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tube .recourbé, plongeant d ms l’eau; Après avoir
laiffé échapper i’ air desyaiffeaux , nous, avons recueilli
dans des récipiens un volume de fluide
élaftique, égal à fept livres douze onces, d’eau : ce
gaz, qui s’étoit dégagé en groffes bulles , étei-
gnoit la bougie, précipitoit l’eau de chaux, &
la rediffplvoiti c’etqit; donc de l’acide crayeux ,
ainfi que l’avoit annoncé M. l’abbé Fontana.
Deux onces de fable vert du -Pérou, traitées de
mêmejinpus ont donné un .fluide élaftique qui fe
dégageoit en petites; bulles Ôt qui augmentoit h’é-
clat de la lumière vc’étoit évidemment de l’air
v ita l, mais un peu mélangé d’acide.crayeux, car
il précipitoit légèrement l ’eau de chaux; & d’après
l’abforption quûs’en eft faite, fur cette eau ,
nous avons jugé que la proportion du mélange
étoied’une. partie décide crayeux, Ciir dix-huit
parties d^air vital:: il y. avoit environ -vingt-un
pouces cubiques de ce gaz.
Le ballon adaptë'àu be‘c dé là cornue où étoit
la malachite, contenoit un g rosi dix-fept grains
d’une liqueur- claire & fans odeur, qui ne parôif-
foit être que de l’eau; -mais le fable vert avoit
foûrplun gros foixante-neùf ‘grains1 de liqueur
d’un vert d’émeraude -clairV donnant- une forte1
odeur d’acide mUriariquè*, S^dont la faveur étoit
fortement àcidéri ‘r:. *
• La cornüé'de ldVnalachifé ft’avoît dafts fon coi
qu’un léger enduit blanc-verd atre, au lieu que' celui
d'é la cornue où’lé fable vert avoit'été diftillé,
étoit ‘câpMfé !dë fleurs blàVi'cheS i, jaunes 8c vertes.,
que -nous-àvbris jüge’êtré vdü muriatè-de Suivre,
d’après'F ode À' d’àcïdé muriatique qui s’en' eit dégagée
lorfqu’on y a verfé.de l ’acide yitriôliquè, 8c
d’après la' couleur'blé de qu’ il a prife par i’âlcali
volatil. ■
Enfin, le réfidu de la, malachite, que l’on n’a
pas pu pefer parce qu’il étoit en partie fondu 8c
adhérent au v e r re é to it d’un brun- noirâtre , & a
cônfêrve cette couleur ; niais celui du,fable vert,
qui pefoit une once cinq gros trente-quatre grains,
& qui f ormoït, une ni^e cohérente brune détachée
du fond de.la cornue, a repris, au bout d,e quelques
jours, une couleur verte qui eft devenue de
plus en plus vive , & paroît aujourd’hui prefque
aufli belle à Ta furface 8c même affez.avant dans,
l’intérieur, que celle du fable intaél. Ce changement
né péut être dû qu’ à l’abforpripn, par cette
chaux, de la bafe de,l’air vital de i’atmofpfière,
qui la rétablit dans fon premier état ; c’ eft: ce que
nous nous proposons de vérifier en la foumettant
de nouveau à l’appareil pneumaro-chimique.
. Cette expérience nous ayant affuré-que la malachite
& le fable vert du Pérou étoient des chaux
cuivreufes, mais combinées à,des Cubftanees différentes
, & formant par conféquentidrs cpmpofés
diffemb labiés., nous dvons-ce/lé de»les comparer,
& nous ne nQus fojîimes pluspccupés, que d’ana-:
!yfer: pqtfs U voie humide, poür;coni'
pléter le travail dont l’Académie nous avoit char-f
gés. r ■ # i
Deux onces d’acide vitriolique .yerfées fur deux
gros de fable vert n’ont point excité* d’effervet-
cence, mais il s’tft formé prefque tput à coup une
maffe concrète qui pourtant fe brifoit facilement :
l’acide ne-s,’eft d'abord coloré que foiblement en
bleu. La diilblurion , au bout de quinze jours,
étoit plus verte que bleue., 8c contenoit un fel
criftallifé en prilmes verdâtres; le fable non dif?
fous pefoit dix-huit grains. Dès le commencement
de la diftolution , il s’eft dégagé une odeur d’acide
muriatique qui a continué d’être très-feniible pendant
plus de douze jours.
L’acide nitreux a diflous le fable vert fans effer-
ve.fcence , & il ne s’eft point formé de maife fo-
lide ; la diffolution bleue 8c claire a donné des
critlaux de nitre cuivreux très-purs : il y a eu ,
comme par l'acide vitriolique, dix-huit grains de
fable non diffous.
L'adion de l’acide muriatique a été très - vive j
quoique fans effervefcence, & le fable vert a pris
une forme concrète comme avec l’acide vitrioii-
que; mais fa: couleur eft devenue d’un jaune-verdâtre
, tandis que la diftolution a pris, celle d un
vert-foncé- La malle concrète a bientôt été dif-
foute par i’acidejL& la diffolution étendue de trois
onces, deux gips d’eau diftillée & légèrement
chauffée , tft devenue d'un beau vert , & a certainement
été complète, car la portion non dif-
foute étoit absolument décolorée, même au mi-
crofcope, & ne pefoit que feize grains fur deux
gros de fable vert.
Cette diffolution muriatique, précipitée par un
barreau de fer,, a donne fpixânte-fppt grains de
- feuilles de cuivre , q u i, réduites ayec un peu de
poix-réfine & d'alcali fixe,, ont fourni, fous une
feorie très-brune, un culot de beau cuivre pefant
cinquante-grains , quantité affez approchante du
produit métallique obtenu du fable vért au fourneau
de fufion; mais comm^il a eté;impoiTiblede
détacher entièrement le cuivre du barreau de fer,,
nous eilimons à huit pu dix grains la portion de
ce métal non peféer; ce qui fait foixante-quinzé
grains de cuivre pour deux gros de fable au Pérou.
L’alcali volatil, verfé fur trente-fîx grains de
fable vert, m formé d’abord une maffe folide ;
mais cette maffe divifée s’eft bientôt diffoute, Ôf
la portion qui ne fe diffolvoit pas .fe décoloroic
fenfiblement. La diffolution,évaporée à ficcité, a
donné un produit bleu & vert pefant quarante*
grains, & la portion non diffoute pefoit cinq
grains, réfidu plus confidérable que celui laiffé par
les acides. 1
Gomme le travail dont nous venons de rendre
compte y nous avoit donné plufieurs fois ôcca-
fioo de remarquer une odeur très-fenfible d acide
muriatique, foit dans les diffolutions de fable vert
par.l'acide.vitriolique, foit dans le produit liquide
de fa diftillation, qui avoit le caractère d’acide
muriatique oxigéné, nous avons voulu nous ad a- ;
rer de la préf nce de cet acide, & en déterminer,
s’il fe potivoit , la quantité.
En conféquence, nous avons trituré un peu de
fable vert dans l’eau diftillée froide , qui a précipité
en blanc la diffolution nitreufe d’argent.
Nous avons enfuite fait bouillir pendant un
quart d’heure une livre & demie de notre fable
dans deux livres d’eau diftillée : la diffolution filtrée
étoit claire3 mais d’un jaune-verdâtre j évaporée
à ficcité dans une cornue, elle a donné une
matière un peu bourfouflée & comme fondue, qui
efoit dix grains. Cette matière avoit une odeur
itumineufe} elle fe bourfoufloit encore fur le
charbon 5 l’acide vitriolique en dégageoit une
odeur fenfible d’acide muriatique; l’eau ne la dif-
folvoit qu’en partie & devenoit jaune ; filtrée,
elle précipitoit par l’ alcali fixe une poudre blanche
; par l ’alcali volatil, au bout de plufieurs
heures, une poudre jaunâtre , 8c la liqueur pre-
noit une nuance verte : la noix de gale n’y a produit
aucun changement , mais la diffolution nitreufe
d’argent a donné fur-le-champ un précipité
blanc. La préfence de l’acide muriatique eft donc
bien conftatée , mais fa quantité ne peut pas être
connue par cette expérience. Le réfultat moyen
des divers procédés que nous avons mis en ufage
fiour eftimer cet acide , nous donne de neuf à dix
ivres par quintal de fable.
Pendant que nous fai fions cette analyfe ,
M. d’Arcet a bien voulu fe charger d’effayer le
fable vert au feu de porcelaine; il en a obtenu le
même réfultat que nous , en le fondant fans addition
» & une belle couleur verte-claire fur la porcelaine
tendre, & plus foncée fur la dure.
11 réfui te de notre examen, que ce fable èfl une
mine de cuivre fort riche dans l’état de chaux cuivreufe
, unie à un peu d’acide muriatique &.d’eau,
mêlée avec un fable quartzeux & quelques atomes
de fer , dont nous avons trouvé les traces dans
plufieurs de nos expériences. Cette chaux ëft fi
avide de la baie de l’air vital, qu'elle la reprend
facilement à l’air, après qu’on la lui à enlevée par
le feu.
En prenant les réfultats moyens de nos expériences,
il réfuitè dé cette analyfe, que cent grains
de fable vert & cuivreux du Pérou contiennent à
peu prés : } .
52 grains de cuivre.
10, — . . d’acide muriatique.
12 _ ___d’eau.
n ........ de la bafe de l’air vital
11 . . . . . de fable.
; Çd’acide crayeux.
1 W cde fer-. : . V
a. ; 3 .........de perte.
C’eft à l’hiftoire naturelle à rechercher fon origine
, qui fans doute eft une mine de cuivre d'une
efpèce jufqu’ à préfent inconnue, d'où les eaux
auront fucceflivement enlevé quelques parties:
ainfi chariées & comminuées, elles fe feront mêlées
avec un fable étranger, & auront formé un
dépôt : il refie donc à fouhaiter. que de nouveaux
obfervateurs, aufli zélés, que M. Dombey, aillent
éclaircir nos doutes, & nous rapportent, fur la
minéralogie de-ces contrées, des lumières aufli
étendues, que cet illuftre voyageur nous en a données
fur la botanique.
Addition au Mémoire t faite le 21 avril 1787.
La chaux cuivreufe, réfultant-e delà diftillation
du fable vert, qui, dès le douzième jour après
l ’opération faite en février 1786 , avoit commencé
à fe colorer en vert, a été confervée dans un cabinet
à l'abri de toute autre influence que celle de
l’air atmofphérique : on. a feulement eu foin de la
remuer de tems en tems pour changer les furfaces ;
elle a verdi dans fa totalité, & s’eft trouvée feulement
d’une nuance un peu plus claire que le
fable intaél. Le 5 mars 1786 , elle pefoit une once
cinq gros trente-quatre grains , 8c le 20 avril
1787,< une once fixgros foixante grains;ainfi elle
avoit acquis , dans cet intervalle, un gros vingt-
fix grains- I
Nous l’avons foumife à une nouvelle diftillation
dans l’appareil pneumato^ chimique; elle nous a
fourni Un gros trente grains d’eau, d’abord claire:,
puis verte , ayanrune légère odeur d’acide muriatique
, & à laquelle l’alcali volatil donnoit une
belle couleur bleue; & foixante-trois pouces
cubes d’air vital, ou trente-un grains & demi d'ail:
vital mêlé d’un atome d’acide ciayeux. Le bec de
la cornue exhaloitdne forte odeur d’acide muriatique
oxigéné, mêlée de celle du cuivre,.& le
col étoit tapiffé d’un léger fublimé jaune-rougeâtre
& prefque noir. Le refidü brun-rougeâtfé étoit
agglutiné, & pefoit une once quatre -gros cin-
quante-lèpt grains, c’efi-à-diré, quarante -neuf
grains de moins qu’après da première diftillation.
Nous le garderons pour voir s’il reprendra la couleur
verte ; ce qui nous paroît indubitable.*
Il refaite de cette expérience, que la chaux
cuivreufe ahurie grande affinité'avec l'eau 8c la
bafe de l'air vital.
Addition du y oHobre 1788.
Le réfidu de la fécondé expériencé faite le 21
avril'1787 a repris déjà -depuis Iong-tems une
belle couleur verte.
Notciy Mi Be'rthoilèt nôtre confrère , qui a été
chargé par l’Adminiftratiôif, d’ examiner le fable
cuivreux du Pérou, a bien voulu nous communique
r-lè rëfùltat^dé fon travail, &c nous permettre
de l’inférer à la fuite Total. roo grains. de notre analyfe'; En compa