
les procédés de pîufîeurs fuyons. C’eft pofitive-
ment de l ’or joint au tt il lire lame lieux, comme
celui de Fatzebay, dans la même province, eft de
i or blanc problématique , qui a préçifémeot la
couleur de 1 ét-dn. 11 eft donc confiant que ces
paillettes luifantes, qui font tout à fait fembla-
bles à celles du Merdanzone , que M. Guilio a
décrites , & que je crois conformes à celles de
toutes les rivières aurifères du Piémont, ne peuvent
pas tirer leur origine de ces mines, qui d'ailleurs
lont très-éloignées & réparées même par de s
montagnes & des rivières.
» On pourroit aulïi remarquera ce propos , que
les mines qui recèlent de l'or natif., font très-rares
en Europe j & que l'or natif n’y eft pas ‘même
bien commun. J'ai vifité toutes les mines d’or de
la Hongrie ik de la Tranfilvanie s je n'y ai pas vu
des morceaux .ydes rognons d'or natif, ni des indices
de ces cailloux roulés d'or tout pur qu'on
apporte quelquefois d'Amérique, & qu'on appelle
pépites, & dont il y en avoit un , de mon
tems, d’un poids trè$-eonfîd érable dans la cabinet
de l’ inftitut de Bologne : tout ce que j’ai vu d’or
natif dans nos mines fe réduit à quelques lames ;
ou feuilles très-minces, enchâlfées pour l’ordi- •
naire dans une efpèce de quartz blanc, grenu, ou
à quelques filets capillaires, tels qu'on les rencontré
fur du cobalt blanc ou fulfuré des mines d’Ora-
v itza, & dans un quartz fpongieux de celles d'A- i
brobanya ; & comme ces filets font très-minces,
& qqe ces feuilles ont le plus fouvent à peine
l’épaifteur de celles dont on fe fert pour la dorure,
il eft facile de fe perfuader qu’elles ne pour-
roient pas enrichir le fable de beaucoup de grains
& de paillettes, & moins encore en enrichir un lit
aulfi étendu que celui dont je viens de parler.
33 M. Patrin, membre aiTocié de l'Iniîirut national
, dans le nouveau Dictionnaire a1 H/Jtoire
rature!le , a très-bien relevé qu'il ne feroit pas permis
de iuppofer que des régions très-Vaftes eu fient
été couvertes de pyrites aurifères, & qu’il feroit
contraire à l’expérience de fuppofer ces- matières
métalliques difféminées de cette manière, plutôt
que réunies dans des lieux creufés profondément
par les courans. J
I Je fuis fondé à croire que la plupart dès défer
ts de l’intérieur de l’Afrique font dans le même
cas que le lit de fable aurifère du Bannat de Hongrie.
De toutes parts on apporte aux marchés de ce
qu’on appelle de la poudre d’or : toutes les villes
qui ont des ports fur la mer Atlantique, en font
un commerce affez confidérable ; tous les voyageurs
en parlent, & furtout M. Durand dans la
relation intére (fonte qu’il a donnée tout récemment
de fon voyage au Sénégal. J’ai vu un fachet
de cette poudre apporté de Londres; elle eft parfaitement
conforme à celle que l’on ramaffe dans
nos rivières après le lavage ce font des paillettes
d’or natif, d’une.couleur jaune a fiez foncée-
Yu la grande quantité de cette poudre que l’on
porte de tous côtés dans la commerce avec îes
Européens , fans y comprendre celle que l'on
confômme clans 1 intérieur, où les ouvrages en or
ne lont pas rares, il tau droit que toute l’Afrique
fut parfemée de mines d'or pour que le peu de ri-
vières qui s y trouvent , put châtier tant de table
aurifère. Cependant les Européen^ qui y ont fait
des excurfions, & qui en auront fait fans doute
un des objets principaux de leurs recherches, ne
nous ont pas fait connoitre ces mines : les envoyés
de la Société africaine de Londres , entr'autres
Mungo-Parke, Brown & Hornemann, ont trouvé
de la poudre d’or à acheter partout, & des mines
nulle part. Il eft encore à rem arquer qu'on apporte
de cette poudre des endroits fes plus arides, les
plus éloignés des rivières, & queies Arabes qui
campent dans les delerts , & qui fouffrent le plus
long-reins la difette d’eau, font le plus fouvent
pourvus de cette poudre précieufe. il' eft donc
prelqu évident que cetté poudre fe trouve répandue
en paillettes dans des lits immenfes de fables,
tout de même ou à peu près comme dans ce lit
de labié du Bannat que je viens de décrire.
3:1 nature du fol brûlant de l’Afrique ne comporte
pas que ce labié foit couvert d’une couche
argileufe, & moins encore d’une couche de terré
végétale: ce lit aurifère fera donc tout à découvert
dans les delerts de fable fans l’entremife des ruif-
feaux ou des rivières : de là la facilité de l’exploiter,
d en extraire les paillettes d’or, Sçla quantité côn—
fidérable de cet or qu’on apporte aux marchés. ~
» Nous ne connoiffons pas le procédé des Arabes
pour le recouvrement dé cette poudre : je
vais tout-à-l’heure donner une idée de celui des
Bohémiens ou des Zingari- & s’il eft vrai que cette
malheureule nation , qui conferve le teint & des
traits des habitans de( l'Afrique , foit, comme or
le dit, originaire de l ’Égypte, il n’eft pas difficile de
conjecturer que ce foit elle qui ait porté ce procédé
en Europe , & qu il lôit toujours le même dont
on fe fert en Afrique & dans les plaines de la
Hongrie. Le profeffeiir Scopoli, un de mes premiers
inftituteurs, en a bien donné quelqu'idée
comme M. Balbo l'a remarqué dans fes notes , à 1 article Travaux fur les mines d’or notifia Dictionnaire
de Chimie de Macquer ; mais ayant toujours
réfidé à Schemnitz, il n’avoitpas été fur les
lieux & , à ce qu'il paraît, il ne connoiffoit pas
avec beaucoup de précifîon le procédé très-fim-
ple des Bohémiens pu Égyptiens du Bannat. Ils
. emploient une planche crénelée en travers, dont
on varie 1 inciinailon de trente à trente-cinq degrés.
Les rainures de cette planche ou table
comme on voudra la nommer, font au nombre de
vingt-quatre i elles ^arrivent pas à avoir un demi-
pouce de profondeur. Ils placent tout Amplement
le fable tire des puits , dans la première rainure t
ils jettent beaucoup d'eau par-deffus avec des pelles
de bois : l’eau qui tombe, emporte le fable i
l’or mêlé avec quelques grains de fable, fuivant
une obfervatïon routinière de ces gens-!à, s’ar-
rête toujours à la dix-feptième cannelure , cé dont
il feroit inutile de demander la railon. Ils tirent
avec le doigt ce qui refte dans cette rainure, Ôc
ils.'le jettent dans une efpèce de Jaafiin en bois,
allez plat, qui a pourtant une petite convexité
tout au travers du fond : cela s’appelle la fcbile.
Quand il y a dedans allez de matière, on y verfe
un peu d’eau : un homme fecoue très-adroitement
ce badin qu’il tient de fes deux mains, en le frappant
par un mouvement des reins, de forte que
l’eau paffe allez rapidement fur la convexité qui
eft dans le fond ; & en peu de tems on voit, d’un
côté, le fable tout brillant de paillettes d’o r, &
de .l’autre le fable tout blanc, fans paillettes. Des
h ibitans du Bannat, qui n’étoient pas Bohémiens,
ont fait très-fouvent l’épreuve de ce procédé très-
fimple qui leur réuflilîoic, mais qui ne leur fourni
lïoit pas allez pour leur fubfiftance, pendant que
des villages allez peuplés de Bohémiens n’ont
pas d’autres reffources que cela. 11 eft vrai qu’une
peuplade de quatre cent cinquante de ces mi-
férables fubfifta toute une année, n’ayant tiré
de tout fon travail que le bénéfice de 500 ducats
d’or ou Equins. L’année fiiivante elle en gagna
plus de 3000. Cela prouve que les orpailleurs
de ce pays-là varient dans leur fortune & dans le
rapport de leur travail à peu près comme le docteur
Giulio l’a remarqué dans les orpailleurs du
pays dont il a parlé.
« Tout le long du Tefin on ne fe fert que d’une
planche venant tout récemment de la feie, & qui
conferve encore fon poil. Sur cette planche inclinée
au hafard, on jette du fable aurifère & j
beaucoup d’eau par-deffus : on prétend que l’eau I
emporte le fable, & que les paillettes d'or s’ar- j
rêrent parmi le poil raboteux de la planche. Je ne j
connois pas affez le procédé des orpailleurs de la j
27e. divifion militaire. M. Balbo a parlé d’une fé- j
bile qui eft toute autre chofe que celle des Bohé- |
miens : l'or y refte au centre par le lavage, & non I
pas de côté. Il a aulfi parlé d'une planche garnie |
de traverfes de la hauteur d’un quart de pouce , |
bc même de petites rigoles * ce qui vaudroit au- 1
tant que les rainures ou cannelures de la planche |
des Bohémiens: l'inclinaifon de la planche fe trou- j
ve la même que celle que j’ai obfervée ; mais il |
ne nous a pas indiqué le nombre des traverfes , î
ni le rapport dans lequel l’or refte en arrière & y •
eft adoffé ; il n’a pas parlé d’une nouvelle opéra- 1
tion par la fébile, & il a décrit l’opération du la- j
vage par le moyen de la planche 4 exécuté dans f
quelque courant d’eau, au lieu que chez les Bo- j
hémiens on le pratique même loin des rivières, i
J obferverai ici que j’ai vu faire en Hongrie, avec j
beaucoup de fuccès, l’opération de la (ébile que I
je viens de décrire, à la façon des Bohémiens , j
meme fur de la matière des mines d’o r , venant !
tout récemment du bocard. Quoi qu’il en foit, il '
fe trouve que le procédé qu’on emploie fur le i
Tefin eft très-défeCtueux, & je crois bien préférable
, à tous les égards , celui des Bohémiens.
S'il y avoit dans nos fables de ces morceaux d’or
natif dont le doCteur Giulio parle à la fin dé fon
Mémoire, de ces petites maffes roulées qu'on
trouve dans quelques.rivières de l'Amérique , &
qu’on nommépépites, il eft ailé de concevoir que,
par leur forme, elles feroient les premières à erre
emportées , & qu’elles tomberoient au bas de la
planche avec le fable de rebut.
» Comme tout i’or qu’on retire du fable du
Bannat, ainfi que celui que 1 on r=tire des mines
de la Hongrie & de la Tranfilvanie , doit être
porté à la monnaie de Kremnitz, fi l’or n’eft pas
bien pur , & s’ il eft encore mêlé à des particules
quartzeufes ou autres , on le traite par le procédé
de l’amalgamation , & on en paie enfuite le réful-
tat aux orpailleurs fur le titre à peu près de vingt
karats. Comme ce procédé, tel que l’a décrit le
chevalier de Bord, eft fi aifé, que chacun des mineurs
de ces pays-là le pratique dans fa cabane,
comme je l’ai cbfervé moi-même bien fouvent,
ne vaudroit-il pas la peine peut-être de l’apprendre
à ces orpailleurs qui ne le connoiffent pas , tels que
ceux du Tefin , & le recommander à ceux du Piémont,
où ce procédé eft connu depuis long-fems ?
Ils pourroient en retirer des bénéfices affez confi-
dérables > ils ne feroient plus fujets à dés prix arbitraires
dans la vente, furtout dans celle qui
pourroit s’en faire en cachette, 8r deviendrorent
même'par ce moyen-là, plus experts dans le traitement
du fable lavé.
»» Revenons maintenant à l’origine des paillettes
d’or. Il ne fuffiroit pas de démontrer qu’elles font
couchées précifément dans des lits ou couches
aurifères que les rivières n’emportent point des
montagnes ni des mines, mais qu’elles mettent à
découvert en paffanr. Ii feroit bien digne de l’attention
des naturaliftes, de rechercher la nature
de ces lits de remonter par-là à quelque con-
jeéfûre fur le mode & le tems de leur formation.
Il feroit furtout effentiel de vérifier fi ces
lits & ces couches ne font pas peut-être le produit
d’autres rivières qui ont difparu} fi ce ne font
pas le refultat de la décompofition de montagnes
anciennes dont l’ hiftolre du globe ne nous retrace
aucune idée. On remonteroit peut-être par-là à
des époques de la nature, qu’on ne s’ateendoit pas
à connoitre : on pourroit concevoir des boule-
verfemens de la terre bien antérieurs à ceux dont
on a parlé jufqu’à préfent 5 & tout en fuivant le
calcul de la formation de-ees lits aurifères , on re-
culeroit infiniment l'ancie'nneté du globe , que des
écrits peu philofophiques s’efforcent de combattre.
« Et puifque nous fommesentrés dans le royaume
des conjectures, qui cependant peuvent frayer la
route à des recherches très-utiles, ne pourroit on
pas fuppofer que l’auteur de la nature eût diffé-
miné fui la furface de la ten e , & placé précifé-
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