
& conféquemment le nitrate en nitrite : cela doit
être vérifié par l’expérience.
N i t r i t e s m é t a l l i q u e s . J'ai déjà dit plus haut
que l’on n’avoit encore aucune connoiflance fur
les nitrites métalliques. Je crois devoir ajouter ici
quelques réflexions fur l’exiftence probable de
ces.fels.
Les nitrates des métaux criftallifés, & furtout
ceux de mercure, de plomb , d'argent, de zinc
de cuivre, ont,comme on le fait, la propriété de
fournir par la diftillation une quantité plus ou
moins grande de gaz oxigène pur ou mêlé dé plus
ou moins de gaz azote. Il eft donc très-évident
que fi l’on arrêtoit l’aétion dufeu fur ces fels, après
qu’ils auroient donné une portion de leur, oxigène,
ils feroient à l ’état de nitrites 3 &c c’eft vrai-
femblablement dans cet état que fe trouvent le
nitrate de mercure jauni par la chaleur, le nitrate
d’argent bruni par le feu, le nitrate de cuivre
fondu , &c. Ainfi , en examinant avec foin les
propriétés de ces fels à letat indiqué, je penfe
que l’on décriroit celles des nitrites métalliques.
Sans doute ils ont, comme les nitrites alcalins -,
& pour cara&ère générique , la propriété de
donner avec effervefcence une vapeur rouge ni-
treufe par le contaél de l’acide fulfurique, &
même de Facile nitrique, Je ne doute pas davantage
que ç’eft à leur nature qu’ils ne doivent plufieurs
de leurs propriétés ufuellès j car : il exifte
des procédés-de fabrique dans lefquelles.on fait
chauffer ou fondre quelques nitrates métalliques
avant de les employer.
NITROGÈNE. C ’eft le nom que j’avois pro-
pofé en 1787 pour défigner l ’azote , & que
M. Chaptal a, depuis employé dans plufieurs articles
de fes JLlémens de Chimie. Mais comme ce
mot ne fut pas adopté par MM. Lavoifier, Ber-
thollet & Guy ton , avec lefque.Is j’ai concouru à
la nomenclature méthodique, parce qu’ils trouvèrent
avec raifon qu’en l’adoptant l’acide nitrique
auroit été compofé d’oxigène & de nitrô-
gène , & qu’il y auroit eu quelqu’inconvenance
à dénommer d’une manière analogue deux principes
très-differens:d’un même acide, je ne me fuis
point fervi de cette exprefïion , non plus que de
celle d’alcali gène, que j’avois également propoféè
pour l’azote.
NITRO-MURIATES. On a donné ce nom aux
feis que forme l’acide nitro-muriatique avec quelques
oxides métalliques, a une époque cii l’on
eroyoit que cet acide mixte, nommé autrefois
eau régale,. fe combinoittout entier aux-oxides j
mais comme il a été reconnu depuis, qu’il eft très-
rare, & peut-être qu’il n’exifte jamais une véritable
com^inaifon qui contient ces deux acides réunis ,
& que dans les casoù l’on combine cet acide avec
les métaux, il n’en refaite que des muria.tes fim- '
| p ie s o u o x ig é n é s , o n a r e n o n c é à c e t t e d é n om in
a t io n .
NOIR. Le noir ou la coulèur noire , prife dans
l’acception la plus générale, eft prife en général
pour une abfence de couleur, ou pour l’abforption
complète de tous les rayons colorés. Voilà pourquoi
il eft au phyfique le fymbole de l’ombre, &
au moral le figne de deuil, de l’abfence & de la
mort.
Le noir eft une couleur affez fréquente dans les
minéraux, comme dans l’ oxide de manganèfe ,
quelques fulfures métalliques , quelques pierres
colorées par du fer ou du charbon. On le rencontre
rarement dans les végétaux vivans, fféquenv
ment au contraire dans les végétaux morts, & il
eft alors le figne de leur dernière décompofition ,
de la putréfaction qui femble lés réduire à la condition
du charbon. Tel eft le changement qu’é?
prouvent les bois plongés dans l’eau ou enfoncés
dans les terres humides j telle eft encore la couleur
du terreau. Les animaux vivans font fouvent colorés
èn noir dans plufieurs de leurs parties: on le voit
furtout dans les poils des mammifères, dans les
plumes des oifeaux, dans les étuis des inféCtes, &c
les écailles qui recouvrent les ailes-des papillons.
Il paroîc que cette nuance eft due à la prélence
d’une huile très-colorée.' ( Voye^ l'article P o i l s .)
N o i r d e f u m é e . On nomme ainfi l’efpèce de
fuie légère ou de ‘charbon léger que dépofe da
fumée des huiles réfineufes lorfqu’elles brûlent
incomplètement. En brûlant ainfi de la poix & des
réfines liquides dans des chambres- carrées ter-
; minées vers le haut par un toit de toile en forme
conique, il s’attache fur la toile une grande quantité
de flocons de fuie noire & très-légère , qu’on
ramaflfe & qu’on vend, pour la peinture, fous le
nom de noir de fumée. (Voye^ les articles C h a r b
o n , H u i l e , R é s in e . )
1 N o i r d ’im p r im e r i e . Les imprimeurs emploient
, pour^ garnir les caractères & les faire
marquer fur le papier par la preflîon, un mélange
de noir de fumée & d’huile grade épaiffe bien
broyée, Sc formant une maffe molle, égale, qui
s’applique facilement & fans grumeau fur les formes
près leur impofition. C ’eft en raifon de cette,
nature huileufe & charboneufe de l’encre d’imprimerie
, qu’ elle n’eft point enlevée de deffus le
_ papier par les acides, tandis' que l’encre d’écriture
ou des manuferits, qui n’eft que du gallate de fer
f (voyeç ce mot ) , difparoît entièrement à l’aide de.
ces réaéiifs. Auffi lorfqu’on a propofé de mettre
au pilon les feuilles imprimées pour en reformer
: de la pâte de papier blanc, on a confeiilé de faire
bouillir ce papier avec des leffiÿes alcalines. M^ais
or. affaiblit ainfi la pâte, & on lui Ôte le liant & la
''folidicé qui la caractérisent. Ce procédé n’a pointr
eu , & ne pouvoit point avoir le fuccès qu’on s’en
étoit promis.
Le noir des imprimeurs eft fait avec beaucoup
de foin pour les ouvrages précieux & recherchés,
comme le font les Didot, les Bodoni, lies Eh-
ran , &c. Il y a beaucoup de recettes différentes,
mais elles font toutes renfermées dans le choix des
matières premières, & dans un broiement très-
e x a é t . ( Voye\ l article E n c r e . )
N o i r d ’ i v o i r e . En brûlant à demi ou en dif-
. tillant des os, des dents, de l’ivoire proprement
d it, on obtient un charbon très-denfe, très-fin,
Très-brillant, qu’on emploie, après l’avoir fortement
broyé & lavé, dans la peinture. C’eft un des
plus beaux noirs que l’on puifîe trouver. Il en
exifte un qui eft peut-être encore plus fin j c’eft
celui que l’on prépare avec les noyaux de pêche
& les noyaux d’abricots. ( Voye£ Varticle C h a r b
o n . )
N o i r d e t e i n t u r e . Le noir de teinture eft une
efpèce d’encre formée par la noix de galle & le
Tulfate de fer j il s’ attache très-fortement aux
étoffes de laine, à la foie, aux plumes & à tous
les tiffiis animaux, furtout lorfqu’or. les a préparés
& dïipofés d’abord par de grands lavages, & par
l’application d’une teinte bleue qu’on appelle pied.
Ces détails, ainfi que ceux qui font relatifs à la
préparation de la teinture notre & aux recettes variées
de celle-ci, feront donnés à l’article T e i n t
u r e .
1 NOIX DE GALLE. Aucune des matières teignantes
en . fauve n’approche de la noix de galle
par fon influence dans la coloration î c’eft elle qui
fait la première & la plus forte de ces teintures.
On fait que la noix de galle eft une excroilfance
formée fur les feuilles, les pétioles & les petites
branches du chêne rouvre, quercus, robur3 piqués
par uninfe&e. C ’eft dans le Levant que vient la
meilleure noix de galle, & on ne le fert pas de
çelle de France. Sa faveur eft âcre, acerbe, &
extrêmement aftringente ; elle peut fervir au tannage
dés peaux, quoique foiblement. Sa nature,
fes propriétés & fes effets ont été fucceffivement
examinés par Macquer > Lewis, Monnet, les chi-
miftes de Dijon, Schéèle, MM. Berthollet, Déyeux
& Prouft. On l’a d’abord rangée à la tête des af-
tringens, & on a attribué fon effet fur le fer & fes
diffolutions qu’elle noircit, à fa propriété aftringente
, qu’on eroyoit exifter de même nature dans
les autres végétaux acerbes. On a vu fon principe
colorant le fer en noir, fe fublimer par la diftillation,
paffer dans fes divers produits, fe communiquer
aux acides & aux alcalis par lefquels on la
traitoit, fe porter immédiatement fur le fer à l’état
de métal. Schéèle en a tiré enfuite un acide particulier,
qui a déjà été examiné fous le nom & acide
gallique. On a reconnu depuis que cet acide pouvoit
être obtenu par la fublimation , qu’ il précipi-
toit toutes les diffolutions métalliques, qu’il en
rapprochoit les oxides de l’état de métaux, qu’il
coloroit auffi le fer en noir. M. Berthollet a fait
voir de plus que cet acide n’étoit pas la feule fubf-
tance aftringente ou le principe de cette propriété ;
que chaque aftringent agifioit d’une manière particulière
fur les diffolutions de fer ; que les uns le
préc ipitoient en brun, les autres en vert-foncé,
les autres en pourpre ou en violet, & d’autres en
bleu-noirâtre ; que la noix de galle laiffoit une
grande quantité de charbon après fon analyfej que
cette furabondance de charbon c on tribu o it beaucoup
à la coloration en noir, en reftant feul &
folidô après la combuftion de l’hydrogène. Depuis
M. Prouft a remarqué que la partie aftringente de
la noix de galle ne noirciffoit bien que l’oxide de
fer très-oxidé ou rouge j qu’elle n’agiffoit pas fur
les fels de fer trop peu oxides 5 qu’on gagnoi't
beaucoup, pour préparer les couleurs noires , à
employer le fulface ae fer rouge. Telles font les
bafes fur lefquelles on peut établir les nombreufes
utilités de la noix de galle dans la teinture. ( Veycç
les articles A c id e G A L L IQ U E , A s t R IN G EN S , E n -
c r e , C o u l e u r s , M o r d a n s , N o i r ù T e i n t
u r e . )
NOMENCLATURE. On a vu, dans le premiet
volume ( Avertiffement placé vers le milieu ) , que
la nomenclature chimique, changée depuis le fuccès
de la grande révolution que cette fcience a éprouvée
en 1787, differoit furtout des noms anciens
adoptés pour défigner les compofés & leurs principes
, en ce qu’elle offroit un fyîftème régulier,
un enfemble méthodique des connoiffances exac-
tes'que la chimie poffedoit. Il me paroît indifpen-
fable de retracer ici la marche que mes coopérateurs
& moi avons fuivie dans la- formation de ce
nouveau langage.
Le premier principe qui nous a guidés, a été
de lier les mots aux chofes qu’ils étoient deftinés
à repréfenter. Nous avons commencé à bannir de
la nomenclature les mots qui étoient tirés des inventeurs
, des propriétés médicales ou ufuelles,
& à plus forte raifon des hypothèfes qu’on avoir
imaginées pour expliquer les faits mal’ obfe'rvés ,
mal connus, & dont les rapports avec d’autres
n’étoient point encore trouvés. Ainfi beaucoup de
noms anciens, formés d’après des opinions alchimiques
qui étoient des erreurs plus ou moins grof-
fières, ont difparu dans les nouvelles dénominations.
La bizarrerie des noms anciens , leur fource
puifée dans toutes fortes de préjugés & d'hypo-
thèfes , leur incohérence & leur indépendance
abfolue, née des éqoques diverfes où ils avoient
été propofés, & des idées differentes qui leur
avoient donné naiffance, formant de la nomenclature^
reçue jufque-là un affemblagé irrégulier, un
véritable chaos qui. embarraffpit l’étude de U