
le foufre fcorifié dans une de fes moitiés & refondu
avec l'autre moitié fulfurée, puis grillé pendant
quatre heures, puis réduit de nouveau ,
fournit un métal rouge au dehors., d’un blanc-
cendré dans l'intérieur., très-fragile , & dont la
pefanteur fpécifique étoit de 7,170. Minéralifé
une troifième fois , & traité de nouveau comme
les deux premières, par un grillage de douze heures
avec la pouflière de charbon, jufqu'à ce qu’il
n’y eût plus de trace d’arfenic, il donna un oxide
vert cendré , d’où l'on obtint, par la réduction
au feu de forge le plus violent, un métal fi ré-
fraétaire, qu'on ne put l’avoir fondu en culot :
il étoit fous une fcorie de couleur hyacinthe; il
pefoit 8,66 ; il étoit aimant : fa duétilité étoit fi
marquée , qu’il prit trois fois & demi fon diamètre
d’alongement fous le marteau ; fa couleur
étoit un bleu-rougeâtre : on le trouva diffoluble
en vert-foncé dans l'acide nitrique, & en bleu
dans l'ammoniaque. Ce métal , rougi pendant
quatre heures, fe couvrit d’une croûte d’oxide
de fer, fous laquelle on trouva,.en la détachant
parle marteau, une pouflière verdâtre s cent parties
de cette croûte grillée pendant fept heures
avec du charbon , ne donnèrent plus de trace
d’arfenic, augmentèrent de cinq parties,.& fournirent,
par la réduction, un métal du poids de
foixante-douze parties , d’un rouge-foible, demi-
duétile, attirable en entier par l’aimant, & dont
la pefanteur fpécifique étoit de 8,870. Il eft évident,
par tous ces détails, que Bergman eft parvenu
à féparer l’arfenic & le cobalt du nickel;
mais qu’il n’en a point ifolé le fe r , auquel on
peut attribuer la duétilité du métal. Ainfi le fou-
Fre n’ a pas été plus utile pour l’affinage du nickel,
que les autres fcorifications avec le charbon &
les réductions multipliées , décrites ci-deffus.
Sachant que les fulfures alcalins diffol voient
mieux le cobalt que le nickel, Bergman, conduit
par l’analogie, a penfé que ces compofés
pourroient agir de la même manière fur le fe r,'
& lui fervir conféquemment à en priver le nickel,
mais fes efpérances ont été trompées. Le nickel
de Cronftedt (on fait que je nomme ainfi celui
qui eft le produit d’une première réduction après
le premier grillage de fa mine) , déjà uni à du
foufre , a été fondu avec plus de trente fois fon
poids de fulfure de potaiïe : la maffe lavée dans
l'eau chaude a donné par l’acide un précipité qui,,
grillé jufqu’à la féparation totale du foufre, étoit
en poudre cendrée, pefant plus de moitié du premier
métal. La portion non dilïbute, où il efpé-
roit trouver le nickel, également défoufrée par
le grillage, étoit également cendrée, & a donné,
par la réduction, un métal fragile, peu attirable,
mais qui l’èft devenu après avoir été fendu avec
du borax. La même expérience, faite avec le fulfure
de chaux , a fourni auffi un nickel ferrugineux
& très-adhérent au foufre. En faifant fondre ,
dans un autre elfai, du nickel avec du fulfure,
alcalin, & en y ajoutant, au momeht de la fu-
fion, du nitre , feulement affez pour ne détruire
qu’une petite portion du fulfure , celui-ci a biffé
précipiter le métal au fond du vafe : le nickel traité
ainfi , s’eft trouvé privé de cobalt, mais encore
chargé de fer. Bergman obferve à cette occafion
que, par le même procédé, le nickel eft précipité
par le cobalt qui a plus d’attraCtion pour le fulfure
, que n’en a le premier, & qu’ainfi féparé de
fa diffolution dans le fulfure fondu par le fe r , le
cuivre, l’étain, le plomb ou le cobalt lui-même,
le nickel^n’eft pas attirable à l’aimant. Il a été reconnu
depuis que c'eft à l’arfenic qu’eft due l’ab-
fence du magnétifme ; mais, fuivant lu i, on fe
tromperoit en le croyant exempt de fer, puifque
ce dernier métal, qui n’y eft que mafqtié dans
fes propriétés par des corps étrangers, & fans
douce par le foufre , redevient magnétique à me-
fure qu’on l’en prive par des moyens fubîequens.
Après i’infuccès des moyens précedens, Bergman
a eu recours au nitre, dans l’efpérance de
korifier & de féparer les métaux étrangers unis
au nickel, qui lui paroiffoit s’oxider plus difficilement
, & fe défoxider plus facilement qu’eux.
Une partie de nickel de Cronftedt, jetée fur douze
parties de nitre fondu, donna quelques loibles
étincelles : il s’exhala bientôt de la vapeur arfeni-
cale; ies parois du creufet furent enduites d’une
croûte bleue cobaltique , & il refta au fond une
matière verdâtre. Douze parties de nitre ajoutées
à cette matière, & fondues pendant une heure
avec elle, teignirent encore le creufet en bleu,
& la maffe du fond devint d'un brun-vert, beaucoup
moins abondante que la première fois. Une
troifième addition de nitre en même, quantité
biffa une fcorie grife , qui ne donna point de métal
avec le flux noir. Dans une fécondé opération
femblable, 011 lavale réfidu vert avec de l’ eau :
on ne put en obtenir de métal avec.le flux noir,
mais feulement des feories couleur d'hyacinthe,
tachées de bleu, qui teignirent l’acide nitrique
en vert, fe transformèrent en gelée , & biffèrent
par l’évaporation un oxide verdâtre. Dans un troifième
effai analogue , la pondre verte , leffivée-,
traitée avec une demi-partie du flux noir, un huitième
de chaux & un huitième de borax, donna
un métal blanc-jaunâtre , attirable , duélile , pefant
9,000. Bergman conclut de ce genre d’effais,
que le nitre étoit très-propre à indiquer & féparer
les plus petites portions de cobalt contenu dans
le nickel, mais qu’il y laiffoit le fer ne pouvoit
pas l’ en priver.
Comme il eft reconnu que le muriate d’ammoniaque
eft très propre à enlever le fe r , Bergman
effiya encore ce nouveau moyen : il diftilla une
partie d'oxide de nickel, privé de cobalt, affez
pour ne plus donner de couleur bleue au borax,
avec deux parties de fel,ammoniac ; il obtint un
fublimé cendré & blanc, accompagné d'un peu
d'ammoniaque. Le fend de b cornue avoit pris la
couleur d’hyacinthe-foncé ; le réfidu étoit formé
de deux couches. La couche fupérieure étoit
jaune, écailleufe , brillante comme de l'or muf-
f if, donnant un verre couleur d'hyacinthe avec le
borax, fans fournir de métal, attirant l'humidité
de l’air, devenant verte & confiftante comme du
beurre; leffivée, elle biffa une pouflière carac-
térifée comme un oxide de nickel, & b diffolution
aqueufe verte devint bleue par l’ammoniaque
, fans donner des indices de fer. La couche
inférieure étoit formée d'un oxide de nickel peu :
chargé d’acide muriatique, noirâtre, d’un brun
ferrugineux vers le fond du vafe. Cet oxide colora
le borax en un verre couleur d’hyacinthe, de
donna, par la ré .uétion, un métal caffant, d’un
blanc-rougeâtre , à peine attirable à l’aimant. Le
même métal, traité fucceflivement par quatre autres
fublimations avec le muriate d’ammoniaque ,
en réduifant à chaque fois la couche inferieure
leflîvee, donna , à la fin & dans la dernière réduction
, un métal blanc, fragile, peu , mais encore
attirable à l'aimant. Bergman obferve que
chaque fublimé étoit très-blanc , & qu’il ne don-
noic aucune trace de fer par la teinture de noix de
galle.
Bergman , non découragé par tous les effais infructueux
de procédés par la voie fèche, s’eft ên-
fuite occupé de la féparation des divers métaux
qui altèrent le nickel, par divers procédés de la
voie humide. La diffolution nitrique du nickel de
Cronftedt l’occupa affez long-tems. En calcinant
le nitrate de nickel folide à l’aide de la pouflière de
charbon , il s’en dégagea beaucoup d’arfenic, &
il obtint, par la réduction du rendu, un métal
gris, demi-duCtile, mais encore attirable à l’aimant
; rediffous dans l’acide nitrique , & réduit
fuceffivemenc quatre fois de fuite, il eut un métal
toujours magnétique. A la cinquième calcination
de ce nitrate de nickel, fon oxide fut tellement
diminué, qu’il ne lui fût pas poflible de le réduire
; ce qui prouve que le nickel fe volatilife
dans fon oxidation par l’acide nitrique , fans
pouvoir être privé par-là de 1a propriété attirable.
Enfin, le célèbre profeffeur fuédoîs effaya,
comme dernier moyen, b diffolution de l’oxide
de nickel dans l’ammoniaque , pour en féparer
J’oxide de fer. Après avoir diflous du nickel de
Cronftedt dans l’acide nitrique, & avoir précipité
fon oxide par la potaffe, il l’a traité par l’ammoniaque,
qui l’a diflous moins un neuvième de fon
poids. Ce réfidu, d’un noir tirant au vert, a
fourni, par la réduction, un métal écailleux, fragile,
d'un blanc-nex, peu fenfible à l’aimant, dont
bpefanteur fpécifique égaloit 9,333, lequel, facilement
fufible, redevenoit cependant attirable
par cette opération, & donna, en le difîolvantdans
1 acide nitrique , une poudre noirâtre , indiflolu-
ble, évaporable avec odeur de foufre (ur les charbons.
La diffolution ammoniacale bleue, évapo-
Cmimjx. Tome K,
rée à ficcité, donna près de la moitié moins de
réfidu qu’elle n’avoit enlevé de matière à l’oxide
de nickel. Cette poudre fournit, par b réduétiôn ,
un métal très peu abondant, blanchâtre , demi-
duétile, fortement attirable * & pe fant fpécifi-
quement 7,000 , dont la fcorie contenoit beaucoup
d’ oxide de nickel, colorant le borax en hyacinthe,
& fourniffant, par fa réduction, un métal
qui, fondu avec le précédent, devint fi réfractaire
, qu'il fut intraitable. Quoique les expériences
avec l’ammoniaque n’aient pas fatisfaif leur
auteur , elles ont cependant fourni des réfukats
très-finguliers : tels font la diffolution confiante
de l’oxide de fer avec celui de nickel, b couleur
bleue de cette diffolution , qui, quoiqu’analogue
à celle de l’oxide de cuivre, eft d'un ton très-
different, & furtout la perte de beaucoup d’oxide
de nickel, dont Bergman ne me femble pas avoir
affez tenu compte. Au refte \ le récit de ces derniers
effais , qui annoncent de 1a. fatigue & de
l'embarras dans leur auteur, malgré le zèle « l’ardeur
qui l'animoient, condutroit à penfer, ainfi
que celui de plufieurs des précédens , ou que le
nickel ne peut par aucun moyen être purifié de
fer, ou que ce métal fingulier feroit par lui-même
attirable, & reffembleroit par cette propriété au
fer, tandis que, par beaucoup d’autres propriétés ,
il femble fe rapprocher du cuivre.
Après avoir décrit avec détail ces diverfes &
nombreufes expériences , parce qu’elles confti-
tuent prefque feules l’ hiftoire chimique exaéle
du nickel, au moins jufqu’en 1800 , je dois faire
connoître aufli les inductions qu’en avoit tirées
l ’illuftre Bergman , dans les paragraphes XI &
XII de fa Differtation. La première , c’eft que
le foufre adhère le moins au nickel, que l’arfenic
y adhère plus fortement, mais qu'on l’en fépare
complètement à l'aide du grillage avec le charbon ;
que le cobalt y -refte plus long-tems caché, &
qu’on en trouve fouvent des traces lorfqu’on ne
l’y foupçonnoit pas, par le nitre qui le fépare en
oxide bleu ; que b nuance bleue donnée au borax
eft due au manganèfe ; enfin que le fer e ft,
de tous les métaux, le plus intimement combiné
au nickel, puifqu’on ne peut l’en extraire entièrement
par aucun moyen connu.
Gomme, par tous les procédés de purification,
le nickel montre jufqu’à là fin la préfence d'autres
matières métalliques , plufieurs cnimiftes ont penfé
que ce métal n'étoit qu’un alliage naturel d’arfenic,
de cobalt, de cuivre & de fer. Bergman a
difeuté avec foin & d’après fes expériences, la
queftion relative à cet objet. Il a fait voir qu’on
peut priver complètement le nickel de l’arfenic ,
u’il ne contient prefque jamais de cuivre, qu’il
iffère du cobalt par un grand nombre de propriétés,
& que plus on en fépare ce dernier , plus
il prend les caractères qui le diftinguent. Quant
à la préfence du fer, il convient qu'il eft plus naturel
de trouver de grandes analogies au nickel