
beaucoup accéléré par le contafl des rayons du f
f e Pe“ t donc jamais obtenir par-là que
du luliate de mercure. De ce que 3 dans cette expérience
, 1 oxide de mercure rouge eft blanchi
d abord , & enfuite réduit complètement par l’a-
cide fuirureux , il ne faut pas en conclure que ce'a
®“ Contradictoire avec la décompofuion de l’acide
fulfurique par le mercure; car il rfy a point de parité
entre ces deux phénomènes : le premier n’a
Jieü qu a froid , & le fécond ne s’opère qu’à l ’aide
de la chaleur. -
74. L’acide nitrique eft facilement & rapidement
decompofé par le mercure : cette aétion eft
beaucoup plus forte que celle qu’il exerce fur
1 acide fulfurique j elle a lieu à froid & dès de
moment du contait de ces deux corps*} elle ne
commence pas fpontanément, foit lorfque l’acide
ejt trop concentré, foit lorfqu’il eft trop étendu
d eau} elle eft accompagnée d’une effervefcence
due au dégagement ,4e gaz nitreux : c'eft un des
moyens de fe procurer ce gaz, & c’eft l’expé-
trence par où Lavoifier a commencé l’analyfe de 1 acide nitrique. L eau-forte du commerce agit fur
le mercure fans répandre cependant beaucoup de
vapeur rouge. Lorfque l’opération eft faite dans
ün vafs conique rrès-alongé, & lorfque l’acide
recouvre le mercure à une affez grande hauteur
on obferve iouvent un phénomène qui en a im-
pofa, aux chimiftes. Dans le commencement de
l’opération, l’ acide fe color# en vert-bleuâtre
vers le fond : c’eft évidemment à l’oxide nitreux,
qui fe féparede la portion inférieure de l’acide dé-
compofé, qu,’eft due cette coloration. Et en effet,
-cet oxide ne fe- dégage pas alors en gaz ; la couleur
de la diftolocion augmente tant qu’il n’y a pas
de bulles qui fortent à la furfacede la liqueur. On
■ voit de petites bulles qui partent de deffus ïemercure
t & qui difparoiftent dans la partie inférieure
-de ce liquide. Lorfque l'aétion plus forte développe
plus de chaleur, le gaz nitreux s’échappe ,
& la liqueur perd la couleur qu’elle' avoit prife.
Ce ph=nomene prouve que le mercure a plus d’at-
trsétron pour l’oxigène, quan’en a l’oxide-d’azote.
A mefure qu’il fe brûle , 4e métaloxidédp diffout
dans la portion d acide non décompofée ; car on
emploie ordinairement pour cette diffolution
beaucoup plus d’acide qu’il n’en faut pour oxidef
fimplement le métal j 8e. on peut en féparer, pat
la penfée, la totalité en deux parties par rapport
à l’aélion différente que chacune d'elles exerce
furie mercure-;, h parue oxidante & la partie dif-
folvante; La diffolution s’arrête lorfqu’il y a équilibre
encre, la proportion d oxide-mercuriel, formé.,
fe celle,gefacide.nitrique néceffaire pour la
diffoudre. Cet acide peut diffoudre ainii une quantité
de mercure, égale à la fienne.
7f* La diffolution nitrique de mercure , faite à
froid, eft blanche & fans1 couleur : elle,eft très>pelante.
& 4'une caufticité fi forte, qu’elle fert en
chirurgie, fousleinomimpropreâ’eau.meccurielle,
pour corroder Sc détruire des chairs baveufes,
elle fournit, fort fpontanément, foit par évapo-
ration , des criftaux d’une forme très-variée, fui-
vant état de cette liqueur, & fuivant les circonf-
tances qui accompagnent la criftallifation. Je les
ai vus fous quatre formes différentes : par l’évaporation
fpomanée , j'ai obtenu des criftaux tranf-
parens, réguliers, à quatorze facettes formées
par la reunion de deux pyramides tétraèdres ,
comme tronquées très-près de leurs bafes, & aux
quatre angles réfultans de l'union des pyramides.
La, m.eHle diffolution,;évaporée & mife enfuite à
refroidir, depofe au bouc de vingt-quatre heures
des efpèces de prifmes aigus, (iriés obliquement
lut leur largeur, & formés par l’application fuc-
celiive de petites lames pofées en recouvrement
les unes fur les autres, à la manière des tuiles. Ces
lames, examinées avec foin, paroiffent être les
memes folides à quatorze facettes que les criftaux
indiqués ci-deffus, mais plus petits & plus régu-
p fj queux. Une diffolution nitrique , faite à
d une ctlaJeu.r douce, fournit par le refroi-
diffement des aiguilles plates, très-longues, très-
aiguës 8c ftriées fur leur longueur : ce font celles
qu on obtient le plus fouvent; elles ont été dé-1
crices pat la plupart des chimiftes, 8c furtout par
Macquer 8c Rouelle. Enfin , il y a une quatrième
formé très-irrégulière : c’eft cèlle d’une maffe
blanche, remplie fouvent de pfetices aiguilles
longues, farinées, flexibles; mais celle-ci appar-
trent à une autre diffolution , ou à une autre mo-
dification du nitrate de mercure dont il eft néceffaire
de confidérer les propriétés.
ÈÊM Quoique quelques chimiftes aient indiqué
1 état de cette fécondé diffolution nitrique avant
Bergman, c eft a celui-ci qu’on doit la première
connoiifance exaéle de cette modification remarquable
du nitrate rmrcuriel. Cet illuftre chimifte
a fait obferver , dans fa Dijfertation fur l ’analyfe
> que les diffolutions nitriques de mercure
differoientjes unes des autres, fuivant la manière
dont elles ^avoient été préparées. Celle qui a été
faite a froid, donc j’ai déjà parlé, & qui n’a point
donne lieu au dégagement des vapeurs rouges, n’eft
point décompofablepar l’eau mais fi l’on
a aidé, la diffolution par une chaleur long-tems continue
, s’il s’en eft dégagé une grande quantité de
gaz nitreux, elle précipitera par l’eau, elle ne
pourra plus fervir de réa&if fur. Je ne parlerai
point ici de la théorie erronée que Bergman ad-
mettoit pour expliquer cette différence5 je donnerai
celle que mes expériences avçc M. Thénard
m ont fait adopter. Il n'y a que les diffolutions nitriques
de mercureg dans lefquellès ce métal eft
très-oxidéqui foient fufceptibles de précipiter
par l’eau diftillée. Or, l’expérience prouve que l’acide
nitrique concentré diffoufplus d’oxide rouge
de mercure 3 que l’acide nitrique étendu d’eau :
; donc lorfqu’on a fait bouillir pendant long-tems
' de 1 acide nitrique avec du mercure y comme il en
ré fui te véritablement alors du nitrate tres-oxide ,
peu acide & très - concentré , nécelfiir-ment
lorlqu’on l’etend d’eau , il doit fe faire un précipité.
Ce précipité, qui eft blanc, n eft pas feulement
de l’oxide de mercure très-oxidé, mais c’eft
im nitrate acidulé de mercure oxigéné qui, quand
on le lave, perd fon léger excès d’acide , & devient
jaune-rougeâtre. La diffolution faite à froid
& avec de l’acide nitrique érendu d’eau , ne contenant
que de l’oxide de mercure noir ou peu oxidé
, lequel ne le diflout pas plus dans l’acide nitrique
concentré, que dans l’acide nitrique foible ,
ne doit point.précipiter par l’eau.
77. Le précipité qu’on obtient n’eft pas com-
pofé cependant de tout l’oxide de mercury uni à
l’acide nitrique : quelque grandes que foient les
quantités d’ eau dont on fe fert pour le former, il
y a dans la liqueur , après la réparation de fon dépôt,
beaucoup d’oxide uni à l’acide qui refte. Je
m’en fuis affuré en verfant dans cette liqueur,
déjà précipitée par l’eau & furnageante,des alcalis
fixes qui en féparentla portion d’oxide qui y refte.
On voit donc déjà par ce qui vient d’ être dit, qu’il y
apluficurs efpèces de nitrates de mercure. Le nombre
de ces Tels l’emporte même fur celui des ful-
fates } car nous n’avons diftingué que quatre ful-
fates, & il exifte réellement fix nitrate s ; favoir:
trois nitrates peu oxidés, qui font : le nitrate neutre
le nitrate acidulé & le nitrate acide , &
troistrès-oxidés, qui font aufl't, l'un neutre, l’autre
acidulé , & le troifième acide. Pour obtenir
Its trois nitrates peu oxidés , il faut faire agir à la
température de l'atmofphère , de l’acide nitrique
à 16 degrés fur un excès de mercure 3 peu »a peu la
diffolution fe fait, & ne tarde point à criftaliifer
d’elle-même j fouvent, îorfqu’elle eft au point de
faturation convenable, par l’ agitation elle fe remplit
tout à coup d’une multitude de petits criftaux
aiguillés. C’eft toujours du nitrate acidulé (mêlé,
comme on le verra plus bas, d’un peu de nitrite)
qui le comporte avec l ’eau , comme le fulfate acidulé
de mercure, c’eft-à-dire, qui fe transforme
en nitrate neutre peu oxidé, infoluble, d’une couleur
grife, & en nitrate acide, foluble dans l’eau
& incolore.
• Pour former les trois nitrates oxigénés , au
lieu d’employer de l’acide nitrique à 16 degrés,'.
& de le,faire agir à froid fur le mercure, il faut
fe fervir d’acide à 25, à 30 degrés, porter la liqueur
jufqu’ à l’ébullition , & continuer cette
ébullition jufqu’à ce que le nitrate, qui précipite
d’abord fortement par l’acide muriatique ,
ceffe dé fe troubler par ce réaètif. Alors on évapore
prefqu’à ficcité la diffolution j on obtient
ainfi un nitrate acidulé jaunâtre, très-oxidé, qui
par l ’eau donne du nitrate neutre, infoluble &
jaune, appelé autrefois turbith nitreux, & un nitrate
acide , foluble & fans couleur.
Examinons maintenant les nitrates acides, peu
& très-oxidés de mercure. Ce que nous en dirons
fu-ffira pour faire concevoir toutes lis propriétés
des autres.
Le premier , le nitrate peu oxidé criftallife facilement
, & affoéxe beaucoup de formes differentes
j il- ne colore point les matières animales ; il
n’eft point déliquelcent3 l’acide fulfurique, l’acide
muriatique , libres ou combinés, en précipitent
tous l’ oxide à Pétat de fulfate & de mûri are
blanc & un peu oxidé. Toutes Ls bafes fàli fiable s
folubles y forment un précipité gris-noirâtre , qui
n’eft autre chofe que de l'oxide pur, peu oxidé,
excepté celui provenant de l’ammoniaque, dans
lequel on trouve une petite quantité d’alcali Üc
d’acide.
Le fécond, le nitrate très-oxidé criftallife difficilement}
il fe prend ordinairement par l’évaporation
en une maffe firupeufe, remplie de petites
aiguilles qui fe croifer.t 5 il colore en noir les
matières animales 5 il eft déliquefcent : toutes ks
bafes falifiables mifes en excès, le précipitent en
jaune, excepté l’arrimo.- iaque qui le précipite en
blanc. Si le nitrate contenoit un grand excès d’acide,
P ammoniaque n’y produiroit aucun précipité
j il fe ferok un tel triple très-folub;e , dans
iequel il entre beaucoup de nitrate d’ammoniaque.
L’acide fulfurique & l’acide muriatique n'y
font aucun précipité, à moins qu’il ne'foit en diffolution
concentrée 5 & alors, dans le premier
cas , c’eft un fulfate acide qui fe dépofe , & dans
le fécond, du fublimé corrofif, fous la forme de
lames} mais ces deux dépôts fe diffolvent facilement
dans l'eau.
Les fulfates y déterminent un précipité d’un
beau jaune, qui eft un véritable turbith minéral.
Les muriates agiffent comme l’acide muriatique}
les phofphates, fluates, borates, carbonates de
foude, de potaffe & d’ammoniaque, & tous les
fels en général, dont l’acide forme un fel infoluble
avec l’oxide,de mercure, verfés dans les nitrates
acides, peu & très-oxidés de mercure, y
produifent prefque toujours dés précipités blancs
avec le premier de ces fels, fouvent des précipités
colorés avec le fécond. Tous les nitrates de'
mercure font décompofés par une chaleur capable
de les porter au rouge-cerife } ceux qui font peu
oxidés agiffent d’abord dégagés du gaz nitreux &:
enfuite de l’oxigène j ceux qui font très-oxidés
donnent tout de fuite de l’oxigène & enfuite du
gazTîitreüx. Dans tous les cas , on obtient pour
l'éfidu , en arrêtant convenablement l ’oxidation ,
dè l’oxide ronge de mercure, appelé autrefois pré-
cipité rouge. On le prépare fouvent pour en former
un efearrotique en chirurgie, en chauffant &
en décompofant le nitrate dans des fioles à médecine.
On l’obtient alors fi l’opération eft faite
avec lenteur & précaution , fous la forme de
belles écailles brillantes, du plus beau pourpre ,
d’une âcreté confidérable. Il ne contient plus d’acide
lorfqu'il eft bien préparé & bien homogène :
cen eft plus qu'un oxide d s mercure rouge & pur,