
degrés, & nous avons ch-\uffé. Auffitôt que la
chaleur fut élevée à quarante ou cinquante degrés,
bous avons vu paraître fur la liqueur nés iumees
blanches , dont rôdeur étoir celle du phofphore
modifié par celle de l'huile. Alors on a porcs l’appareil
dans robfcuvité } & nous avons remarqué
qu'il étoit tout luminëux.
Nous avons remarqué que l'acide nitrique a
diflous , à l'aide de la chaleur, une grande partie
de l'huile, & que cette diffolution teignoit les
corps d'une couleur rouge-violacée indélébile.
Pour ne p3S perdre cette portion de phofphore
que le feu dégageoit de l’huile -obtenue par h dif-
ti'lation de la laite'à feu nu , 8c traitée par l acide
nitrique, nous avons introduit le mélange dans
une cornue de verre , & nous avons pouffé la dif-
tillation jufqu’à ce que la plus grande partie de
l’huile ait été détruite par l’aéfcion de l’acide nitrique.
11 a paffé dans le récipient de l'eau chargée
d’acide pruflîque, d'acide carbonique & d'acide
muriatique avec une petite quantité d'huiie kgèse
& peu colorée : il ne s’tft pas dégagé de phofphore.
Prefque toute l'huile paroifloit diffoure
dans l’acide nitrique ou convertie en partie en matière
rouge amère : il y-avoit une portion d’huile
épaiffe & cérifi'e à la fur face de la liqueur reliée
dans la cornue & refroidie.
Cette diffolution nitrique, évapqréeen confif-
tancé prefque firupeùfe ,#a donné , par le refroî-
diffement, une quantité notable dé nitrate d’ammoniaque
crifiaîlifé jcolorée par la matière amère r
îa I joueur décantée defius ces criltaux contenoit
de l'acide phofphorique, provenant du phofphore
brûlé par l'acide nitrique.
Le charbon, réfidu de la laite diflillée dans un
appareil bien clos, peloit fept grammes & demi}
il n'étoit pas acide, & il ne l’eft pas devenu davantage
par la calcination à l'air, comme cela
avoit eu lieu dans les expériences précédentes :
en n’y a point obfervé non plus d'inflammation.
11 paroîr donc que tout le phofphore en avoit été
féparé par la violence du feu, 8c qu'il n'étoit point
du caibone phofphuré comme l.éft le charbon de
la laite, calciné à un feu doux 8c dans un creufet
avec le contaél de l'air.
Cette propriété de donner du phofphore par la
firmle diftillation , à la vérité à un grand feu vers
lt fin de l'opération» en préfentant un des réful-
tgts chimiques les plus remarquables , prouve que
ce corps combuflible fait partie êffentielle de la
compofition de la laite , & qu'il doit en être regardé
comme un des élemens. Nous reviendrons
fur ce réfukat à la fin dexet article.
12®. On a recommencé cette diftillation fur
Q 'atFe cent vingt trois grammes de laite fraîche ,
après l’avoir épaiffie & réduite à cent vingt grammes
par cette opération. Malgré les précautions
qu’on avoit prifes, on nJa point obtenu dè phof-
phere, parce que l'appareil ne permit pas de donner
un affez grand coup de feu. Après, avoir confirmé
ce qui a été dit plus haut fur les produits de
cette "matière animale, 8c reconnu qu'ils confif-
toient en beaucoup d’eau , une huile abondante ,
du carbonate 8c du pruffiate d'ammoniaque en
partie folides 8c en partie diflous, on a furtout
examiné le charbon, pefant vingt fix grammes ou
fix centièmes de laite. La partie de ce corps qui
, roue hoir les parois de la cornue, 8c qui avoit été
) la plus chauffée, préfentoit une couleur brillante
I &' métallique, un tiffu fi rré & affez dur pour
i rayer le verre. Ce charbon étant pholphorefcenc
j & acidifiaSJe par une forte calcination , il nous a
1 paru^nécvffa're de le chauffer de nouveau, 8c plus
{ fortement qu’il ne l’avoir été. On l’a placé dans
* une cornue de grès bien lutée, 8c on a donné
avec précaution un feu pouffé à la plus grande
violence poflible pendant plus de quatre heures.
On a obtenu cette fécondé fois , avec des gaz
acide caibonique & hydrogène carburé, du phofphore
raffemblé, foit en petits globules tranfpa-
rens, dans le récipient plein d’eau, foit en peut-
cide jaune-rougeâtre, attachée fur les parois de
l’alonge : on en a recueilli plus d’un gramme. Le
charbon, ainfi privé d'hydrogène & de phofphore,
ne pefoit plus que vingt grammes environ ;
il ne donnoit plus, par la forte calcination , ni.
flamme phofphorique ni acide } il étoit cependant
encore brillant & dur.
!3°. Après l'avoir réduit en poudre fine, on a
lavé ce charbon avec de l’eau diftillée bouillante.
L'eau de chaux a été abondamment précipitée par
cette leflive, & on a reconnu le précipité pour
du phofphate de chaux. On a trouvé dans la même
I îeflive , après l'avoir décantée de deffus le précipité
dont on vient de parler. un peu de porafle &
\ de foude 3 la première beaucoup plus abondante
que la fécondé. Ainfi, le charbon de laite contient
une petite quantité des deux pbofphates
alcalins;'
Chauffé aveemoi 1s égal de poraffe , le même
| charbon déjà leflivé a foifirni du phofphate & du
pruffiate alcalin, il contenoit donc encore de l’a-
] zote & de l’acide phofphorique. On a reconnu
| celui-ci , en ajoutant à la leflive de ce charbon
I calciné avec la potaffe j de l'eau de chaux qui a
| été fortement précipitée , & de l'acide pruflique,
par l'amertume de la iefîivé , ainfi que par le bleu
j qu'elle a donné avec le fui fa te'de 1er. L'acide
) phofphorique prcver.oit manifeftement ici d'un
| peu de phofphore refté dans le charbon, bc biûîé
1 en acide pendant (à forte calcination avec Ja
' potaffe.
I On a recommencé quatre fois de fuite cette
calcination fur le même charbon , & on a eu cha-
f que fois de l'acide phofphorique formé j ce qui
j prouve qu'un peu dé phofphore adhère au char-
] ben prefque jufqu'à fa deftru&ion* 8c même après
j en avoir féparé une première fois la plus grande
. partie par la diftillation à une très-haute température
x à la vérité dans un vaiffeau bien clos.
IV. Laite traitée par l'eau froide, par l eau
bouillante & par l'alcool,
i°. La laite broyée avec de l'eau diftillée, & -
réduite en bouillie , ne donne à ce liquide aucun
caractère d’acidité ou alcalin : fa partie molle
& blanche fe délaie dans l’eau , & la rend fi m- ■
blable à une ému lion. Cep-ndant ou apperçoit,
fans pouvoir en opérer une véritable féparation ,
la portion cellulaire & membraneule : cette dernière
ne fe, divife pas dans l'eau 8c le précipite au
fond , mais enveloppée de la partie la plus denfe
de la liqueur laiteuse } l’elpèce d'emuifion de
laite acquiert une ceriai, e viftofité, qui ne lui
permet que de filtrer très-lentement 8c jamais
claire.
2°. Si l'on fait bouillir l’eau dans laquelle on
a délayé de la laite, une partie fe coagule &
devient plus opaque en perdant de fa blancheur ;
la liqueur moins épaiffe pafle plus facilement,
mais toujours trouble , par le filtre de papier >
l’eau filtrée fournit, par l’évaporation , une ef-
pèce de gelée demi-tianfparente , affez épaiffe & j
tremblante , qui fe redilfout dans l'eau chaude en
lui donnant toujours de l'opacité , 8c que le blanc
d'oeuf ne peut pas clarifier par l'ébullition.
2°. Une portion de cette gelée, brûlée & calcinée
dans un creufet de platine , n'a point pré-
fènté la phofj horefcence, & fon charbon n’eft
pas devenu acide comme celui de la laite entière}
mais traité avec l'acide fulfürique , ce charbon a
donné , par l'ammoniaque , un précipité compofé
principalement de pholphate de magnéfie & d’un ,
peu de phofphate de chaux : le charbon a prefque j
entièrement difparu par cette opération.
4°. Les acides précipitent, fous la forme,de flocons
blancs & opaques , la matière de îaMaite difi
foute ou fufpendue dans l’eau. La noix de gale &
plufiturs diffoiutions métalliques la précipitent
auffi.
j° . De l’acide fulfurique mis dans le mélange de
diffolution de laitance 8c de blanc d’oeuf l'a éclair-
pie fu’-le-çhâmp , & la lqueur évaporée a donné
un réfidu noir qui s'eft beaucoup bourfouflé. Réduit
en charbon & leflivé, il n'a point comiruinfi
qué d'acidité à l'eau.
. Il refaite de cette expérience,, qu’ il e fl refté
une petite quantité de matière animale en diffo-
lufion dans l'eau acidulée par l’acide fulfurique; 1 6°. Quoiqu’on n’eût pu découvrir la pré! en ce
de l’ammoniaqiïe en broyant de la laite fraîche
avec une folution de potaffe cauftiqué} comme
une petite quantité de phofphate d’ammoniaque
auroit pu fe trouver dans une grande mafféde matière
fans donner de lignes d'ammoniaque(fenfi-
ble^ à l’odorat & aux réaélifs , il a paru utile dé
s’aflurer de l’àbfence dé ce'fiel par de nouvelles
expériences. Pour cela on a1 fait bouillir long terns
& avec beaucoup d'eau une 'grande quantité de
laite fraîche. Après avoir fiLtré la liqusuf, qui a
toujours paffé trouble, on la fait évaporer jiu-
qu'au quart. La liqueur ainfi concentrée s'elt prfie
en une gelée demi-tranlparenre & d’une coukur.
grife-jaunâtre par le rofroidiffiemenr.
Cette matière gélatineufe, broyée avec de la
diffolution de potaffe cauftiqué, n’a fait aj)percevoir
aucun indice d'ammoniaque , même ’à l aide
d'une chaleur douce, foir par l’odeur, foie par
l'approche des acides volatils.
Si la laite de carpe contenoit du phofphate
d'ammoniaque, même en petite quantité, ce fel
n'auroit pas marqué de fe di(foudre dans l’eau
chaude , & celle-ci, réduite fous un périr volume,
eût préfenté au moins des indices terrains d'ammoniaque
au moyen de la potaffe. Ceci confirme
encore ce qui a été dit plus haut ; favoir : que le
phofphore 8c l’acide phofphorique que l’on obtient
du charbon de la laite, ne proviennent pas
, de la préfence 8c de la deçompofition du phofphate
d’ammoniaque,, mais plutôt que le phofphore
exifte tout formé dans la matière animale
avec laquelle il elt intimement combiné.
7°. La portion de la laite que l’eau bouillante
n’avoit pas dilîoute, rcfl’embloit à de l’albumine
Coagulée. Après avoir encore paffé deffus une
grande quantité d’eau bouillante , on la fait égoutter
fur des papiers brouillards fb c en fuite brûler 8c calciner. Le charbon qui en réfulta , offrit les
mêmes phénomènes que celui de la laite entière ,
. 8c cependant cette matière ne devoit pas contenir
de phofphate d’ammoniaque après avoir été
ainfi lavée. Voilà donc encore une f >rte preuve
de la préexiftence du phofphore dans la laite Sc
dans fon charbon. Il faut de plus conclure de ces
expériences, que l'eau féparé de la l.aïce deuxma-
; tières animales un peu différentes, & que c’efl la
portion infôluble qui contient le phofphore.
8°. L’alcool chaud enlève à la laite une matière
qui lui communique une faveur & une odeur très-
défagréables, & la, propriété de fe comporter
avec l’eau,,iromme le fait i'effence de favon.
Çette; diffolution, foumife à la diftillation , fe
trouble, 8c prend une couleur jaune-verdatre lorsque
la plus grande partie de l ’alcool elt paffée. A
cette époque il fe maoifefte une écume très con-
fidérable , qui empêche de terminer la diftillation
dans une cornue. L’alcool obtenu dans cette opération
conferve de la fétidité, mais il ne blanchit
plus par l’eau.
Il refte, après l'évaporation totale de la liqueur,
une matiète jaune, ayant une odeur & une faveur
analogues à celle du favon ordinaire.
La diffolution dans l’eau de ce favon extrait par
l’alcool eft d’abord trouble, .& moufle par l’agitation
} elle s'éclaircit par la chaleur} elle eft pré-^
cipitée par les acides 8c par l’eau de chaux.
Chauffé dans un creufet, ce favon anima! Ce
fend à la manière des graiffes, exhale une vapeur