
du pyromètre de Weegdwood, tandis qu’il place ,
comme on Ta vu ailleurs, celle du mangariéfe à
160, & celle du fer à 130. En effet, le plus grand
feu connu de nos fourneaux ne ramollit même
que très-peu fenfiblement !e platine en grains. On
ne parvient qu’aux plus extrêmes températures à
agglutiner feulement ces grains, fans leur communiquer
cependant une véritable ou forte adhérence,
puifqu’ oiï peut les féparer par le choc.
Macquer & Baume en ont tenu expofés plufie.urs
jours de fuite au feu continuel & violent d’une
verrerie, & ces grains fe font feulement collés légèrement
les uns aux autres j ils fe font enfuite fé-
parés par une légère preflion. La couleur de* grains
de platine devenoit très-brillante quand ils etoient
rouges à blanc. En expofant ces mêmes grains de
platine bien triés au foyer de la lentille ardente
de l’Académie, les portions placées au centre du
loyer ont fumé, fe font'fondues au bout d’une
minute , 8c ont formé un bouton homogène,
blanc & brillant, bien duétile, fufceptible d’être
coupé avec un couteau. M. Guy ton eft aufli parvenu
à en fondre de petites portions dans un
creufet, à l’aide de fon flux réduétif, compofë
de huit parties de verre pilé , d’une partie de
borax calciné, & d’une demi-partie de charbon
en poudre, en employant à cette opération le
fourneau à vent de Macquer. Lavoilïer a aufli également
fondu de petites portions de platine dans
un creux de charbon avec le fouflet de gaz oxi-
gène. Depuis tous ces effais, il n’y a rien de fi aifé
que de fe procurer dé petits boutons de ce iriétal
ainfi fondu 5 mais ce font de fi petites rriaffes 3
qu’il eft impoflible de les employer à des expériences
décifives , & l’on peut dire encore qu’on
n’a point obtenu de véritable & utile fufion du
platine, puifque, traite par les moyens ordinaires
, il a été impoflible de le faire entrer en fonte
fous un volume qui permette d’en bien examiner
les propriétés, & de le faire fervir aux effais
propres à les faire connoître. Aufli verra-t-on
bientôt que y pour en tirer le parti utile qu’on
en a déjà tiré pour la fabrication des lames, des
plaques, des barres, des fils, des vafes , etc. il
a fallu le fondre à l’aide de quelques alliages , &
le féparer enfuite par le forgeage de ceux des métaux
qu’on y a réunis.
Le platine eft très-bon conducteur du fluide
électrique & du galvanifme. On n’a point apprécié
le rapport de cette propriété avec celle des'-autres
métaux j mais il paroît qu’elle eft très-forte : il
n’a ni odeur ni faveur, & reffemble par ce caractère
i l’argent & à l’ or.
Le platine n’ avoit encore été trouvé que parmi
les mines d’or de l’Amérique, 8c fpécialenient
dans colle de Santa-Fé, près de Carthagène , &
àifbaillâge de Choco au Pérou : M. Vauquelin
l’a découvert en 1806 dans les mines d’argent de
Guadalcànal en Eftramadure. On le retire, en Amérique,
fous la forme de petits grains ou de pail- i
Jettes d’un blanc ou gris-livide, dont la couleur
tient à la fois de celles de l’argent & du fer. Ges
grains font mêlés de plufieurs fubftances étrangères
: on y trouve des paillettes d’o r , du fable ferrugineux
noirâtre, des grains qui paroiflent à la
loupe fcori fiés comme‘le mâche-fer, & quelques
molécules de mercure.
En examinant à la loupe les grains de platine 3
les uns paroiflent anguleux, d’ autres arrondis ou
aplatis comme des efpèces de gallets. Ils s’aplatif-
fent fous le marteau j quelques-uns fe brifent en
plufieurs morceaux ; ceux-ci paroiflent fouvent
creux dans leur intérieur, 8c contiennent des parcelles
de fer 8c une pouffière blanche. C’eft à ces
petits grains de fer que l’on doit attribuer la propriété
d'être attirables à l’aimant, qu’on recon-
noît dans les grains de platine , quoique bien fé-
! parés du fable ferrugineux qu ils contiennent.
Pour avoir les grains dé platine les plus purs &lçs
plus gros, on les trie à la main, & on en fépare
les paillettes d'or , les fables quartzeux & le fer
qui s’y rencontrent.
Il eft vraifemblable que le platine ne fe trouve
pas dans l’intérieur de la serre, tel qu’on l’apporte
& qu’on le voit dans nos collections minéralogiques.
La forme de grains & de paillettes qu’il pré-
fente, eft due, foit aux mouvemens des eaux par
lefquelles il eft entraîné des montagnes dans les
plaines, foit au broimént des meules par ou l’on
fait pafïer les mines d’or avec lefquelleç il eft mêlé
ou difféminé dans la nature. On en a trouvé quelquefois
des morceaux allez volumineux. La Société
de Bifcaye en poflede dans fa collection un
morceau gros comme un oeuf de pigeon. Ces
tragmens, ifolés & plus gros que les autres, font
fouvent de forme ovoïde. M. Gillet-Laumont en
a un de cette forme, qui a environ un centimètre
ou quatre lignes & demie de longueur, fur fept
millimètres ou trois ligues un neuvième dans fa plus
grande largeur, & qui pèfe à pëu près vingt-un
décigramrries ou quarante ^grains. Aucun natura-
lifte n’a encore décrit le giflement, les gangues ni
les variétés des mines de platine. C ’eft le métal le
moins connu encore dans la nature , & le feul
peut-être qui ait été trouvé dans un petit nombre
de lieux.
Le platine eft très-reconnoiffable à fa forme , à
fa couleur & à fa pefanteur. Comme il eft toujours
mélangé de fable & de fe r , fouvent d’or & de
mercure, outre le triage à la main , dont j’ai déjà
parlé, & qui a fait trouver à Tillet quelques graine
de ce métal enchatonnés dans une gangue quart-
zeuze , on a recours à différons procédés pour le
purifier. On le fait chauffer & rougir pour.en vo-
îatilifer là portion de mercure laiffée pair- l'amalgamation
qui a fervi à en .obtenir l’or. On en fépare
le fer par le barreau aimanté, qui enlève très-fou-
vent avec ce métal attirable dé petits fragmens de
platine. On en fait aufli chauffer les grains ayec de
l’acide muriatique qui dilfout & enlève ie fer.r-
Bergman a remarqué que le platine diminue de
0)oy de fon poids pai cette opération. Ii ne refte
plus après cela que le platine 8c l’ or , que l’on
diflout tous les deux dans l’acide nitro-muriati-
que, 8c on retrouve la proportion de ces deux
métaux en précipitant l’or par le fulfate de fer, &
en pefant avec foin ce précipité, qui , comme je
l'ai dit » eft en pouffière métallique.
Quant aux travaux en grand , il n’y en a encore
aucun d'arrêté ou de pratiqué. Le Gouvernement
efpagnol s’étant-apperçu que l’on altéroit l’or
avec le pladne, 8c qu’il étoit difficile de s’ap-
percevoir de la fraude à caufe de la pefanteur fpë-
cifique de cet alliage 8c de fon inaltérabilité^ a ,
dit-on, fait fermer les mines de platine ; expref-
jion fauffe , & qu’il faut expliquer de manière à
ce qu'elle ne laifle point d’ambiguité 8c d’incertitude.
U paroît que le platine le trouvant toujours
mêlé avec les mines d’or, & tous les deux étant
difféminés à l’état natif dans la même gangue , il
n’eft pas poflible qu’on ait fermé les mines de platine',
mais qu’à mefure qu’on trie & qu’on fépare
celui-ci, qui ne.fe diflout point dans le mercure,
comme le fait l'or, on le jette ou onde met à
part, de manière à ce qu’il ne paffe plus, comme
autrefois,, dans le commerce i dé la vient que l’art
de le travailler en grand n’a pas fait de .progrès , &
qu’il n’a pu être élevé aucun établiflement pour
cette branche fi neuve encore de la métallurgie.
Aufli ce qui appartient à la métallurgie du pla-
xine n’eft qu’une fuite de travaux faits plus en
grand que ceux d’un fimple eflai, mais beaucoup
moins en grand que les travaux métallurgiques
ordinaires. C’eft par ces travaux que MM. Caro-
chez, Jeannety , Chabanon 8c plufieurs autres
font parvenus à fondre, lurtout à l’aide de l’acide
arfenieux, ou ce qu’on appelle Varfenic blanc, des
quantités un peu confidérables, quelques kilogrammes
de platine , à le battre & à ie forger, en
leifaifant continuellement chauffer 8c ramollir, de
manière à le priver peu à peu, 8c enfin tout-à-fait, •
de l’arfenic qui l’entraine dans fa fufion , & à lui
conferver. la forme continue & lié e , propre à le
biffer laminer , emboutir, tirer à la filière. C ’eft
par un travail .pareil qu’on lui a donné la plus
grande pureté en le mettant à l’état ordinaire des
autres métaux, & en lui faifant prendre les formes
qui peuvent le rendre utile à un grand nombre
d’ufages.
Comme on. n’a point encore décrit les divers
procédés dont la plupart des artiftes cites fe fer-
ven't pour purifier, fondre & forger le pladne en
grand, je crois utile de donner ici celui de M. Jean-
nety, publié par lui-même dans le rapport fait,
en 1790, au bureau de confultation par Pelletier, j
Procédé de M. Jeannety pour obtenir le platine en
barre & malléable.
« H faut piler le platine pour le, débarraffer des
parties ferrugineufes & hétérogènes qui lui font
mêlées. Ce préliminaire rempli , je prends trois
marcs de platine , fix marcs d’arlenic L iane en
poudre, & deux marcs de potafle raffinée. Je mêle
le tout, je mets au f. u un creufi t du contenu de
quarante marcs, & quand mon fourneau & mon
creufet font bien chauds, je' jette dans le creufet
un tiers du mélange, & je donne une bonne chaude,
enfuite une fécondé charge , & ainfi de fuite, ayant
foin à chaque charge de mêler le tout avec une
baguette de pladne. Je donne alors un bon coup
de fêu, & , après m’être afluré que le tout eft bien
liquide, je retire mon creufet, 8c je le laifle refroidir.
Après l’avoir caffé, je trouve un culot
bien formé qui attire le barreau aimanté ; je brife
mon culot, je le fonds une fécondé fois de la
même manière , 8c fi cette fécondé fonte ne l ’a
pas purifié du fer, je le fonds une troifième fois;
mais en général deux fontes fuffifent, & fi je fuis
forcé d’en faire une troifième, je réunis deux culots
pour épargner un creufet & du charbon.
» Cette première opération étant faite, je prends
des creufets dont le fond eft plat, d’une circonférence
qui donne au culot env ron trois pouces &
un quart de diamètre ; je fais bien rougir ces vaifi-
féaux, & je jette dans chaque trois marcs de pladne
qui a été fondu par i’arfenic après l'avoir
.brifé auquel je joins fon poids égal d’arfenic
& un marc environ de potafle raffinée. Je donne
alors un bon coup de feu, 8c après m'être afluré
que le tout eft bien liquide, je retire mon creufet
du E u , & je le mets refroidir, obfervant de le
placer horizontalement pour que mon culot foit
d’égale épaiffeur. Après avoir cafle le creufet, je
trouve un culot bien net & fonore, pefant communément
trois marcs trois onces. J'ai obfervé
que, plus il fe combinoit d'arfenic avec le pladne,
plus fa purification étoit prompte 5c facile. Dans
cet état, je mets mon culot dans un fourneau à
moufle, laquelle ne doit pas être plus haute que la
circonférence des culots placés fur-le-champ, 8c
un peu inclinés contre les parois de la moufle r
j’en place de cette manière trois de chaque côté ;
jé mets le feu à mon fourneau, afin que la moufle
foit également chauffée dans fa circonférence, 8c
à l’inftant que les culots commencent i évaporer,
je ferme les portes de mon fourneau pour foutenir
le feu au même degré > cè qui doit être obfervé
jufqu’à la fin de l’opération, car un feul coup de
feu trop violent détruiroit toutes les peines que
l’on fe feioit données jufque-là. Je fais évaporer
mes culots pendant fix heures, ayant foin de les
changer de place pour qu’ ils reçoivent tous le
même degré de chaleur, 8c je les mets dans de
l ’huile commune ; je les tiens le même efpace de
tems à un feu fuffifant pour difliper l’huile en
fumée ; je continue cette opération tout le tems
que le culot évapore, & lorfque l’évaporation
cefle, je pouffe le feu, autant qu'il m’eft poflible,
par le moyen de l’huile. Les vapeurs arienicales