
vent être le produit d’une éjection volcanique de .
la lune. Comparant la malfe & la denfité de la ;
lune & celle de la terre., & calculant la di fiance j
^ui fépare notre planète de fon fatellite, ils ont j
établi qu’une éruption volcanique peut élever
dans la lune un corps à une hauteur fuffifante pour
qu’il obéiffe de préférence à l ’attraftion de la
terre. Il eft prouvé d’ailleurs, par les obferva-
tions agronomiques, que la lune n’a qu’ une at-
.mofphère extrêmement rare, 8c dont par confé-
Quent la réfiftance ne peut s’oppofer à l’élévation
des pierres lancées par le volcan. On peut ajouter
que la prefque nullité de l'atmofphèré lunaire ex-
pliqueroit allez bien pourquoi les métaux contenus
dans ces pierres n’y font point à l’état
d'oxide.
« Mais l’obfervation qui fait découvrir des volcans
dans la lune, les montre dans un état d’ ignition
lumineufe, 8c jufqu’à préfent nous ne con-
noifïons point d’ignition lumineufe fans oxigène.
Tous les gaz abforbent le calorique, 8c le biffent
échapper en fe folidifiant tToxigène feul jouit de
la propriété d’abforber la lumière, & de l’émettre
en fe combinant dans les corps par la combufticn.
Il fuit de là, i° . que les fubftances métalliques
lancées par la lune devroient être oxidées au
moins en grande partie 5 2°. que les obfervations
qui démontrent l’extrême ténuité ou le peu d’étendue
de l’atmofphèré de la lune, doivent porter
à croire que les volcans qui brûlent à fa fur fa ce
font dans un état d’inflammation tranquille entretenue
par une couche atmofphérique très-mince,
état bien différent de celui de nos volcans en
expie lion} que par conféquent ils ne peuvent jouir
d’une grande force d’éjeaion ; car cette force eft
fur la terre le produit de l’expanfibilité des gax,
comprimée par le poids de l'atmofphèré. O r , les
gaz, dégagés par les volcans lunaires, doivent fe
développer fans obftacle & fans explofion dans
une atmofphère à peu près nulle. D’ailleurs, l’exiftence
de ces gaz eft douteufe , puifque leur production
auroit bientôt formé autour de la lune une
atmofphère plus denfe & plus étendue; ce qui eft
démenti par l’obfervation. Il faut donc renoncer
à cette explication, où l'on feroit forcé d’admettre
gratuitement une férié de phénomènes, non-feulement
étrangers, mais contraires à ce que nous
voyons tous les jours.
» Une folution plus fimple, & tirée des faits
qui fe paffent habituellement fous nos yeux, pa-
roïtra peut-être plus propre à éclaircir le problème.
-On fait qu’il n’eft point de métaux que la
chaleur ne puifle volatilifer ; on fait que le gaz
hydrogène exerce fur le charbon, fur le fer, fur
les fubftances les plus fixes, fa puiffance diffol-
vante. Suppofez que, dans le travail brûlant des
v.olcans , ou dans le travail moins perceptible ,
mais plus affidu de la décompofition des corps
organiques, le fer & le nickel foient fubiimés par
h chaleur & enlevés avec le gaz hydrogène qui
les diffout, c:tte folution gazeufe parviendra rapidement
aux hautes régions de l’atmofphèré. Là
exifie & fe renouvelle fans ceffe (comme je crois
l’avoir établi, avec quelque vraisemblance, dans
les Conjectures fur la diminution des eaux, &c\ ) une
couche d’hydrogène produite par la décompofi-
tion continuelle de l’eau, & caufe de la plupart
des phénomènes qui accompagnent le tonnerre, 8c de toutes les aurores boréales. Dans les orages,
c t’ft-à-dire , lorfque l’équilibre fe rétablit, avec
explofion, entre l’ék&ricité de la terre & celle
de l’atmofphèré, que doit-il arriver ? L’hydrogène
s’enflamme, & fait appercevoir quelques-uns de
ces météores lumineux dont l’exiftence, d’après
des traditions conftatjtes, paroît devoir précéder
la formation des pierres. Le gaz, en brûlant, abandonne
le métal qu’il a diffout, réduit celui qui
étoit à i’état d’ oxide : la chaleur vive produite en
ce moment fond le métal, 8c l’attraftion moléculaire
le raffemble en maffes plus ou moins groffes,
qui, tombées fur la teire, confervent quelque
tems une portion du calorique développé dans
leur formation. La fuperficie feule qui, en traver*
faut l’atmofphèré dans un état d’ignition, a pu
abforber l’oxigène, eft légèrement oxidé } l’intérieur
eft du métal natif.
» M. Patrin obferve , à l’appui de fon hypo*
thèfe, que la décharge d’une batterie éleétrique
fur un fragment des pierres tombées à Bénarès, y
a produit une trace noire, analogue à la croûte
noire & vitrifiée qui les recouvroit. Ce fait indique
bien ce qui fe paffe dans l’atmofphèré où
ces pierres fe forment au milieu d’une électricité
très-violente, qui détermine la vitrification &
Toxidation de leur furface.
» Le même phyficien dit, avec Edward Howard,
que depuis qu’on ne doute plus que la foudre &
'le fluide éleCtrique ne foient la même chofe, l'idée
d’une pierre de foudre eft devenue ridicule. Rien
de plus vrai fi le tonnerre n’étoit jamais qu’une
explofion éleCtrique. Mais les chimiftes français,
& particuliérement M. Fourcroy, ont établi que
l’hydrogène joue un grand rôle dans les phénomènes
qui accompagnent le tonnerre. Je crois
même que l’on devroit alléguer plus fouvent fon
exiftence dans l’explication des variétés dont fe
complique fans ceffe le phénomène général.
»De toutes, les plus remarquables 8c les plus
multipliées peut-être font ces météores lumineux
dont l’afpeCt eft toujours brillant, fouvent
effrayant, 8c que des traditions uniformes, à deJ
époques 8c dans des lieux très-éloignés, affignent
pour caufe aux pierres tombées de l'atmofphèré. Soit
qu’ils femblent fe confondre avec les aftres, àc
peignent à l’oeil du vulgaire des étoiles qui fe
I détachent de la voûte célefte ; foit qu’ ils accom-
! pagnent la foudre 8c augmentent ou modifient
; l’aCtion de fes flammes dévorantes ; foit enfin
que, fous la forme de globes de feu , ils parcourent
rapidement l ’atmofphèré & s’approchent affe*
de
de nous pour nous faire fentir une chaleur pro- »
portionnelle à la vivacité dé leur lumière, on ne
peut les méconnoître pour les effets de l'inflammation
du gaz hydrogène pur, ou chargé de fubf-
tances en diffolution qui modifient leurs apparences
8c leurs produits.
» Gn peut même, d'après ces notions, indiquer
les caufes préfumées des différences qui exif-
tent entre les pierres tombées de Vatmofphère à différentes
époques. Un coup d’ électricité très-violent,
une extrême chaleur, ont déterminé la naif-
fance de celles qui font les plus vitrifiées. Celles
qui le font moins ont été formées par une électricité
plus foible, peut-être par une inflammation
fpontanée. Celles qui contiennent le plus de métal
à l’état natif, font le produit d’ une plus grande
proportion de gaz hydrogène. On conçoit également
que, lorfque le gaz hydrogène a été d’avance
combiné à beaucoup d’oxigène , l’inflammation
a dû être inftantanée, & les produits très-
oxiciés, tandis que les couches d’hydrogène pref-
que pures, ne brûlant qu’à la furface , forment
des météores durables, & dont l’inflammation
prolongée donne naiffance à des compofés bien
différens.
” On demandera peut-être comment d’autres
fubftances , telles que la fiiîce, la magnéfie, fe
trouvent, dans ces pierres, combinées aux métaux.
Je.pourrois citer la hauteur à laquelle les terres,
réduites en poudre impalpable, font volatilifées
par les volcans, 8c enlevées par les grands vents.
Jepourrois aufli rappeler que la magnéfie, foluble
dans les hydrofulfures, l’eft probablement aufli
dans' l’hydrogène fuifuré. Mais n’ayant encore à
offrir que des conjectures, je dois m’arrêter. Je
crois n’avoir point été inutile en montrant qu’un
phénomène , dont les obfervations avoient été
repouffées jufqu’ic i, parce qu’on le jugeoit im-
poflible, reçoit, au moins en partie, une explication
plaufible , naturelle , rigoureufement rai-
(année, & que, dès qu’il fera mis hors de doute,
il fe rangera de lui-même dans la féiie des faits
dont fe compofe la fcience (1). »
Mémoire fur les pierres tombées de Vatmofphère , &
fpecialement fur celles tombées auprès de V Aigle le 6floréal an x i ; lu a CÏnftitut le iZfruftidor an xr3
par M. Fourcroy, ,
§. I. Sujet de cç.Mémoire.
Il y a dans l ’hiftoire naturelle quelques faits
f i ] Pour ne point compliquer l’hypothèfe, j ’a i fait abf-
traéhon des .différens g a z , tels que L'hydrogène fuifu ré , hy-
îogene carbcjné, oxide ca rb on eux, que ladécompofition :
es corps doit porter fans cfeffe dans'les hautes régions de
ftmofphère. L exiftence du premier dé 1 ces' g a z explique
ueanmoins l’étàt pyriteux du; fer & la préfence du- foufre
«ans. quelques-unes. de.,fes parties.
Cu im ie . Torne Wj
fi extraordinaires, que les hommes les plus accoutumés
aux merveilles & à la puiffance de la
Nature relient long - tems dans le doute ou dans 1 incertitude fur l ’exiftence même de ces faits. Tel
eft celui de la chute des pierres de F atmofphère ou
du ciel fur la terre. Depuis Pline jufqtf à nos jours,
les naturaliftes .& les phyficiens les ont reléguées
parmi les fables ou les préjugés populaires.
Cependant des récits exaCts & allez multipliés
de, corps pierreux tombés de l’atmofphèré fur la
terre , depuis fix à huit années ; l’accord des phénomènes
météorologiques qui ont accompagné
leurs chutes; l’analogie de forme , de ftruClure &
de couleur obfervées fur cinq à fix pierres tombées
à des tems différens 8c dans des lieux très-éloignés
les uns des autres j enfin, la non-exiftence de pareilles
pierres dans aucune des mines ou carrières
connues de notre Globe, ont engagé M. Howard,
chimifte anglais, à faire l’analyfe de ces productions
inconnues jufqu’à lui. L’examen chimique
lui a préfenté, non-feulement une parfaite identité
entr elles mais encore une différence marquée
d avec toutes les autres matières minérales analy-
fées jufqu’à préfent. Il a trouvé qu’elles contiennent
en général depuis le quart jufqu’aux deux
tiers de leur poids de filice, un tiers de fer, un
fïxième ou un feptième de magnéfie, & quelques
centièmes de foufre 8c de nickel ; il a de plus
reconnu que la pâte principale de ces pierres tient
enveloppés des globules.de fer allié de nickel 8c
d’un peu de foufre, 8c des fragmens d’une pyrite
compofée de fer & de nickel fulfurés.
Les mêmes réfultats ont été enfuite obtenus,
par Vauqueün , fur trois des mêmes pierres, & fur
deux pierres tombées en F ranc e l’une à Barbotan
en juillet 1789» & l ’autre à Créon, paroiffe de
Juliiar, en juillet 1790.
D’après l’intérêt que lui ont infpiré ces premiers
réfultats, la Claffe a paru defirer que je
communiquaffe au public quelques détails fur les
pierres tombées, le 6 floréal dernier, aux environs
de l’Aigle, & l’examen chimique de cette production
; j’y joindrai l’analyfe comparative de la
pierre d’Enfisheim , fi Fameufe par fa maffe, 8c fi
intéreffante par fa nature trop peu connue encore.
§ .II. Defcripti on & analyfe des pierres tombées auprès
de l*Aigle le 6 floréal an xi.
Je rapporterai d’abord l’extrait de plufieurs let- '
très fur \es pierres tombées de l’Aigle. La première
dont j ai eu connoifiance, 8c que m’a communiquée
M. Vauquelin, a été écrite, quelques jours
apres leur chute, par un habitant de i’Aigle ; j’en
conferverai les propres exprefiions.
« Il vient de fe paflèr dans notre pays, dit l’auteur
de cette lettre, un phénomène a fiez furpre-
nant.
j . » Mardrdernier , 6 floréal, entre une 8c deux
heures apres midi, il a été entendu un roulement
B b b b