
avec ce métal : il fait voir par combien de pré- 1
priétés ces deux métaux le rapprochent, ainfi que
le cobalt & la manganèfe j mais il n'en conclut
pas moins que le nickel préfente trop de propriétés
particulières pour le confondre avec le fe r ,
& que tant qu’on n’aura point amené ce dernier
à l’état du premier , ni prouvé leur véritable identité,
ce feroit renverler tous les fondemens de
la philofophie naturelle , que de s’en rapporter à
de vaines lueurs, à de trompeufes analogies,
11 prouve encore plus la vérité de cette affer-
tion par le récit d’un allez grand nombre d’expériences
d’alliages de fer & de cuivre > de fer, de
cuivre & d’arfenic » de fer, de cuivre & de cobalt
, de ces quatre métaux enfemble dans des
proportions très-variées , expériences par lesquelles
il n’eft jamais parvenu à obtenir un métal
fembîable au nickel. Si quelques-unes des propriétés
de ces alliages lui ont préfenté d’abord certaines
analogies avec le nickel, il a bientôt reconnu
, par un examen plus approfondi, que ce
r.’étoit qu’une apparence très-trompeufe, & qu’il
n’y avoit aucun rapport réel entre l’alliage 6c le
métal qu’ il avoit voulu imiter.
J'ai donné ces longs détails fur les travaux de
Bergman, pour confidérer dans cet ouvrage toutes
les difficultés qüe les chimiftes ont eues à vaincre
pour apprendre à extraire & à purifier le nickel. Je
dois dire cependant que l’iiluftre ftiédois étoit
encore loin de connoître l’état pur de ce métal-,
& que ce n’eft que depuis le commencement du
dix-neuvième fiècie que les chimiftes font parvenus
à l’obtenir dans ect état. Comme les faits qui
le s ont conduits à ce beau réfultat, font auffi im-
portans à connoître que compliqués, & comme ce
détail eft bien propre à faire voir les progrès que
l’art chimique^ faits depuis ces dernières années,
je donnerai fucceffivemenf, fous le titre à’Additions
a cet article, les Mémoires de MM. Prouft,
Thénard & Richter; & pour mieux expofer encore
l’état de la fcience par rapport à la connoif-
fance du nickel, je reprendrai fon hiftoire telle que
je l’avois écrite il y a huit ans , avant de donner
ks nouveaux travaux qui le concernent, t
Le nickel eft très-difficile à oxider. par l’aâion
du calorique & de l’air. En le chauffant fous une
moufle , & en l’agitant fans ceffe , il ne prend
qu’une couleur fombre. Cependant, par une longue
expoficion à l’air humide & froid, il fe couvre
d’une efflorefcence.d’un vert-clair, d’une nuance
très-particulière & très - diftin&e. On verra que
M. Richter le croit malléable, & le regarde comme
un métal parfait. C ’eft cette efflorefcence qu’on
trouve à 1a fur fa ce des mines fulfureufes de nickel
, & dont la nuance très-remarquable & très-
lore ce fel en rouge de fang pendant la fufion, &
il pâlit par le refroidiffement.
differente de celle du cuivre les fait facilement
& fôrement reconnoître. Cet oxide vert colore
le borax en hyacinthe, & le phofphate-arnmoniaco
de foudede la même nuance, qui devient violette •
par l'action du nitre : beaucoup de cet oxide co|
Le foufre s’unit très-facilement avecle nickel,
. Si forme une mine artificielle , qui n'eft pas tout-
à-fait len.blable à fa mine naturelle ou au kup-
fernickel. On ne l'en fépare que difficilement,
abdique des fulfuresalcalins, danslefquels ce me*
tal eft diffoluble. Le fulfure (le nickel artificiel eft
dur, jaune , à petites facettes brillantes. Chauffé
fortement avec le contaéf de l’air, il répand des
étincelles très-lumineufes & enflammées.
Le nickel eft fufceptiblede s’unir au phofphore.
Pelletier a fait connoître le phofphure de nickel ;
il le préparoit, foit par la réduction de l’acide phof-
phorique vitreux, à l’aide du charbon, après avoir
mêle ces deux corps avec le nickel, foit en jetant
du phofphore fur du nickel rougi dans un creufet.
Celui-ci a augmenté d’un cinquième de fon poids,
& il a laiffé féparer une petite portion de phofphore
en fe refroidiffant. Le phofphure de nickel
eft d’un blanc plus brillant & plus pur que le nickel
i il a un tifi’u aiguillé i en le chauffant au chalumeau
, le phofphore brûle à fa furface à mefure
que le métal eft oxidé. Pelletier a obtenu les mêmes
réfultats du fpeilf. s
Le nickel s’allie à beaucoup de métaux : on a vu
qu’ il contient toujours de Tarlenic , fouvent du
cobalt, & conftamment du fer. On a vu que, dans
ce dernier alliage, le fer, quoique fondu, eft
duétile j ce qui a été remarqué avec raifon, comme
une choie extraordinaire, par Bergman. Le nickel
arfenié colore le verre en bleu, fuivant M. Monnet.
Bergman attribue cette propriété au cobalt,
que l’arfenic fépare du nickel.
Il feroit allez naturel de croire que le nickel, fi
analogue au fer, eût de l’aétion fur l'eau; mais il
n’y a aucune expérience qui le prouve ou qui puiffe
même autorifer à le penfer.
On peut alfurer que le nickel n’a aucune aétion
fur les oxides métalliques, puifque la plupart des
métaux ont au contraire la propriété de précipiter
ie nickel de fes diffoiutions, comme on le versa
bientôt.
Tous les acides ont de l’a&ion fur le nickel ou
fur fon oxide. Toutes les combinaifons de ce
métal font conftamment vertes, & d’une nuance
claire très-brillante, comme très-remarquable &
très-différente des autres verts que donnent certains
métaux. C’eft une des plus fiches & des plus
belles couleurs que l’on puiffe voir. Les alcalis
fixes précipitent toutes ces diffoiutions en blanc-
verdâtre, & communiquent une couleur jaune à
l’oxide qu’ ils rediffolvent.
L’acide fulfurique, concentré & diftilïé fur le
nickel, fe décompofe ; il fe dégage du gaz ftrlfu-
reux, & il refte une malfe grife, qui fe dilfouc
dans l’eau, & lui communique fur-le-champ fa
belle couleur verte. En évaporant cette diffolu-
1 tion , on obtient des criftaux feuilletés, de la
couleur d’une émeraude pâle. J’ai vu des criftaux
de fulfate de nickel, préparés par les ingénieux
procédés de M. Leblanc, en beaux prifmes carrés,
très-gros & très-longs, d’un vert riche & for.ee,
terminés par des fommets obliquement tronqués.
L*acide fulfurique dilfout auffi facilement 1 oxide
de nickel. Bergman dit que ce fel fe forme, en
décaèdres, ou donne des criftaux aluminitormes
comprimés , avec des troncatures aux deux fommets
oppofés.
L’acide-nitrique oxide &: dilfout le nickel à l’aide
de la chaleur; il opère fans effervefcence la dif-
folution de l’oxide de ce métal ; elle eft d’un vert
tirant au bleu, Ce donne des criftaux rhomboïdaux
déliquefeens , que le feu décompofe , & qui laif-
fent, par une forte calcination, un oxide noirâtre,
après avoir fourni du gaz oxigène. Expofé à
l’air fec & chaud , le nitrate de nickel perd fon
eau de criftallifaiion, & même fon acide, de manière
à laiffer un oxide verdâtre dans lequel on
trouve fouvent un peu de fer Si d’arfenic.
L’acide muriatique dilfout le nickel & fon oxide
plus lentement que l’acide nitrique : cette dilfo-
lution veite & brillante donne des criftaux irréguliers
& non déterminés. Le muriate de nickel
décompofable par le feu, & même par l’aï r , à la
longue. On n’a point eflayé l’aétion de l’acide muriatique
oxigéne fur ce métal.
Les autres a- ides n’ont qu’une aélion foible &
lente fur le nickel. L’acide fluorique fe charge difficilement
de fon oxide, & donne des criftaux
d’un vert-clair. L’acide phofphorique n'a qu’une
foible attraction pour cet oxide : cette diffolution
eft à peine verdâtre, & ne fournit pas de criftaux.
L’acide boracique ne s’y unit que par des attractions
éleélives doubles. L’acide carbonique liquide,
laiffé long-tems en contaét avec le nickel,
n’a,préfenté à Bergman aucun ligne certain de éif-
folution. L’acide arfenique forme, avec l’oxide
de nickel, une maffe faline verte, que l’on obtient
par les doubles attractions ; il fépare du nickel une
poudre faline peu foiuble. On ne connoit pas 1 action
des acides tungftique , molybdique & chto-
mique fur le nickel.
On verra, dans le Mémoire de M. Prouft, combien
ce chimifte a perfectionné nos connoiffances
fur lès diffoiutions & fur les fels formés par le
nickel.
Les terres arides, lafilice, l’alumine, n’ont point
d’aCtion fur le nickel. Traitées par des fondans alcalins
avec fon oxide , elles fe colorent -en hya-
cinthe ou en rouge-orangé: s’il contient beaucoup
d’arfenic ou de cobalt, les verres qu il teint,tour*,
nent au bleu-ou au violâtre.
Les alcalis fixes diflolvent peu abondamment fon
•oxide, avec lequel ils prennent une couleui jaune;
mais cet oxjde eft très-diffoluble dans l’ammoniaque
, qui n’agit point fur le métal. Cette diffolution
ammoniacale eft d’un bleu - foncé , qui n a
point la vivacité & l’éclat de celle de cuivre, dont
H fera parlé par la fuite i elle a fa nuance caraétériftique,
qu’un chimifte. exercé doit reconnoître
facilement. Évaporée, elle précipite une poudre
brune-noirâtre , & paffe du bleu au vert. La plupart
des métaux en féparent le nickel. Cette grande,
diffolubilité de l’oxide de nickel dans l'ammoniaque
fert quelquefois à fa féparation de celui du
cobalt. •
Le nickel n’agit, parmi les fels, que fur les
genres des nitrates, des muriates furoxigénes, d;=s
phofphates -ou des borates. Les deux premiers le
brûlent, & le portent à l’état d’oxide ; il fe fond
avec les dfux autres, s’y combine, & les colore
en hyacinthe. On fe rappelle que le nitrate de
potaffe, qui détone foiblement avec le nickel, y
fait trouver, par des feories bleues, le cobalt,
dont aucun autre moyen ne montre la trace. Le
muriate furoxigéné de potaffe brûle encore plus
vite & plus complètement ce métal, & pourra
fervir à le purifier comme à faire l’analyfe de fes
mines quand l’ ufage de ce fel important fera plus
connu & plus généralement répandu qu’il ne l’eft
encore. Ces deux fubftances falines font reparoître
ou augmenter, avec beaucoup d’intenfité, la couleur
hyacinthine de l'oxide de nickel dans h s verras
, qui, à raifon de la petite quantité qu’i!s en
contiennent, Si à caufe de leur vitrification même ,
n’en offrent aucune trace, ou n’en montrent qu’une
très-légère nuance.
Le nickel n’eft encore que peu ou point d’ufage î
il n’eft cependant pas douteux qu’il peut fervir
très-utilement dans les émaux , les verreries, les
porcelaines & les faïences. Il eft même vraifem-
blabîe qu’il entre dans les procédés fecrets de
que ques-unes de ces manufaéïurespuiffjü’on en
trouve fouvent de grandes provifions chez les
droguiftes de Paris, qui ne fe le procurent de Saxe
que fur les demandes qu’on leur en fait.
Quand on aura entrepris de nouvelles recherches
fur ce fingulier métal, qui demande & appelle
toute l’ attention des chimiftes ; quand on ;
aura trouvé le moyen de le purifier, ce que je crois
beaucoup plus facile à découvrir que ne le penfe
Bergman , il deviendra très-avantageux , & fans
doute très-employé. Jitfqu’ici il n'a encore été ,
pour les chimiftes;, qu’unq efpèce d’alliage. S i ,
après fa purification, il préfente la dernière ductilité
dont Bergman a parlé, il faudra le déplacer
du rang que je lui donne aujourd’hui dans le.fyf-
tème chimique , le reporter immédiatement â
côté; du zinc. Je. ne l’ y ai pas mis encore, & je l'ai
laiffé à côté du cobalt, parcç qu’outre quelque*
analogies avec celui-ci, il m'a paru devoir fa ductilité
à fon alliage avec le fer.
A d d i t i o n s a l ’ a r t i c l e n i c k e l .
1°. Mémoire far le nickel, par M . Thénard. Annales
de Chimie, tom. L , pag. 1 17. 30 floréal an xi.
« Quoique le nickel foit â .peine connu depuis
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