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cinquante ans, déjà il a été l'objet d'un grand I Première expérience.
nombre dé recherches , & néanmoins , par un '
contrafle frappant, il n'eft peut-être pas de fubf-
tance qui ait donné lieu à tant de difcuflions, &
fur laquelle les ehimiftes aient été moins d'accord.
Les uns , & à leur tête on doit placer Cronftedt,
à qui la découverte en eft due, & Bergman, qui
le premier en a commencé l'étude avec foin, l'ont
regardé comme un métal d'une nature particulière
î les autres, ne confultant point affez l'expérience
, féduits par fes propriétés magnétiques,
n ont point héfité à le croire du fer plus ou moins
impur , ou plus ou moins altéré. Ceux-ci, -s'en
biffant impofer furtout par la diffolution bleue de
fes oxides dans l'ammoniaque, l'ont confondu
avec le cuivre. Ceux-là enfin, trop confians dans
des recherches légères ou peu approfondies, n'ont
vu dans fes mines que l'arfenic & le cobalt qui
l’accompagnent prefque toujours, & l'ont pris
pour un alliage de ces deux matières métalliques.
Des opinions fi différentes & fi fingulières dévoient
difpuroître avec le tems> l'intérêt de la
fcience l’exigeoit, & c’étoit une fuite néceffaire
des progrès de l'analyfe minérale, autrefois incertaine
dans fa marche , & conféquemment dans fes
ré-fultats, aujourd'hui prefque portée à fon plus
haut point de perfection, & n'induifant en erreur
<}ue ceux qui n’en connoiffent pas les reffources.
Mais fi tous les doutes font levés fur l’exiftence du
nickel, fi des expériences nOmbreufes, exactes &
authentiques la prouvent inconteftabiement, il
n'en eft pas de même de fa propriété magnétique,
qu'il partage ou que du moins il femble partager
avec le fer. Si plufieurs ehimiftes la lui accordent
avec Bergman, plufieurs autres la lui conteftent.
C eft donc encoré une queftion dont nous n'avons :
pas la folution définitive , que de favoir fi le nickel
•eft véritablement attirable j d'autant plus que,
jüfiqu'ici , on n'eft'point certain de fe l'être procuré
dans fon plus grand état de pureté. En effet,
l’art manque dè moyens pour en féparer le cobalt :
ceux employés pour en féparer l'arfenic ne font
foint exempts de reproches, & peut- être que
arialyfe rigoureufë peut faire concevoir des foup-
•çons fur ceux fuivis pour en féparer le fer. Le
problème à rëfoudre, & qui fait le fujet de ce
Mémoire, eft par conféquent celui-ci : Séparer
exa&efiient du nickel toutes les matières qui l'altèrent,
& particuliérement l'arfenic, le fer & le
cobalt, je nomme cés trois derniers métaux, parce
que ce font ceux qui péuvént lui enlever ou lui
communiquer lés propriétés magnétiques.
» La mine de nickel "que j'ai traitée , avoir déjà
été fondue à plufieurs reprifes> ainfi toutes les
matières terreufes & une partie de l’arfenic & du
foufre en.étoiem réparées. Diffirens effais qu'il
eft inift'ile de rapporter ic i, m'ont1 prouvé qu’elle
étoit compofée de iiïckeP3 de fe r , de cobalt, de
bjfmuth, de cuivre, d’arfenic & de foufre. En
conféquence, voici le mode d’analyfe que j'ai fuivi.
» Après avoir réduit la mine en poudre, je h fis
griller , dans un têt‘ à rôtir, jufqu'à ce qu’il ne
s'en dégageât plus de vapeurs arfenicales. Lorfque
l'odeur d’ail ne fut plus fenfible, malgré la violence
d'un feu long-tems foutenu, je mis dans un
matras, avec une fufïifante quantité d'acide nitrique
, la mine ainfi grillée & refroidie. L'a&ion de
l'aeide, favorifée par la chaleur, devint fi vive,
qu’il y eut une effervefeence des plus grandes j des
vapeurs rouges & épaiffes rempliffoient le vafe :
la diflolution fut prefqu'inftantanée, mais incomplète
5 il reftoit environ la fixième partie de la
matière employée. Ce réfidu, féparé par le filtre,
fut lavé & examiné avec foin } il étoit d'un blanc
légèrement verdâtre, fans faveur, infoluble dans
l'eau, dans l'acide nitrique ; foluble dans l'acide
muriatique, & précipité de cette diflolution en
noir, par l ’hydrogène fulfuré, par l'eau, en flocons
blancs que l’acide nitrique pouvoit alors
diffoudre, & avec lefquëls il donnoit, par l'évaporation
, dès criftaux faciles à reconnoître pour
être du nitrate de bifmuth. C ’étoit donc de l’oxide
de bifmuth uni à un acide qui le rendoit inattaquable
par fes diflolvans ordinaires. Je préfumai
que ce pouvoit être de l'acide arfenique j & en
effet, des effais ultérieurs confirmèrent pleinement
mes foupçons. L'arfeniate de bifmuth fait dire&e-
naent, fë comporte abfolument comme celui-ci«
Seconde expérience,
» La liqueur ( expérience première ) d'un beau
vert , provenant de l’aétion de l'acide nitrique fur
la mine grillée, fut évaporée & en fui te étendue
d'eau, pour précipiter le bifmuth qui pouvoit s’y
trouver 5 elle ne fe troubla nullement : tout le bifmuth
en avoit donc été féparé par l'acide arfenique.
Elle contenoit du cuivre : le fer qu’on y
plongeoit, en démontroit de fuite la préfencè. J'y
ajoutai de l’hydrogène fulfuré : ce métal feul fut
précipité, à l'état de fulfuré hydrogéné , fous la
forme de flocons couleur brun-maron : il étoit rare
dans la mine > il en faifoit tout au plus la cinquantième
partie.
Troifième expérience',
» L e cuivre ayant é té , par ce moyen, totalement
précipité de là diflolution nitrique, puifi-
qu’elle ne coloroit plus lé fer , je la furfaturai de*
potaffe cauftique, afin d'obtenir les oxides purs >
& d'enlever l’acide arfenique qu’ils pouvoient
retenir 5 mais cette méthode n'ayant réufli qu'in-
complètement, je fus contraint d'avoir recours à
un autre. Jé préférai celle-ci. J'opérai de nouveau
la diffolution des oxides dans l’acide nitrique, &
j'y verfai un excès d'hydrofulfure de potaffe. La
décompofition fut complète 3 l’acide arfenique
refta dans la/liqueur, combiné avec la potaffe,
tandis que les oxides fe dépôfèrent combines avec
- du foufre & de l ’hydrogène fulfuré, à l’état de
fulfuré hydrogéné, & fous la, forme de flocons
noirs. .Cette manière de féparér l'arfenic eft fi
fûre, qu'elle m’engage à la pr.ôpofer pour déterminer
la quantité de cç métal dàns une mine.quelconque..
Je l'ai emplôÿéè, avec beaucoup.de fue*
cè s, dans lé traitement d'une mine de coDalt arfe-
nicale j j'en ai féparé tout lë cobalt & l’arfenic,
& eh ne traitant que par l’acide nitrique & les
alcalis, Ja majeure partie de ces deux métaux refilent
unis enfemble à l'état d'arfeftiate.. Ce pro?
cédé exige feulement, pour être praticable , fefc
nalyfe rigoureufe de l’acide arfenique & d'un arfe-
hiate infoluble, de celui de plomb, par exemple.
J’ai fait la première en brûlant cent parties d’arfenic
par l'acide nitrique , j’ai trouvé que l'acide
arfenique contenoit, fur cent, 64 d'arfenic, & 36
d’oxigène. Àirifi il ne contient que 10,24 d'oxl-
-géne plus que l'acide arfenieux, puifque cent
parties de celui-ci ne demandent que feize d'oxi-
gène pour d’evenir acide arfenique. Ce qu’il y a
de fingulier, c'eft que ces cent parties d'acide
arfenieux exigent au moins trois fois plus de tems
que cent parties d'arfenic pour s'acidifier complètement.
J'ai fait l'analyfe de l’arfeniate de plomb,
en faturant, par l’ammoniaque, cent parties d’acide
arfenique bien fec, & précipitant par l'acé-
tite de plomb. J'ai obtenu trois cent quatre-vingts
parties d'arfeniatede plomb, qui, diffôutes dans
l'acide nitrique & précipitées par le fulfate de,
foude, m’ont donné deux cent trente-fix parties
de fulfate de plomb. La liqueur reftoit incolore
par l'hydrogène fulfuré j elle né contenoit plus de
plomb: d'où il fuit prefque'rigoureufement qiie,
dans l’arfeniate de plomb, le rapport de l'acide
arfenique à l’oxide de plomb eft^çelui de y : y.
Quatrième expérience, l
. »• Les oxides ( troifième expériencé) ,précipités
par l'hydrofulfure de potaflé’,1 furënt introduits
dans un màtras avec de l'acidé nitrique. Là dîffo-
lution fut rapide, & accompagnée d'un grand dégagement
d'acide nitreux, qui Faifôit bourfoufler
confidérabfement la matière j elle étoit d'un plus
beau vert encore , d’autant plus que, dans la liqueur
( expérience première), on femàrqubif des
flocons de foufre qu'on fépara pat le filtre, &
alors elle fut décompôfëe par la potaffe. Les oxides,
au nombre de trois 3 nickel3 cobalt & fer , fe
précipitèrent i ilis furent lavés i grande eati } il
s'agiffojt de les féparer exactement : ë'étoit le
principàl but que je me propofois. Je fàvois, par
mes propres expériences, que l'oxide Hoir de ço-
balt n'étoir pas fènfiblëmént fôluble dans l’am-
moniaqüe î mais comrhënt faire paffer- complètement
l’oxidé bleu à Cet état d'oxidation ï J'eflayai
plufieurs moyens : la defiiccation à l’air , à l’aide
d'une douce chaleur, & le renouvellement des fur-
faces pour favorifer l'abforption de l'oxigène, me
donnèrent un réfultat peu fatisfaifant. Je n'obtenois
pas tout oxide noir i d fe diffolvoit en partie dans
l’ammoniaque. L'emploi de l'acide muriatique oxi-
géné ne fut pas-plus heureux ; il faifoit à la vérité
paffer fpr-lé-champ l’oxidé au fummum d’oxida-
rion, mais, d en retenoit une partie en diffolution.
Sàchant,ay,eç quelle facilité l’acide muriatique oxi-
gèrié faturé de chaux cède fon oxigène, je penfai
que peut-.ètre il pourroit réuflîr; & en. effet , à
peine eft il avec i ’qxide bleu de cobalt,, furtout
récemment précipité , qu'il fe; défoxigène & que
celui-ci devient no if, & alors infoluble dans l'ammoniaque;
Avant d’employer ce moyen d’analyfe ,
J.é. vd ulus ; cependant m’aflurer s'il auroit le fuccès
qwej en attendons, je pris dix décigrammes d'oxide
“ f cobalt, Sç dix.d'oxide.de nickel, & les ayant
diffous dans l'acide nitrique précipité par la potaffe
, mis avec elle du muriate furoxigéné dè
chaux, je tentai leur féparatjon par l’ammoniaque j
elle .eut lieu complètement.,Un qffai.fernblable,
que je fis-fur un .mélange donné,d'pxide:vert de
fer, d'ox ! de de cobalt & de ine ht voir de
plus en plus que qe;mdyen;devoit infailliblement
réuffir. Mais da,ns le fécond,, comme dans feore-
mier effai, la diffolution de l ’oxide de niçUf s'é-
tant faite, depuis le commencement jufqu’à la
fin, avec un dégagement de bulles que j’attribuai
avec raifon à la décompofition de l'arpmpniaque,
& .que,je. préfumai itre du'gax.gzfltjujje; voulus
en rechercher la caufe. L anri'ii(,i;iaqric .ij'avrric pu
être déçompçfée ni par f oxide rouge.de fer ni
par l’oxide noir de cobalt j ils n’éioient atraqués
ni l’un ni j’autre. D’uije autre part, j’étois fflr que
l’oxide vert dp nickel fe diffolvoit dans l’ammoniaque.
fans ife défoxrder. Ce raifonnement me
conduifit à Xdmèttre un oxide furoxigéné,de nickel,
& l’expétiencetjviqt bientôt,démontrer l’exiftence
de cec;o3^dé,. ju,e, la. t))éoirïe.;m’avoit indiqué. Ses
carattètes diffinéfifs fbne de fe .diffoudre, aveç
effervefeence , dans les ,acides fulfurique, nitriire
& muriatique , dans les deux premiers avec
égagement d’oxigène, dans'le troifième avec
dégagement d’acide muriatique oxigéné. Comme
1 oxide furoxigéne de cobait, cet oxide furoxi-
gerié. de nickel eft, noir j comme lui., il fe forme
dains .plufieurs circonftances différentes .: on peut
l’obtenir çn chauffant au rouge-cerife l’oxide vert
Ae nickel., ou bientôt en traitant cet oxide vert
par l'acide muriatique oxigéné, ou bien encore
par l’acide muriatique oxigéné faturé de chaux .
& ce dernier moyen eft préférable.
Cinquième expérience.
» Ces effais ne me laiffant aucun doute fur la »er*
titude de féparer exaélement le nickel du cobalt
& du fer, j’agitai, avec de l’acide muriatique oxigéné
faturé de chaux , leurs oxides récemment