
inconnu & comme caché à leurs yeux par la na- j
ture , ouli les Anciens l’ont poflédé, s’ils ont fu
le tirer de fes combinaisons naturelles , l’hiftoire
ni la tradition n’offrent aucune trace de cette découverte.
C ’eft vers la fin du dix-feptième fiècle
feulement que ce corps a été trouvé : plus de
foixante ans de travaux ont à peine permis aux
chimiftes d’apprendre à l’obtenir conftamment en
quantité fuflnfante pour pouvoir le Soumettre à
quelques expériences ; encore , malgré tous les
perfedionnemens que l’art d’extraire le phofphore
a teçlis depuis les cinquante dernières années du
dix-huitième fiècle, on eft loin de pofféder ce
corps combuftible en quantité aufli coi fidérable
que tous les autres, & de pouvoir conféquem-
ment l’employer, comme ceux-ci , dans les recherches
de chimie.
C ’eft un àlchimifte de Hambourg _, nommé
Brandt , qui, en cherchant la pierre philofophale
qu’il ne trouva pas , fit par hafard , en 1(377, la
découveite du phofphore qu’il ne cherchoit point.
La fingularité de ce nouveau produit engagea
Kunckel à s’affocier avec un de l'es amis, nommé
Krafft. pour acheter le fecret de fa préparation :
celui-ci ayant trompé fon ami , & ayant gardé le
fecret pour lui, Kunckel ne fachant autre chof-e
fur fa préparation , finon que le phofphore étoit
fabriqué avec l’urine, entrepût’ courageufement
un grand travail fur cette matière * il parvint à
obtenir du phofpho.e, auquel on donna long-tems
le nom de phofphore de Kunckel, à caufe du fuccès
de fes recherches étljiirées. Boyle paffe aufli pour
avoir trouvé le phofphoie , & en avoir remis au
fecrétaire de la Société royale de Londres en 1680.
En 1679, Krafft en avoit apporté un petit morceau
à Londres pour le faire voir au roi & à la reine
d’Angleterre. Boyle donna fon procédé à God-
fri.ed Hankwitz 3 chimiiîè praticien de Londres,
qui, pendant plufieurs années , en fournit à tous
k s physiciens de l’E;urppe. Ce dernier & Kun-
ck<l flirt ne, quelque temsjes feuls chimiftes .qui en
lurent préparer. Cependant Boyle décrivit fon procédé
dans les Tranfafthms philofophiqu.es de. 1680 :
Krafft itrféraje fien , après l ’avoir plufieurs fois
vendu , dans un Traité des Phofpho'es de l’abbé
de Co.i'r.iriines., publié dans le Mercure de juin
ié,8y. Cèlüi de Brandt -fut communiqué dans le
Recueil expérimental dejJHoiock, donné- en anglais
en 172.6 par Peerharn. Hombeig en. fit connoïtre
un qu’il difoit avoir vu pratiquer à Kunckel , dans
les Mémoires- de f Académie des fciences de 1692.»
Techmeyer , Hoffmann i Niewe ntuit & plufieurs
autres chimiftes décrivirent fucceflivemtnt des
procédés pour obtenir le phofphore-, & ce pend a nt
cetcei opération gféjEoit point. pratiquée- dans -les
laboratoires , jufqu’à. ce qu’un (/étranger ayant
vendu au-CGqvernement français , en 1737.,, un
procédé pour la faire réuflir , •& l’Acadétni^ides
fciences de Pari^ l’ayant .fait répétçr par. Pufay ,
Geoffroy * Duhamel & Hellot, _ ce dernier rédigea
avec beaucoup de foin & de clarté l’expérience
qui eut du fuccès,. Rouelle l ’aîné fit du
phofphore darçs le.s. epurs q.u’il.ouvrit à. Pâtis quelques
années après cette époque de 1737. Margrnff
donna, en 1745, une amélioration remarquable
dans le procédé 5 en indiquant de mêler du mu-
riate de plomb avec i’extrait d’urine & le charbon.
Trente années fe paffèrent .enfuite avant que l’art
eût fait quelques, progrès remarquables dans l’extraction
du phofphore : on n’en préparoit .que. rarement,
difficilement 6c en petite quantité dans
les laboratoires, 6c ce n’écoitencore qu’un Simple
objet de curiofité & le fujet de quelques expériences
de phyfique. On ne poflédoit qu’un ou deux
petits bâtons de phofphore daus les cabinets , lorf—
qu’en 1774 Gahn & Schéèle firent en Suède une
découverte capitale , qui augmenta beaucoup la
quantité du phofphore dans les laboratoires , en
montrant que l’acide d’où on le retiroit, étoit
contenu abondamment dans les os dès animaux, &
en donnant dés procédés faciles pour le léparer de
ces parties animales folides. Le procédé de Schéèle
a été très-perfeCtionné eu France par Nicblas 6c
par Pelletier ; mais, malgré toutes ces recherches,
c’eft encore le plus rare, le plus cher, & par con-
féquent le moins employé des corps combuftibles
fimples.
Le phofphore exifte fans doute beaucoup plus
abondamment qu’on"ne l’a cru dans la nature. A
mefure que la chimie minérale fait.des progrèson
| le trouve dans beaucoup plusde compofés qu’on ne
| l'auroit imaginé : on ie’reucontre combiné avec
diverfes matières y, mais jamais pur & ifole. Quoi-
| qu’il air été trouvé jufqu ici le plus Souvent brûlé
dans les compofés dont il fait un des principes, il
I eft: très-vraisemblable qu’il eft également corn-
j :biné , à l ’état combuftible, dans plufieurs foftiles,
furtout dans des. mines. On le tire aufli, mais
j en très-petite quantité y, d’un grand nombre de
•fubftances végétales. Il eft fi : abondamment con-
j tenu dans plufieurs matières animales, qu’on -a
j long-tems cru que c’étoit un corps particuliérement
appartenant à ce genre de matières. C ’eft
I toujours des uns ou des autres de ces convpofés
{ naturels où.il eft-a l’état brûle, qu’on le Sépare en
! le débrûlant à-l’aide du charbon chauffé au rouge,
comme on le ;dira pius.;enrdétail ailleurs. C ’eft
Spécialement ;d-g furiner.&&des,os des animaux
; qu’on l’extrait le plus communément;, (ffr poùr-
I roic, ;ainfi‘ qu’-on l’expofer^ ailleurs , Tobtehir
beaucoup plus facilement & à moins de frais, dé
quelques mines de plomb. Nous l’avons, trouvé,
dans-de cours de 18©61, M. Vauquelin; & moi,
contenu,toyt entier comme, corps combultible
: dans là laite de carpes. ,
Le phofphore qu’pn'rrpeut, .diaprés ce qui vient
d’être dit, regarder toujours comme un produit de
l'are5 puifqu’pn.iextjra i.t.de. l’gcjde p.h.ofphoriquepat
: ;fa déçomppfition .àj’aided.u charbon rouge de feu >
& puifque la nature ne. le préfeme nulle part pur
te ifoté, eft ordinairement un corps folide, demi- j
tranfparenr, légèrement brillant, d’une cor fi f-J
tance analogue à celle de la cire, fe ramolliflant à
une température de quelques degrés au deffus.
de 0 , ductile à 25 degrés du thermomètre , qui ■
fe cafle quand on le frappe 'ou quand on veut le
plier » furtout au deffous de o ; qui fe coupe facilement,
qu’on ratifie avec la même facilité , &
qui préfente une caffure vitreufe , brillante &
quelquefois un peu lamelleuife.
J’ai'trouvé la pefanteur fpécifique du phofphore
égale à 2,0332, l’eau étant à 1,0000; Sa faveur
eft un peu j âcre & défagréable : il répand une
odeur d’ail tiés-fenfible & très-reconnoïffable;: il
criftallife ou en aiguilles , ou en lames micacées,
ou en oétaèdrés alongés, qui p réfente nt un grand
nombre de variétés.
Le phofphore n’éprouve qu’une légère altération
par la lumière : en le réfrangeant dans une raifon
plus .forte- que celle de fa denfité, & qui paroi t
fuivre fa combuftibiliré, il fe colore en rouge,
devient dudilè s’il étoit caffant. Il eft très-lufcep-
tiblè de.changée d’état par le calorique.: A .2y degrés
de température, il eft,très-mou & duéfilej
â 32 du thermomètre de Réaumur , il eft fondu-,
coulant, tranfparent comme une huile blanche.;
il paroît même qu’expofé quelque teins au contaêl
de la peau humaine, qui a moins de 32 degrés de
chaleur, il devient prefque liquide. Si on le lai (Te
refroidir lentement après l’avoir fondu, il prend
la forme criftalline.rQuand fa furface eft folidifiée,
fi on la brife Sc fi on fait; .écouler la portion encore
fluide qui eft au deflbus., ou troûved’ intérieur ta-
piffé d’ aiguilles prifmatique.s ou de criftaux oûaè-
dres.alongés. A 76 degrés, il.fe réduit en-vapeurs ;
à 86 , il commence à le raflembler en. gouttes dans
le bec de la cornue où on le.chauffe avec.-de l’eau.
Lorfqtt’on le chauftè fans eau dans une cornue de i
grès , en. y plongeant un thermomètre, gradue jufqu’à
Kébullition du mercure ^d/’api^ès les divilïcms
de Réaumur , .on ie voit boniliif à; 2321 degrés.de
cette>inràd.uation^- . alors k.S'guettes i.èr'fuctèdent
fans interruption, par ié bec de Ja cornuei C ’étoit
parla diftillation qu’o.n l,e.redtifioit>autrefois dans
de petites cornues?de verre, auxquelles on adap-
toit uni récipient à nibitié plein d!eau; aujourd’hui,
pour Je purifier.; on:ife contente de de-; fhwq fondj e
dans dei tubes plongés ffahs l’eau chaude ; fes’parr
ties fales: ou impures fe taffembient à la .furface;
On le paffe enetore à.traverstun^pieau. de chamois
neuve au milieu de f eau chatideiMto^itiCe qju’il. fy
a d’impur refte ainfi fur la peau, & le phofphore
qui- paffe.eft très-net , & prefque tranfparent., •„
.Le phofphort,! plongéedaos lé;gaz. oxigiè®e?5i;p£y
éprouve aucune .altération ,■ &. nly.prefe«ite\.ni ’fuf
mée visfible le‘j;our',.^iiiu.mière Jaenuît fecé- gqz eft
biendpur{; aipfi, jl ne fe brûle point Àff toiffda-tVs
ce, gaz ;oxigènev /Mais f fy lorlqulilieft foudù ;ionflê
met en contadl gvec ce
ment même du. conta61 > répand^ufrejlumiéie,Sli
vive 8c fi forte , que l’oeil ne peut pas en fuppor--
ter J’éclat: il fe dégage eh même tems beaucoup
de calorique... Le. gaz QXjigène perd fa. forme aérienne
: s’il eft bien pur 8e fans mélangé d’aucun
autre gaz, il difparoït. tout entier & le : folidifie
dans lé phpfphore-, Cette .cornbuftion du phofphort
fondii dans le gaz oxigène eft le plus beau ipec-
tacle de lumière qu’ offrent les expériences c;hi‘*
miques : la flamme eft prefqu’.àuffi brillante que 1e difque du foleiJ > l’oeil en eft, ttès-fortement
affcêlé, • •: . i 1 . ? vtps -r>
Le phofphore eft, en-, même tems Je,corps qui dégage
le plus de calorique du gàz ox.igène au, mo*
ment où il s'-y enflamme. Lavoifiei. & Laplace
ont prouvé par,leurs.expériences ;ca.l.qriijiét.r,iques;^
que d’un demi kiloaramme ( une livre ) de gaz oxk
gène employé à brûler du phofphore, ilfedégageqie
une quantité de calorique capable de tondre plus de
trente-trpis kilogrammes ( foixante-fix livres dix
onces cinq gros vingt-quatre grains;) ,de glace à 0 5
que c’étoitderous 10s corps çorabu(tibies..célui qui
en dégàgeoit le plus j .qu’ort pouvoit-regarflerl’oxi?
gène uni au phofpàpçe-, après çet^e cornbuftion 9
comme le plus foi ici e poffible, & compae .porjté.aU
maximum de /fa'concjïefç ih.il i té ï que 1 e^phpfpfiorc ab-
forboit une fois: &. demie fon poids d’oxigène,, & fe
convertiffoic en flocons blancs çriflallins , niyifor-
mes,:d’acide phof|,foorique. On peüt brûler le phof
phoreiïin-fi fondu aufon.dffe .l’eau ,-«n y portant
du;-gaz oxigène i aforS-.
L’air atmosphérique te; comporte tout au;^^
meht que le ,gâz {o-xigène: avee;- ïg, pfafpforfy tye%
que ce corps, combuftible^Ja.;plus;baffe^ten^pé-
rature ,-mêfoe à -quelquesfdégrés:au.deffous’de o ,
eft plo.ngé dans l’air commun , fi c’eft pendant le
jour j on vo|t le ptofphore. ^’entourer ^ùn^vapeur
pa fumée -blanche $ fi c’eft fo.nuiç; cette-vapeyç
paroît fous Ja forme; d’une. lu;m.ièrevd’ un, blanc-
verdâtre, ondoyânte,, & .0ffrànt,■ dans.L\obfouritç
la plus- 'parfyre -, des faypus 1 umineux très-expan-
fibles , rapidement répandus dans l’efpaçefi & qui
1 ne d i fpar ©iflent r.qu’à , quelque, djftance même du
phôfphore d'où; Ils - partent.-Cette vapeur ÏUmi-
neufoj.qui nfoff p^int.aççômpfgnèAdq dégage-»
ment, fenjiblende calorique , & qui ne met point
je ç \p
fo ^Ijîs^ cfi^n^e^aepçt, çpnnu, du phofphore#
C ’eft ie4ie; q.Hi,']uii%;fïjt-4pnqe^ le nom qu’ il porte 3
GrÆeller'a^ffr^qif^ fuie le .plusjonguqms Jeffeuî
objet, de % ; egp élMPMs die iP.hyfiflne fur ç;e corps,
8^:;qui. SVé Pen”
dafft^l.us de îfoifXançe ,ans:, Btiute l’attention des
phyfiydeih.S;., Quand jé*pfwjpf.org .èjfc ainfi.expofé au
milieu „de J’^trnofphère, iLcpn.yriue^^ brûler- & à
répandre de là lumière oufqu’à ce qu’ il en relie
qâr jl* dffparoit peu à peu
dans.l’air, où il fe v ap or i Cef, j §£ ‘-eft ffiffous; par l ’hur
■ àtmofr)h^^àffft^qSi.1i’qn,-fait ;;ç(e.«e; expé-
Heng§ ^ qu>Qnj éd PÎl0jp,fJ?fe >
> d.an5,.u.n appareil Jreraié fo,us;une,c|yçhe, où î’aijp