
précipités fe rediffolvent en entier dans les acides,
a l'exception de celui formé par la baryte , dont
une portion refte infoluble. L'acide oxalique y fait
auffi un précipité, mais moins considérable que les
précédens. Les autres acides ne troublent pas la
diffolution ; ils Semblent même l'éclaircir. L’acé-
tite de plomb y fait un précipité très-épais, comme
cela lui arrive avec toutes les diflolutions végétales.
Le nitrate d'argent n'y en occasionne pas,
au moins inftantanément. La préfence du Sulfate de
chaux dans la diffolution d'opium eft démontrée par.
la baryte & l’acide oxalique } mais la quantité
d'oxalate calcaire, beaucoup moindre que celle du
fulfate de baryte obtenue, fait préfumer que l'acide
Sulfurique , dans ce liquide , eft encore uni à
une autre bafe qu’à la chaux. J’examinerai ci-après
plus en détail le précipité que les alcalis produisent
dans la diffolution, parce qu’ils présentent des
moyens affez exaéts pour l’analyfe de cette Substance.
sa Avant d'aller plus loin, j’obServerai que la
diffolution &opium, peut varier dans la proportion
de Ses principes extraétifs & réfineux, Suivant
qu’on a employé plus ©u moins d’eau pour la préparer.
Ainfi une diffolution concentrée précipite
par l'eau, tandis qu'une autre plus étendue ne précipite
pas } c'eft que la première eft plus chargée
de réfine que la dernière.
as L'extrait paroît donc avoir plus d’affinité pour
la réfine dans un liquide concentré, que dans un
autre qui l'eft moins. Cet effet peut être comparé
à celui de certaines diflolutions Salines, qui diffol-
vent d'autres Sels en plus grande proportion lorsqu’elles
font concentrées^, qu’elles n'en diffolve-
roient fi elles étoient plus étendues.
sj Je fis évaporer ma diffolution dlopium à une
douce cha'eur, & je l'amenai à la confiftance d'un
firop un peu épais. Jufque-là elle n'avoit offert
rien de particulier j il s’y étoit feulement fait un
léger dépôt réfineux : mais l’ayant laiffé refroidir
en cet état, je remarquai qu'elle avoit un àfpeéi:
grenu, qui annonçoit évidemment la préfence d’un
Tel qui n’étoit plus en diffolution dans la liqueur.
Je délayai alors mon extrait dans quatre fois Son
poids d’eau > la diffolution fe troubla Sur-le-champ,
& il fe fit bientôt au fond du vafe un dépôt con-
fidérable; Je décantai la liqueur ; je la fis évaporer
de nouveau , & je l’étendis , comme la -première
fo is , dans l’eau : il s’y forma encore un dépôt,
mais moins abondant que le premier. Je les réunis,
& je les recueillis fur un filtre. Cette matière,
bien égouttée, étoit d’une couleur brune-foncée,
& ne paroiffoit, au premier coup-d'oeil, être composée
que de réfine & d'exira&if oxigéné ; mais
en l’examinant plus attentivement, je diftinguai
une infinité de petits criftaux brillans répandus
dans toute la maffe. Je crus qu'il me feroit facile
de Séparer le Sel de la réfine 8c de l’extrait oxigéné,
en traitant le tout par l’eau bouillante qui diffou-
droit le Sel, & laifferoit les deux dernières fubftances
inta&es. Je verfai en conséquence de l'eau
bouillante fur ce précipité ; l'ea-u Se colora, 8c il
Se Sépara beaucoup de flocons rougeâtres, qui na-
geoient dans Son milieu. Je filtrai la diffolution, 8c
je la fis évaporer dans l’efpérance d'en obtenir le
Sel dont je la croyois chargée i mais je fus trompé
dans mon attente, & je n’obtins, par évaporation,
qu’une petite quantité de matière extraélo-réfi-
neufe.vJe repris alors le filtre fur lequel étoient les
flocons que j'avois Séparés de la liqueur, & je remarquai
qu’ils étpient brillans 8c Satinés. Je m’imaginai
d’effayer l’aélion de l'alcool bouillant fur
eux, & j’eus lieu d’être Satisfait en voyant une
prompte diffolution , qui donna enfui te, en refroi-
diffant, beaucoup de criftaux colorés par la réfine.
L'alcool, en s'évaporant à l’air libre, en dépofa
encore un peu , puis après la réfine qu’il tenoit en
diffolution. Nous examinerons plus loin la nature
& les propriétés de ce Sel.
>j La diffolution extraétive d'opium, après la
féparation du Sel 8c de la réfine dont je viens de
parler, fut mife une troisième fois en évaporation ,
8c lorfqu’ elle fut un peu rapprochée, je m’apper-
çus, en la remuant avec la fpatule, qu’il s’étoit
précipité au fond du vafe une matière molle 8c
duétile, qui ne s’y rediffoivoit pas par l’agitation.
Cette matière féparée de la liqueur fe durcit, 8c
me préfenta tous les caractères d’une réfine pure.
La diffolution extraétive/débarraffee de cette dernière
portion de réfine, fut définitivement évaporée
en confiftance d’extrait, 8c j’en obtins quatre
cent cinquante grammes j ce qui ne fait pas tout-
à-fait moitié de la quantité d’opium brut employé.
jj On voit qu'on peut faire une efpèce d'analyfe
de l'extrait d’opium par desdiffolutions'8c des évaporations
répétées, puifqu'on en fépare ainfi fuc-
ceflivement le fel 8c la réfine, 8c ce moyen a été
indiqué parplufieurs pharmacologiftes pour obtenir
cet extrait pur. Cette analyfe toutefois eft
très - imparfaite, & l’extrait d’opium , après ces
différentes manipulations, eft encore une fubftance
très-compofée.
AStion de l ’alcool fur l’extrait <t opium.
*> Je fis diffoudre cet extrait dans dix parties d'alcool
à 2,1 degrés, 8c je laiffai le mélange plufieurs
jours en digeftion. L’alcool diffolvit la matière ex-
tra&ive & le peu de réfînequi pouvoit y être encore
mêlée , 8c il fe fit au fond du vafe un précipité
brunâtre 8c tenace. Ce précipité, Séparé de la diffolution
alcoolique 8c lavé dans de nouvel alcool
à plufieurs reprifes, avoit une faveur amère 8c
Salée. Je verfai Sur ce précipité de l’eau bouillante ,
qui n'en diffolvit que la moitié. Cette diffolution
de couleur d’extrait précipitoit abondamment par
le muriate de baryte 8c l’acide oxalique. Evaporée
lentement, elle donna d’abord un Sel en petits
feuillets, infipide, ne fe diffolvant pas dans l’eau,
& que j’ai reconnu être du fulfate de chaux. Le
refte de la diffolution fournit 'enfuite de. petits
criftaux amers & falés, folublcs dans l'eau, 8c pré-
fentant tous les caractères du fulfate de potaffe.
On obtient plus facilement ces deux Tels en faifant
évaporer la diffolution à ficcité, 8c en la calcinant
dans un creufet. On leflîve la maffe qui refte par
l ’eau, qui diffout le fulfate de potaffe, 8c le fulfate
calcaire refte pur. Le reftant du précipité formé
par l’alcool, 8c que l’eau bouillante n'a pas redif-
fous, m'a pafu fe rapprocher beaucoup de l’extrait
oxigéné : il eft infoluble dans l'eau 8c dans l'alcool >
il brûle fur les charbons allumés , avec une odeur
un peu réfineufe. Son charbon incinéré fut traité
par l'acide muriatique. L'ammoniaque verfée dans
cette diffolution y a fait un précipité d’un* vert-
fale, dont une partie s'eft diffoute dans la potaffe
canftique j ce qui y démontre la préfence de l’alumine.
L'autre portion du précipité n'étoit plus
formée que par l’oxide de fer, ainfi que je m'en
fuis àffuré en le rediffolvant dans un acide, 8c en
le précipitant enfuite par le pruffiate de chaux.
*»■ En récapitulant les expériences précédentes,
on voit que la partie de Yopium Soluble dans l’eau
eft compofée de la matière extraéiive proprement
dite, de réfine, d’une fubftance faline que nous
n’avons pas encore examinée, de fulfates de chaux
8c de potaffe, 8c d’une matière végétale qui, après
avoir été précipitée par l’alcool de l’extrait rapproché
, eft enfuite infoluble dans l’eau, 8c que
nous avons préfumé être de l’extraétif oxigéné.
La précipitation de la fubftance faline par l’eau
peut auffi faire foupçonner que beaucoup d’autres
extraits que l ’on décompoferoit ainfi , fourni-
roient également des principes Salins ou d’une autre
nature inconnue, mêlés avec l’extrsélif oxigéné
qu'on a regardé jufqu’ à préfent comme à
peu près la Seule matière,résultante de ce moyen
de décompofition.
»j Nous avons dit que les alcalis cauftiques ou
carbonatés faifoient un précipité abondant dans la
diffolution d’opium. M. Prouft avoit fait la même
remarque avant moi, 8c il regardoit ce précipité
comme une réfine pure. Il s’en faut de beaucoup
que ce précipité Soit auffi Simple. Je verfai dans
une diffolution d’opium faite à froid dans fix parties
d’eau du carbonate de potaffe, jufqu’à ce qu’il n’y
occafionnât plus de précipité. La liqueur décantée
fut un peu évaporée, & en fournit une nouvelle
quantité. Ce précipité, lavé à l’eau froide , eft de
couleur fauve, un peu grenu & peu fapide. L’alcool
que je fis bouillir fur lui en diffolvit environ
les trois quarts, 8c fe colora en rouge affez foncé.
La diffolution filtrée donna promptement une crif-
tallifation confufe & d’une couleur rouffeâtre. Ce
fel, comme nous le verrons, eft le même que celui
obtenu par la rediffolution de l’extrait dans l’eau ,
mais dans un état de combinaifon particulier. L’alcool
en retient encore en diffolution une petite
quantité, plus la réfine qui s’y eft également diffoute
, 8c on obtient l’un 8c l'autre par l’évaporation
du liquide. La portion du précipité infoluble
dans l'alcool fut enfuite traitée par l'eau bouillante
, 8c s'y diffolvit en grande partie. La diffolution
avoit une couleur extra&ive foncée > elle
louchit biëntôt en refroidiffant, 8c laiffa précipiter
une poudré très-blanche. Cette poudre, lavée &
Séchée, eft légère, infipide » elle ne Se diffout pas
dans l’eau bouillante : projetée dans un creufet
rougi, elle brûle en faifant une efpèce de feu d'artifice.
Son charbon incinéré n’eft compofé que de
carbonate de chaux 8c d'une petite quantité de
potaffe, qui fe diffolvent dans les acides avec effer-
vefcence. Cette matière n'eft donc qu'une combinaifon
de matière végétale 8c de chaux. La diffolution
aqueuîe, après la précipitation de cette
poudre, verdit très - infenfiblement les couleurs
bleues végétales : évaporée à ficcité 8c brûlée,
elle donne un charbon très-alcalin. Enfin, le réfidu
dû précipité indiffoluble dans l'alcool 8c dans l'eau
n’étoit plus qu’une combinaifon de chaux 8c de
matière végétale, plus, une petite quantité d’alumine.
Ainfi les alcalis, en troublant l'équilibre des
différens principes combinés dans la diffolution
d’opium3 en précipitent de la réfine, du Sel, 8c un
mélange de chaux 8c de matière extractive , 8c
c’eft fans doute un excès de cette dernière fubftance
quf facilite la diffolution d’une partie du
précipité dans l’eau bouillante.
»j Après avoir examiné le précipité formé dans
la diffolution d’opium par le carbonate de potaffe,
j'ai voulu examiner la diffolution elle-même dé-
compofée par ce fel. Comme la diffolution d’o-
pium3 dans Son état naturel, rougit la teinture de
tournefol, 8c que cette propriété y fait préfumer
l'exiftence d'un acide, j ’efpérois retrouver cet
acide en combinaifon avec la potaffe : je fis alors
évaporer cette diffolution alcalifée en confiftance
de firop clair , 8c je la laiffai plufieurs jours en
repos pour la faire criftallifer s'il fe pouvoit. Il
fe forma bien, au bout d’un certain tems, quelques
criftaux > mais leur petite quantité, leur coloration
par la matière extra&ive 8c leur facile
Solubilité ne m'ont pas permis de les bien exa-
I miner.....L’acide Sulfurique décompofe ce fel avec
effervescence : j’en ai calciné quelques grains dans
un creufet, 8c j'en ai obtenu au Sulfate 8c du carbonate
de potaffe. Le dèrnier de ces deux fels
exiftoit-il tout formé avant la calcination, ou bien
provient-il d’un autre décompofé par le feu ? C ’eft
ce que j’ignore. Au refte , l’acide qui paroît exifter.
dans l ’extrait d’opium 3 n'eft peut-être que de l'acide
acéteux que l’on rencontre fi fréquemment
dans les autres extraits.
Examen du marc et opium.
s *> Avant de paffer à l’examen du Sel effentiel
d’opium obtenu par les moyens précités, je vais
jeter un coup-d’oeil rapide fur le marc d'opium,
c ’eft-à-dire,fur fa partie infoluble dans l’eau froide,