
lindrique, percé d’un très-petit canal dans fon
milieu, & iju'on a nommé Enfer de Boy le, parce
quota diloit qu’on-y . faifoic tubir une véritable
torture au métal. Boerhaave, dans les diftillations
multipliées qu'il avoit faites de ce métal, avoit
obfervé qu'il obtenoit à chaque fois une certaine
quantité d'une pouffière rouge, très - brillante,
très-âcre & très-énergique, au point de porter,
fuivant fon expreflion, un grand trouble dans l’économie
animale. Il avoit aufli découvert oue
cette pou ibère rouge étoit réduélible en mercure
par 1 aétion du feu ; que le métal, en changeant
ainfi de forme, acquérait de la fixité mais il
croyoit que la caufe de ce changement, qu'il n'ad-
mettoit que dans la forme, provenoit du feu 8;
paffoit à travers les vaiileaux. Il s'eft contenté de
combattre à cet égard la prétention des alchïmif-
tes , & d'ailurer que le mercure ne devenoit, dans
ce cas, ni or ni argent. L'oxidation complète du
mercure en rouge a été pendant long-tems une opération
longue & très-embarraffante dans les laboratoires
de chimie; il falloit autrefois employer
plufieurs mois entiers pour obtenir quelques portions
de cet oxide : aujourd'hui l'on réulfit beaucoup
plus^ facilement par un appareil fort fimple. !
Comme c’eft la volatilité du mercure qui s’oppofe
à fa combuftion entière, parce qu’elle ne peut
avoir lieu qu'en le portant à la température qui le
fait bouillir, on a imaginé de lui donner un contaél
fuffifant avec l'air, pour qu’il puiffe oxidèr l'oxi-
gène qui eft néceflaire à fon oxidation, fans lui
offrir une ouverture affez grande pour qu’il lui
foit permis de fe diflîper dans l'atmofphère. Pour
cela on prend des matras à fond plat, dans lef-
quels on introduit du mercure bien pur, allez pour
en recouvrirabfolument toute la Curface inférieure
d’une couche de deux ou trois centimètres de hauteur.
On tire enfuite le col de. ces vaiileaux à la
lampe jufqu’à le réduire à un tube prefque capillaire;
on en caje l'extrémité pour ouvrir une légère
communication avec l’air. On place les matras
fur un bain de fable ; on les y plonge jufqu’à
l'endroit où s’élève le mercure ; on donne le feu
affez fort pour faire bouillir doucement le mercure
, & on l'entretient continuellement dans cet
état. Le métal s'élève en vapeurs, mais il retombe
fur lui-même, excepté la petite portion qui adhère
aux parois du matras. Au bout de quelques heures
la fùrface du mercure prend une couleur manifefta-
ment noire par le commencement d'oxidation qu’ il
éprouve ; après quelques jours d’un feu continuel,
on voit à fa furface des molécules rouges qui vont
peu ,à peu en augmentant, & qui la recouvrent
enfin entièrement : le mouvemeut d'ébullition les
tient écartées, les rejette fur les bords, où elles
s’accumulent, parce qu’elles fe forment fans interruption.
Quand le mouvement m'eft pas trop
.fort, -plufieurs molécules d’oxide rouge fe rafi-
feroblent & forment des criftaux tranfparens de la
Couleur du pubis, qui paroiffent ,êue oâaèdres
ou en pyramides quadrangulaires alongées. Otl
peut convertir prefque tout le mercure introduit
dans le matras en oxide rouge, en continuant
plufieurs mois de fuite l’opération. On s'en procure
afft-z abondamment en plaçant un grand nombre
de ces petits vafes fur un large bain de fable :
1 opération va beaucoup plus v ite, & les criftaux
d oxide font beaucoup mieux prononcés de beaucoup
plus brillans quand on fait pailèr dans les
matras du gaz oxigène pur, extrait du muriate
furoxigéné de potaffe.
44. L’oxide de mercure rouge ainfi obtenu contient
à peu près un douzième de fon poids d'oxi-
gene. Non-feulement il eft âcre , très-purgatif,
tres-émétique, comme le difoit Boerhaave; il eft
encore cauftique & rongeant; c'eft un remède fi
violent, qu'on doit le compter au nombre des
poifons. Si on le chauffe dans des vaiffeaux ouverts
, il fe fublime en un corps tranfparent vi-
triforme, du plus beau rouge de rubis. En le
chauffant doucement, & en- l’agitant fins celle
à 1 air, il devient brun & à peu près de la couleur
du tabac. Chauffé fortement dans des vaiffeaux
fermés à l'appareil pneumato-chimique, il
donne du gaz oxigèue pur & fe réduit. C ’eft par
cette^ expérience que M. Prieftley a fait en 1774
la découverte fi ilUiftre & fi utile de ce gaz.;
y eft fur l’examen de cette réduction, com-
pirée a 1 expérience inverfe de la décompofition
de I air , de fon altération & d® fon abforption
partielle par les métaux qui augmentent à mefurè
de poids, que Lavoifier a jeté les premiers fonde
me ns de la dodlrine pneumatique. C’eft donc
un oxide d’un grand intérêt pour les chimiftes,
puifqu’il a été la fourçé d’une des plus magnifiques
decouvertes & d'une des plus importantes
vérités dont notre.â;e puifle s’illuftrer. Toute,s
les fois qu on obferve avec foin les phénomènes
de fa réduiîlion , faite avec précaution , on le
voit brunir a mefure qu’il donne fon oxigène en
gaz : le feu! contaélde la lumière du foleil, long-
tems continué, fuflit pour eu opérer ou au moins
pour en commencer la rédaétion ; il repaffe au
brun, a 1 orangé 8e au jaune par ce .coûtait.
4y. La diverfité des deux oxides noir & rouge
obtenus par la combuftion immédiate du mercure ,
& l’atrraétion de la première portion de l'oxigène
plus forte que celle de la fécondé, font également
pie» prouvées par la facilité avec laquelle cette
dernière portion d'oxigène, qui fait paffer l’oxide
i e mercure du noir au rouge, quitte ce dernier
oxide ioriqu on le triture av.ee du mercure çoulant.
J’ai découvert que, par .cette trituration, le mcé-
cure coulant perd bientôt fon brillant, fon état
métallique ; fa liquidité s’éteint fuivant l’expref-
fion commune, & , en faifant paffer l’oxide rouge
au brun & au noirât.r.e, annonce qu'il .partage avec
lui la portion d’oxigène dont je parle. On verra
.d ailleurs, par plufieurs faits qui feront énoncés
plus .bas, que, dans l’oxide de cernerai, foxir
gène n’eft que peu folide, n’ y a perdu qu’une petite
quantité dé'fon diffolvant calorique ; que c’eft
pour cela qu’il eft fi long à fe faire, fi prompt a
fe décompofer & à céder fon oxigène; qu il y
adhère fi peu, qu’il fe laiffê enlever ce.principe
par une foule d’autres corps combufttbles , &
qu’il enflamme fi facilement 8e.fi fortement plusieurs
de ceux-ci, notamment quelques métaux,
le zinc, l'etain, &c. .
46. Le mercure ne contracte point d union avec
l’azote, l’hydrogène & le carbone : il n’y a ni
aioture , ni hydrure, ni carbure de mercure connus
i mais- Iss deux derniers corps combuftibles
agiffent fenfiblement fur fon oxide rouge. L’hydrogène
, tenu en contact avec cet oxide a froid
pendant long-tems, le colore peu a peu, & le
fait paffer à l’état d’oxide noir. Cette expérience
réuflit beaucoup plus vite à chaud. Si on fait paffer
du gaz hydrogène à travers un tube qui contienne
de l’oxide rouge de mercure chauffé au point
de commencer à rougir, il y a détonation : le
mercure paffe à l’état métallique ; il refte quelque
trace d’oxide noir dans le tube, & l’eau produite
fe dégage. Cette détonation prouve que l’oxigène
qui fature le mercure n’y eft pas très-folide , & retient
une.grande partie de fon premier diffolvant
calorique ; ce qui fe fépare dans fon union avec
Fhydrogène;.'!
. 47. Le carbone ne réduit l’oxide de mercure '
qu’à l’aide de la chaleur. Cette opération , qui ;
fournit du gaz acide carbonique & du mercure
coulant, eit une de celles qu’on doit répéter avec
le plus de foin dans les expériences de démonftra-
tion y parce que c’eft une de celles qui prouvent le
plus pofitivement tic tout à la fois Texiftence de
i’oxigène dans les oxides métalliques, la proportion,
la nature de l’acide carbonique, & la quantité
refpeétive de ce principe & de carbone qui
entrent dans la compomion de l’aciçle gazeux produit.
On peut la faire, par uncalcul fimple, d’une
manière affez exaéte pour quil ne refte point de
carbone, tic pour que tout le mélange foit changé
en mercure coulant pur tic en gaz acide carbonique.
48. Le phofphore ne s’unit que très-difficilement
au mercure, & par des moyens particuliers
feulemenr.
. A. Pelletier ayant expofé fur un bain de fable,
pendant près de trois mois, un petit matras à moitié
plein d’eau, au fond duquel il avoit mis parties
égales de mercure tic de phofphore, qui reftoit toujours,
fondu à l’aidé de la température du bain , tic
qu’ il agitoit de tems en tems, ces deux corps n’ont
contraélé aucune union, & font reftés féparés. Le
deffous du phofphore concret • qui pofoit fur le
mercure, devenu ; brillant &; argenté par l’adhérence
de ce métal à fa.furfacê, annonçoit cependant
une attraction entre ces deux corps, & Pelletier
a cru devoir tenter la combinaifon par d’autres
procédés.
fi. Ayant mis dans une petite cornue parties
égales de phofphore & de mercure , il a diftillé
jufqu’à faire paffer un peu de phofphore j il a
enfuke laiffé refroidir l’appareil. La cornue caffee
lui a fait voir le mercure tic le phofphore féparés
fans aucune combinailon.
C. Parties égales de phofphore tic d’oxide rouge
de mercure (environ huit grammes de chacun dans
toutes ces expériences), recouvertes d'un peu
d’eau dans un matras, ont été expofées à li chaleur
d’un bain de fable, tic agitées de tems en
tems j i’oxide eft bientôt devenu noirâtre , &
s’eft uni au phofphore j l’eau retenoit de l’acide
phofphorique. Pelletier regarde la poudre noir®
comme du mercure divifé, tic croit cette divifion
néceffaire pour la phofphoration : il feroit très-
poffible que ce métal fe fût phofphoré dans fon
état d’oxide noir.
■ D> Le phofphure de mercure ainfi forme fe
ramollit dans l’eau bouillante, tic devient con-
i fiftant par le froid. Tenu dans l’eau bien chaude ,
aprèsTavoir enfermé dans une peau de chamois
tic feiblement exprimé, il en eft forti un peu
de phofphore tranfparent. Ce qui reftoit dans le
nouet étoit le phofphure mercuriel folide noir >
fe laiffant couper au couteau, contenant des globules
de mercure non combinés dans fon intérieur.
Chauffé dans un appareil diftillatoire, il fe dé-
compofe , tic donne du phofphore & du mercure
féparés. Expofé à un air fe c , il répand des vapeurs
blanches qui ont l’odeur du phofphore.
II n'y a donc pas une liaifon bien intime entre
le mercure & le phofphore.
49. Le mercure s’unit très-aifément au foufre ',
foit par la fimple trituration à froid, foit par
Taélion du feu. En triturant ce métal liquide
avec deux parties de foufre , on voit bientôt
le mercure difparoître , s’ éteindre, prendre tic
donner au foufre une couleur noire; c'eft pour
cela qu’on avoit nommé autrefois cette préparation
éthiops minéral.
Lorfque le mercure a entièrement perdu fa forme
tic fon brillant métallique; lorfqu’ileft tout changé
en une poudre noire, égale tic homogène, qui
noircit de plus en plus par le conraét de l’air ,
, l’opération eft faite; le fulfure de mercure noir
eft préparé. Pour prouver que dans cette trituration
il y a plus qu’un fimple mélange , que le
foufre fe combine réellement ou adhère au mer*
cure, les chimiftes ont fait remarquer qu’on ne
pouvoir en effet les réparer que par des moyens
chimiques & à l’aide de l’attra&ion de plufieurs
autres corps. Malgré ce commencement de combinaifon
, avec une forte loupe on apperçoit des
globules de mercure oblongs dans le fulfure noir
fait à froid tic par la feule trituration : il blanchit
l’or lorfqu'on le frotte deffus ; il répand une
odeur fétide , tic donne une pellicule noire lorf-
qu’on le traite par les alcalis liquides; il contient
plus de foufre que le fuivant, tic les deux corps