
cure oxîgêjiié avec' l ’acide muriatique* M. Mohnet
atî'ire qu’èti traitafUt du muriate de Coude dans un
vaîffeai» iublimatoire avec l’oxide de mercure précipité
de fa dilïoliuion nitrique par l’alcali fixe,
on obtient auiïi du fublime corrofif. Cette expérience
y qui paroît contradictoire avec les attractions
connues, demande a etre répetee ; aucun
chimifte, depuis celui qui l’a propofée, n’en a
encore confirmé le fuccès.
83. On peut préparer promptement du muriate
de mercure oxigéué, en verfant dans une diffolu-
tîon nitrique de ce métal> de l’acide muriatique
oxigéné, & en évaporant la liqueur lorfqu’elle
contient ce dernier acide en furabondance : l’acide
du nitre Ce dégage en vapeur \ une partie de
l’acide muriatique oxigéné Ce volatilife s & le liquide
donne, après une fuffifante évaporation, &
en le laiffant refroidir, des criftaux réguliers &
purs de muriate mercuriel cortofif. Ce procédé
Ample, fans appareil comme fans danger de vapeur
j eft fur tout très-propre à être employé dans
les laboratoires pharmaceutiques, tk fon produit »
comme très-pur, peut fpécialement être çonfacré
aux ufages médicinaux : il n’eft pas néceffaire de
fublimer le fel ainfi obtenu.
84. Le muriate de mercure oxigéné a une faveur
extrêmement âcre & cauftique. Lorfquon en met
une parcelle fur la langue, il laiffe pendant long-
tems dans la bouche une fenfation de ftipticite métallique
très-forte & très-défagréable. Cette im-
preflion , propagée jufqu’ à la gorge & au larynx,
y porte un refferrement fpafmodique, & un lenti-
ment de ftrangulation qui dure plusieurs heures j
éc qui eft très-pénible pour les fujets nerveux. Son
aêtion tft bien plus vive encore fur l’eftomac &
les inteftins : s’il refte quelques momens appliqué
à leurs parois, il les corrode, les perce ou les enflamme
, & les fphaeèle ries lieux qu’il a touchés
tombent en efcarres gangreneulès. Avant ce terrible
effet,.il excite des douleurs déchirantes, des
naufées, des vomiffemens, des convu'fions, des
foibleffes, & tous les fymptômes affreux avant-
coureurs de la mort prompte qu’ il occafionne :
c’eft un des corps qui, après avoir violemment
excité les mouvemens vitaux, les affoibiit & les
arrête enfui te avec le plus d’énergie, & fait tomber
rapidement en mortification les parties qu if
touche , par fon action chimique & délétère. On
jeeonnoit facilement les effets deftruéfceurs d un
cauftique , d’un comburant bien a&if, dans_ les
traces qu’il* laiffe après fon aétion. Les anciens
chimiftes expf iquoient ces effets du muriate fur-
.oxigéné de mercure par la- préfence de 1 acide.
Rien n’eft plus faux que cette théorie , & tout
prouve aujourd’hui que c’eft à l’état d-’ oxidation
du mercure, que cette~aétion eft due. Qu’on juge
d’après ces faits , quel danger il. y a de prefcrire
le muriate furoxigéné de mercure^ fous forme fo-
fide, comme le font cependant fi inconfidériment
des hommes peu éclairés* .
8j . La forme du muriate de' rfièrcur’è f>xîgéîT&
eft extrêmement variée. Par la fubiimation il donne
un grand nombre d’aiguilles ou de prifmes ti ès-
fins , ferrés les uns contre les autres, qui paroif-
fent être tétraédriques & comprimés. Les auteurs
les ont comparés à des barbes de plumes & à des
James de poignard. Quand il eft criftallifé par l ’eau ^
il eft, ou en cubes, ou en parallélipipèdes obli-
ues, ou en prifmes très-déliés. Quelquefois il
onne des prifmes quadrangulaires, à pans alternativement
étroits & larges, terminés par des
fommets cunéiformes, & présentant deux plans
inclinés. On dit aufti l’avoir'obtenu en prifmes
hexaèdres très-réguliers. En général, il offre des
pointes aiguës à (es extrémités j & des chimiftes
ont abufé de cette forme pour le comparer à des
pointes d’épée ou de poignard^ croyant expliquer
par-là fon effet fur l ’économie animale, qui eft
bien loin d’être le produit d’une aétion mécani-
ue. Les phyficiehs ont également varié entr’eux
ans l’appréciation de fa pefanteur Spécifique. On
la trouve eftimée à 6.3 2 y dans la Phyfique dé’Gofte ».
tandis que Mufcheubroëck la faifoit monter jtifr
qu’à 8.000.
86. Ce fel eft affez volatil', & c’eft: pour cela
qu’on lui a donné le nom de fublimé corrofif : il fe
réduit facilement en vapeur dans l’air , & cette
vapeur eft très-dangereufe quand on la reçoit dans
la poitrine ; il n’eft point décompofable par faction
du calorique, de ne donne point de gaz oxi-
gène,. quoi qu’ en aient dit quelques auteurs modernes.
Si cela étoit, il deviendroit du muriate
de mercure doux , de il eft bien reconnu qu'il n’é-*
prouve point cette converfion par l’aâiün du feu.
Il eft inaltérable à l'air, cù cependant il perd un
peu de fa tranfparence, & devient blanc, opaque ,
pulvérulent à la Surface j il eft diffoluble dans environ
vingt parties d’eau froide : l’eau chaude en
difïout un peu davantage j. il criftallifé cependant
très-peu par le refroidiffement on n’en obtient
des criOaux réguliers que par l'évaporation lente.
L’acide fulfurique le rend beaucoup plus diffolu-
ble, mais il le laiffe précipité par le refroidiffe—
ment, & fans altération j ce qui eft d’accord avec
la décompofition du fulfate de mercure par l’acide;
muriatique & les muriates.. L’acide muriatique-
produit le même effet fur le muriate furoxigéné
de mercure y, y adhère fenfiblement, & fait varier
fa criftuiiifabilité , puisqu’on ne l’obtisnt plus en-
fuite que fous celle de petites aiguilles-, ou puisqu’
on ne peut plus le faire criftallifer : l’acide nitrique
exhale, en % difîolvant, des-vapeurs d’àcide
muriatique oxigéné, fuivant Bergman, qui affure
cependant qu’on peut l’obtenu* enfuke fous fa.
forme criftalline , fans qu’il ait perdu ni de font
poids ni de fes propriétés.
87. Toutes les matières terreufes de alcalines
ont la propriété de décompofer le muriate furoxigéné
de mercure3 & de précipiter fa diffolution-
' Bergman remarque q,ue les alcalis fixes y forment
ev\ général un précipité rouge, mais flue.^e Pr^.*
cipité varie fuivant la proportion de 1 acide qu il
croit variable, & quil fe rapproche du blanc
quand la quantité de l’acide eft très-abondante. 11
faut obferver à cet égard que le muriate de mercure
oxigéné bien neutre, verdiffant le firop de
violettes, d’une forme criftalline régulière, eft
un fel métallique identique , & qui ne varie point
dans la proportion de fes principes. C ’eft par une
ancienne erreur, reconnue depuis long-tems,
qu’on y admettoic un acide très-abondant} d ne
peut contenir d’acide excédant que quand il elt
mal préparé : fa diffolution pure offre toujours
avec une petite quantité d’alcali^ un précipité
jaune-rougeâtre, parce que ce précipité retient
de l’acide j quand l’alcali eft en excès, le précipité
eft jaune, & n’eft plus que de l’oxide pur.
88. On prépare pour l’ufage pharmaceutique,
fous le nom d'eau phagédénique, à caufe de fon
âcreté, un mélange de trois cents parties environ
d ’eau de chaux, & d’une partie de muriate de
mercure furoxigéné ; il fe produit fur-le-champ un
précipité jaune, qui n’eft qu’un oxide mercuriel
fufceptible d’agir comme un léger efcarotique ,
quelque peu abondant & quelqu’étendu d eau qu il
foit : on s’en fert en chirurgie, & Ion a foin d a-
giter la liqueur à chaque fois qu’on veut 1 employer.
.
89. On fait depuis long-tems que l’ammoniaque
ou alcali volatil précipite la diffolution de muriate
furoxigéné de mercure en blanc, mais on ne con-
noiffoit point la nature de ce précipité. Voici les
expériences qui me l’ont fait connoitre.^Cent parties
de muriate de mercure corrofif, meiées avec
l’ammoniaque en excès , m’ont donné quatre-
vingt-fix parties de ce précipité blanc bien fec ,
tandis que la foude- ne m’a fourni que foixance-
dix-huit parties d’oxide jaune. Ce précipité blanc
ira d’abord qu’une faveur terreule, qui devient
mét allique & défagréable après quelques momens :
l ’eau ne paroît pas le dilfoudre. Diftilié dans une
cornue, il donne de l’ammoniaque en gaz & H7
quide, du gaz azote, & 0.86 de muriate de mercure
doux. L’ acide fulfurique a formé avec cette
comme 3 | eft à 1. Létnery indi Qüé cetté proportion
fubftance du muriate corrofif & du fulfate ammo-
niaco-mercuriel. L’acide nitrique a converti ce
précipité en muriate corrofif & en nitrate atntno-
maco-mercuricl > l’acide muriatique l a tout-a fait
dilTous, & a formé un muriate mercurio-ammo-
niacal diffoluble, vrai fel aUmbroth des anciens
chimiftes, dont je parlerai plus bîts. Une analyfe
exaéfce m’a prouvé que ce précipité contenoit 0.81
d’oxide de mercure , 0.16 d’acide muriatique , &
0.03 d’ammoniaque : il reftoit du muriate d ammoniaque
pur dans la liqueur furnageant le* pré--
cipité. _ - ,
90. Toutes les précipitations du muriate oxigéné
par les matières alcalines conduifent, à con-
noîae les proportions des principes de ce fel.
Suivant Tackenius , le mercure y eft à l ’ac.ide
comme 5 fc eft à 1. Bergm an dit, dans fa
Docimafic humide, que cent parties de muriate de
mercure oxigéné contiennent zq.y d acide muriatique,
& 7y.y de mercure. Nos expi .riences nous,
ont appris que cent parties de fubb’mé corrofif
font composées de :
Acide muriatique.,........................... - • ♦ • ^
Mercure........... *................................... 73
O x ig è n e ..................................................
Eau & perte........................... . i-
91. La diffolution de muriate d<e mercure oxigéné*
eft décompofée par l’eau chargée de gaz hydrogène
(ulfuré, ainfi que par les fulfures hydrogénés
& par les hydrofulfures alcalins. Ces combuftibles
mixtes donnent tous des fulfures de mercure qui
ont déjà été examinés précédemment. Le phof-
phore, qui décompofe facilement le nitrate doe
mercure quand on Je dent quelque tems plongé
dans fa diffolution, n’opère pas fi aifément la dé«
compofition du mutiate de mercure oxigéné, parc»
que fes principes font plus adhérens que ceux du,
nitrate. Le gaz hydrogène phofphoré le précipite
en poudre noire. Il n’y a point d aêfcion de la parc
du carbone fur ce fel, ni à froid ni à chaud.
92. Parmi les fels examinés jufqu’ic i, on ne
connoît bien que les effets du muriate ammoniacal
fur le muriate de mercure oxigéné. Depuis long-
tems cette.combinaifon a été découverte &: examinée
par les alchimiftes, qui l’ont nommée/:/
alembroth ou fel de lu fageffe, parce qu’iis ont beaucoup
compté fur fes propriétés pour la réuffite
du grand oeuvre, de parce que tout ce qui les
flattoit, dans ce genre, de l’efpoir chimérique
d’un fuccès, étoit décoré d’un titre pompeux
dans leur langage comme dans leur opinion. C eft
peut-être le premier fel triple découvert & connu,
j: Le muriate d’ammoniaque rend le muriate de
| mercure oxigéné beaucoup plus foluble qu’ il ne
l’eft naturellement, puifqu’une partie du premier,
diffoute dans trois d’eau, en rend près de cinq du
; fécond diffolubles dans la même liqueur, tandis
qu’ il faudroit à ces cinq parties du dernier près
de cent parties d’eau, pour les dilfoudre fi le fel
: étoit feul. Dans cette expérience il fe produit de
la chaleur, à caufe de la denfité que prend la liqueur,
& celle-ci fe folidifie enfuite parle re-
i froidilfement : on peut donc penfer que fon état
liquide dépend de l’élévation de température qui
’ accompagne la diffolution. Le muriate ammoniaco-
mercuriel eft également formé , ou plutôt il n’eft
pas décompofé par la fubiimation , & les deux
fels unis qui le conftituent, confervent leur adhe-
■ rence & leur combinaifon réciproques dans la vo-
. latilifation qu'on leur fait fubir. Quand on traite
| ce fel- triple , fait à parties égales des deux fels ,
! par un carbonate alcalin, on obtient en précipité
% blanc le premier fel triple, formé d’autres pro-*
F., x