
comme partie colorante. Sa fufion 8c fa phof-
phortfcence au chalumeau forment comme une
double action du feu que M. Haüy a cru rendre
par le mot dipyre.
4$°. Uasbefte. Le nom déjà ancien d'asbefte ,
qui lignifie inextinguible-, quoiqu’on ait pris ce
mot pour celui 8! incombuftible , appartient à une
pierre dont le tiflu, le plus fouvent fibreux ou filamenteux
> la rapproche de celui des toiles ou des
fibres végétales. On confond,cette fubllance avec
l'amiante. Ce compofé terreux a une pefanteur
fpécifique très-variable, & qui paroît s'étendre depuis
0,6809 jufqu'à 2,7958 ; ce qui dépend de
l'extrême différence du rapprochement ou de l'écartement
de fes filamens. Sa dureté eft également
très-variable ; quelquefois elle eft affez grande
pour rayer le verre : dans quelques variétés, elle
a au contraire la molleffe du coton. Sa pouflière
eft toujours douce au toucher. Sa ftru&ure préfente
des filamens tantôt flexibles, tantôt caftans,
réunis longitudinalement par faifceaux , ou entrelacés
en imitant des efpèces de membranes.
L'asbefte eft fufible en un verre noir au chalumeau.
Les différences de fes filamens déterminent les
principales variétés qu'on y diftingue : l'asbefte
flexible , l'asbefte dur, l'asbefte fibreux, l'asbefte
trefféy ligniforme, &c. On en diftingue auflî de blanc
foyeux , de gris, de jaunâtre, de verdâtre & de
brun.
Bergman , en annonçant plus de moitié de fîlice
dans cette pierre 3 y a.trouvé près d'un cinquième
de magnéfîe, peu d'alumine, plus d'un dixième de
fulfates de baryte & de chaux. M. Wiegleb dit en
avoir retiré plus de magnéfie que defilice, 8c plu-
fisurs lithologiftes modernes ont rangé cette pierre
parmi les magnéfiennes.
On faifoit autrefois beaucoup d'ufage de la variété
d'asbefte doux 8c flexible pour en fabriquer
une efpèce de fil ou de toile incombuftible qu'on
employoit furtout pour les mèches des lampes
fépulcrales, & pour recueillir les cendres des corps
qu'on brûloir, 8cc. On pourroit l'appliquer utilement
à la fabrication d'un papier incombuftible,
pourvu qu'on écrivît defliis avec une encre indélébile.
44°. Le talc. Quoique ce nom ait été fouvent
fynonyme de mica en minéralogie, il eft adopté,
par les Modernes, pour défîgner une fubftance
pierreufe qui en diffère fpécialement par une onc-
tuofité fenfible au toucher, par l'abfence de l’é-
lafticité dans fes lames, 8c par l'éleétricité vitrée
qu'elle communique, par le frottement, à la cire
d'Efpagne, tandis que le mica lui donne l'éleétri-
cité réfineufe. M. Haüy compte beaucoup de variétés
de cette pierre ; favoir : le talc hexagonal, le
talc laminaire ou le talc de Venife , le talc écailleux
ou craie de Briançon, le talc granuleux, le talc
graphique ou pierre de lard, le talc ftéatite, le talc
pilaire & le talc chlorite.
Les cara&ères de cette pierre font une pefanteur
fpécifique entre 3,5854 8c 2,9902.; un tiffu facile
à racler avec le couteau 5 une furface douce &
grafîe ; la forme primitive de prifme droit rhom-
boïdal, dont les bafes ont leurs angles de 120 &
60 degrés, 8c dans lequel les coupes parallèles à
ces bafes font faciles à obtenir. Sa molécule intégrante
eft de la même forme.
M. Kirwan a trouvé dans cette pierre prefqu'autant
de magnéfie que de fîlice, 8c feulement un
vingtième d'alumine. Parmi les variétés aflez nom-
breufes de talc, on ne range point les ftéatites
mélangées, les ferpentines 8c les pierres ollaires.
La douceur du tiffu des talcs, la fineffe de leur
pouflière, leur facile fufpenfron dans l'eau qu'ils
abforbent avec force, la dureté qu’ils contractent
par l'aCtion d'un feu modéré, les rendent utiles à
un grand nombre d’arts ou de befoins de la vie.
La variété nommée chlorite, nom qui veut dire
fubftance verte, quoiqu’elle ne foit pas toujours de
cette couleur, eft une pierre brillante , comme
nacrée, oniueufe fous le doigt; a , lorfqu’elle eft
folide, une pefanteur fpécifique de 3,0966 ; une
dureté fi foible, qu'elle ne raie jamais le verre;
elle, eft même le plus fouvent pliante ou friable ;
elle n'a pas de forme criftailine, & prend feulement
celle de lames. On en diftingue deux fous-
variétés; l’une d'un blanc nacr'é 8c argenté, l’autre
d'un vert-fombre. Cette dernière eft fouvent dif-
féminée entre les couches de l'intérieur des crif-
taux de quartz.
M. Hoepfner & M. Vauquelin ont analyfé chacun
la chlorite : il y a aflez de différence dans leurs
réfultats pour faire penfer que ce n'eft pas la même
pierre que chacun a examinée. Le premier y a
trouvé près de la moitié de magnéfîe , tandis que le fécond n'y en a pas trouvé un dixième : l'un y
indique de la chaux que l’autre n'y a pas rencontrée
; la proportion ae fer & d'alumine annoncée
par chacun diffère eflfentiellement. M. Vauquelin
y annonce 0,43 d'oxide de fer; ce qui range cette
fubftance prefque parmi les mines ; & M. Hoepfner
le compte pour un peu plus d'un dixième feulement.
M. Vauquelin y trouve un muriate alcalin
& de l'eau en petite quantité ; M. Hoepfner ne.
fait mention ni de l'une ni de l'autre de ces fubf-
tances.
4 S°- La macle. Ce mot fignifie lof ange ou rhombe
évidé parallèlement a fes bords y il défigne une pierre
très-fingulièré en prifmes quadrangulaires, dont
les pans font inclinés de 95 & de 8ƒ degrés, présentant
dans leurs fradures des indices de lames
parallèles aux pans, 8c d'autres dans deux fens
différens. La coupe tranfverfale de ces prifmes
offre un rhombe noirâtre, infcrit dans un autre de
couleur blanchâtre, avec quatre autres rhombes
noirs plus petits, fitués aux angles du rhombe
blanchâtre, & liés à celui du centré par des lignes
de la même couleur. Cette apparence repréfente
une efpèce de croix ; quelquefois les lignes de
j rique , le principe pierreux qui y domine le plus,
en ajoutant quelquefois les noms de ceux qui
accompagnent ce premier principe, 8c une autre
I expreflîon qui énonce la manière refpeCtive d'être
’ de ces matériaux, comme feuilleté, amygdaloïde.
Ces dénominations méthodiques, provenant des
noms primitifs & bien préférables à ceux de granit,
de ferpentine, de porphyre , de gneifs , font defiinés
à indiquer, fans équivoque, les groupes des véritables
jon&ion entre les rhombes fe ramifient en d’autres
lignes parallèles aux bords.
La partie blanchâtre de cette pierre reffemble
aux ftéatites compactes ; la partie noire diminue
ordinairement d'épaiffeur, d'une extrémité du
prifme vers l'autre, en forte que, commençant j
par occuper toute fa largeur, elle fe termine par !
un Ample filet. Quelquefois auflî il n’y a que les
prifmes noirs fans matière blanche, & dans quelques
uns il n'y a à leur furface qu'une pellicule
blanchâtre qu'on ne rend fenfible qu’en la mouillant.
La matière du prifme a une pefanteur égale à
2,9444; celle qui lui fert d'enveloppe ne pèfe que
2,7674. La macle eft affez dure pour rayer le
verre. Sa caffure eft à grain fin & ferré ; fa pouf-
fière douce au toucher. On n’en a point fait l’ana-
lyfe, & on n'en connoît point encore les propriétés
chimiques.
# Ces quarante-cinq fubftances pierreufes dont je
viens de parler, font les types des combinaifons
terreufes connues jufqu’ic i, & forment autant d’ef-
pèces diflinétes qu'on doit regarder comme une
férié d’unités bien détachées les unes des autres.
Quoiqu’on puiffe ramener toutes les productions
pierreufes à ces unités, il arrive fouvent que la
nature les préfente dans un mélange tel, qu’on ne
peut plus y reconnoître la fubftance qui en fait le
type, furtout lorfque ce mélange a lieu dans des
proportions variables. La méthode ne peur plus
s'occuper de ces aflèmblages, dont les compofans
primitifs font compris dans les premières diftinc-
tions , que fous la forme d'appendices. C ’eft ce
qu’a fait M. Haüy pour toutes les pierres mélangées
ou les roches que le géologifte étudie, parce
qu'elles forment la mafle des montagnes 8c du
globe tout entier. Ces pierres mélangées peuvent
être divifées en trois ordres. Le premier appartient
aux agrégats formés de la réunion de fubftances
contemporaines qui ont été criftallifées à la
fois dans la même diflolution ; ce font les roches
compofant les terrains primitifs.
| Le fécond ordre renferme les agrégats pierreux
d une origine plus récente, formés par fédiment
& deflechement, comme les marnes, les fchiftes.
Ceux-ci comprennent fouvent des compofés aci-
diferes ou des Tels terreux.
Enfin, dans le troifîème ordre viennent fe ranger
les agrégats formés par la réunion du débris
des fubftances pierreufes anciennes collées par un
ciment, tels que les pouddings, les brèches &
les grès.
îjj Pour faire connoître & difpofer méthodiquement
çespierres mélangées ou agrégées , dont la nature,
la proportion, la pofition refpeCtive ou le giffement
conduifent le géologifte à déterminer l’antiquité,
la formation 8c les révolutions des terrains qu’elles
compofent, M. Haüy adopte une nomenclature
qui indique ce que l’oeil peut appercevoir dans j
.Chaque morcèau, en défignant, par un nom géné^ ;
efpèces qui, par leur agrégation, forment
les pierres mélangées. Il en eft de même des produits
volcaniques, dont l'expofition 8c la claflîfi-
cation conftituent, dans la minéralogie françaife,
un fécond appendice.
§. V. Des procédés généraux ou de la méthode d*ana-
lyfe employée , par les chimiftes modernes, pour
connoître la compofition des pierres.
La première opération confifte à réduire la pierre
qu'on veut anaiyfer, en molécules auflî fines qu'il
eft poflible. Pour cela on la broie avec de l ’eau
dans un mortier d'agate, 8c mieux encore de filex.
Quand l’eau devient laiteufe, on décante, & on
en ajoute de nouvelle que l'on décante encore,
ainfi de fuite jufqu'à ce qu'il ne refte plus rien
dans le mortier. Toutes les eaux décantées doivent
être mifes dans un vafe bien propre, pour qu’elles
puiffent laifler dépofer les molécules pierreufes
qu’elles tiennent en fufpenfion. Lorfque les eaux
font devenues bien limpides, on les tire à clair, 8c l'on fait bien fécher la poudre qui fe trouve au
fond du vafe.
On prend cent parties de cette poudre, que l’on
met dans un creufet d'argent pur, avec trois fois
autant de potaffe cauftique fèche préparée à l'alcool
; on chauffe, & l'on ménage le degré de
chaleur tellement, que le creufet rougifle & ne
fonde pas.
Après avoir tenu le creufet pendant une demi-
heure ou trois quarts d'heure au feu, on le Iaiffe
refroidir, 8c quand il eft bien nétoyé en dehors,
on le met dans une capfule de verre ou de porcelaine;
on le remplit d'eau pour délayer la matière
qu'il contient.
Toute la mafle fondue étant délayée dans une
fuffifante quantité d'eau 8c placée dans la capfule,
on y verfe de l'acide muriatique, qui précipite
d'abord la fîlice 8c l'alumine, mais qui, ajouté en
plus grande quantité, rediflout ces deux terres,
ainfi que celles qui font infolubîes dans l’alcali, 8c
par conféquent non difloutes dans l ’eau ; il ne refte
au fond de la liqueur que les parties de la pierre
qui n'ont point été attaquées par l ’alcali. Ces dernières
doivent être retraitées de la même manière,
jufqu'à ce que tout foit diftous par l ’acide muriatique.
> Alors on fait évaporer la diflolution jufqu'à fie-
cité ; on ajoute un peu d’acide muriatique pour
remplacer celui qui s'eft échappé, & l’on diffout