
nitrate d’ammoniaque. Tous les fels qui font aujourd'hui
nommés nitrates, étoient autrefois des
nitres, '
N i t r e c a l c a i r e : ancienne dénomination du
nitrate de chaux.
; N i t r e a b a s e d e m a g n é s i e . On nommoit
ainfi le nitrate de magnéfie avant l'adoption de la
nomenclature fyftématique & méthodique.
N i t r e c u b i q u e . Le nitrate de foude porto.it
autrefois le nom de nitre cubique , à caufe de fa
forme.
’ N i t r e d e h o u s s a g e . On nommoit autrefois
nitre ou falpêtre de houjfage , le nitrate de potaffe
qui effleurit à la furface de quelques terrains & de
quelques^ murs falpêtrés. Ce nom lui étoit donné
parce qu'on le détachoit & on le recueilloit à l'aide
u e balais ou de houffoirs. ( Veye£ l3article N i t r a t e
d e p o t a s s e . )
N i t r e f i x é p a r l ' a r s e n i c . Avant l'adoption
de la nomenclature méthodique, on nommoit nitre
fixé le réfidu du nitrate de potaffe chauffé au rouge
avec divers corps combuftibles , & réduit, par la
décompofition de fon acide, à fa bafe alcaline.
Quelquefois cette bafe fe trouvoit accompagnée
du réfultat du corps combuftible brûlé, & même
alors combiné avec lui. Tel étoit le nitre fixé par
tarfenic. La combuffion complète de ce métal,
opérée par l’oxigène dégagé de l'acide nitrique,
le réduit à l'état d'acide arfenique, qui fe trouve
alors uni avec la potaffe de manière à former un
arfeniate de potaffe. ( Voyeç les articles A c id e
A R S E N IQ U E , A R S E N IC , AR SEN IA T E S , & C . )
N i t r e f i x é p a r l e s c h a r b o n s . En p r o je ta
n t d ans un c r e u fe t r o u g e d u n i t ra te d e p o ta f fe
m ê lé d 'u n t ie r s d e fo n p o id s d e c h a rb o n en p o u d
r e , o n o b t ie n t p o u r r é fu lta t d e la p o t a f f e , b a fe du i
fe l & b a fe d u c h a r b o n , en p a r t ie fa tu r é e d 'a c id e j
c a rb o n iq u e fo rm é pa r la c om b u ffio n d e e e d e rn ie r .
(Voyelles articles C H A R B O N , N lT R A T E DE POT
A S SE & P o t a s s e )
- .Ni t r e f i x é p a r l e s m é t a u x . On d o n n o it
a u t r e fo i s c e nom au r é lïd u d u n i t r e o u à la p o :
ta f fe o b t e n u e à la fu it e d e la d é to n a t io n d e c e f e l ,
m ê lé a v e c c e u x d e s m é ta u x q u i fo n t le s plus c om -
b u ft ih le s , & p r o je t é dans un c r e u fe t r o u g e . C'é-
t o i t fù r to u t a v e c l 'a r f e n i c , l 'a n t im o in e - , le z in c &
le f e r j q u 'o n f a i fo i t c e s p r é p a r a t io n s , p a r c e q u e
c e fo n t en e f fe t le s q u a t r e fu b f tan c e s m é ta lliq u e s
q u i , c om m e les p lu s a v id e s d 'o x i g è n e , fu r to u t à
la t em p é r a tu r e r o u g e , d é c om p o fe n t le plus r a p id
em e n t & to u t à la fo is le p lu s c om p lè t em e n t
1 a c id e n i t r iq u e d u nitrate de potaffe , & le r é d u ife n t
Je p lu s a ifém en t à fa b a ie a lc a lin e ; m a is i l fa u t r e -
marquer que ce moyen d’obtenir la potaffe n'eft
pas un procédé fûr pour fe procurer cet alcali, &
qu’il eff fort inférieur à celui qu'on obtient de la
détonation du nitre par le tartre & le charbon. En
effet, ces deux derniers corps, en fe réduifant,
pour la plus grande partie de leur fubftance, en
produits gazeux dans leur portion brûlée, laiffent,
comme le nitre lui-même, de la potaffe pour réfidu
, le :artre furtout, qui en contient plus du
tiers de fon poids. L'alcali y eff tout au plus en
partie faturé par l'acide carbonique, tandis que les
métaux brûlés par le nitre, & ayant abforbé fon
oxigène, reftent prefqu'entiérement fixes en acides
ou en oxides, qui fe combinent , en tout ou
en partie , avec la potaffe, de maniéré que le réfidu
de la détonation qui a befoin d'être lefiïvé par
l'eau , donne cette combinaifon alcalino-métalli-
que, au lieu de l’alca’i pur. Voyez au refte aux
articles A r s e n i c & A n t im o i n e , les détails relatifs
à la détonation du nitre par ces deux fubftances,
& l'article Métaux en général, où cèt objet
eff préfenté avec les détails néceffaires pour fairé
bien connoître l'aétion de ces corps fur le nitre , 5c les produits qui réfultent de cette aéfcion.
N i t r e f i x é p a r l e t a r t r e . Pour obtenir
promptement l'alcali nommé* autrefois alcali
du nitre & alcali végétal 3 on mêloit une partie
de tartre avec trois parties de nitre; on proje-
toit ce mélange par cuillerées dans un creufet
rouge, ou bien on y mettoit le feu en y portant
un charbon allumé. Le tartre,, qui eft affez combuftible,
fe brûloit, fon acide fe décompofoit, &
laiffoit fa bafe alcaline libre. Cela s’opéroit furtout
par la grande quantité d'oxigène féparée du nitre
décompofé par la chaleur, & celui-ci fe réduïfant
par-là à fa bafe alcaline, le produit total de cette
décompofition par la combuftion rapide étoit de
la potaffe combinée avec une portion d'acide carbonique
( Voye^ les articles P o t a s s e & T a r t
r e . )
N i t r e i n f l a m m a b l e : a n c ien n e d én om in a tio n
d u n i t ra te d 'am m o n ia q u e , t i r é e d e l'in flam m a tio n
q u e d o n n e c e fe l lo r fq u ’ on le je t t e fu r d es c o r p s
t e r r e u x , d e s b r iq u e s , d e s tu ile s r o u g ie s au fe u .
(Voyeurarticle N i t r a t e d ' a m m o n i a q u e , où le
p h én om è n e & la d é c om p o f it io n d u fe l q u i y d o n n e
l i e u , fo n t t r è s -b ie n d é c r i t s . )
I^i t r e q u AD R AN G U LA iR E : ancien nom du
nitrate de foude ,. fynonyme de celui de nitre cubique
qu'il portoit auflï. ( Voye^ Varticle N i t r a t e
d e s o u d e . )
N i t r a t e r h o m b o ï d a l : -fynonyme des noms
de nitre cubique & de nitre quadfangulaire , donnés
avant l’établiffement de la nomenclature méthodique
, au nitrate de foude, parce que les cubes de
ce fel font fouvent un peu obliques ourhomboï-
daux. ( Vüyc[ l'article N lT R A T E DE SOUDE. )
N i t r e s m é t a l l i q u e s . On nommoit autre-
fois nitres métalliques les fels que nous défignons
aujourd'hui par le nom de nitrates métalliques. Il
en a été queftion aux articles M é t a u x & N i t r a t
e s . ( Voye% ces articles, )
NITRIÈRE. On nomme ainfi tout lieu qui fournit
fpontanément, & dont on retire du nitre ou
falpêtre. Ainfi les terres de l'Inde, celles de plu-
iïeurs contrées de l'Efpagne , fur lefquelles on
trouve le falpêtre effleuri naturellement; le pulo
de la Molfetta dans laTouilîe, dont la pierre calcaire
compacte paroît être une forte de réfervoir
ou de foyer de ce fel , font des nitri'eres naturelles.
On nomme nitri'eres artificielles celles que l’on
fabrique en réunifiant dans des lieux convenables,
aérés & abrités à leur partie fupériéure, toutes les
matières végétales & animales, fufceptibles de
fournir, par leur lente décompofition , & l'acide
qui appartient au nitre , & la bafe alcaline qui doit
y être unie pour conftituer le' véritable nitrate de
potaffe. C'eft ainfi, i°. que les terres légères des
remifes , des cavés, des celliers, imprégnées des
liqueurs qu'on y conferve, font des réfervoirs à
falpêtre; i°. que le fol des étables, des écuries, des
bergeries, arrofé & pénétré des urines & desexcré-
mens des animaux qui les habitent, devient, au bout
de quelque tems; affez falpêtré pour pouvoir être
exploité avec avantage, comme on le fait dans j
quelques cantons de la Suiffe, &c. ; 50. enfin, j
c'eft ainfi qu’en formant artificiellement & fous j
des hangards, dés mélanges de paille, de fumier,
de débris de .végétaux, avec des terres
légères^ en les arrofant de liquides animaux, en
les remuant de tems en te ms , on y fait naître du
falpêtre. ( Voye[ les articles A c id e n i t r e u x &
N i t r a t e d e p o t a s s e . )
NITRITES. Les fels qu'on défigne par le nom
de nitrites , n'étoient pas connus avant l'année
1787, époque de la nomenclature méthodique :
on n'avoir même abfolument nulle idée de leur
exiftence & de leur différence d’avec les nitrates.
Ge n'eft qu’au moment de la diftinétion précife de
l’acide nitreux d’avec l’acide nitrique, qu'on a
commencé à reconnoître qu'il devoit exifter des
fels différens des nitrates dans les combinaifons de
l’acide nitreux avec les bafes. Cependant Bergman
avoit entrevu, dès 1775, que l’acide du
nitre, dans cet état qu’il croyoit être phlogifti-
qué , devoit former des fels différens de ceux
qu'il donne dans fon état ordinaire j ainfi, dans
fes attra&ions éîeélives, il préfente ces fels comme
des'nitres phlogiftiqués.
Il n’eft pas difficile de comprendre pourquoi les
nitrites ont été long-tems ignorés, & pourquoi
•aujourd'hui même, quoiqu’on ait reconnu , der
puis plus de vingt-cinq ans, leur exiftence , fur-
tout dans la doârine françaife, leurs propriétés
font encore prefqu'entiérement ignorées. On
verra qu'il'n'y a encore que quelques notions ac-
quilesfur les nitrites terreux & alcalins, & aucune
fur les nitrites métalliques : il ne fera donc queftion
que des premiers feulement dans cet article.
On a cru long-tems qu’il n'y avoit qu'un moyen
de préparer les nitrites, celui de décompofer en
partie les nitrates par l’a&ion du feu, & dont
nous parlerons plus bas ; mais il eft bien reconnu
aujourd'hui que ,l'acide nitreux proprement d it,
on entend par-là celui dans lequel l'acide nitrique
eft complètement faturé de gaz nitreux , eft fuf-
ceptible de fe combiner directement avec les alcalis
: tels font les acides nitreux que l'on obtient
par le mélange du gaz nitreux & au gaz ox;gène,
ou bien en chauffant de l’acide nitrique jauni par
la piéfence d'une certaine quantité de gaz nitreux,
ou enfin la vapeur nitreufe, qui n'eft elle-même
qu'un véritable acide nitreux gazeux, mais foluble
dans l’eau, à l’aide du tems <k de l'agitation.
l’on reçoit de l’acide nitreux obtenu par l'un de
ces trois procédés dans un flacon renfermant une
folution de potaffe , l'acide fe combine a 1 alcali,
& forme des criftaux de nitrite de potaffe bien
reconnoiffj.bl.es par leurs propriétés, & furtout
' par la vapeur rouge qu’en dégagent les acides ,
; fans, en excepter l’acide nitrique.
Un fécond moyen d’obtenir des nitrites confifte,
à décompofer partiellement les nitrates, & à leur
enlever, par l'aCtion du calorique, une portion
de l’oxigène nitrique. Alors il refte de véritables
nitrites , pourvu qu'on ne chauffe pas un peu trop
fortement, car la vapeur nitreufe tend à fe dé-,
gager alors, comme on l'a vu dans les nitrates
dont les bafes font foiblemënt adhérentes à la
combinaifon faline. On ne peut pas fabriquer des
nitrites en effayant d'unir aux nitrates un excès
d’oxide nitreux ou de gaz nitreux qu'ils ne font
pas fufceptibles d'abforber, parce que leur acide
nitrique a plus d’attraélion avec les bafes, qu'il
n'en a pour cet oxide. C ’eft à rai fon de ce mode
de préparation que, dans mon ordre fyftématique,
je les ai placés immédiatement après les nitrates
dont ils ne font que des modifications.
Comme peu de chimiftes fe font occupés juf-
qu’ici de comparer les nitrites aux nitrates, &
de chercher l'art de les préparer, on n’ a point
encore un procédé uniforme, certain pour les
obtenir dans un état confiant.. Ce qu'on a fait
jufqu'à préfent fe réduit à traiter les nitrates dans
des vaiffeaux ouverts ou fermés, à en féparer
une portion de gaz oxigène, & à les pouffer ainfi
jufqu’à ce que, par le c.ontaél d’un acide concentré,
même de l'acide nitrique, il s’en dégage une
I vapeur rutilante avec effervefcetice vive. Dans des
{ vaiffeaux fermés, ils font arrivés communément à
f cet état du moment où quelque trace de vapeur 1 rouge fuccèçle au gaz oxigène dans les appareils