
different du carbure de fer, & contenoit une com- ,
binaifon de foufre avec ce qu’il croyoit être un |
jcide particulier. Pelletier a répété depuis toutes
ces expériences, 8c en a ajouté beaucoup d'autres
dans un Mémoire publié dans le Journal de phyfique
en 1789 , où il a prouvé que le molybdène des
minéralogiftes etoit une cpmbinaifon d'un métal
particulier 8c de foufre, & qu’en le traitant par
divers procédés, qui tous fe réduifoient à féparer
le foufre 8c à oxigérur le métal, Schéèle avoit
formé &: non retiré l'acide. En même ten»s il a
pon-!eulement confirmé les découvertes de Schéèle
fur l’acide molybdique, mais il a trouvé pluiîeurs
de les propriétés qui avoient échappé au chimifte
fuédois. Depuis ces travaux reconnus & vérifiés
aujourd’hui par tous les chimiftes, on nomme,
dans la nomenclature méthodique, le métal, molybdène;
fa mine, fu'fure de molybdène, 8c fon acide,
molybdique.
2. Le molybdène métal eft extrêmement rare &
extrêmement difficile à obtenir. Comme en fépa-
rant le foufre de fa mine il s'oxide & s’acidifie
très-aifémem, on eft obligé de décompofer en-
fuite fon acide, de lui enlever cet oxigène pour
avoir le métal; & Schéèle , en faifant cette expérience
avec foin, en employant même plufieurs
fondans, n’a jamais pu 1 obtenir à l’état métallique
, 8c n’a eu qu’une pouffière noire, fans cohérence
& fans brillant. Bergman annonçoiten 1781,
dans fa Dilfertation fur les acides métalliques, 8c
écrivoit la même année à M. Guyton , que le
doéteur Hielm ; autrefois fon élève , étoit parvenu
à réduire cet acide, & à recueillir affez de molyb-
dene'çn métal pour pouvoir reconnoître f-*s vrais
caraébères ; mais depuis cette annonce on n’a rien
publié , ni fur le procédé de Hielm, ni fur le métal
obtenu par fes foins. Pelletier , dans fes expériences
fur la rédu&ion de l’oxide 8c de l’acide
molybdiques, n’a point eu un culot métallique ,
mais une maflè agglutinée , noirâtre , friable,ayant
Je brillant métallique, dans laquelle la coupe fai-
foit voir de petits grains ronds brillans 8c gris. Ce
métal paroît être d’une extrême infufibilîté ; il
pèfe à peu près û,Ooo.
3. On n’a encore trouvé le molybdène que dans
l’état de fulfure & dans celui d’acide; ce dernier
état le préfentant d'ailleurs combiné fous la forme
de fels avec des oxides métalliques, on ne doit en
traiter qu’aux articles des métaux avec les oxides
defqueîs ii Te rencontre combiné.
4. Le fulfure de molybdène, long-tems confondu,
comme on l'a dit plus haut, avec le carbure de
fe r , en diffère cependant à beaucoup d’égards. Il
eft moins gras au toucher que ce dernier, plus dur
& moins grenu, plus brillant & moins fombre,
tirant bien plus fur le bleu. Formé de grandes
lames écailleufes, pofées les unes fur les autres,
peu adhérentes, que l’on peut féparer & même
couper avec un couteau, il tache moins les doigts
que le carbure de fer, & il lailfe fur le papier des *
traces bleuâtres ou d’un gris-argentin , moins foti-
cées & moins colorées que celles de ce dernier.
Il eft difficile à mettre en poudre à caufe de l’élaf-
ticité de fes lames. Schéèle n’y eft parvenu qu’en
jetant dans le mortier du fulfate de potaffe crif-
taliifé, qu'il emevoit erifuite à l’aide de l’eau. Sa
pouffière eft bleuâtre. M. Haüy ajoute à ces caractères
diftinétifs les deux propriétés fui vantes :
le fulfure de molybdène communique à la réfine
l’éleCtricité vitrée à l’aide du frottement, au lieu
que le carbure de fèr ne lui en communique aucune,
du moins lorfqu’d y laifïe fon empreinte
métallique. 11 forme fur la faïence des traits d’un
vert-jaunâtre, tandis que c>eux qui proviennent du
carbure de fer ont fa couleur ordinaire. M. Kirwan
eftime que les proportions des compofans du fulfure
de molybdène font de 0,55 de loufre, 8c de
0,1 ƒ de métal.
y. Comme les chimiftes ont beaucoup plus examiné
le fulfure de molybdène que le métal îlii-
même, je fuis obligé, à. chacun des numéros fui-
vans, d’indiquer, après le peu de notions que j’ai
pu recueillir fur le molybdène, l’altération que fo»
fulfure éprouve par chaque agent. Au défaut de
connoiftânces furie métal, je remplirai en quelque
forte les lacunes que fon hiftoire va préfer.ter,
par l’énoncé des propriétés que préfente le fulfure
. de molybdène, 8c j’obferverai à cet égard , qu’en
féparant les effets manifeftemertt dus au foufre,
dont je parlerai, les autres feront réellement des
phénomènes dus au métal lui-même.
6. On reconnoit manifeftement 8c fans erreur le
fulfure de molybdène, après avoir conftaté fes caractères
phyfiques indiqués plus haut, en ce que ,
traité au chalumeau , il exhale du foufre, reçon-
noiffable à for/ odeur, & une fumée blanche qui
fe condense fur les corps froids voifins en lames
ou aig*vres criftallifées, jaunâtres, 8c qui devient
bleue par le contaCl de la flamme intérieure.
• V. On ne traite point le fulfure de molybdène
-en grand, puifque Ion feul ufage, peu fréquent,
confïfte à l’employer tel qu'il fort de la terre, ou
Amplement pulvérïfé comme le carbure de fer,
dont il ne remplace cependant jamais la véritable
utilité.
^ 8. Le molybdène, chauffé avec le contaCt de l'air,
fe change , à une haute température, en un oxide
blanc, volatil, criftallifé en aiguilles brillantes,
& qui acquiert promptement les propriétés acides.
On n’a point déterminé la proportion d’oxigène
que ce /ihécal abforbe dans fon oxidation. Cet
oxide, chauffé avec des corps eombuftibles, prend
une couleur bleue fombre 8c peu brillante, en fe
rapprochant de l’état métallique.
9. Le fulfure de molybdène, calciné dans un grand
creufet recouvert d’un autre vailTeau pareil, a
donné à Pelletier des criftaux aiguillés, blancs &
brillans, fublimés, comme on en obtient de i’an-
• timoine, auxquels il a reconnu des caractères acides.
Avant cette fublimation, il s’eft dégagé du
foufre.
10. Le molybdène s’ unit très-bien au fourre par
la chaleur, 8c reforme le fulfure de molybdène.
On ne connoît pas fon union avec le pholphore.
11 s’allie aux métaux, 8c les rend grenus, griïâtres,
très-friables. % y
11. On ne connoît point l’a&ion du molybdène
ni de fon fulfure fur l’eau 8c fur les oxides méta.-
liques. 4 H
12. On n’a prefque point apprécié encore 1 action
du molybdène fur les divers acjdes. On fait
feulement que l’acide fulturique bouillant 1 oxide,
& que l’acide nitrique le convertit en acide mo-
lybdique. |
13. Schéèle 8c Pelletier ont mieux déterminé ;
l’adtion de quelques acides fur le fulfure de molybdène.
L’ acide lulfurique bouillant'donne de l’acide
fulfureux 8c en oxide le métal. L’acide nitrique,
diftillé fur ce fulfure, en brûle le foufre 8c
en acidifie le métal. Schéèle, en traitant une partie
de fulfure de molybdène cinq fois de fuite par
fer, avec lequel on le confond dans le commerce ;
mais, comme on l’a déjà dit plus haut, il ne le
remplace que très-imparfaitement, en fortequ on
peut dire qu’ il n’eft pas encore utilifé. Quand on
le connoîtra mieux, 8c qu’on fera plus familiarife
avec fes propriétés, :1 n’eft pas inviaifemblable
qu'il pourra entrer dans quelques alliages , 8c que
fon oxide bleu ou jaune pourra fervir à la peinture.
fix pafties d’acide nitrique un peu étendu d’eau a
chaque fois , a obtenu dans la cornue une poudre
blanche , qui étoit un mélange d’acide fulturique
& d'acide molybdique. L’acide muriatique n a :
d’aétion ni fur le métal ni fur fa mine. L acide ar-
fenique, chauffé dans une cornue avec du fulfure-
de molybdène, brûle le foufre en acide fulfureux,
convertit une portion du métal en acide molybdique,
en laiffe un autre à l’état de métal , 8c
paffe lui-même à 1 état métallique 8c en partie en
fulfure d’arfenique. Pelletier s’eft fervi de cette
expérience pour prouver que le molybdène eft en
métal dans fa mine.
14. Les alcalis diffolvent le molybdène 8c hvo-
rifent fon oxidation, qui en général eft très-facile.
Ils forment, à l’aide du feu , 8c par la voie fèche,
avec le fuiture de molybdène , un fulfure alcalin
^qui retient le métal en difiblution. On n’a que peu
examiné cette a&ion, 8c point du tout encore
celle des matières terreufes, ni fur le molybdène,
ni fur fa mine.
1 y. Parmi les fels, il n’y a encore que le nitrate
de potaffe dont on ait déterminé la manière d’agir
fur le fulfure de molybdène s 8c non encore fur le
métal. Une partie de cette mine 8c quatre parties
de nitre détonent dans un creufet rouge, 8c donnent
une malle rougeâtre pour produit. Cette maffe
leffivée laiffe environ 0,02 d’oxide de fer rouge,
& fournit, dans la difiblution, du fulfate de potaffe,
du nitre non décompofé 8c du molybdate
de potaffe ; ce qui prouve que le foufre 8c le molybdène,
tous deux oxigënés à leur maximum ou
acidifiés, fe font unis avec la bafe du nitre.
16. Comme on n’a eu jufqu’ici que très-peu de
molybdène, on ne l’a encore que légèrement traité
par quelques effais chimiques ; il n’a pu être con-
facré à aucun ufage. Le fulfure de molybdène eft
quelquefois fubftitué, dans les arts, au carbure de
.,
17. On a déjà vu que c’ eft a Scheele que l on
doit la découverte de l’acide molybdique; mais
on a dû voir en même tems que , quoique cet habile
chimifte ait le premier préparé cet acide, fa
découverte fut réellement tachée par une erreur,
puifqu’il croyoit avoir Amplement extrait 1 acide
molybdique de fa mine, qu’il nommoit encoie
molybdène avec tous les naturaliftes, 8c puifqu il
regardoit cette mine comme un vrai compofé de
cet acide , de foufre 8c d’un peu de fer. C ’eft la
do&rine des chimiftes français qui a reconnu 3c
corrige cette erreur^ en faifant voir à M. Guyton,
à Pelletier 8c à tous les auteurs ou partions de la
théorie pneumatique, que, dans les diverfes expériences
tfè Schéèle , où il avoit obtenu 1 acide
molybdique, il l’avoit réellement produit ou forme
en brû’ant le molybdène 8c en le chargeant de toute
la quantité d’oxigène qu’il pouvoit abforber.
18. Quoique l’acide molybdique paroiffe exifter
dans la nature , puifque M. Kiaproth 1 a retiré
d’une mine de plomb jaune, on prépare toujours
ou l’on fabrique artificiellement 8c de toutes pièces
cet acide, en traitant le fulfure de molybdène,
la feule mine de cette fubftance qui foit encore
connue, par plufieurs procédés oxigénans.
19. Il y a quatre procédés connus 8c pratiques
pour convertir le molybdène contenu dans fa mine
ou dans fon fulfure natif, en acide molyboique.
Le premier confifte dans ton oxidation par le feu
8c l’air. Schéèle avoit obfervé qu’en chauffant un
fragment de fulfure de molybdène à la flamme du
chalumeau fur une lame d’argent,la fumée blanche
qu il exhaloit, s’attachoit fur la lame en une petite
écaille d’un blanc-jaunâtre 8c brillante , qui étoit
de véritable acide molybdique. Mais ce moyen
n’en fournit que quelques atomes : Pelletier i a
beaucoup agrandi en confei liant de faire la meme
opération dans un creufet recouvert d’un pareil
vaiffeau. Les prifmes briilans blancs , qui fe fubli-
ment dans ce cas , font de 1 acide molybdique.
Mais ce moyen eft long ; il exige un grand feu &C
ne donne pas un acide bien pur. Ce n’ eft donc pas
celui qu’on doit préférer. |
10. Le fécond procédé eft pratiqué avec l’acide
nitrique ; c’eft un des plus fûrs. Sur une partie de
fulfure de molybdène en poudre, en verfe cinq
parties de cet acide faible ; on diftillé jufqu a fic-
cité, 8c on obtient du mélange écumant beaucoup
de gaz nitreux 8c de vapeur nitreufe ; on répété
cette diftillation trois ou quatre fois de fuite en
employant chaque fois cinq parties du même acide*