
diffolutions métalliques qui puiffent être employées
comme moi dans, 8c cela félon le but qu'on
fe propofe.
» Quelques fubftances métalliques ne portent
dans les combinaifons,"qu'une bafe blanche & décolorée
J d'autres modifient, par l'alliance de leur
couleur j celle qui eft propre aux parties colorantes
; maisj dans plufieurs oxides, la couleur varie
félon la proportion de l ’oxigène qui s'y trouve
fixée, ou félon d'autres circonftances indéterminées
: ces derniers oxides ne peuvent fervir de
bafe à des couleurs folides, &' dont l’éclat feroit
promptement altéré par ces changemens faciles ,
a moins que ce ne'foit des couleurs rembrunies,
dont les foibles mutations ne feroient pas fen-
fibîes.
» L'oxide d'étain l'emporte fur tous les autres
par la propriété de fe fixer avec les étoffes de
laine & de foie, mais particuliérement avec les
premières ; il abandonne facilement l'acide qui Je
tient en diffolution pour fe combiner avec elles ;
de forte qu'il fuffit d'imprégner fa laine ou la foie
de diffolution d’étain, quoiqu'après cela on la lave
avec foin 5 ce qui n’arrive pas avec quelques antres
diffolutions- métalliques.
' » L'étain peu oxidé n'a à la vérité qu’une couleur
cendrée ; mais comme il a une grande affinité
pour l'oxigène, il en prend allez dans fes diffolu-
tions ordinaires pourpaffer à la couleur blanche,
où il peut finir de s'oxider pendant l’opération
même de teinture : il retient l’oxigène avec force 5
en forte que , lorfqu’il eft très-oxidé, fon oxigène
n’exerce que peu d'aftion fur une partie colorante.
L'oxide de zinc paroît avoir des propriétés analogues
j mais il a beaucoup moins d'affinité avec
les étoffes & avec les parties colorantes. D’un autre
côté, il refient plus fortement les acides, &
par-là il eft beaucoup moins propre à fervir de
mordant.
» L'affinité des oxides pour les fubftances de
nature végétale paroît beaucoup moins forte que
celle qu'ils ont pour les fubftances animales : d'où
vient que lés diffolutions métalliques font peu
propres à fervir de mordant aux couleurs du coton
& du lin. Il faut cependant en excepter l’oxide de
fe r , qui peut s’appliquer d’une manière très-fo-
lide à ces fubftances, même lorfqu’il eft précipité
de fes diffolutions. Chapral fait à cet égard une
obfervation intéreffante : il remarque qu'on éclaircit
une diffolution de fer troublée par la précipitation
, en y promenant du coton & du lin ; mais
il faut remarquer que l'oxide de fer a une couleur
différente, félon fon état d'oxidation, & que l’action
qu'ii exerce fur la fubftance colorante, comme
ôn le verra, varie félon cet état. L’oxide de cuivre
a auffi de l’affinité avec le lin & le coton 5 de
forte que fes diffolutions peuvent être employées
dans quelques procédés. L'oxide de manganèfe
annonce une pareille difpofïtion.
« II fuit de ce qui précède, i°. que les acides
ISe les alcalis ne font pas propres à fervir de mordant^
c’eft-à-dire, d’intermède ou de moyen d'union
entre les étoffes & les fubftances colorantes,
i quoique ceux qui font peu- folûbles puHTent pro-
t-duire avec les fubftances colorantes des efpèees
de laques ; z°. que, de toutes les fubftances tér-
[ reuffS, e’eft l'alumine qui a éminemment les propriétés
des mordons par fon affinité avec les fubftances
colorantes & avec les étoffes, & par fa
foible adhérence aux acides5 3°. que, parmi les-*
| fubftances métalliques, il faut diftinguer celles qui1
prêtent une bafe blanche aux fubftances colorantes,
& celles qui influent fur les. fubftances colo-
! rantes par leur propre couleur». Entre les premiè-
; res, qui peuvent fervir aux couleurs claires &
‘ éclatantes, les diffolutions d'étain tiennent Je
: premier rang par l’affinité de l’oxide pour les étoffes
de nature animale, & pour les fubftances colorantes
, & par fa foible adhérence-aux acides
la force avec laquelle il retient l’oxigène contribue
à fes qualités. Parmi les fubftances métalliques
dont la couleur produit des modifications, le fer
eft de l’ ufage le plus étendu 5 mais fes effets varient
félon l'état de fon oxidation.
» Lorfque les parties colorantes ont précipité
un oxide de fon diffolvant, celui-ci a ordinairement
le pouvoir de diffoudre une portion de la
combinaifon de la fubftance colorante avec l’oxide
, & la liqueur refte colorée, quoique la précipitation
foit facilitée & rendue plus complète par
la préfence de l’étoffe. Les effets dépendent donc
en partie, non-feulement des proportions, mais
encore de l’efpèce d’acide qui fert de diffolvant
à l’ oxide. Cette obfervation s’applique aux acides
qui tiennent l ’alumine en diffolution 5 mais les ad-
des, les alcalis, les diffolutions métalliques, &
même les fels neutres, peuvent fervir d’altérans.
» On voit qu'en variant les mordons , on peut
beaucoup multiplier les nuances que l’on peut obtenir
d’une même fubftance, furtout en faifanc
coopérer les alrérans ; il fuffit même de varier la
méthode par laquelle on les applique $ ainfi , l’on
obtiendra différens effets en imprégnant l’étoffe
d’un mordant, ou en mêlant le mordant dans le
bain de teinture, en faifant l’opération à chaud
ou à froid , avec le conta# prolongé de l'air, ou
fans fon intervention, au moyen d'une diffolution
dont l’acide eft énergique , ou d’une autre dont
l'acide eft plus foible ou plus volatil.
» La defficcation favorife la combinaifon des bafes
qui ont de l’affinité avec l'étoffe , parce que l'eau
qui produifoit la diffolution, s'oppofoir, par fon
affinité, à l’aftion de l’étoffe qui tend à la réduire
dans l’état folide.
» Mais les circonftances auxquelles on doit s'af-
fujettir, varient félon les qualités de l'étoffe qui,
par une difpofïtion dont on ne peut pas toujours
affigner la caufe,' exige quelquefois le . concours
de la chaleur, pendant qffune étoffe de nature
différente fe combine mieux à froid.
« Enfin , les procédés que doit recevoir fuccef-
fivemént une étoffe pour remplir le but que 1 on j
fe p'opofe, déterminent quelquefois le cr.oix de
la diffolution du mordant & de la manière de 1 ap- 1
pliuuer j ce que l’on obferve furtout par rapport
aux toiles que l’on foumet a l’impreflion , & qui
doivent paifer par plufieurs opérations qui ne fe
portent refpeétivement aucun dommage.
• *> Ce bel art ( celui des toiles peintes ) , qui ne
fut tranfporté en Europe que dans le milieu du
fiècle dernier , y a fait des progrès rapides ; de
forte qu’il fe trouve porté à une per te# ion, .non-
feulement fort fupêneure à l’état qu il a cenfirvé
depuis tant de fiècles dans l'Indoftan , mais qu il
eft devenu l’un de ceux dont les procédés ont le
plus de précifion , & peuvent recevoir 1 explication
la plus complète.
« La perfection où il a été porté chez nous,
principalement par l'indufirie active & éclairée
du célèbre Oberkampf, aujourd’hui fécondée de
celle de M. Widmer, eft due en partie à la né-
ceffité d’en ifoler les procédés, pour parvenir,
non-feulement à varier les couleurs & à les nuancer
, mais encore à leur aflurer une^folidité qui
réfïfte aux opérations néceffaires pour rendre la
blancheur aux intervalles qui feparent les couleurs
qui doivent refter empreintes 5 ainfi-, les
effets de chaque opération oiit pu être obfervés
& confiâtes, & chaque couleur a été fourni fe à
la plus forte des épreuves, pendant que les autres
procédés de teinture confondent fouvent les différens
effets, & en impofent par un éclat paffager.
«Gomme les procédés de cet art font propres
à donner une idée exacte des effets des mordons
& des différentes circonftances'qui les modifient
, nous allons en tracer un précis.
« Les mordons qui ont une grande folubilité ,
& dont l’acide, fufceptible de volatilifation, n eft
uni à fa bafe que par une foible affinité , font préférés
pour l'impreffion des toiles , parce que, pouvant
y être portés dans un état plus grand de concentration
, & s’y décompofer plus complètement,
on obtient des couleurs plus intenfes & plus nourries;
Leur folubilité leur donne encore l’avantage
de ne point rendre , par l’effet de la criftallifation ,
le mordant grumeleux lorfqu'on l'épaiffit, ou inégal
pendant fa defficcation fur la toile.
» L'acétate d’ alumine & l'acétate de fer jouif-
fent de ces propriétés, & fuffifent pour produire,
avec diverfes fubftances colorantes , la plupart
des nuances variées qu’on obferve fur les toiles
peintes. -
• « Pour préparer l’acétate d'alumine, on diliout,
dans huit parties d’eau chaude , trois parties en
poids d’alun , & une d’acétate de plomb : on y
ajoute enfuite le huitième d'une partie de potaffe
& autant de craie. L'oxide de plomb contenu dans
l'acétate, forme, avec l'acide fulfurique de 1 alun,
un fel infoluble qui fe précipite , & la bafe de
l’alun ou l’alumine refte en diffolution, combinée
avec l'acide acétique. Comme, dans ce procédé
généralement adopté , la proportion d’acétate de
plomb n’eft point affez grande pour opérer l ’entière
décompofition du fulfate d'alumine , on
ajoute la craie & la potaffe, qui fervent à décompofer
une partie de ce fel, dont la criftallifation ,
dans le mordant épaifïî , eut rendu fon emploi
défavantageux : on-produit, fa us addition de craie
ni de potaffe.*, un acétate d’alumine qui n’a point
cet inconvénient , en mettant, .»avec les proportions
données d’eau & d’alun, trois parties &
demie d’acétate de plomb.
» On fait l’acétate de fer en diffolvant directement
, par l’acide acétique ( vinaigre du commerce)^
des morceaux de 1er rouillé.'
« Les merdans font épaiffis avec les différentes
efpèees dé gomme , l’amidon ou la farine'} ils
doivent l’être affez pour conferver fur la toile où
on les a imprimés, les contours de'l'objet gravé
fur la planche , & ne pas l’être au point de ne
pouvoir plus quitter également la planche pour
s'appliquer fur la toile. Celle-ci reçoit autant
d’imprefiions qu’elle doit porter de mordons différens
; mais on n’imprime d’abord que ceux qui
doivent être colorés dans un même bain de teinture.
- /
« Lorfque la toile eft en cet état, on la laiffe
pendant plufieurs jours étendue dans un atelier
où l'on entretient une chaieur modérée , & que
l'on nomme , dans les manufactures de toiles
peintes, chambre chaude. Cette chaleur, en favori
faut la volatilifation de l’acide acétique, accélère
& complète la décompofition des mordons,
ainfi que la combinaifon de leurs bafes avec la
toile. En fortant de cette chambre , elle eft paffée
dans une chaudière qui contient de la bonze de
vache délayée dans de l’eau tiède. L'effet de cette
opération eft de diffoudre la fubftance dont on
s eft fevvi pour épaiffir le mordant, ainfi que la
partie de -ce mordant,. qui, n'ayant pu fe combiner
avec l'étoffe , & étant répandue dans le bain de
teinture , le faliroit, tant par la combinaifon
a u’elle formerolt avec la matière colorante , que
par l'aétion de l’acide qu’elle pourroit y dépofer }
ce qui porteroit aux toiles le double préjudice
d’appauvrir le bain de teinture , & de découvrir
les parties qui doivent refter blanches , de la com-
| binaifon difficilement attaquable du mordant fu-
j perflu avec la matière colorante. Widmer penfe
! qu’il fe forme en outre, dans le bouzage, une
! combinaifon triple de la matière animale ave©
l’alumine & la toile', qui ajoute à la beauté des
couleurs. Cette opinion eft d’autant plus vraifem-
blable, que l’eau feule ne produit point l’effet de
la bouze, dans laquelle un examen, à la vérité peu
approfondi, ne nous a laiffé appercevoir d’autre
fubftance capable d’agir, qu’une matière analogue
à la bile.
» Avant d'être teintes, les toiles doivent en-
| cote être lavées & hattues avec foin , afin qu'on