................................ 33
E a u ....................................................................17
S'il étoit permis de regarder Je terme moyen de
ces analyfcs comme le plus rapproché de la vérité,
on auroit, d’après ces réfultats* les proportions
fuivantes :
Soude..................... ........................ . . . ' . . 46
Acide muriatique....................................... 42,y
Eau .......................................................... .. 1 !,ƒ
Aucune fubftance faline n’a de plus fréquens &
de plus importans ufages que le muriate de foude y
c'eft l’affailonnement Te plus naturel des ali mens
pour les animaux> il devient fouvent un remède
pour leurs maladies > il conferve les matières animales
, & les défend de la putréfaction j il détermine
la vitrification des furfaces des poteries communes
, & leur forme une couverte à la haute
température des fours ; il fert à garantir les métaux
de l’oxidation par le contaCt de l’air dans
Jeur fufion > il entre dans une foule de mordans
employés pour les fubftances métalliques , il conf-
titue même, comme on le verra par la fuite , une
«fpèce de départ } il contribue à la formation de
certaines couleurs, à la décompofitio» de certains
alliages} il eft d'une grande uti’ité dans le hongroyage
des cuirs. En chimie, on en retire l’acide
muriatique 5 il fert à la préparation de l'acide muriatique
oxigéné} on en fépare la foude, dont il
devient ainfi une des fources les plus abondantes.
Enfin, il eft fi utile & fi ufité dans une foule d'arts
& de manufactures , qu'il feroit impoflîble ou
fuperfiu de faire ici l'énumération de fes principales
propriétés ufuelles.
M u r i a t e d e s t r o n t i a n e . Le muriate de ftrontiane
n’eft connu que depuis la fin du dix-huitième
fiècle, & il ne pouvoir pas avoir de fynonymes
^ians la fcience. On l'a d’abord confondu avec le
muriate de baryte. C’eft M. Klaproth qui l’en a
diftingué. MM. Hope, Pelletier & Vauquelin
r.unt examiné avec beaucoup de fcin depuis
M. Klaproth, Zi on connoît affez bien lès propriétés
de ce nouveau fel par les travaux fuccelfifs
de ces chimiftes.
Ce fel fe criftallife en prifmes fi fins & fi alon-
gés, qu'il eft le plus fouvent très-difficile d'en
déterminer la forme. Cependant les erirtaux de
muriate de ftrontiane ont été décrits par M. Haüy
comme des prifmes hexaèdres réguliers, dont il
n’a pas pu déterminer les Commets engagés : leur
divifion mécanique a lieu , fuivant lu i, parallèlement
aux pans du prifrne. Sa faveur eft piquante
& fraîche, mais fans être auftère comme celle dtt
muriate de baryte, ni amère comme celle du muriate
de chaux. On ne Ta point trouvé dans la
nature.
On le prépare en décompofant le fu’.fure hydrogéné
de ftrontiane par l’acide muriatique, ou
en diflolvant dans cet acide le carbonate natif de
cet alcali. On le fait criftallifer.
Chauffé, il fe fond, perd fon eau de criftallifa-
tion fans fe décompofer, & refte fous la forme
d'un émail demi-tranfparent. Il perd ainfi 0,40 de
fon poids , &rdevient fufceptible d'abforber avec
avidité, & de folidifier une quantité d'eau égale
à celle qui s’en eft féparée.
Le muriate de firontiane n’eft point altérable par
le contaél de l’air.
Il eft fi diffoluble dans l’eau, que cent parties
de ce fel criftallife n'en demandent que foixante-
quinze de ce liquide pour fe diffoudre à la température
de douze degrés j il fe produit beaucoup
de froid pendant cette diffolution. La liqueur qui
en réfulte, eft denfe, vifqueufe , épaiffe, ne donne
que difficilement des criftaux gras & comme poif-
feux, qu’on ne peut deffécher qu'en les' palfant
plufieurs fois entre des feuilles dé papier jofeph.
On en fépare l'eau-mère en le diflolvant dans l'alcool
bouillant, qui en laifledépofer, par le refroi-
diffement, les 0,83 de la portion qu'il a difloute.
Les 0,17 qui reftent dans l’ alcool froid , donnent
à la flamme de cette liqueur une couleur pourpre
éclatante, qui fait un des caractères les plus remarquables
de ce fel.
Les acides fulfurique, nitrique & phofphorique
décompofent le muriate de firontiane. Le premier
& le troifîème de ces acides forment, dans fa diffolution
, des précipités de fulfate & de phofphate
de ftrontiane } le fécond n’y produit un effet fen-
fible que lorfqu'il eft très-concentré.
La baryte, la potafle & la foude font les trois
feules bafes qui féparent & précipitent la ftrontiane
de l'acide muriatique, avec lequel elles ont
une attraction éleCtive plus forte que celle de cet
alcali.
M. Vauquelin a trouvé dans cent parties de
muriate de firontiane les proportions fuivantes : «
Strontiane.......... . 36,4
Acide, muriatique».............^ . 23^6
Eau ............................................ 40
Ce fel eft trop nouvellement connu pour qu'il
ait encore été employé; il deviendra quelque jour
un réaCtif utile. On peut même penfer qu'il fer-
vira dans quelques arts, & en particulier dans
celui de l’artificier pour faire des feux rouges. La
grande quantité de fulfate de ftrontiane qui vient
d’être trouvée en France dans le département de
la Meurthe, & à Montmartre près Paris, fait
efpérer qu'on rendra promptement fes différentes
combinaifons avantageufes à lafcience & aux arts.
M u r i a t e d e t a n t a l e . M . Ekebergeft le feul
chimifte qui ait travaillé fur le tantale. Son Mémoire
n’ayant pas été rendu public, fînon par quelques
extraits peu détaillés ,on ignore entièrement l’action
de l’acide muriatique fur le tantale récemment
découvert par le chimifte ci-deflus nommé.
M u r i a t e d e t e l l u r e . Ce fel eft encore complètement
inconnu. On n’a point examiné l'aCtion
de l'acide muriatique fur le tellure, & M. Klaproth
, qui a découvert ce métal, n'a rien dit ni de
cette aCtion ni de la combinaifon de l’acide muriatique
avec l’oxide de tellure. ( Voye[ l article
T e l l u r e . )
M u r i a t e d e t i t a n e . On connoît peu encore
ce fel. Cependant on a fait beaucoup d'expériences
fur l'aCtion réciproque des deux corps qui le conf-
tituent. On a vu que le métal en fcories eft oxidé ;
que l'oxide blanc eft diffoluble.} que la diffolution
fe prend en gelée par l’évaporation j qu’à chaud
elle donne de l'acide muriatique oxigéné. ( Voye[
Varticle T i t a n e , oit tous ces fa its font développés
en détail.')
- M u r ia t e d e t u n g s t è n e . Le tungftène, à
l ’état métallique, paroît être indiffoluble & intraitable
même par l’acide muriatique. On ignore fi
fon oxide y eft diflo’uble. On fait que l’acide tunf-
tique y prend une belle couleur jaune. Il paroît que
cette dernière couleur le modifie, puifqu’il n’a plus
la même faveur, & puifqu’il paroït former d’autres
fels avec les bafesalcalines. ( Voye[ l'article T u n g s t
è n e . ) •
M u r i a t e d ’u r a n e . On connoît bien peu encore
le muriate d'urane. L'oxide jaune de ce métal
fe diffout dans l’acide muriatique , & donne de
petits criftaux jaunâtres dëliquefcens. ( Voye[ l'article
U r a n e . )
M u r ia t e d ' y t t r i a . L’yttria fe diffout dans
l’acide muriatique; Sa combinaifon avec cet acide
a , comme tous les fels d'yttria, une faveur douce,
fucrée, comme celle des fels de plomb, mais un
peu plus aftringente. Le muriate d'yttria a tant d’at-
rraétion pour l’eau, qu'on ne peut l’en féparer
qu’avec beaucoup de peine. Il fe deffèche difficilement
; il eft fufible à une douce chaleur, &
attire fortement l'humidité -de l'air. On ne peut
l’obtenir criftallife. Ces propriétés font les feules
que les chimiftes aient encore reconnues au muriau
et yttria.
M u r ia t e d e z in c . Le zinc eft, de tons les
métaux, celui qui eft le plus facilement & le plus
rapidement attaqué par l'acide muriatique. Il s’établit
une vive effervefcence , & il fe dégage du
gaz hydrogène qu'on a regardé comme le plus
pur, & avec lequel on a fait l’eau la plus pure
poffible. Le zinc, à mefure qu’il s'oxide, fe diffout
très-abondamment dans l’acide, & la diffolution
fans couleur qui en réfulte, donne des criftaux
aiguJlés, acerbes, dëliquefcens, qu’un grand feu
volatilife. Tous les détails de cette aétion remarquable
, ainfi que ceux qui font relatifs-aux propriétés
du muriate de [ inc, trouveront leur place
dans l'article Z in c .
M u r iATE DE ZIRCONE. Le muriate de [ircone
eft trop nouvellement découvert pour qu’on ait
pu lui donner d’autre nom que celui qu’il porte.
C’eft à M. Klaproth qu’on en doit la première
connoiffance en 1793. M. Vauquelin l’a auffi examiné
depuis, & en a déterminé quelques propriétés
: il s’en faut de beaucoup que ce fel foit encore
bien connu.
Il criftallife en petites aiguilles, dont la forme
n’a point encore été déterminée. Il a une faveur
auftère & un peu âcre, qui diffère de toutes les
autres faveurs analogues. On ne l’a point encore
trouvé dans la nature.
Après avoir fondu l’hyacinthe ou le jargon de
Ceylan avec cinq à fix fois leur poids d’alcali,
après en avoir extrait la zircone par les procédés
qui font indiqués à l’article de cette terre, on la
diffout immédiatement dans l’acide muriatique, &
on fait criftallifer cette diffolution.
Quand on expofe le muriate de [ ircone au feu, il
fe décompofe avec la plus grande facilité, perd
fon acide fe trouve bientôt réduit à fa bafe
pure. :
Il attire l’humidité de l’air avec affez de force,
moins cependant que le muriate de chaux.
Il eft très-difloluble dans l’eau, & fe criftallife
par le refroidiffement réuni à l ’évaporation, c'eft-
à-dire, en expofant au froid fa diffolution convenablement
évaporée.
L’acide fulfurique & l’acide phofphorique le
décompofent en précipitent du ftrtfate ou du
phofphate de zircone très-peu diffolubles. Toutes
les bafes terreufes & alcalines féparent la zircone
de fa diffolution , & ont plus d’attraélion pour
l’acide muriatique, que n’en a cette terre ; en forte
que le muriate de [ ircone eft véritablement le plus
dëcompofable de tous les murïates. On ignore la
proportion de fes principes.
On n’a encore propôfé le muriate de [ircone pour
aucun ufage. Il eft d’ailleurs trop rare & trop cher
à caufe de l’exceflive rareté des pierres d’où l'on*
Y z