qui du moins m’offroit un réaCtif confiant en la
prenant criftallifée.
>» Je pris trois cent foixante grammes de carbonate
de foude crifta'lifé, feize grammes de fulfure
d’antimoine pulvérifé, ,8c quatre mille grammes
d’eau filtrée > je fis bouillir dami-heure, filtrai dans
une terrine échauffée par la vapeur de la matière
en ébullition, laiffai repofer vingt-quatre heures,
filtrai, lavai avec l’eau filtrée bouillie & refroidie
à l’abri du contait de l’air ; je fis fécher à une
température de 25 degrés du thermomètre centigrade
: en un mot, je remplis toutes les conditions
que m’avoient apprifes mes.nombreux efiais fur la
potaffe j j'obtins un kermès de la plus grande
beauté ; il étoit d’.un .brun.-pourprp, brillant, &
(embloit être du velours de foie coupé avec des
infirumens acérés. ,
-» J'ai répété çette expérience fept à huit fois :
toujours même ré citât, toujours du kermès magnifique,
en o.bfermant toutefois ^chacune des cir-
confiances citées ci-deffus 5 car depuis il m’eft arrivé,
pour en avoir négligé quelques-unes, d’obtenir
du kermès prefqud femblabîe à ceux fournis
par la potaffe.
» J’ai obfervé même que le kermès étoit -généralement
plus beau lorfqu’on faifoit bouillir l'eau
quelques minutes avant d'y jeter le carbonate de
foude & le fulfure d’antimoine. Quoique cette
précaution puiffe paroître futile, & foi t peut-être
peu importante,puifque l’air diffous dans l’e.au fe^
toit dans tous les cas bientôt dégagé par. la chaleur,
cependant, comme on doit écarter tout ce
qui peut fournir de I’oxigène, & qu’il eft fi facile
d’obferver cette petite condition , j'y.ai eu égard,
& je confeille de ne pas la négliger furtout en
grand, où rébullitiqn eft fi tardive à raifon de la
tnaffe, & .l’on fait que, même à froid, les alcalis
agifient fur le fulfure d’antimoine. .
p?:J’ai varié pour le carbonate de foude, comme
j ’avois fait pour la potaffe, toutes les proportions
& toutes les circonftances pour l’eau, le tems de
l'ébullition, le foufre, l’antimoine & U carbonate
de Coude : les réfultats oqt été analogues à ceux
de la potaffe.
» Un mélange de feize gragîmes de. fulfure d’antimoine
& de deux grammes de foufre a -donné
un kermès tirant légèrement fur le rofe, comme
celui fait de la même manière avec la potaffe ; feulement
il étoit plus foncé.
?? Seize grammes d’un mélange fondu d’une par-
tie_d'antimoinp & de deux parties dp fulfure d’antimoine
ont donné auffi un k.-rmès tirant fur le
rofe, mais extrêmement fop.çé, & beaucoup moins
brillant que celui fait avec le fulfure fimpie.
« Seize grammes de fulfure d’an.timqine. & quatre
grammes de fulfure fublimé ont donpé un
kermès très-pâle.
» J’ai effayé de recevpir le kermès dans de l’eau
froide j il étpit briquet®, 8c même tirant yn pey
fur le jaims. -4
»5 Dans l’eau chaude, il étoit auffi trës-altéré.
« Ainfi il faut le recevoir dans une terrine fi triplement
échauffée par la vapeur de l'eau bo.uil-
Lnte ou de la matière en ébullition.
» J’ai fait auffi pîufieurs expériences fur la foude
ça uft i que 5 j’en ai varié les proportions 5 il n’en
faut, comme pour la potaffe cauftique, qu’une
très-petite proportion > mais le kermès eft beaucoup
moins-beau, moins brillant, moins velouté
que celui par le carbonate de foude.
» Enfin, j'ai varié toutes les proportions & toutes
les conditions comme je l ’ayois fait pour la
potaffe , 8c j’ai reconnu que les meilleures étoient
trois cent foixante grammes de carbonate de foude,
feize grammes de fulfure d an. i moine parfaitement
pulvérifé, quatre mille grammes d’eau, une demi-
heure pu trois quarts d’heure au plus d’ébullition,
le lavage à l'eau filtrée bouillie & froide, & la
deffîccation à une température de 25 degrés au
plus. ^
» .Dès-lors ayant véritablement trouvé je pror
cédé que je cher.choisne pouvant préfumer qu’il
fut poflible de defirer du kermès plus beau que
celui qu’il m.’avoit fourni, n’ayant jamais rien vu
qui pût lui être comparé, étant parvenu à l'obtenir
toujours confiant, il ne me reftoit plus qu’ à
rechercher la caufe de toutes les variétés des kermès
que' j’avois obtenus. Je ne pouvois douter
que ce ne fut l'hydrogène fulfuré qui jouoit le
plus grand rôle dans tous ces changemens, & que
fes proportions plus ou moins grandes faifoient
prendre au kermès relie ou telle nuance.
» Je favois que le kermès abforboit l’oxigène
avec une facilité extrême 3 qu’il perdoit de fa couleur
en proportion de la quantité qu’il en avoir
abfoibée, & que, pour l’obtenir beau, il falloit
écarter, avec le plus grand foin, tout ce qui pou-
voit fournir de l’oxigène. Or, dans le kermès ce
ne fauroit être le foufre ni l’oxide d’antimoinp
qui abforbaffent l’oxigène avec cette avidité fi
grande, mais bien l’hydrogène qui occupe le pre-*
mier rang parlai les corps combuftibles, & qui
jouît furtout de cette propriété au plus haut degré
lorfque fes molécules font rapprochées, lorfqu’ii
eft folide.
» Pour m’affurer de ce fair, je fis les expériences
fuivantes:
» Je fis bouillir une.demi-beure les proportions
ordinaires de fulfure d’antimoine , de carbonate
de foude & d’eau, .& je filtrai la liqueur, qui fut
reçue, en fractions à peu près égales, dans fix vafeç
différens. Je mis, pendant que Ta liqueur étoit encore
claire, di ver fes proportion^ de muriate furoxigéné
de chaux 3 les précipités obtenus par r.e-
froidiffement étoient bruns, brun,s-pâles, jaunâr
très, coyleur de bois, & enfin tç>ut^à-fait blancs,
fuivayt que la proportion.de diffo.lutipn de muriatç
furoxigéné de chaux avoit été pins grande.
>? Le carbonate 4e Coude en excès..cjgns la lir
queur 4u kermès précipipoit à l’état de carbonate
la chaux du muriate furoxigéné de chaux i & l'on
pouvoit en quelque forte attribuer ces divers changemens
à la préfence du carbonate de chaux,
quoique pourtant le kermès n’eiit jamais dû devenir
blanc. Cependant, pour n’avoir plus aucun
doute , je vérfai, fiir du kermès pur, une diffolu-
tion de muriate furoxigéné de chaux 3 l'effet fut
plus lent, mais à peu près le même. En très-peu
de tems le kermès paffa au jaunâtre, à la couleur
de bois , & enfin au blanc : il fallut pour cela
renouveler plufieurs fois la diffolution de muriate
furoxigéné de chaux, qui ne tardoit pas à paffer à
l'état de muriate fimpie,
». Je fis la m„ême expérience avec l’acide muriatique
oxigénéqui donna abfolument les mêmes
•réfultats.
» Je fis en outre une autre opération du kermès
femblabîe aux précédentes, & je reçus la liqueur
dans fix vafes differens , où je verfai auffi tôt différentes
proportions de foufre très-divifé & fufpendu
dans l’éau , c’eft-à-dire, du fulfure hydrogéné de
potaffe précipité par l’acide fulfurique, de manière
à ce qu’il n’y-eût ni excès d’alcali ni excès d’acide,
& verfai à l’inftant de la précipitation. Les diffe-
rehs produits étoient bruns, plus ou moins pâles
& jaunâtres , fuivant que la proportion du foufre
avoit été plus ou moins grande.
» J’effayai alors de traite.r directement du kermès
par la potaffe cauftique. Je verfai fur du kermès
fec une diffolution de cet alcali, 8c je le vis de
fuite paffer au jaune 3 c’étoit un vrai foufre doré.
Or, dans cetté transformation inftantanée on conçoit
que letat de l’oxide n’a pu changer; que l'eau
n’a' pu être décompofée, mais que la potaffe s’tft
emparée, d’une partie- de l'hydrogène fulfuré du
kermès , a fourni de l’hydro*fulfure de potaffe,
& que le kermès dès-lors a du perdre fa couleur,
paffer au jaune 8c enfin au blanc, ainfi qu’on le
verra bientôt.
» J’agitai avec de l’hydrogène fulfuré liquide le j
kermès blanc obtenu du mélange de foufre & de j
fui fure d’antimoine, & que j’ai annoncé ne point
contenir d'hydrogène fulfuré 3 il ne tarda pas à
paffer au jaune-tendre, puis au brun.
» 11 paroiffoit donc bien certain que la couleur
du kermès étoit due à la feule préfence de l’hydrogène
fulfuré, & que c’étoit à fa plus.ou moins
grande proportion qu’étoient dues toutes les variétés
que le kermès préfentoit, fuivant qu’il étoit
fait par tel ou tel procédé. Mais pour prouver ce
fait d’une manière inc.onteftable, pour lever abfo-
lument tous les -doutes, -j’eus- recours à l’analyfé.
» J’analyfai comparativement les principaux kfer-
rnès que j’avofs obtenus, & comme je n’avois'pas
a ma difpofition une cuve à mercure afl’ez grande
pour pouvoir reçue il Ut? le gaz hydrogène fulfuré
du kermès, je mefer vis du moyen fuivant :
■ w Je pris un flacon d’un titre jufte de capacité,
le thermomètre centigrade étant à 12, y , & le baromètre
à 7 décimètres 57. Je le remplis de gaz i
hydrogène fulfuré parfaitement pur, 8c avec toutes
les précautions neceffams pour qu'il ne pût s’en
perdre un atome, & pour empêcher l’air atmof-
phérique d’y pénétrer. J’y adaptai un bouchon
percé de deux trous; à l’un étoit adapté un tube
droit, plongeant jufqu’au fond du flacon, & à
l'autre un tubè à deux courbures, qui n'y plon-
geoit que de quelques lignes, & dont l’autre extrémité
alloit s'engager dans un flacon de Woulf,
d’où partoit un fécond tube à deux courbures ,
plongeant dans un autre flacon : chacun d’eux con-
tenoit une diffolution d’acétate de plomb du commerce.
Tout étant bien Iuté , on a verfé, à l’aide
du tube droit, dans le flic on contenant d’hydrogène
fulfuré, du mercure qui, par fa preflion, l'a
fait dégager 8c paffet à travers la diffolution d’acétate
de plomb, où il a formé un précipité de
fiilfure de plomb. Le flacon étant; plein de mercure,
tout le gaz étant conféquemment dégagé,
on a décanté, jeté fur un filtre, fée hé & pefé
exactement le fulfure de plomb , qui, après le
lavage à l’eau diftillée & la defliccation parfaite ,
pefoit huit grammes. Or, le litre de gaz hydrogène
fulfuré à- 11 deg. y m. de température", & à
7 décim. 57 centigr. de preffion, pèfe 1 gramme
y 1 centigr; : ainfi huit-grammes dé fulfure de plomb
repréfentent 1 gramme y 1 centigr. d'hydrogène
fulfuré. Ayant obtenu cette donnée, je m’en fuis
fervi pour parvenir à; connoître exactement les
proportions d’hydrogène fulfuré que contiennent
les divers kermès, & furtout pour les comparer
entr’eux fous ce rapport. Alors je procédai à l’a-
nalyfe.
; » Je commençai par le kermès obtenu à l'aide
de la potaffe avec les proportions & toutes les
conditions reconnues les plus favorables; j’en pris
dix grammes , que je mis dans une petite fiole
dont le bouchon percé de deux trous étoit garni
de deux tubes, l’un en'S, & l’autre à deux courbures,
plongeant dans un flacon de Woulf, d’où
partoit un fécond tube à deux courburts plongeant
dans un autre flacon : chacun d’eux conte^
noit une diffolution d’acétate de plomb du commerce.
Tout étant bien ltué, on a verfé dans la
fiole , au moyen du- tube en S , de l’acide muriatique
très-pur ; le gaz hydrogène fulfuré s eft dégagé
, a précipité le plomb à l’état de fulfure: on
a chauffé légèrement, & lorfque tout l’hydrogène
fulfuré'a é'té dégagé, on a démonté l’appareil &
filtré la liqueur des deux flacons; le petit filtre de
papier Jofeph a été préalablement féché & pefé
exactement ; on a lavé avec de l’eau diftillée, on
a fait fécher, & l’on a pefé : le poids du filtre
étant déduit, l’on a eu 16,ly de fulfure de plomb.
» La matière reftée dans la fiole, c’eft-à-dire ,
le muriate-d’antimoine & le foufre, ont été mis
fur un -très1-petit filtre féché & pefé exactement;
le rhurraté d’antimoine a paffé, & le foufre eft
refté feül fur le filtré : on a lavé avec de l’eau fortement
aiguifée d’acide muriatique pour ne point