
enfermés dans des greniers à foin. & furtout ceux
s’y endorment imprudemment, font expofés
à être afphixiés. C ’ell à la'même eau le qu’il faut
fans doute attribuer le danger de refter couché
& de dormir à l’ombre de certains arbres, &
furtout du noyer j fur l’influence duquel on a
donné plufieurs obfervations, qui paroilfent affez
conftatées , pour engager à fuir cette ombre perfide.
IX*. E s p e c e . Mëphiiifme du charbon. Je termine
1 hifloire des efpèces de mépkitifme artificiel par
celle du plus terrible & cependant du plus fréquent.
Les avis donnés, à cet egard font fi multipliés,
qu’on auroit lieu d’être étonné de la
facilité & de l’imprudence avec lefquelles on s’y
expofe tous les hivers, fi l’on ne favoit d’ailleurs
ù duel point la plupart des hommes portent [‘indifférence
fur Jes objets qui intéreffent le plus
effentiellement leur fanté & leur vie. On voit
trop fouvent encore des perfonnes imprudentes
allumer des fourneaux pleins de charbon ou de
braife dans des chambres étroites & bien clofes,
fiait pour en échauffer l’air, foit pour les divers
befoins des arts qu’elles exercent, comme le re-
paflage du linge, Sec. Cette imprudence les conduit
à une afphixie qui fe termine par la mort fi
elle a duré trop long-tems. Rien n’eft fi (impie &
fi connu aujourd’hui que la théorie de ce mépkitifme.
Le charbon, à mefure qu'il brûle, feïond,
fe diffout bien véritablement dans l’air, & quitte
fa forme folide en paffant à l’état gazeux de l'oxi-
gène qui le prend en dilfolution. Ce dernier, le
gaz oxigène, feul aliment de la vie contenu dans
1 air atmofphérique , fe convertit promptement
en gaz acide carbonique ; le gaz azote, autre
élément conflitutif de l’atmofphère, eft mis à nu,;
& à ces caufes, déjà fi certaines d’afphixie &
de mort que font naître promptement le charbon
& la braife allumés dans une chambre étroite
& clofe,, vient fe joindre une autre fource non
moins fàcheufe & non moins, énergique de méphi-
lifme ; c’eft le gaz hydrogène carboné, qui fe dégage
immédiatement du charbon & de la braife,
au moment où ces corps combullibles s’allument,
furtout lorfqu’ils contiennent de l’humidité qui
fe décompofe par le charbon rouge. Ce gaz incommode
même les cuifiniers dans les cuifines
les plus ouvertes & les plus aérées ; il porte à
la tête qu’il rend douloureufe, & il trouble quelquefois
les, fonctions du cerveau. On doit juger,
d’après, cela, de ce qu'il eft capable de produire
dans des. endroits clos, lorfqu’rl eft ajouté au gaz
acide .carbonique qui fe forme par la cotnbuftion
dp charbon.
Rien n’eft.donc fe clair que la théorie du méphi-
tifme produit, par les chat bons allumés. Elle de-
vroit être fue de tous, les hommes , & faire' partie
des premières connoiffances qu'on leur tranfmet
dans leur bas âge , pour les avertir & les pré-
rqunir CQBtte; un danger qui fe préfente partout, *
& fe renouvelle chaque jour. Les occafions d’appliquer
utilement ces notioi#exa&es & précieufes
fane lî communes, que le confeil de les donner
a tous les hommes 8c de les répandre partout
incéreffe également , & la population de tous
les lieux, & les générations qui fe fuccèdent.
En un mot, c’eft une connoifîance populaire qu’il
eft important d’étendre & de multiplier par tous
les moyens poffibles, les gazettes, les almanachs,
les affiches, les prédications , &c.
IIIe. PARTIE. Des antiméphiiiques en général.
Depuis que le méphitifme eft bien connu dans
fa nature générale 8c particulière, les moyens de
le détruire , de le corriger , d'en prévenir les
effets, & d e guérir les maux qu’il entraîne à fa
fuite, doivent être beaucoup plus faciles à déterminer
qu’ils ne l’étoient autrefois.
Commençons par faire remarquer ici que la
définition la plus générale 8c la plus fimple du
méphitifme qui le préfente comme un défaut d’air
refpirable, 8c comme produifant dans fa première
énergie une fufpenfion de la refpiration,
conduit cependant à une idée également fimple
; fur l’antiméphitifme en général. En effet, il eft
très-évident que le premier 8c le plus fûr antiméphitique
doit confifter dans le moyen de fournir
; de 1 air refpirable aux perfonnes expofées à fon
i a&ion, quelle que foit d’ailleurs la nature fpé-
ciale ou particulière du méphitifme. Ainfî dans un
lieu, dans un efpace méphitifé quelconque , il
doit fufrire de verfer du gaz oxigène, de faire
pénétrer de Pair, de fubftituer au gaz méphitique,
quel qu’il foit, un fluide refpirable pour en
diminuer ou même en rendre nuis les effets délétères.
C ’eft à cette efpèce dJ'antiméphitifme commun
ou général qu’il faut rapporter les premiers
moyens, les premiers procédés qui ont été pro-
pofés pour s’oppofer aux effets du méphitifme.
Obfervons encore ici que, comme je ne con-
fidère cet objet que fous le rapport chimique 8c
non fous le rapport médical, que, comme je n’ai
pas eu l’intention de décrire les fymptômes des
divers méphitifmes 8c leurs effets particuliers fur
1 économie animale, il ne doit pas davantage être
queftion, dans cet article, des remèdes à employer
dans le cas d’afphixie, 8c dans les maladies qui
en font la fuite. Je n’ai parlé que des lieux mé-
phitifés, de la nature générale & particulière des
gaz qui les rendent tels ; je n’ai pas décrit les
efpèces de maladies produites par les méphitifmes ;
j’ai traité mon fujet fous le feul rapport thimi-
que J j’ai laiffé au Dictionnaire de médecine tout c®
qui a pour objetrles effets fur l’économie animale;
je ne dors donc pas parler dej la médication io p -
pofer à ces effets, mais feulement des moyens de
détruire la méphitifme dans les- lieux où il fe ma*
nifêft®.
Sous ce rapport les moyens généraux que: je
dois expofer dans cette troifième partie confif-
tent feulement dans l’art de fubftituer de 1 air ou
de l’oxigène gazeux aux fluides mephmques. Le
plus recommandé & le plus utile, c eft celui
d’exciter un courant qui déplace le gaz délétère,
& qui le remplace par de l’air atmofphérique.
Pour cela on place un fourneau allumé fur une
ouverture fupérieure du lieu méphitifé, 8c I on
établitaufli parla dilatation & par la chaleur un
courant qui chaffe le gaz méphitique, 8c qui introduit
l’air atmofphérique..
On a propofé de,verfer du gaz oxigène par des
tuyaux 8c des foufflets dans les cavités méphitiques
; mais outre que le gaz ne peut être introduit
qu’avec peine toutes les fois que le gaz méphitique
rempliffant des cavités fou ter rai nés eft
d’une pefanteur différente de celle de 1 air, on
conçoit que ce moyen elt tout-a-fait impraticable
dans la plupart des cas de méphitifme , foit en
raifon de la cherté du gaz oxigèn^, foit par 1 im-
poflibilité de s'en procurer au ÉÊfrhent & aux
lieux où il feroit néeeffaire d’en introduire une
quantité fuffifànte. t
Si le local méphitifé eft étroit 8c refferré, le
mieux eft, ou de l’ouvrir largement pour y introduire
l’air en y allumant des feux, ou de le
fermer & de le murer tout-à-fait lorfqu’on peut
fe paffer de ce local dans les ufages d'une maifon.
Par ce dernier procédé, on écarte les homnus du
lieu dangereux , 8c on s’oppofe à ce que le méphitifme
qui l’occupe , paffe de ce lieu dans ceux
qui font voifins ou fitués au deffus, comme cela
eft arrivé fi fouvent.
On a confeillé, pour déméphitifer les cavités
fonterraines , d’y verfer de l’eau pour fairè difpa-
roître 8c pour enchaîner le gaz afphixiant. Ce
moyen pouvoit être propofé à une époque où
l’on n’avoit pas^de notions exaéfces fur les divers
gaz méphitiques, 8c où l’on croyoit qu’ils étoient
foîubles dans l'eau, parce qu’on les rapprochoit
par la penfée de Pair fixe ou acide carbonique.
Quoiqu’on ne puiffe plus s’appuyer aujourd’hui
fur cette idée , il eft certain, que des afperfions
d’eau fraîche, desarrofemens 8c des jets de pompe,
peuvent avoir des avantages dans plufieurs cas,
8c qu’il n’y a d’autre inconvénient à redouter 8c
a prévenir dans ces cas , que le déplacement 8c le
paffage du gaz délétère du lieu qu’il occupe dans
un autre.
Il faut en dire autant du lait de chaux 8c des
leffives alcaiines, confeillés comme moyens de déclin
fc&ion dans le méphitifme en général. Ces anti-
méphitiques peuvent être utiles dans un certain
nombre de cas, mais ils ne conviennent ni dans
tous les tems ni dans tous les lieux j ils ne méritent
pas une confiance générale 8c trop entières
s’y fier dans tous les cas feroit dangereux.
A plus forte raifon le vinaigre propofé , il y a
vingt-deux ans, comme antiméphitique certain,
doit-il être rayé prefqu’entiérement de cette
lifté. Outre qu'il peut infpirer une fécurité pé-
rilleufe, il y a des cas, 8c ce font ceux de méphi-
tifme occafionné par des matières animales 8c végétales
pourries, où il peut augmenter l’infeétion
8c le méphitifme, en dégageant de ces matières
plus de gaz hydrogène fulfuré qu’il ne s’en exhale
fpontanément. Cet inconvénient peut même aller
jufqu’à faire naître le méphitifme là où il n’exif-
toit pas encore, par le développement du gaz.
hydrogène fulfuré que l'acide produit.
Il feroit fort à defirer , 8c tel a été le premier
efpoir conçu pour la deftruétion du méphitifme
lorfqu’on croyoit qu’il n’étoit dû qu’à une feule
caufe , qu’il y eût un agent chimique capable de
dénaturer également tous les fluides méphitiques.
Mais la nature aujourd’hui connue de ces fluides
divers s’oppofe à ce qu'on puiffe nourrir une pareille
efperance ; le gaz azote 8c le gaz acide carbonique
ne peuvent pas être détruits : il n’y a que
le gaz hydrogène fulfuré qui en foit fufceptible.
Ainfi l’aétion du gaz acide muriatique oxigéné
que j’ai le premier propofé, il y a plus de quinze
années ( en 1790), pour réagir fur les virus animaux
8c pour les dénaturer par fon aètion chimique
, eft-il un puiffant antiméphitique dans le cas
de l’exiftence des deux gaz indiqués, mais nui
dans le cas des deux autres gaz. Ceci appartient
d’ailleurs à l’hiftoire des antiméphitiques particuliers.
On voit donc que Y antiméphitifme général corc-
fifte dans l’aération , l’emploi du feu 8c de l’eau ,
l’agrandiffement des ouvertures des lieux méphi-
tifés , ou la clôture complète de ces lieux dans
le cas où le méphitifme s'y renouvelle continuellement,
8c femble y être indeftruétible.
Au refte, il faut toujours fe rappeler que je ne
dois traiter , dans cet article, que des moyens
d’agir fur les méphitifmes eux-mêmes, 8c que je
n’ai pas pour objet d’expofer les méthodes curatives
à employer chez les hommes qui ont été expofés
à leurs dangereux effets.
IVe. P A R T IE . Des antiméphitiques particuliers•
Pour faire connoître les antiméphitiques applicables
à chaque efpèce de méphitifme en particulier
, il faut reprendre chacune de ces efpèces dans
l’ordre qui a été fuivi pour la fécondé partie de
cet article.
l re. E spece. Méphitifme naturel des fouterrains.
On a vu que ce méphitifme eft dû à l’acide carbonique
qui fe dégage naturellement du fond de quelque
cavité fou ter raine, comme la Grotte-du-Chien.
Ainfi fa nature bien connue conduit au choix de
I’an ri méphitique qui lui convient. L’eau agitée ,
l’eau & le lait de chaux , les leftives alcalines
employées en fuffifànte quantité , détruiroienc
immanquablement 8c complètement ce méphitifme ,
s’il n’étoic qu'accidentel 8c extemporané ; mais fit'