
leur fufihilké, leur capacité pour le calorique ,
leur combuftibilité, &c. &c.
91. On n'a point aflez eftimé encore la découverte
de la décompofîtion de l'eau ; on ne l'a point
mile à un allez haut prix par le rang qu'elle
tient parmi les plus beaux travaux de la fin du dix-
huitième fiècle, & par les immenfes avantages
qu’elle a fait naître pour la théorie de la fciehce
de la nature. L’hiftoire des métaux y a gagné une
foule d'explications de phénomènes qui n'avoient
pas été compris, & qui ne l'auroient jamais été
fans cette importante découverte , l ’une des plus
belles & des plus étonnantes qu'on doive à la
chimie moderne*
92. Il n'y a cependant que bien peu de métaux
qui aient par eux-mêmes la propriété de décomposer
l’ eau , puifque l’hydrogène, à l'état de gaz,
décompofe la plupart des oxides métalliques,
quelques-uns à froid, le plus grand nombre à l'aide
du calorique ; ce qui prouve que ce principe a
plus d'attra#ion pour l’oxigène, que n'en ont
en général les métaux : il faut même ajouter à cela
qu’il décompofe les oxides des métaux fufceptibles
eux-mêmes de décompofer l'eau 5 mais cela n'arrive,
à la vérité, que lorfqu'ils font dans un état
d’oxidation plus avancé que celui où l ’oxigène,
enlevé à l'hydrogène, ne peut les porter. Tel eft
l ’oxide de fer brun , qui repaffe à l'état d'oxide
noir par l'hydrogène, tandis que le fer pur décompofe
l'eau, & lui enlève de l'oxigène jufqu'à
devenir oxide noir.
93. Il faut diftinguer, par rapport à l'a#ion
des métaux fur l'eau , quatre claffes de ces corps :
les uns la déeompofent à froid, & ils n'ont be-
foin d'aucun auxiliaire pour cela : un peu de tems
feulement eft néceffaire à cette décompofîtion.
C'eft ainfi que le fe r , mis en conta# avec de l’eau
froide, exige plufîeurs jours pour en féparer l'hydrogène
& en abforber l'oxigène , comme on
le voit dans la préparation de l'oxide noir ou de
l'éthiops martial deLémery, fait par le Ample mélange
à froid de ces deux corps. Le zinc appartient
aufli à cette clafle, ainfi que le manganèfe.
94. La fécondé clafle renferme ceux qui né
pouvant pas décompofer immédiatement l’eau à
froidj en deviennent capables à une forte chaleur,
à la température rouge. II eft vraifembla-
ble qu'il y a beaucoup plus de métaux qu'on ne
croit dans ce cas î l'antimoine 8c l'étain font fpé-
eialement de cet ordre. On conçoit bien que ceux
de ta première clafte acquièrent, par une haute
température , la propriété de décompofer l’eau
beaucoup plus fortement & plus abondamment
qu'ils ne le font a froid.
9p. A la troifième clafle, je rapporte les métaux
qui, ne pouvant jamais décompofer l’eau ni
à froid ni à chaud tant qu'ils agiflent feuls fur cet
oxide d’hydrogène , acquièrent cette propriété
par l’attra#ion prédifpofante que les,acides, ou
même quelquefois lês;alcalis, y portent par leur
I tendence à s'unir aux oxides métalliques. On re-
. connoît cette propriété dans le cuivre, le plomb,
le bifmuth : elle n’eft alors qu’augmentée & accélérée
dans les métaux des deux premières clafles.
96. Je range dans la quatrième clafle les métaux
qui n'ont , ni par attra#ion fîmple ,. ni par
attra#ion prédifpofante, ni par aucune réunion
de forces attractives quelconques , la propriété
de décompofer l'eau , & qui conféquemment ne
donnent jamais de gaz hydrogène dans quelque
circonflance que ce foit de leurs combinaifons chimiques.
Le mercure, l’argent, l'or & Je platine
font les feuls connus de cette clafle, & il faut
remarquer que cette propriété coïncide avec leur
peu d’attra#ion pour l'oxigène, & avec la facilité
que ce principe a pour s'en féparer. 197' Cette a#ion des métaux fur l’eau une fois,
bien exactement déterminée, il ne fera plus difïî-;
cile de reqdre raifon des phénomènes qu'ils pré-
fentent avec les acides, de l’effervefcence vive
& du dégagement abondant de gaz hydrogène
qui accompagnent leurs diflolutions, de la réduction
de la plupart de leurs oxides par le gaz
hydrogène, & de beaucoup d’autrescirconftances
inintelligibless& inexplicables dans toutes les époques
de la chimie qui ont précédé ia découverte,
de la nature de l ’eau.
98. puant aux oxides, il ne paroît pas qu'il
y en ait d'autres dont l’aCtion fur les métaux en
général mérite d'être déterminée, que ceux des
métaux eux-mêmes, puifqu'on n’a rien vu ou en-
core rien déterminé relativement à l’effet des
oxides d'azote, de. phofphore & de foufre fur
les fubftances métalliques. Il y a trois circonftances
générales à apprécier entre les métaux 8c leurs
oxides. La première eft relative à la réaCtion de
ces corps fur leurs oxides propres dans quelques
cas. Quoiqu'on ait dit que jamais un oxide ne s'u-
nifloit avec fon propre métal, ce qui eft vrai en
général, il eft très-remarquable que fi on chauffe
un métal avec fon oxide le plus oxidé poflible,
fouvent, pour ne pas dire toujours, ce métal
prend à fon oxide la portion de l'oxigène qui y
adhère le moins, ou qui a été la dernière ajoutée,
le défoxide ainfi en partie, forme avec lui une
forte d'équilibre d’oxidation. C'tft ainfi que l'oxide
rouge de fer, chaufféavec de la limaille de ce métal,
fait patTer celle-ci, en y paflant lui-même, à
l'état d'oxide noir. La fécondé circonflance tient
à l'attra#ion plus forte du métal pour l’oxigène,
que celle qui exifte dans l’oxide. Dans ce cas, ce
dernier eftdéfoxidé; le métal lui-même s’oxide,
& quelquefois même avec flamme & lumière plus
ou moins vive. Enfin, dans la proifièmé circonf-
tance, le métal ajouté à lin oxide a moins d'at-
tra#ion pour l’oxigène, que n'en a celui qui eft
oxidé j 8c alors il n'y a aucun changement entre
ces deux corps.
99. Comme c'eft fpécialement avec les acides
que les chimiftes ont traité les métaux, parce que
ces agens leur ont toujours paru les plus capables
de les altérer 8c de les caraétérifer entr’eux }
comme les combinaifons qu ils font fufceptibles
de former avec eux ont été l'objet des plus nom-
breufes recherches, cette partie de la. chimie métallique
eft la plus remplie de faits, ainfi qu on
le reconnoîtra dans l’hiftoire des métaux en particulier.
Il 11e doit être queltion ici que de la plus
grande généralité des phénomènes réciproques que
présentent ces corps : on ne doit par conlequent
examiner cette a#ion que fous le point de vue
des acides.
100. Il faut obferver d'abord, en général > qu'il
n’y a aucune union entre les métaux 8c les- acides,
fans que les premiers foienc plus ou moins oxides :
ainfi ceux des oxides métalliques qui y font dillo-
Iubl.es fe diflolvent lentement 8c fans effeivefcence,
tandis que leurs métaux eux-mêmes ne s’y diflol-
vent point fans mouvement 8c fans effervtfcence.
Celle-ci eft due à ce que les métaux, augmentant
tout à coup d’atira#ion pour l'oxigène par le
çonta# des acides, dégagent un autre principe
qui prend la forme de gaz. Ce principe provient,
ou des acides eux-mêmes, ou de l'eau. Dans le
premier cas il eft quelquefois différent, iuivant
les acides j dans le fécond, c'eft toujours du gaz
hydrogène qui fe dégage plus ou moins altéré.
Quelquefois les deux corps , l'acide & l'eau ,
font décompofés tout à la fois par le métal, &
alors, ou il fe dégage deux gaz mêlés , ou les
deux principes de ces gaz s'unifient enfemble, 8c
donnent naiflance à un nouveau compofé.
101. Les oxides métalliques ne peuvent s'unir
ou relier unis aux acides qu'autant qu’ils contiennent
chacun des quantités déterminées d'oxi-
gène : en deçà de ces proportions ils ne s'y unif-
fent point; au-delà, ils les abandonnent 8c fe
précipitent. Chaque oxide eh particulier ne peut
même rtfter' combiné avec chaque acide , que
dans des limites fouvent très-étroites d’oxidation.
C’eft pour cela que les diflolutions métalliques
expofees à l’air , ou mifes en conta# avec des
corps qui peuvent leur fournir de l’oxigène; fe
troublent 8c fe précipitent à mefure qu'elles ab-
fôrbent plus de ce principe qu’elles n’en conte-
noient. Souvent même , feules & dans des vaif-
feaux bien fermés, les oxides qu’elles tiennent
réagiflant fur leurs acides par l'élévation de teni«1
pérature, elles fe troublent & fe déeompofent par
cette furoxidation fpontanée.
102. Ceux des métaux qui.ont le plus de tendance
pour s'oxider par l'a#ipn,des:acides , pe
peuvent ÿ relier unis ni former avec eux des dif-
îolutions permanent; s. On o.biei ve'furtout ce phénomène
dans les métaux acidifiàbles , ou dans ceux
dont les*oxides font fufcëptibies de s'unir aux alcalis.
AuflVces métaux , plus oxidables que diffb-,
lubies dans les acides, fe féparent ils en oxides
au fond de leurs prétendues dilfolutions, & ne
reftent-ils que très-peu, & furtout pour très-peu
de tems , dilfous dans K-.s acides.
103. Il n’exifte donc de fels métalliques que
dans le cas où les oxides font fufceptibles de relier
unis aux acides , & ne tendent point à s'en féparer.
Ils ne (ont permanens que dans les circonf-
tançes où l'on n'augmente point leur attraction
pour l'oxigène , ou lorfqu'on ne leur préfente pas
ce principe. Les fels métalliques font toujours avec
excès d'acides, 8c, de plus, âcres , corrofifs &
veneneux pour la plupart. Leurs propriétés pour
être bien connues , exigent qu'on examine ax leur
forme; b , leur faveur ; c , leur altération par U
lumière ; d> leur fufion, leur défi-:c bernent, leur
volatilifation ou leur décompofîtion par le calorique
; e , leur déliquefetnee, leur cfSorefce.nee:
ou leur décompofîtion plus ou moins complète
par l’air; ƒ , leur diflolubilité dans l'eau chaude:
_ou froide, leur altération fouvent très-force par
ce liquide; g , leur décompofîtion par les alcalis
& les terres, la nature 8c la proportion des oxides
que ces bafes en précipitent, la formation des
fels triples, qui a lieu fi fréquemmeut dans cette
décompofîtion ; A , l’altération de ces mêmes oxides;
au moment de leur précipitation, foit par le précipitant
lui-même, foit par l'air, foit par l'eau ; * „
leur altération par les divers acides, leur décom-
pofition ou leur non décompofîtion, les effets des
attra#ions des acides pour les oxides métalliques
le changement de ceux-ci j k , l’a#ion des fels»
terreux 8c alcalins, foit qu'elle confifte dans une
Ample union en fel triple, foit qu'elle préfente
une décompofîtion fîmple, double, néceflaire o,tt
fuperflue ; / , l'a#ion réciproque des fels métalliques
, les uns fur les autres, qui fe borne à une?
union fnreompofée , au changement double de:
bafes & d’acides, ou au déplacement d’oxigène
qui précipite les deux oxides à la fois ; m, enfin
les altérations quiy portent fouvent les corps conv
buftibles à froid ou à chaud ; les défoxidaîioos:
par le carbone chaud, celles opérées par le. phof-
phore 6c par les métaux froids , les précipitarions;
par les fulfures & les hydrofulfures. Après cet
examen , l’hiftoire d’un fel métallique eft aufli complète
qu elle peut l’être.
104. Non-feulement les divers oxides métalliques
ont différens degrés d'attra#ion pour lési
acides , & doivent conféquemment influer par-là:
fur les combinaifons qu'ils font fufceptibles de £bi>
mer avec ces corps; mais les métaux eux-mêmes,,
par la force de leur attra#ion pour l'oxigène, y
influent encore d'une manière bien plus remarquable.
Ainfi plufîeurs métaux capables d’enlever
l ’oxigène à d’autres, plongés dans des. diflolutions.
de ceux-ci par les acides, les font reparoître fous
leur forme métallique, comme le mercure le faio
par rapport à l'argent, le cuivre par rapport au,
mercure, le fer par rapport au cuivre. Quelquefois
les métaux n'enlèyent aux oxides, qu'une portion
de leur oxigètje y de forte qu'ils ne. lci.préci--